On était des loups, Sandrine Collette

Le livre : On était des loups de Sandrine Collette. Paru le 24 août 2022 chez Lattes. 19€90. (197 p.) ; 21 x 13 cm
4e de couv :

Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant.

Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude : ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.

Dans la lignée de Et toujours les Forêts, Sandrine Collette plonge son lecteur au sein d’une nature aussi écrasante qu’indifférente à l’humain. Au fil de ces pages sublimes, elle interroge l’instinct paternel et le prix d’une possible renaissance.

L’auteur : Sandrine Collette est née en 1970. Un Bac littéraire puis Master en philosophie et un doctorat en science politique en poche, Elle devient chargée de cours à l’Université de Nanterre, travaille à mi-temps comme consultante dans un bureau de conseil en ressources humaines et restaure des maisons en Champagne puis dans le Morvan.
Elle décide de composer une fiction et adresse son manuscrit aux éditions Denoël. Il s’agit « Des nœuds d’acier »  ; Des noeuds d’acier son premier roman qui a reçu le Grand Prix des littérature policière ainsi que le « Prix littéraire des lycéens et apprentis de Bourgogne »,  Puis suivront  d’autres romans tous différents comme par exemple Il reste la poussière qui  obtient le Prix Landerneau du polar, et puis il y aura  Les larmes noires sur la terre, ses orages là et Toujours les Forêts  qui a été couronné, entre autres, par le Prix du Livre France Bleu PAGE des libraires 2020, le Grand Prix RTL Lire et le Prix de La Closerie des Lilas. Aujourd’hui Sandrine Collette partage son temps entre l’écriture et ses chevaux . Il vit dans le Morvan où elle aime restaurer sa maison.

 

Extraits :
« Parce qu’un enfant c’est une tâche immense, ça signifie s’occuper de quelqu’un d’autre que soi et je ne suis pas sûr qu’on en soit tous capables. C’est étrange que je n’aie jamais eu peur de rien, la nuit, l’avenir les bagarres ou les bêtes sauvages, alors qu’un gosse ça ne passe pas. Je ne sais pas comment lui parler, comment le nourrir, où mettre les mains pour le porter. »

«Je suis en colère contre la vie le monde, le monde je jure je lui ferai la peau. »

«Aru ne dit rien de la matinée. Je suis de mauvaise humeur. Je le prends mal son silence, j’ai l’impression qu’il m’accuse de quelque chose. »

Le post-it de Ge

On était des loups, Sandrine Collette

Énorme coup de coeur

Un mois que je tente de mettre des mots sur ceux de Sandrine Collette.
Un mois que je bute.
Un mois que je n’arrive pas à raconter les émotions que ce livre a créé en moi. Quatre longues semaines que je tente de vous dire, foncez, ce bouquin c’est de la bombe. Il m’a fendu le coeur !
Oui mais voilà, les mots restent bloquer en moi comme tous ses sentiment qui se sont accumulés lors de ma lecture.
Et voilà !
Une nouvelle fois je suis conquise par l’écriture prodigieuse, le style incomparable et l’imaginaire de Sandrine Collette .
Une fois de plus je me suis dit :  » – celui-ci elle l’a écrit pour moi  »
Alors enfin je vais  vous dire tout le bien que j’en pense.
Mais vous n’attendez plus, ne tardez pas, lisez « On était des Loups« 

Sentiment et Emotions

Alors… Aujourd’hui je viens vraiment vous parler du dernier Sandrine Collette. Et, comme souvent, il m’est difficile de trouver les mots pour vous parler d’une de mes chouchous. Je savais avant même d’avoir lu le roman que j‘allais être bouleverser par celui-ci. Je le savais, c’est tout !

Ça fait dix ans que ça dur, à chaque nouveau bouquin, je ne sais pas à quoi m’attendre, mais je sais que Sandrine va me surprendre. Elle va me toucher droit au cœur. Elle va me mettre à terre.

Dix ans et autant de livres qui marquent mes années, mon année !

