Jackpot ! de Stéphane Boudy

Le livre : Jackpot ! de Stéphane Boudy. Paru le 27 septembre 2019 aux éditions Lajouanie dans la collection Roman pas policier mais presque. 18€. (232 p.) ; 19 x 13 cm

4e de couv :

Jackpot !

Un obscur fonctionnaire, sur les conseils d’un curieux marchand de biens franco-chinois, se lance dans l’achat et la rénovation d’appartements. Au fil de ses acquisitions, surfant sur la bulle immobilière de la capitale et accompagné d’un homme à tout faire qui réhabilite à la perfection ses logements, le jeune homme se retrouve rapidement à la tête d’une véritable fortune. Gérer un tel jackpot va s’avérer délicat… D’autant que la mort accidentelle d’une ex-employée envoie les deux hommes à la prison de la Santé. Depuis leurs cellules, qu’ils retapent de fond en comble, le duo entreprend de déradicaliser les détenus. Le succès de cette dernière entreprise remonte jusqu’à l’Élysée. Le gouvernement engage alors ces drôles de missionnaires à exporter leur méthode explosive jusqu’en Indonésie…

Une fresque insolente sur le monde actuel, ses contradictions et la folie des hommes. Mondialisation, islamisation, manipulation sont les maîtres-mots de cette fantaisie littéraire politiquement incorrecte. Très corrosif et iconoclaste : mieux que du Houellebecq en somme !

L’auteur : Stéphane Boudry enée en 1971. Diplômé de la Sorbonne, ancien professeur de philosophie, Stéphane Boudy écrit aussi des romans.
Grand voyageur, il est fasciné par l’Asie du Sud-Est et a plusieurs fois parcouru cette région du monde
Il est co-directeur du théâtre Marguerite Duras (TMD) et fin connaisseur du Transsibérien.
Stéphane Boudy s’est investi dans la collecte des souvenirs des résistants de la Seconde guerre mondiale après s’être immergé dans la mémoire des anciens d’Indochine.
Il vit en région parisienne.

 

 

Extrait
Le prêt en soi constituait une menace, le monde des riches contre celui des pauvres. Un monde qui s’arrangeait toujours pour faire payer aux plus faibles ses propres ambitions. Cela fut dit avec moins de technique et de détails mais la mise en garde était là, la peur, l’angoisse de basculer dans l’inconnu des riches, le néant de l’argent qui engloutissait tout avec lui. La vie, la vie de famille, l’amitié, l’entente, la connivence et la reconnaissance entre pauvres, les quelques bons moments passés entre pauvres, moments volés au capitalisme avide, au désir de profits illimités, moments volés au monde des chefs et des puissants. Avec l’argent, on ne pouvait préserver cela, la seule liberté des pauvres, celle d’avoir le droit de se retrouver et de parler de leur malheur.
Loïc Nicolas, dans son retrait effectif et sa timidité, avait cependant conservé cette qualité d’écolier qui est celle d’écouter et de ne se fermer à rien de ce qu’il pourrait apprendre. Le rendez-vous financier du lendemain fut un tourbillon dans sa vie. Son conseiller, encravaté, gominé, avec la chemise vichy et le sourire assuré du monde des puissants, demandait à son client d’acheter un appartement. Mais quel appartement et comment ?
Loïc, qui avait quinze mille euros d’économies, pouvait emprunter plus de cent mille euros. Il pourrait répondre à des annonces immobilières, visiter et faire aisément l’acquisition d’une chambre de bonne dans les beaux quartiers. Le conseiller lorgnait vers Saint-Lazare : Lisez les annonces, répondez, visitez et on en reparlera dans deux semaines, monsieur Nicolas.
Loïc sortit ébloui. Il était un monsieur auquel on souhaitait donner de l’argent, cinq à six fois plus qu’il n’en possédait. Il rembourserait ensuite chaque mois, sur une période de vingt ans, avec les intérêts.
Loïc n’était hostile à rien, bien que toujours limité par ses moyens et ses origines sociales. Au lycée du Thabor, même quand il ne comprenait pas les mathématiques, il écoutait les mathématiques.

