Le jour Décalé, la suite ….

Patients de Grand Corps Malade paru le 21 mai 2014 aux éditions Points ; 5€90 ; 168 pages ; 11cm x 18cm.

4ème de couverture

À tout juste 20 ans, alors qu’il chahute avec des amis, Fabien heurte le fond d’une piscine. Les médecins diagnostiquent une probable paralysie à vie. Dans le style poétique drôle et incisif qu’on lui connaît, Grand Corps malade relate les péripéties vécues avec ses colocataires d’infortune dans un centre de rééducation. Jonglant avec émotion et dérision, ce récit est aussi celui d’une renaissance.

 

 

 

 

 

 

L’auteur : Fabien Marsaud dit Grand Corps Malade est né le 31 juillet 1977 au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Il voulait être prof de sport, il sera slameur, poète, auteur-compositeur et réalisateur. Il commencera par faire plusieurs représentations au Réservoir (club qui sert aussi aux tournages du Jamel Comedy Club). Il a fait également la première partie de Cheb Mami au stade de France. Son premier album, Midi 20, se retrouve numéro 10 sur les 200 meilleurs ventes d’albums de l’année 2006. Enfant de la ville sort en 2008, 3e Temps en 2010, Funambule en 2013, il nous restera ça, en 2015 où plusieurs artistes participent comme Renaud puis Plan B en 2018 et Mesdames en 2020.

 

Extrait :

       «   C’est l’histoire d’un mec complétement saoul qui enchaîne son huitième verre dans un petit bar en face de chez lui. Le patron l’engueule : « Allez, Pierrot, finis ton verre et rentre chez toi maintenant, il est deux heures du mat, ta femme va encore t’insulter. »
     Pierrot tente de se lever et s’écrase par terre comme un sac. Il rampe jusqu’à la porte du bar, la pousse et dégringole les deux petites marches de l’entrée pour atterrir allongé sur le dos, à même le trottoir. Il se touche l’arcade sourcilière, constate qu’il saigne mais, sans s’émouvoir, il se remet sur le ventre. Après avoir vomi quelques secondes, il traverse la rue en rampant. C’est maintenant ses coudes qui sont en sang mais il s’accroche, parvient du bout du bras à ouvrir la porte de chez lui, rampe dans son couloir puis dans ses escaliers. Après une bonne demi-heure d’efforts, il se hisse sur son lit et, profitant du sommeil très profond de sa femme, il parvient même à se déshabiller et à se glisser sous les draps. Il s’endort dans la seconde…
     Au petit matin, il est réveillé par sa femme qui lui hurle dessus :  » Pierrot, espèce de gros poivrot ! Tu t’es encore bourré la gueule au café en face hier ! »
     Pierrot bredouille « Mais pas du tout, je suis rentré tard mais je n’ai pas bu, pourquoi tu dis ça  »  » Parce que le patron du bar vient d’appeler. T’as encore oublié ton fauteuil roulant ! »
     Blague racontée par Farid, patient paraplégique. »

 

 

Les missives de Fanny H

Patients de Grand Corps Malade

 

Il fait très chaud en ce 11 août, 35°, et Fabien Marsaud est dans l’ambulance. Après cette chute dans cette piscine, sa vie a basculé pour toujours. Il passera un mois en réanimation. Le verdict est tombé, il ne remarchera pas. Il est en totale incapacité de bouger. Il sera ensuite transféré dans un centre de rééducation et commence alors une longue bataille, un combat mental car il est entièrement dépendant aussi bien pour manger, aller aux toilettes ou avoir besoin de se brosser les dents.

Heureusement, il recommencera par retrouver des sensations et pouvoir rebouger petit à petit. Il connaîtra également de gros problèmes de vertiges durant la première année.

Plusieurs personnes seront indispensables dans son quotidien : les aide-soignants, les médecins, les infirmières, les kinés et les ergothérapeutes.

Il se liera d’amitié avec d’autres patients, entre autres : Toussaint, Farid, Steeve, Samia, etc. Et nous parle de leurs pathologies (les vrais prénoms ont été substitués par d’autres).

Grand Corps Malade nous rappelle que du personnel médical compétent est indispensable, d’où l’importance de leur donner les moyens nécessaires afin qu’ils puissent s’occuper de leurs patients correctement et avec dignité.

Fabien Marsaud nous livre un récit brut, empreint de bienveillance et de réalisme sur ce qui lui est arrivé mais aussi sur le monde du handicap. Il est objectif et amer sur ce qui est totalement étranger aux valides.

GCM a été lourdement atteint, et il est passé par de longs mois de doutes, de peurs et de questionnements. Il apprendra deux mots qui riment et qui ne sont pas dépourvus de sens : patience et résilience.

Dans Patients, il y a de l’humour, aussi bien du côté de l’auteur que de ceux qui croiseront sa route. Ils feront même quelques bêtises, ce qui les aura sûrement aidé à se sentir tout simplement vivant.

Et il y a aussi de la tristesse devant de tels drames, c’est un témoignage bouleversant.

Grand Corps Malade et Medhi Idir  en ont fait un film en 2016 portant le même nom que le livre : Patients.

J’aime beaucoup cet artiste, ce slameur, cet homme qui pose un regard tellement noble et lucide sur ce qui l’entoure. C’est quelqu’un de grand et pas seulement par la taille.

Je remercie Grand Corps Malade d’avoir mis des mots sur ses maux et de l’avoir partagé avec ses fans car c’est exactement ce que je suis.

Bande-annonce du film Patients
https://youtu.be/A02Xmwng9OA