C’est pour cela qu’à chaque fois j’ai du mal à parler de ma lecture. J’ai besoin de laissé de temps entre elle et mon retour de celle-ci. Il me faut digérer les mots de l’auteur, il me faut apaiser tous les sentiments qui se bouscule en moi. Et cette année c’est pire, le temps ne fait rien à l’affaire ! Chaque fois que je repense à ce livre, je suis toujours chamboulée.

Il faut pourtant bien que je vous en parle, que je vous dise tout le bien que j‘en pense.

Un père et son Fils

Et justement que nous raconte ce livre qui m’a tant marquée. On était des loups, rien que le titre m’a plu. C’est l’histoire d’un père et de son fils. Mais une histoire particulière, vous vous en doutez.

C’est l’histoire de l’homme et de son rapport à la nature.

Liam est un jeune homme qui vit loin de tout, loin de la société, dans la montagne reculée. Celle hostile qu’il a pourtant apprivoisé. Il chasse pour subvenir à ces besoins, il traque les animaux pour leur peau qu’il va revendre ensuite une fois l’an en ville. Une ville qu’il rejoint en petit avion grâce à son voisin le plus proche et pourtant déjà à des kilomètres de chez lui.

Un jour à la ville, il rencontre Ava, une fille de la ville justement mais pas une fille du coin non, une étudiante qui visite la région. Entre Ava et Liam c’est le coup de foudre, ils tombent amoureux et Ava adopte la vie de son homme. Elle reste seule à la maison quand celui-ci part taquer le gibier. Un jour elle lui demande un enfant. Liam n’est pas chaud, il sait que sa montagne n’est pas faite pour un gosse. Mais il veut faire plaisir à Ava. Et l’enfant arrive, c’est Ava qui s’occupe de lui, Liam lui est en vadrouille alors… Juste son fils a l’habitude de l’attendre devant la maison lorsqu’il s’absente ainsi

Un jour où Liam rentre chez lui après avoir passé la journée à pister un loup qui rôder autour de sa ferme après s’être assurer que celui-ci avait rejoint les forêts montagneuses. Son fils Aru, 5 ans, n’est pas au rendez-vous. Il n’est pas là à courir vers lui pour son retour. Liam sait qu’il est arrivé quelque chose. Son instinct ne l’a jamais trompé.

Liam découvre alors les empreintes d’un ours et à côté le corps inerte de sa femme protégeant celui d’Aru. Son monde s’écroule d’un coup. Il sait qu’il ne pourra pas s’occuper du gosse.

Il est persuadé aussi que la nature sauvage n’est pas faite pour Aru. Aussi va-t-il chercher à confier son enfant à sa tante et son oncle restait en ville. Il enterre sa bien aimée et selle ses deux gros et part pour plusieurs jours de randonnée avec le gamin grimpé sur son cheval trop grand pour lui. Direction la ville où il compte mettre Aru à l’abri des dangers de sa montagne chérie qui lui a pourtant tout pris.

 L’homme et la Nature

Je vous le disais plus haut, cette histoire d’un père est son fils c’est avant tout l’histoire de l’homme et de la nature. Cette nature trop grande pour être domptée, cette nature brute qui ne fait pas de cadeau à l’homme.

Sandrine Collette nous raconte cette nature hostile, elle nous dit aussi la colère et le chagrin de Liam, elle nous suggère celle de l’enfant, sa peine et son mutisme. Elle nous fait ressentir la haine de cet homme qui a perdu bien plus que l’être aimé, on sent monter sa défiance aussi envers le monde.

Pour cela Sandrine possède une arme fatale c’est son écriture et son style unique. Une écriture à l’os, pas de chichi, pas de flonflon, juste les mots, les mots justes. La justesse du ton, un style sobre, à l’économie presque…

Ici le narrateur c’est le père et c’est à travers les yeux de Liam que l’on va vivre cette histoire. C’est écrit à la première personne. On est au plus près des ressenti de son héros ou anti-héros c’est selon.