La Kronik d’Eppy Fanny

Introduction : J’ai rencontré et interviewé Stéphane Boudy lors du salon de Nemours de janvier 2020. Le seul vrai salon auquel j’ai pu participer cette année. Ce 1er roman ne peut pas être mis dans une case car il aborde dans un joyeux bordel de nombreux sujets. Et sous forme de fantaisie corrosive, dénonce bien des travers de notre société. Une belle découverte de la maison Lajouanie.

L’histoire :

Celle de Loïc Nicolas, employé de bureau à l’hôtel de ville de Paris. Issu de parents communistes, il n’a pas été nourri au lait de l’ambition. Il a quitté sa ville de Rennes et végète à Paris depuis 6 ans. Seule fantaisie, le lundi il déjeune avec un collègue, lui aussi provincial et célibataire. Deux hommes timides et effacés se laissant tyranniser par tous.

Mais voilà que le 27/09/2001, le banquier de Loïc lui propose d’emprunter pour acheter son appartement. Emprunter, quelle drôle d’idée. Mais elle fait son chemin et le voilà propriétaire non pas d’un mais de quatre appartements. Et ce n’est qu’un début. Car Mr Ping l’a pris en mains et le conseille efficacement.

Avec Blanchard, ouvrier talentueux et courageux, il va retaper des logements, les revendre et se trouver à la tête d’un sacré pactole. Le prix à payer : une famille et un ancien collègue qui ne lui parlent plus. Il a renié ses origines et leurs valeurs.

Il va aussi rencontrer la cousine de Mr Ping, Jeanne, qui vit aux États-Unis et va lui faire passer une folle nuit ; lui qui, à 38 ans ne connaît pas grand-chose à l’amour.

Blanchard est devenu un ami pour Loïc. En plus de retaper les logements, il encaisse également les loyers en retard. Il faut dire que l’ancien militaire est impressionnant.

Extrait partiel pages 67-68 : « Il y avait en France un problème avec les métiers de vocation faits pour les gens qui très tôt ne réussissaient pas à l’école. L’orientation vers la technique était systématiquement sous l’angle du dénigrement. Difficile d’exister pour ces élèves qui n’avaient pas de bons résultats dans les séries générales… // Que ferait-on de tous ces élèves qui ne deviendraient pas chefs de bureau, cadres chez Total, avocats, notaires ? On ne le savait pas encore. Le passé avait trouvé une solution pour les reliquats. Guerres de 1870 contre les Prussiens, Première et Seconde guerres mondiales, guerres d’Indochine et d’Algérie, les chômeurs potentiels s’étaient toujours commués en morts pour la France. Des millions avaient ainsi échappé à l’humiliation sociale du chômage. Et les états avaient bien organisés l’avenir pour que toujours la guerre soit une boucherie permanente. En ce début de XXI siècle, on pouvait lutter contre le terrorisme mais cela demeurait une idée vague qui ne tuait pas assez de monde. »

Loïc n’a pas pensé que sa folle nuit d’amour aurait des conséquences, ni qu’il l’apprendrait si tardivement. Mais le voilà papa. Un enlèvement, un accident, et direction la prison.

Avec Blanchard, les voilà à retaper 900 cellules et à dératiser la prison de la santé. Eux les boulimiques du boulot ne voient pas passer leurs années de détention.

Cette population carcérale à disposition inspire le président Macron qui décide de créer, dans le plus grand secret, un terrorisme à la française. La peur va changer de camp ! Les débuts, en termes de communication et d’image sont un désastre. Mais la riposte française va évoluer. Blanchard et Loïc vont y prendre part activement. En conclusion, je vous le dis : Vive la France. Vive le Porc !

Mon ressenti – 20/10/2020 : Un récit qui aborde des sujets de société tellement actuels à l’heure où j’écris ces lignes. Qui parle du harcèlement fait aux femmes, de violence, d’intolérance, du passé, du présent. C’est satyrique, cynique, mordant, drôle et jubilatoire.

A découvrir.

9 réflexions sur “Jackpot ! de Stéphane Boudy

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