Tout ce qui est à toi brûlera, Will Dean

Le livre : Tout ce qui est à toi brûlera de Will Dean ; traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Laurent Bury. Paru le 24 mars 2022 chez Belfond dans la collection Belfond Noir. 20€. (266 p.) ; 21 x 14 cm

4e de couv :

Tout ce qui est à toi brûlera

Il est son mari, elle est sa prisonnière.
Il l’appelle Jane, mais ce n’est pas son nom.

Thanh Dao a quitté illégalement son Vietnam natal pour rejoindre l’Angleterre, ses universités, sa liberté. Mais le rêve a viré au cauchemar. Personne ne soupçonne qu’elle est là, prisonnière de cette ferme perdue au milieu de nulle part. Personne ne viendra la sauver.

Sept ans que la jeune femme subit les remontrances, les humiliations, les punitions de l’homme qui l’a achetée. Bien sûr, elle a tenté de s’échapper, mais comment fuir ces plaines où le regard porte jusqu’à l’infini ?

Pourtant, aujourd’hui, elle a plus de raisons de lutter que jamais. Il y a cette vie minuscule qui grandit en elle. Et cette femme, cette voisine charmante et naïve venue se présenter un matin. Une étrangère dont Thanh est convaincue qu’elle est porteuse d’espoir…

Dans le sillage de Misery, Room et de Né d’aucune femme, un roman au suspense psychologique dévastateur et hautement immersif, un huis clos terrifiant sur la folie et l’emprise, dans lequel même le lecteur est retenu captif.

L’auteur : Will Dean a grandi dans les East Midlands en Angleterre, mais c’est en Suède, au cœur d’une forêt reculée, qu’il s’est installé pour s’adonner à ses deux passions : l’écriture et la lecture. Finaliste du Guardian’s Not the Booker Prize avec La Forêt de la Méduse (Belfond, édition numérique, 2022), lauréat des Amazon Publishing Readers’ Awards en 2019, dans la catégorie Best Independent Voice, avec Neige rouge (Belfond, édition numérique, 2022), Will Dean est une voix qui monte dans le paysage du suspense anglais. Tout ce qui est à toi brûlera est son premier stand-alone, qui connaît un excellent accueil médiatique.

 

Extraits : 

 

« Je n’y retournerai pas.
Ni maintenant ni jamais. Ma cheville droite est grosse comme un poing et je sens les éclats d’os qui frottent les uns contre les autres, ces éclats vieux de six ans, quand je marche en boitillant de la ferme jusqu’à la route lointaine.
Ma destination est là, je la vois, mais elle est toujours aussi loin. Je boite, je sautille, et un monde entier de souffrances me sépare encore de la route. Mes yeux regardent à gauche, à droite, au cas où il serait là. Très peu de circulation. Des camions qui transportent des choux et des betteraves à sucre ; des voitures qui amènent les cueilleurs de fruits. Un bus par jour.
J’ai mon billet de cinq livres, son billet à lui, ma seule chance de pouvoir fuir cet enfer en rase campagne. Le papier vert froissé est roulé et coincé dans mes cheveux, encore noirs après ces neuf années en Grande-Bretagne ; Dieu seul sait pourquoi ils n’ont pas blanchi.
Chaque pas est un kilomètre. Vieilles douleurs et nouvelles souffrances fusionnent en un supplice brûlant, sous mon genou droit : un mélange d’huile bouillante et de glaçons tranchants. »
« Régulièrement, je jette un œil vers la fenêtre, au cas où. Je pense au champ de luzerne de George et Lennie, à leurs lapins, à leur rêve, à leur évasion, et je pense à ma sœur, Kim-Ly. Tous mes avenirs potentiels sont désormais investis dans son avenir réel. C’est par son esprit à elle que je fuirai cet endroit, par elle que je survivrai. »
« Nous sommes arrivées ensemble dans ce pays.
C’était il y a neuf ans, et à l’époque c’était ce qui pouvait nous arriver de mieux. On nous l’avait bien vendue, l’idée que nous pourrions aller en Angleterre et trouver un bon emploi – dix fois les salaires du Vietnam – pour envoyer l’argent à notre famille. Nous pourrions travailler, toutes les deux, ce serait dur mais nous serions ensemble, pas vrai ? Les deux hommes qui sont venus chez nous étaient des gens sérieux, avec des cartes de visite et une sacoche en cuir. Le patron a souri à ma mère et serré la main de mon père. Ils ont bu notre thé. Ces hommes nous ont ensorcelés, nous ont débité leurs mensonges abominables. Ils nous ont vendu un rêve impossible ; ils les ont très bien vendues (…) »

 

Le post-it de Ge

Tout ce qui est à toi brûlera – Will Dean

Nous somme ici dans un huis clos tendu, que dis-je un huis clos où la tension est à son paroxysme. Nous allons suivre la trajectoire de vie d’une femme sous emprise.

Mais alors que nous raconte ce « Tout ce qui est à toi brûlera« 

Partie de son Vietnam natal il y a sept ans, Thanh Dao a été vendue à Lenny, un fermier des East Midlands qui l’a rebaptisée Jane, du nom de sa défunte mère. Coupée des siens, Thanh subit les remontrances, les humiliations, les punitions et une vie domestique non consentie. Lorsqu’un matin, une voisine charmante et naïve vient se présenter, la jeune femme voit en elle un signe d’espoir.

Nous sommes là dans roman noir où la tension est à son comble. Ce que nous raconte Thanh Dao est parfois insoutenable. Comme elle, on subit les humiliation, les sévices, les viols conjugaux disant le . On est en totale empathie avec cette femme victime de la domination des hommes. Et on sort rincer de ce thriller psychologique glaçant.

Une lecture qui me reste en mémoire aujourd’hui alors que cela fait un bout de temps que je l’ai lu. Et en me le remémorant, j’en ai la chair de poule…c’est dire !

 

autres extraits :
« Ma sœur et moi sommes arrivées à Liverpool dans un conteneur maritime il y a neuf ans. Jamais je n’avais eu aussi froid. De la chaleur de Saigon à cette boîte métallique gelée. Nous étions dix-sept, cachées derrière des paquets et des caisses. Entassées derrière une fausse cloison. Des couvertures et des bouteilles d’eau. Des seaux. Je m’accrochais à ma sœur et au sac à dos que j’avais avec moi. Les photos de mes parents. Nous n’étions plus que seize à l’arrivée à Liverpool, et je regrette parfois, non, je regrette souvent, de ne pas avoir été la dix-septième. »

« Dans cette maison ou ces champs, ce qui n’est pas à lui est forcément à elle, sa mère, et c’est presque pire parce qu’elle l’a mis au monde, elle l’a élevé, elle l’a créé. »

 » (…) je ne dois jamais fermer la porte. Là aussi, c’est défendu.
Toujours ouverte. Et il a poussé le petit lit contre le mur, afin de pouvoir me regarder depuis le palier ou depuis sa chambre. Il entre chaque fois qu’il en a envie. Je n’ai aucun espace sûr, aucun endroit à moi. Rien pour me protéger, pour me cacher. Je n’ai aucune intimité, rien qui ressemble à une vie privée. Je suis filmée, observée, surprise, enregistrée, espionnée. Je vis dans une prison ouverte entourée de champs sans murs et de marais sans clôtures. C’est l’immensité du terrain qui me maintient prisonnière. Je suis retenue, incarcérée dans le plus ouvert de tous les paysages. »

 

Lu dans le cadre de 2 défis littéraires :

– Challenge Thriller et polar 2022- 2023 chez Sharon

 – Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (Etats-Unis).

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