L’été où tout à fondu, Tiffany McDaniel

Le livre : L’été où tout à fondu de Tiffany McDaniel ; traduit de l’américain par François Happe. Paru le 18 août 2022 chez Gallmeister. 20€60. (480 p.) ; 21 x 14 cm

4e de couv :

Été 1984 à Breathed, Ohio. Hanté par la lutte entre le bien et le mal, le procureur Autopsy Bliss publie une annonce dans le journal local : il invite le diable à venir lui rendre visite. Le lendemain, son fils Fielding découvre un jeune garçon à la peau noire et aux yeux d’un vert intense, planté devant le tribunal, qui se présente comme le diable en personne. Cet enfant à l’âme meurtrie, heureux d’être enfin le bienvenu quelque part, serait-il vraiment l’incarnation du mal ? Dubitatifs, les adultes le croient en fugue d’une des fermes voisines, et le shérif lance son enquête. Se produisent alors des événements étranges qui affectent tous les habitants de Breathed, tandis qu’une vague de chaleur infernale frappe la petite ville.

 

L’auteure : Tiffany McDaniel est née en 1985 et elle a grandi dans l’Ohio où elle vit encore aujourd’hui à Circleville. L’été où tout a fondu est son premier roman, pour lequel elle a remporté le Guardian’s Not the Booker prize 2016 du Guardian. Avec son second roman Betty, Tiffany McDaniel s’inspire de la vie de sa mère, une métisse cherokee, pour livrer un roman enchanteur et tragique. Betty a remporté  le prix du roman Fnac 2020 et le Prix America du meilleur roman 2020.

 

Extrait  :
« Je vous invite cordialement à Breathed, dans l’Ohio. Pays de collines et de balles de foin, de pécheurs et de miséricordieux. »
« Je n’ai jamais rencontré un homme meilleur que ton père. A côté de lui, on a l’impression que les autres hommes ne sont que des chiens errants qui se couchent dans la boue.»
« LA CHALEUR EST ARRIVÉE avec le diable. C’était l’été 1984. Le diable avait bien été invité, mais pas la chaleur. On aurait pourtant dû s’y attendre. Après tout, la fournaise n’est-elle pas un attribut du diable ? L’un ne va pas sans l’autre.
Cette chaleur n’a pas seulement fait fondre des réalités tangibles, telles que la glace, le chocolat ou les popsicles1. Elle a aussi fait fondre des choses abstraites. La peur, la foi, la colère, ainsi que les repères les plus fiables du sens commun. Elle a également fait fondre des vies, les privant d’un avenir, enseveli sous les pelletées de terre du fossoyeur.
J’avais treize ans quand tout cela est arrivé. Un âge où je me suis trouvé complètement brisé et changé par l’existence comme jamais je ne l’avais été auparavant.»

 

Le post-it de Ge

L’été où tout à fondu, Tiffany McDaniel

Ce roman c’est mon ami Yvan qui m’en a parlé un soir à la maison, il en a dit tellement de bien que je suis allée tdés le lendemain en librairie pour me le procurer. Surtout que c’était écrit par l’auteure de Betty que j’avais adoré. Et en plus « L’été où tout à fondu » est le premier roman de Thiffany MacDaniel, et vous savez mon amour des premiers romans !

J’ai mis quelques temps à démarrer ce roman mais une fois plongée dedans j’avais une impression de déjà lu. Et là j’ai été un peu déçu. Et puis au fur et à mesure que ma lecture, je me suis rendu compte que j’avais déjà lu ce bouquin. Mais comment était-ce possible. Alors j’ai recherché dans mes notes. Et en effet je les ai retrouvées, j’avais bel et bien lu ce titre lors de sa première sortie chez les  Éditions Joëlle Losfeld en France en 2019.

Et voici donc ce que j’en disais à l’époque.

Whaou quel premier roman !
Quelle force évocatrice, quelle écriture, quelle atmosphère torride. On ne sort pas indemne de cette histoire
Ohio, 1984 d. le procureur Autopsy Bliss publie une annonce dans le journal local de Breathed invitant le diable à lui rendre visite. Sal, un jeune garçon noir aux étranges yeux verts, y répond. Il héberge le jeune garçon, pensant que ce dernier a fugué d’une ferme voisine. le temps d’un été, Sal partage la vie de ses fils, Fielding et Grant, de sa femme et de la chienne Granny.
Ici on se croit au paradis mais en fait c’est l’enfer qui gronde sous les belles apparences de cette ville, de cette communauté régit par leur religion aveugle et leurs préjugés crasses.
Une somptueuse évocation de l’Amérique profonde recroquevillée sur ces belles certitudes.
Cette Amérique des année 80 qui semble figée dans le temps tellement elle ressemble à celle des années 2020.

