Le sourire du scorpion de Patrice Gain

Le livre : Le sourire du scorpion de Patrice Gain. Paru le 2 janvier 2020 chez Mot et le reste dans la collection littérature. 19€. (206 p.) ; 21 x 15 cm

4e de couv :

Tom, sa soeur jumelle Luna et leurs parents s’engagent dans le canyon de la Tara en raft. Une belle étape de plus dans leur vie nomade. Pourtant, malgré les paysages monténégrins époustouflants, la complicité familiale et la présence rassurante de Goran, leur guide serbe, la tension envahit peu à peu le canyon et le drame frappe, sans appel. Du haut de ses quinze ans, Tom prend de plein fouet la violence du deuil et de la solitude. Mais, en dépit du chaos qui lui tient désormais lieu de vie, il ne peut s’empêcher de retracer les événements et le doute s’immisce : ne sont-ils pas les victimes d’une histoire bien plus grande que la leur ?

 

L’auteur : Patrice Gain est né à Nantes en 1961. Professionnel de la montagne, ingénieur en environnement, il est déjà l’auteur de trois romans aux éditions Le mot et le reste : La Naufragée du lac des Dents Blanches (prix Récit de l’Ailleurs 2018), Denali et Terres fauves.

 

 

 

 

 

 

Extrait :
Nos bras brûlaient sous l’effort. Il y avait une désolante harmonie entre les éléments et l’état d’esprit qu’affichait notre mère. Des décharges électriques n’ont pas tardé à balafrer le ciel, suivies de déflagrations qui résonnaient en percutant les parois des gorges. Elles se chevauchaient s’enroulaient pour ne plus former qu’un épouvantable carnage sonore. Le canyon tonnait son hostilité, sa sauvagerie, sa démesure. La pluie ne s’est pas fait attendre. Dense, brutale. Elle hérissait la surface de la rivière de milliards d’impacts. Le paysage n’était plus qu’obscurité et grondement Nous étions dans la gueule d’un monstre.

 

Le post-it de Ge

Le sourire du scorpion de Patrice Gain

Tom, 15 ans, sa soeur jumelle Luna et leurs parents descendent en raft le canyon de la Tara, au Monténégro. Ils sont accompagnés de Goran, un guide serbe. Si le voyage commence sous les meilleurs auspices, la tension s’installe au fil de la descente jusqu’au drame qui frappe la famille, laissant Tom face à son chagrin et à ses doutes.

ça c’est le point de départ de cette fabuleuse histoire de famille.

On est en été, la famille roule sous la canicule dans leur camion rouge destination l’ex Yougoslavie et les paysages superbe du Monténégro. On ressent déjà la chaleur sous le mot de l’auteur et on se prépare avec nos protagoniste à vivre leur partie de rafting.

On entre fébrile dans la petit embarcation où en pris place Tom et Luna les ados, Mily, la mère, Alex le père et Goran leur guide. On vit les premiers rapide qui nous font dire que la promenade ne sera pas de tout repos. On se sent tout petit coincé là dans ce canyon entre la rivière grondante et les falaise abruptes qui la bordent. 

Et puis l’orage arrive, les élément se déchaînent et Patrice Gain, les décrit avec minutie, on les visualise, on les vit, on est ballotté de toute part. Les eaux se gonflent, les rapides ne sont plus que danger.  Et on chavire avec notre famille, on boit la tasse et on essaie comme on peut de sortir la tête de l’eau.

Tout le monde remonte à la surface sauf Alex, le père ne répond pas, il a disparu dans la fureur de ce court d’eau en cru.

Les maigres secours auront beau chercher on ne retrouvera pas son corps.

La famille endeuillée reviendra sur ces terres. Dans cette ferme isolés sur un grand causse au dessous de Millau emmenant dans leur valise leur guide yougoslave.

Chacun va reprendre son quotidien. Luna le lycée, Tom son apprentissage en menuiserie. Seule Mily sombre peu à peu dans la dépression. Mais Goran est là pour veiller sur elle, il devient l’homme à tout faire. Sa présence est rassurante.

Pourtant Tom s’inquiète  pour sa soeur qui part en vrille mais aussi pour sa mère. Tom a des doutes. Lui le silencieux, le pacifique, Tom ce garçon calme va faire une rencontre qui va changer la donne.

