Nuages Baroques, Antonio Paolacci, Paola Ronco

Le livre : Nuages Baroques, Antonio Paolacci et Paola Ronco ; traduit de l’italien par Sophie Bajard. Paru le 12 octobre 2022 chez Rivages dans la collection Rivages-Noir. 22€. (344 p.) ; 23 x 16 cm

4e de couv : 

Nuages baroques

À Gênes, un jeune étudiant en architecture est retrouvé battu à mort au petit matin, non loin de l’endroit où se tenait une fête en soutien à l’union civile des homosexuels, nouvellement adoptée. Le sous-préfet de police adjoint Paolo Migra arrive bientôt sur les lieux. Aidé de l’inspecteur en chef Caccialepori, efficace mais toujours plus ou moins malade, et de la volcanique assistante Santamaria, il s’intéresse à l’oncle du jeune homme, un célèbre architecte qui l’a adopté après la disparition mystérieuse et subite de ses parents.

Dans un milieu policier réactionnaire, Migra ne craint pas de s’afficher comme gay et le sort de la victime le touche. La thèse du crime homophobe semble s’imposer mais l’affaire se révélera encore plus noire et complexe que ne le pensait le sous-préfet.

 

Les auteurs : Antonio Paolacci et Paola Ronco sont passionnés de littérature policière et ont écrit à quatre mains la série consacrée au surintendant adjoint Paolo Nigra (Edizioni Piemme).  Antonio Paolacci est né à Maratea la province de Salerneen 1974 , Paola Ronco à Torino en 1976). Il vivent ensemble à Gêne.

 

 

 

Antonio Paolacci a, pendant des années, dirigé la marque Perdisa Pop avec Luigi Bernardi, qui lui a ensuite confié la direction éditoriale ; il est chroniqueur et rédacteur en chef ; il a été rédacteur en chef de nombreux auteurs et auteurs établis.
En tant qu’auteur, il a publié, entre autres : Phlegm (2007), Salto d’ottava (2010), Piano Americano (Morellini, 2017). Et maintenant à quatre mains, avec Paola Ronco, il écrit la série consacrée au surintendant adjoint adjoint Paolo Nigra

 

Paola Ronco a étét finaliste du prix Calvino 2006. En 2009, elle publie le roman Strangers (Perdisa Pop), suivi en 2013 de La lumière qui illumine le monde (Indiana). Ses histoires ont été publiées dans des magazines en ligne et dans diverses anthologies papier. A quatre mains, avec Antonio Paolacci, elle écrit la série dédiée au sous-surintendant adjoint Paolo Nigra (Edizioni Piemme).
Elle est éditrice, professeur d’écriture et correctrice pour les éditions Feltrinelli.

 

Extraits :
« Par-delà la foule des curieux, une haute silhouette vêtue de sombre descendit de sa moto Guzzi V7 Stone noire, à quelques mètres des véhicules de secours et de police.
Santamaria se faufila sous le ruban, se fraya un chemin parmi la foule et ouvrit le passage à l’homme, intimant aux curieux de le laisser avancer. Une fois à ses côtés, elle s’approcha tout près pour lui murmurer : « Dottò, il était temps, ceux-là partent en cacahuète. Si vous me passez
l’expression. »
Le sous-préfet adjoint Paolo Nigra soupira et accéléra le pas, les mains dans les poches et l’expression impénétrable.
Son regard passa des yeux noisette de Santamaria à l’objet que celle-ci ne quittait quasiment jamais, qu’elle fût ou pas enservice, et une brève lueur de malice éclaira son visage mat.
« Et bon week-end à toi aussi, Santamaria ! Cette pipe n’est pas allumée, n’est-ce pas ?
– Non, mais c’est une blague, dottò ? Elle est éteinte, éteinte. Qu’est-ce qu’on peut y faire, ceux-là tuent même le samedi.
– Comme les Milanais.
– Oh dottò ! Vous y mettez pas vous aussi à citer des écrivains morts, le dottore Evangelisti est en pleine forme aujourd’hui.
– En fait, je citais Afterhours.
– C’est tout pareil, dottò.
– Alors, Santamaria, résume-moi ça en deux mots avant que j’écoute les autres.
– Un garçon, dottò. Vingt ans, pas plus. En deux mots ?
Ils l’ont massacré, pauvre gars. D’après ses vêtements, y a de fortes chances qu’il ait été à la fête d’hier soir, ici sur le vieux port, celle en soutien aux unions civiles.
– Ah… », soupira Nigra en ralentissant le pas pour regarder l’assistante en chef bien en face. »

 

