La cité des nuages et des oiseaux, Anthony Doerr

Le livre : La cité des nuages et des oiseaux, de Anthony Doerr ; traduit de l’américain par Marina Boraso. Paru le 14 septembre 2022 chez Albin Michel dans la collection Terres d’Amérique. 24€90. (693 p.) ; 22 x 15 cm

4e de couv :

Avez-vous jamais lu un livre capable de vous transporter dans d’autres mondes et à d’autres époques, si fascinant que la seule chose qui compte est de continuer à en tourner les pages ?

Le roman d’Anthony Doerr nous entraîne de la Constantinople du XVe siècle jusqu’à un futur lointain où l’humanité joue sa survie à bord d’un étrange vaisseau spatial, en passant par l’Amérique des années 1950 à nos jours.

Tous ses personnages ont vu leur destin bouleversé par La Cité des nuages et des oiseaux, un mystérieux texte de la Grèce antique qui célèbre le pouvoir de l’écrit et de l’imaginaire.

Et si seule la littérature pouvait nous sauver ?

L’auteur :  Anthony Doerr est né Cleveland, Ohio , le 27 octobre 1973. Diplômé en histoire au Bowdoin College à Brunswick, Maine (1995), il est titulaire d’un MFA à l’Université d’État de Bowling Green, en Ohio. Couronné par plusieurs prix prestigieux et finaliste du National Book Award, Prix Pulizer… Anthony Doerr avait fait, à 28 ans, une entrée remarquée sur la scène littéraire. Depuis il bâtit une œuvre étonnante et inclassable.  Après Le Nom des coquillages (2003), À propos de Grace (2006) et Le Mur de mémoire (2013), Toute la lumière que nous ne pouvons voir , il nous revient avec un nouveau chef œuvre La cité des nuages et des oiseaux. Il vit aujourd’hui avec sa femme et ses deux fils à Boise dans l’Idaho.
Extraits : 
« LA HUPPE : Voyons, quel nom donnerons-nous à la ville ?
PISTHÉTAÉROS : Voulez-vous que ce grand nom soit emprunté à la Lacédémone ? Lui donnerons-nous le nom de Sparte ?
ÉVELPIDÈS : Par Héraclès ! Moi, donner le nom de Sparte à ma cité ! Je ne voudrais pas du tout, même pour mon grabat, avoir de la sparterie.
PISTHÉTAÉROS : Alors, quel nom lui donnerons-nous ?
ÉVELPIDÈS : Un terme emprunté aux nuages et aux régions éthérées, quelque chose de bien ronflant.
PISTHÉTAÉROS : Veux-tu la Cité des nuages et des oiseaux ? »
Aristophane, Les Oiseaux1, 414 avant J.-C.
 » Une jeune fille de quatorze ans est assise en tailleur sur le sol d’une capsule circulaire. Une masse de cheveux bouclés auréole son visage ; ses chaussettes sont trouées de partout. C’est Konstance.
Derrière elle, dans un cylindre transparent qui s’élève sur cinq mètres de hauteur, se trouve une machine composée de milliards de fils dorés, dont aucun n’est plus épais qu’un cheveu humain. Chaque filament s’entrelace à des milliers d’autres pour former des écheveaux d’une extraordinaire complexité. De temps en temps, une pelote à la surface de la machine émet une lueur clignotante : tantôt ici, tantôt là. C’est Sybil.
La capsule contient aussi un petit lit avec son matelas gonflable, des toilettes en circuit fermé, une imprimante à aliments, onze sacs de Nutri-poudre et un tapis de marche multidirectionnel, le Pérambulateur, dont la taille et la forme rappellent un pneu automobile. L’éclairage est fourni par une couronne de diodes fixées au plafond ; il n’y a aucune issue visible.
Le sol est quadrillé par une centaine de bouts de papier que Konstance a découpés dans des sacs de Nutri-poudre vides, et sur lesquels elle a écrit avec une encre de sa fabrication. Certains fourmillent de caractères manuscrits ; d’autres, en revanche, ne portent qu’un mot unique. Sur l’un d’eux sont tracées les vingt-quatre lettres de l’alphabet grec ancien. Et sur un autre on peut lire ceci :
Au cours du millénaire ayant précédé l’an 1453, la cité de Constantinople a été assiégée à vingt-trois reprises, mais aucune armée n’est jamais venue à bout de ses remparts intérieurs. »

Le post-it de Ge

La cité des nuages et des oiseaux, Anthony Doerr

Nous sommes là dans un un kaléidoscope où chaque lecteur peut voir les propres images de son propre imaginaire.