Je ne vous en dirai pas plus, je vous en ai déjà peut-être dévoilé trop. Mais…Je l’avoue j’ai eu un énorme coup de cœur pour le Sourire du scorpion. J’ai tout aimé, même la profusion de qualificatifs ou d’adverbes qui parfois forme les phrases de l’auteur. J’ai aimé le changement de rythme du récit entre la furie du départ et le temps du deuil de la suite.

Patrice Gain, nous propose là un magnifique roman noir, un roman initiatique aussi. Son écriture nous conte les sentiments, les émotions, les caractères, les traumatismes enfouis mais aussi le passé qui trouble notre présent, sans oublier la beauté de la nature. Il nous emporte avec lui dans cette histoire de laquelle il est impossible de ressortir indemne.

Il finit par nous pétrifier dans un final que l’on redoutait et qui vous laisse les bras ballants !

Du grand art, de la littérature comme on l’aime.

Autre extrait :
Nous avions quatre jours de nourriture enfermée dans des sacs étanches, plus les tentes et le matériel indispensable pour le genre d’expédition dans laquelle nous étions engagés. Nous avons ensuite tiré le raft haut sur la berge, puis Luna et moi avons allumé un feu. Nous sommes jumeaux. De faux jumeaux puisqu’elle me dépassait facile d’une tête. Son dynamisme était communicatif et à cette époque, nous avions à peine quinze ans, rien ne pouvait nous séparer. Goran est allé vider les truites à la rivière et notre mère a préparé des nouilles chinoises. Elle était un peu tendue. Je crois bien qu’avec la nuit tombée, elle visualisait mieux ce dans quoi Goran et notre père nous avaient embarqués. Descendre un canyon pas loin d’être aussi profond que le Grand Canyon. Dévaler quatre jours durant le torrent qui coule au fond, 1300 mètres sous les plateaux calcaires. Presque de la spéléologie. Une rivière en sursis, puisqu’un projet de barrage prévoyait de faire des gorges une retenue d’eau. Voilà comment notre père et Goran nous avaient présenté les choses l’hiver dernier et l’idée nous avait enthousiasmés, Luna et moi. Sur le parking des saisonniers, Goran était notre voisin. Il logeait dans une caravane. Tout le monde l’appelait « le Yougo », à cause de son accent rocailleux. Je crois me souvenir qu’il travaillait dans un bar de nuit, en tous cas il n’émergeait jamais de son antre avant midi. Il avait ajouté qu’en juillet le débit de la rivière serait idéal pour réaliser la descente. Goran avait déjà fait ce genre de chose, diriger une embarcation dans des eaux blanches. Nous l’avions donc retrouvé dans un hameau au nom imprononçable, flanqué d’une dizaine de maisons en pierre et la journée avait été consacrée à préparer notre expédition, mais pas seulement. Nous étions en 2006 et le Monténégro avait déclaré son indépendance quelques semaines plus tôt. Goran avait souhaité fêter ça et je me souviens parfaitement de la soirée qui avait précédé notre départ. Des gars arrivaient de je ne sais pas où avec des trucs à boire et à manger qu’ils déposaient sur une table disposée sous un érable. La plupart portaient un treillis militaire et c’était assez déconcertant, je ne saurais pas dire pourquoi, on croisait souvent dans les campagnes des fermiers ou des chasseurs affublés ainsi. Un animal que je ne pouvais identifier tournait sur une broche. Un type était occupé à alimenter des braises qui lui cuivraient les flancs. Goran nous avait présenté des cousins, des amis. Deux gars s’étaient installés près de la fontaine et avaient joué une musique entraînante aux accents un rien tziganes. Elle couvrait les conversations et c’était aussi bien ainsi parce qu’on ne pouvait en suivre aucune. Il y eut des chants, des danses et une altercation entre les amis de Goran pour une stupide histoire de scorpion que l’un d’eux s’était fait tatouer dans le cou. 

16 réflexions sur “Le sourire du scorpion de Patrice Gain

  1. J’ai un peu le vertige en lisant le résumé de cette histoire, c’est assez terrifiant de se lancer dans une telle aventure et pas si surprenant qu’un malheur arrive, je suppose qu’il faut s’attendre à des rebondissements, le titre laisse supposer qu’il y a quelque chose de bizarre!

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