Aujourd’hui je peux rajouter que l’on va être en empathie avec Sal et Fielding, on va se prendre d’affection pour ces deux gamins que tout oppose. Et cette année 84 restera à jamais gravé dans la tête de ces deux là mais aussi dans la notre. Les année 80 qui étaient pour nous, pour moi, ici en France comme des années d’insouciance mais synonymes aussi d’engagement associatif et politique, ; ces année 80 où au contraire l’Amérique, elle, a commencé à se replier sur elle-même.

Si il est ici question d’amitié, d’une amitié sincère, d’une amitié à la vie à la mort comme seule le début de l’adolescence peut nous en offrir, il y est aussi question de médiocrité de l’homme qui voit dans la différence tous les mots du monde. On parle ici de racisme primaire et ordinaire, d’homophobie, d’intolérance, de croyance et de fanatisme menant aux fondamentalisme religieux. Ici il ne fait pas bon sortir du lot, la différence est une tare pire un vice.

J’ai aimais relire ce livre, j’ai aimé la plume à la fois incisive et onirique de l’autrice. J’ai adoré ses  moments poétiques , j’ai apprécier aussi ses « putch line » qu’elle balance de tant à autre et qui viennent nous percuter. Nous avons là un roman à la fois initiatique et profond. Un roman noir à n’en pas douter qui pointe du doigt les failles de nos sociétés passées mais surtout à venir. La désinformation, les fakes news, déjà, le complotisme aussi….et son corolaire d’intolérance et de  haine de l’autre. Il faut bien des bouc-émissaires à tous nos maux…

Et, ici, si la canicule est omniprésente on ne parle pas encore de réchauffement climatique et pourtant c’est bien un nouveau mal qui va bientôt toucher les Etats-Unis et la planète entière. Mais espérons que celui-ci ne sera pas synonymes de replis sur soi et de rejet de l’autre mais qu’au contraire il soit le signe d’une plus grand solidarité mais là j’extrapole. Quoique !

Car Tiffany Daniel livre ici un roman puissance, fascinant, dérangeant. Un roman où le bien et mal vont de paire car ici plus qu’ailleurs ils sont, on le devine, liés et intrinsèquement indéfectibles.

Autres extraits :
« Je dirais volontiers que 1984 a su faire ce qu’il fallait pour entrer dans l’Histoire. Cette année-là, Apple sortait son Macintosh, le premier ordinateur grand public, deux astronautes se promenaient parmi les étoiles, tels des dieux, et Marvin Gaye, qui chantait la douceur d’être aimé, était tué d’une balle en plein cœur par son propre père.
Au mois de mai de la même année, des chercheurs publiaient le résultat de leurs travaux dans une revue scientifique, révélant qu’ils étaient parvenus à identifier et isoler un rétrovirus que l’on allait bientôt appeler le VIH. En conclusion de leurs articles, ils se déclaraient convaincus que ce VIH était l’agent responsable du syndrome d’immunodéficience acquise. Le sida de nos cauchemars.
Oui, 1984 a été marquée par l’actualité. C’est l’année où Michael Jackson s’est enflammé pour Pepsi et où l’enfant-bulle de Houston, au Texas, est sorti de sa prison de plastique et a pu être touché par sa mère pour la toute première fois, quelque temps avant de mourir, à l’âge de douze ans.   »
« La chaleur a soudain fait irruption dans ma conscience comme une bulle éclate dans l’eau qui se met à bouillir. J’ai eu l’impression d’être embrasé, de ressentir un changement qui se mesurait en degrés et qui faisait grimper inexorablement mon thermomètre interne. Vu de loin, j’étais peut-être une voiture avec les phares allumés. De près, j’étais en flammes.
La tiédeur du passé avait été reléguée au second plan par la brûlure du présent. Éclipsée, la température parfaite. La gentille brise. Tout cela était remplacé par une chaleur presque violente qui vous transformait les os en volcans, le sang en une lave qui hurlait leurs éruptions. Plus tard, les gens évoqueraient cette brusque arrivée de la chaleur. Pour eux, c’était la meilleure preuve de l’avènement du diable.»
«  Dans leur ensemble, les années 1980 devaient s’avérer particulièrement actives pour le diable. À cette époque-là, ses cornes n’étaient jamais bien loin. Le satanisme était à son apogée et ses sectes hystériques affichaient leur arrogance. Au cours de cette décennie, la peur avait pris la forme d’un quadrilatère afin de mieux s’emboîter dans nos maisons, dans nos petites vies bien rangées, bien carrées. »

 

Lu dans le cadre de 3 défis littéraires :

– Challenge Thriller et polar 2022- 2023 chez Sharon

 – Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (France).

 – Challenge Les Dames en Noir 2022 chez Zofia

 

3 réflexions sur “L’été où tout à fondu, Tiffany McDaniel

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