Avec lui on vit la nature, sa beauté et sa sauvagerie. Avec lui on a du mal avec l’espèce humaine, celle qui veut tout dominer le monde, dominer les autres, celle envahie par la soif de l’argent et du pouvoir. Celle qui ne sait même pas aimer ses enfants, celle qui les maltraite. Celle qui souffre de ses propres maux.

Voyage initiatique et humanité

  Liam nous entraine au plus profond de lui même vers un voyage qui peut à tout moment basculer.

Notre auteur à travers les mots et les maux de son protagoniste fait monter la tension crescendo jusqu’à son paroxysme, insoutenable et pourtant tellement utile…

On était des Loups est un roman sans concession. Il va au bout des choses quitte à heurter les plus sensibles. Notre autrice explore l’âme humaine et parfois celle-ci n’est pas belle à voir. Et pourtant chaque fois, Sandrine Collette arrive malgré la noirceur de son propos à faire ressortir la petite part d’humanité qu’il y a au fond de nous-même.

Encore un grand coup de maîtresse.

Bravo Madame Collette et merci pour tous ces sentiments mêlés, toutes ses émotions contradictoires.

Et pardon aussi d’avoir tant tarder à dire tout l’amour que j’avais pour ce nouveau roman !

Une nouvelle fois j’ai pris un claque magistrale !!!

Autres extraits
« Hier on a longé une rivière et même si on était toujours au nord ça faisait des lumières que je n’avais jamais vues. Ce n’est pas qu’elles n’existaient pas avant mais je ne les regardais pas. »
« (…) tout doucement inscrire Aru dans son existence (…) n’est pas si facile quand soi-même on n’a pas eu d’enfance. »
« Ça ne me gêne pas d’être une carne. Les gens qui me connaissent disent que j’ai un fond en or seulement il est tout au fond voilà. Ce métier cette vie c’est le mieux que je pouvais décider pour moi, depuis tout petit je ne peux pas trop faire confiance aux gens ou alors il faut vraiment qu’il y ait très peu de gens. Sinon ça me rappelle mes parents qui gueulaient et cognaient sec et les voisins qui ne disaient rien on aurait cru que c’était normal tout ça. C’est peut-être pour ça que je n’aime pas les vieux, ça me rappelle les miens et ça n’est pas du bon souvenir. »

Livre lu dans la cadre de 4 défis littéraires

 – Le Pumpkin Autumn Challenge 2022 chez Guimause

– Challenge Thriller et polar 2022- 2023 chez Sharon

 – Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (France).

 – Challenge Les Dames en Noir 2022 chez Zofia

20 réflexions sur “On était des loups, Sandrine Collette

  1. J’adore l’écriture de Sandrine Collette mais ce dernier livre m’a déçue en ce qu’il est loin, tellement loin, de rejoindre la poésie et la richesse d’un « Animal »
    Sandrine Collette a commis deux trois ratés dans une panoplie de livres extraordinaires
    Tu sais combien je respecte et tiens compte de tes avis, mais ici je n’ai pas pu adhérer

    Aimé par 1 personne

    • Alors pour moi il n’y a jamais eu de rater chez Sandrine, juste des pas de coté car ce que j’aime justement chez cette auteure c’est la diversité de ses bouquins, aucun ne ressemble à un autre mais la puissance de l’écriture elle est toujours là, au rendez-vous ! Après je peux comprendre que l’on ne peut pas se retrouver dans certaine de ses histoire, moi toutes m’ont plu ! Voilà et je sais que celui-ci peut choquer, le propos est dur et difficile. Certaines scène peuvent sembler insoutenable. Mais les mots de Sandrine disent tellement bien le désespoir….Les désespoirs !

      Aimé par 1 personne

  2. Eh bien Ge, on sent toute l’émotion de cette lecture dans ta chronique ! Tu as peut-être mis un mois avant de pouvoir l’écrire, mais tu l’as sacrément bien vendu ce livre ! Découvrir l’histoire par les yeux de Liam doit être fort, sa connexion avec la nature, la montagne, ça doit être beau. La découverte du corps inanimé de sa femme et la séparation avec son enfant, ça doit être fort. Une belle chronique, merci !

    Aimé par 1 personne

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