Par petite touche l’auteur met en place un puzzle de dix-milles pièces qui va finir par se dévoiler devant nous et nous éblouir par l’intensité de sa révélation.

Oui je sais tout cela est bien mystérieux mais c’est que ce livre lui aussi a ce petit air hermétique et énigmatique.

Il faut dire que ce roman incroyable est fondé sur le fait qu’un manuscrit ancien traverse le temps,  et que celui-ci unirait le passé, le présent et l’avenir de l’humanité. Et à celui-ci est aussi relié le destin des personnages que nous allons suivre sur près de 700 pages.

Il y a la  Anna, orpheline,  et sa soeur Maria. Anna est brodeuse à Constantinople en 1453 alors que le sultan Mehmet II s’apprête à attaquer la ville. Il y a là aussi Omeir, un jeune bouvier qui a été enrolé de force avec ses bœufs dans l’armée du sultan. Anna préfère les livres à la broderie, Omeir lui préfère ses bêtes aux humains qui l’entoure.

Et puis en 2020, dans une bibliothèque de l’Idaho, Zeno Ninis fait répéter des comédiens sans savoir qu’il est sur le point de croiser la route d’un jeune terroriste Seymour. Zeno est un vétéran de la guerre de Corée qui a su guérir ses blessures de guerres invisibles grâce à la littérature que deux bibliothécaire lui ont fait découvrir. Seymour lui est en colère et en perdition, ce jeune homme différent a perdu ses repère et la vengeance l’anime quand il rencontre Zeno.

Enfin…Dans un futur indéfini, Konstance, 14 ans, vit à bord d’une capsule spatiale, l’Argos, accompagnée par une IA nommée Sybil.  Elle est en route vers Beta Oph2 où peut-être un jour les humain pourront vivre.

Et tous ces personnages et quelques autres sont liés par un même texte. Un unique texte qui pousse les hommes

Ici Anthony Doerr entrecroise avec une maîtrise éblouissante le destin de  tous ses personnages. Il nous dessine une fresque d’une beauté saisissante, où je l’avoue j’ai eu un peu de mal à entrer, mais une fois que j’ai vu celle-ci se dévoiler, j’ai tout de suite était envoûtée.

J’ai adoré ce roman protéiforme qui mêle les genres avec brio. Un roman choral qui joue et se joue des époques et de ses protagonistes. Anthony Doerr a un réel talent de conteur, c’est indéniable.

Bref nous avons ici un roman comme on n’en rencontre peu et qui nous délivre un message simple, très simple même. Le livre, la lecture, les textes, la littérature et la fiction, si on les sauve, finiront par à leur tour sauver l’humanité.

Oui rien que ça !

J’ai adoré le livre…Forcément, car en plus notre auteur dédicace ce livre dans une ‘épigraphe qui dit :  « A tous les bibliothécaires passés, présents, et à venir ».

 

Autres extraits :
« Rex lui a dit un jour que, parmi toutes les folies dont les hommes étaient capables, il n’existait peut-être rien de plus noble, rien qui nous rende aussi humbles que s’atteler à la traduction des langues mortes ; nous ne connaissons pas les sonorités du grec ancien parlé ; les équivalences entre les deux langues sont toutes sauf évidentes ; dès le départ, nous sommes condamnés à l’échec. Et pourtant cette démarche, cet effort pour amener sur nos rivages quelques phrases sauvées des ténèbres de L’Histoire, demeurait selon lui la plus belle des quêtes insensées »
« Mon enfant, chacun de ces livres est un portail, une ouverture qui te donne accès à un autre lieu, à une autre époque. Tu as toute la vie devant toi, et ils ne te feront jamais défaut. »
« Mais les livres meurent, de la même manière que les humains. Ils succombent aux incendies ou aux inondations, à la morsure des vers ou aux caprices des tyrans. Si personne ne se soucie de les conserver, ils disparaissent de ce monde. Et quand un livre disparaît, la mémoire connaît une seconde mort. »

Ὠ ξένε, ὅστις εἶ, ἄνοιξον, ἵνα μάθῃς ἃ θαυμάζεις

« Étranger, qui que tu sois, ouvre ceci et tu apprendras des choses stupéfiantes. »

Livre lu dans le cadre de 3 défis littéraires

 – Le Pumpkin Autumn Challenge 2022 chez Guimause

– Challenge Thriller et polar 2022- 2023 chez Sharon

 – Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (Canada).

16 réflexions sur “La cité des nuages et des oiseaux, Anthony Doerr

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