« – Emmern… Ermenegildo Bianconi. Cinquante ans, employé. Il est tombé dessus durant son jogging matinal. Il paraît que lorsqu’il l’a trouvé, le garçon était encore vivant. Bianconi aurait tenté de lui porter secours.
– Ça correspond ?
– Je l’ignore, dottore, dit Caccialepori. Bianconi semblait encore sous le choc quand nous sommes arrivés. En outre, il était en possession d’un téléphone qui n’était pas le sien et, vu l’aspect de l’objet, l’agent Paolin a supposé, comment dire, qu’il puisse appartenir à la victime. Bianconi prétend l’avoir emprunté à une femme qui se serait enfuie. Nous avons emmené l’homme à la préfecture pour que vous puissiez l’interroger directement. Filiberti est en train de vérifier l’identité du propriétaire du portable.
– Je n’ai rien compris, Caccialepori. Ce Bianconi aurait volé un téléphone ?
– Non, dottore. Ou plutôt, je n’en sais rien. Je parlais du téléphone avec lequel il a appelé les secours. Qui n’était pas le sien.
– Il a pourtant bien appelé les secours, non ? S’il avait voulu le voler, il ne l’aurait pas utilisé pour les appeler. Je me trompe ?
– Non, dottore. C’est juste que l’objet a paru un peu suspect à Paolin. Il était très coloré. Et incrusté de pierres. Et la victime n’avait pas de portable sur elle.
– Caccialepori, je le répète : s’il avait voulu le voler, il ne l’aurait pas utilisé pour appeler les secours.
– Vous avez raison, dottore.
– Parfois, tu tiens vraiment des raisonnements dignes d’un gendarme. Enfin, maintenant, j’ai compris. On lève le camp, dit Nigra avec un signe à l’adresse de Santamaria. »

 

Le post-it de Ge

Nuages Baroques, Antonio Paolacci, Paola Ronco

Andrea Pittaluga a été battu à mort, il est retrouvé mort sur le port de Gène.

Ce jeune étudiant en architecture est le fils d’une bonne famille. Mais dans cette famille Italienne illustre Andréa a été élevé par son oncle car ses parents ont disparu mystérieusement. Pour autant Andrea est ouvertement homo comme ils disent et pas franchement acceptable pour son entourage mais aussi pour une grande partie de la société italienne.

Ce jeune Gay, venait de participer à une fête en soutien à l’union civile des homosexuels qui devrait malgré un climat délétère être voté dans le pays. Nous sommes en 2016 et l’Italie qui a été le dernier pays d’Europe à adopter une union civile entre personnes de même sexe.

Paolo Nigra, sous-préfet de police, se rend sur les lieux. Son équipe de policiers est déjà sur place et leurs premières constatations tendrait à indiquer qu’il s’agirait d’un crime homophobe. Mais Nigra ne veut privilégier aucune piste, surtout que la première semble trop évidente pour notre magistrat ouvertement gay lui aussi.

Vous l’aurez compris nous sommes ici dans un roman policier fortement ancré dans une réalité locale et sociale. On y découvre une Italie quelque peu à la traine sur les questions sociétale, une Italie parfois réactionnaire et réfractaire au changement. Une Italie marquée par deux millénaires de catholicisme. C’est marrant, enfin pas certaine que ce soit le terme adéquat, comme alors que sort ce roman en France on assiste dans la Botte au retour du fascisme au pouvoir.

On découvre Gênes, sous la plume de nos auteurs, une ville qui reste traumatisée par les d’événements tragiques des manifestations anti G8, réprimées avec une violence inouïe et qui 15 ans après, reste une plaie encore ouverte dans cette Italie en quête de rédemption. Une ville aussi que l’on a peu vu, pas vu pour ma part, dans la littérature policière. Une ville portuaire vivante et remuante au charme envoûtant indéniablement.

Et puis il y a aussi les personnages, et en premier lieu Paolo Nigra, un bel italien qui s’assume et vivant avec un homme, un acteur qui lui ne compte pas faire son coming-out, ayant trop peur de ne plus être bankable dans son milieu pro.  Ce sujet est source de friction entre les deux amants. Notre héros étant quelque peu irritable sur le sujet, surtout que pour lui dans la police, on ne peut pas dire qu’être homosexuel soit bien perçu !

Mais notre sous-préfet peut compter sur son équipe, des flics que l’on apprend à connaitre tout au long de cette histoire et qui ont su m’apprivoiser. Des caractères bien trempés et bien campés aussi et qui participe eux aussi à l’attrait de ce sympathique polar.

Surtout qu’ici l’écriture est efficace, c’est bien balancé, rythmé, les dialogues acérés, ce qui rend la lecture plaisante. Il est surtout impossible de distinguer qui des deux auteurs a écrit telle ou telle partie, leur écriture à quatre mains se marie parfaitement.  Bref j’ai littéralement dévoré les presque 350 pages de ce roman en deux jours.

Une belle découverte, surtout que nos deux jeunes auteurs si on y regarde de plus près, font de belles allusions à leurs pairs en glissant quelques références aux polars de Camillieri ou de Giorgio Scerbanenco ou encore Maurizio De Giovanni pour ne citer qu’eux. Une bien belle façon de s’affilier à la grande tradition du roman policier italien

Nous avions l’habitude ne nous promener en Sicile avec Montalbano, à Naples avec le commissaire Ricciardi ou encore à Bary avec Gianrico Carofiglio et son avocat Guido Guerrieri, voire plus récemment longer le pô et parcourir Parme avec le commissaire Soneri de Valerio Varesi, il va nous falloir se préparer à arpenter Gênes avec le sous- préfet de police Paolo Nigra.

J’ai vraiment apprécié cette première enquête du policier gay Paolo Nigra, maintenant j’attends la suite de la série…

 

Livre lu dans le cadre de 4 défis littéraires

 – Le Pumpkin Autumn Challenge 2022 chez Guimause

– Challenge Thriller et polar 2022- 2023 chez Sharon

 – Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (Italie).

 – Challenge Les Dames en Noir 2022 chez Zofia

2 réflexions sur “Nuages Baroques, Antonio Paolacci, Paola Ronco

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