Le faussaire de Salt Lake City : meurtres et manigances chez les mormons, Simon Worrall

Le livre : Le faussaire de Salt Lake City : meurtres et manigances chez les mormons de Simon Worrall. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nathalie Peronny. Paru le 28 septembre 2022 chez les Editions Marchialy. 22€. (344 p.) ; 20 x 14 cm

4e de couv :

La limite entre le vrai et le faux est parfois floue. Pas celle entre la vie et la mort.

Comment devient-on un faussaire ? L’enfance de Mark Hofmann a été rythmée par les textes mormons. Alors qu’il est adolescent, et a accès à des livres critiques sur son Église, sa foi se fissure. Se sentant trompé, il se transforme en usurpateur. Il commence par fabriquer de faux documents, d’abord pour moquer les hauts dirigeants mormons, puis enhardi par son succès, il rédige de faux poèmes d’Emily Dickinson. Mais pris au piège de sa propre folie, il finit par commettre l’irréparable.

Simon Worrall revient sur cette trajectoire effroyable et nous montre à quel point la vérité est parfois construite de toutes pièces.

 

L’auteur : Simon Worrall est un journaliste anglais qui a écrit dans des revues et journaux anglo-saxons aussi prestigieux que le Sunday Times, l’Indépendant, The New Yorker, et le National Geographie Magazine. Il a vécu en Allemagne et en Chine avant de s’installer aux États-Unis où il vit toujours aujourd’hui.
Extrait :
« Approchez à pas feutrés pour ne pas le déconcentrer et observez le faussaire en action.
ll croyait s’être concentré suffisamment. Mais au moment de s’attaquer à la courbe du m, il sentit un bref tremblement, comme le lointain grondement d’un séisme. Le spasme partit des tréfonds de son cortex cérébral pour se répandre le long de ses terminaisons nerveuses, gagnant son bras, sa main et enfin ses doigts. Cela ne dura qu’un millième de seconde, mais juste assez pour provoquer une contraction musculaire, comme un élastique qui se tend. Au point culminant de la première jambe du m, juste avant de redescendre vers la ligne, il sentit sa main trembler.
Il reposa son crayon et se concentra sur son rythme cardiaque. Il ralentit son souffle et se mit à inspirer et à expirer par intervalles de sept secondes. Il imagina la chaleur qui circulait à l’intérieur de son corps tel un courant océanique et la projeta par la pensée jusqu’à l’extrémité de ses doigts. Le monde réduit à l’état de point entre les deux yeux, il se saisit d’une nouvelle feuille et commença à visualiser la forme des lettres sur le papier jusqu’à ce qu’elles apparaissent aussi clairement qu’une image projetée sur un écran.
Il avait passé des jours à s’entraîner : le h qui basculait vers l’avant comme une chaise cassée, le jambage du y qui courait parallèlement à la ligne et ce t si caractéristique, semblable à un x retourné. Lorsqu’il se sentit enfin prêt, il commença à écrire. Cette fois, le geste était limpide, sans la moindre hésitation, et les lettres jaillirent de son inconscient en un flot ininterrompu. À croire que la poétesse guidait sa main de l’intérieur. Au moment de signer de son prénom à elle, il ressentit un pouvoir vertigineux.
Il se leva et s’étira. Sa montre indiquait 3 heures du matin. Là-haut, à l’étage, il entendit le bébé pleurer et sa femme se lever. Dans la pénombre de son atelier, il alla récupérer un sac plastique caché sur une étagère, derrière des plaques de gravure. Il en sortit un long tube de métal galvanisé, fit des trous dans l’épaisseur du bouchon, enfila deux fils électriques à l’intérieur et y fixa un détonateur artisanal. Il remplit ensuite le tuyau de poudre à canon et replaça le bouchon. Le lendemain matin, il se rendrait dans la Skull Valley pour tester son explosif. Il sortit les deux blocs de piles qu’il avait achetés quelques jours auparavant chez Radio Shack et débrancha une rallonge de l’une des prises électriques du sous-sol. Il inséra le tout dans une boîte en carton, qu’il posa à côté du poème. Ce n’était pas un chef-d’œuvre, se dit-il, mais ça ferait bien l’affaire. »

Le post-it de Ge

Le faussaire de Salt Lake City : meurtres et manigances chez les mormons, Simon Worrall

 

Il y a quelques semaines, une lectrice me parle d’une série Netflix qui devrait vraiment m’intéresser.

Elle me dit que ça s’appelle. « Trahison chez les Mormons : le faussaire assassin ». Elle met en lumière la véritable histoire de Mark Hofmann. Un célèbre falsificateur et faussaire américain, élevé dans la foi mormone, qui a dupé son monde avec des contrefaçons plus vraies que nature mais qui a commis le pire. Un jour il décide donc de réaliser un énième coup de maître. Mais ce sera le coup de trop et celui-ci causera sa perte. Mark Hofmann pour ne pas perdre sa réputation et être démasqué deviendra un criminel.

Oui effectivement cela pourrait m’intéresser mais je n’ai pas Netflix.

Et puis voilà que quelques semaines plus tard, Nadia, une attachée de presse notamment des éditions Marchialy me contact et me propose un bouquin intitulé « Le faussaire de Salt Lake City : meurtres et manigances chez les mormons », Je me dis « ce n’est pas possible, l’histoire se répète, il doit y avoir un truc, ce livre doit être fait pour moi » Aussi j’accepte la proposition de Nadia. Et je me lance dans la lecture de ce true crime.

Car en effet « Le faussaire de Salt Lake City » est bien un true crime. Vous savez ce genre littéraire qui vise à décrire la réalité des crimes et des criminels. Nos amis québécois appellent cela un documentaire criminel. Ici l’histoire se base sur le parcours du faussaire et meurtrier Mark Hofmann.

On va suivre aussi un bibliothécaire Dan Lombardo, passionné par son métier mais aussi fin amateur de la poétesse d’Emily Dickinson. Il veut acquérir un de ses poèmes, un inédit qui plus est. Une pièce rare et unique mis en vente chez Sotheby’s, excusé du peu. Mais quand il apprend que ce poème n’est qu’une contrefaçon, il va tout faire pour prouver que les experts se trompent. Le faux est plus vrai que nature, il ne peut donc pas s’agir d’une copie. Impossible pour notre malheureux héros.

A travers le portrait de ses deux protagonistes, notre auteur aborde de nombreux sujets, tels que la vie d’Emily Dickinson, l’Eglise mormone, l’univers du livre ancien, les contrefaçons célèbres, la graphologie, l’autohypnose, l’histoire de l’imprimerie ou encore la question de l’authentification des documents. Il se sert de la réalité pour nous proposer une fiction digne des plus grandes énigmes criminelles.

Il nous propose une intrigue passionnante. Et en plus on y apprend des tas de choses. On pourrait presque à notre tour devenir un faussaire de génie après la lecture de cette troublante enquête.

Vraiment j’ai été prise totalement dans les filets de Simon Worrall, j’ai littéralement dévoré les 340 pages de ce livre en une nuit et une journée. Il faut dire que la plume de Worral est fluide et son style plutôt magnétique.

J’ai adoré suivre ses investigations, enfin celle de son héros.

Et du coup je ne peux que vous conseillé chaudement cette lecture.

C’est le second true-crime que je lis aux éditions Marchialy après le « Lieutenant Versiga : une vie de flic dans le Mississippi » de Raphaël Malkin
Et par deux fois j’ai été totalement bluffée.

Que rajouter à ça !

Citation : 
« Hofman songea que Joseph Smith avait dû ressentir la même chose en voyant des hordes de gens naïfs rejoindre les rangs d’une religion qu’il avait – presque littéralement – sortie de son chapeau. »

 

Lu dans le cadre de 3 défis littéraires :

 – Le Pumpkin Autumn Challenge 2022 chez Guimause

– Challenge Thriller et polar 2022- 2023 chez Sharon

 – Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (USA).

24 réflexions sur “Le faussaire de Salt Lake City : meurtres et manigances chez les mormons, Simon Worrall

Vous avez la parole, laissez un commentaire, ça fait toujours plaisir.

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s