La double chronique sur Collectif Polar
La première de l’année sera pour un livre atypique de 2016
Le livre : La viande des chiens, le sang des loups de Misha Halden. Paru le 10 novembre 2016 chez Fleuve éditions dans la collection Fleuve Noir. 18€50. (212 p.) ; 22 x 15 cm
L’auteur : Misha Halden est née en 1978. Elle a quitté Paris pour la Bourgogne, où elle partage son temps entre l’écriture et sa passion pour l’histoire, le jeu vidéo, les animaux et les livres. Sous un autre nom, elle est l’auteure de plusieurs ouvrages dans la veine noire imaginaire, pour lesquels elle a été primée. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages dans la veine noire imaginaire pour lesquels elle a été primée : Chien du Heaume (Mnémos 2010 ; J’ai lu, 2011 – Prix Imaginales, catégorie meilleur roman francophone ; Grand Prix de l’Imaginaire, catégorie roman francophone), Mordre le bouclier (Mnémos, 2012 ; J’ai lu , 2013 – Prix européen Utopiales des Pays de La Loire, catégorie roman ; Prix Elbakin.net, catégorie roman français) Mordred (Mnémos, 2013) Cœurs de rouille (Pré-aux-Clercs, 2013) et Gueule de truie (Critic, 2013) La viande des chiens, le sang des loups est sa première incursion dans la veine noire.
Extrait :
— C’est tout ?
— Oui.
— Rien d’autre ?
— Non. Pas de papiers sur lui. Les lettres ne sont adressées à personne. Elles n’ont même pas d’enveloppe.
— Rien que « Jeannette » et « la maison ». Quelque chose avec le train ? Son billet, qu’on sache au moins d’où il est parti, où il allait ?
— Pas de billet non plus. Il portait ses vêtements civils. Aucun moyen de connaître son matricule.
— Il ne dit toujours rien ?
— Les docteurs essayent depuis hier de le faire parler, mais je doute qu’ils y arrivent. Il bave sur son menton, il ne réagit même pas aux voix. À peine à la soupe ; il s’est mis à baver un peu plus. C’est tout.
— Bon.
— Comme vous dites.
— On ne va pas lancer une enquête pour retrouver la petite bâtarde d’un paysan. Il faudrait retourner toute la France à coups de fourche, et il en sortirait des milliers.
Le post-it de Ge
La viande des chiens, le sang des loups, Misha Halden
Enorme coup de cœur pour ce bouquin hors norme et difficile à résumé :
1917. Un jeune soldat écrit des lettres à l’enfant, le sien, celui qu’il ne connaîtra pas. Il lui dit les hommes, leur rudesse et la douceur des livres, l’importance des mots. Il est assis dans un train qui le conduit vers des jours meilleurs. Mais une femme le fixe du regard depuis un bon moment. Dans les soubresauts réguliers du wagon, celui qui avait échappé aux séquelles physiques de la Grande Guerre tombe sous la sauvagerie des coups de stylet.
2015. Rory est un vieux chien sans plus de collier qui a fui Paris la grise pour un coin paumé de campagne où il savoure chaque minute de son isolement. Lui et ses velléités d’auteur qui n’a jamais réussi à se faire publier, lui qui hait les débuts, qui ne sait jamais par où commencer, va raconter une histoire dingue de tendresse et de cruauté, une histoire d’humanité brute qui lui est arrivée.
Tout commence le jour où, en rentrant chez lui, il tombe nez à nez avec un rôdeur en train de mettre à sac son salon. Une fille surgit alors comme une furie et séquestre l’espace de sa présence. le type se suicide. Cette fille, c’est Lupa, sorte de femme-enfant sortie des bois qui fait irruption dans la vie de Rory pour lui redonner la sensation d’exister. D’où vient-elle ? Qui sont ceux qui la traquent ? Est-elle la chasse gardée d’une confrérie d’illuminés ? Et que vient faire Rory dans cette histoire ? Lui qui cultive gentiment sa misanthropie depuis une décennie va devoir revoir sa copie.
Dans ce roman en forme de conte initiatique noir, il est question des origines dont on ne se détache jamais, d’emprise psychologique et physique, de disparitions, d’animaux et d’hommes, de valeurs fondamentales qu’il est temps de remettre au goût du jour… D’humanité prise à la gorge et qui ne demande qu’à se défaire de ses liens.
Une écriture abrupte, très personnelle, un style poignant, direct mais parfois haché qui restituent à ce roman une atmosphère incroyable pesante, lourde, oppressante pour ce qui semble être avant tout une histoire d’amour. Mais on le sais » les histoire d’amour finissent mal en général ». Et puis il y a aussi en toile de fond le métier d’écrivain mais aussi le mal-être des auteurs , ou encore comment écrire le réel à travers la fiction. Bref une histoire complexe qui vous emporte irrémédiablement avec elle. Un sacré bon bouquin impossible à analyser aussi. Mais drôle de bouquin qui reste longtemps en mémoire, et comme je vous le disais, un pur coup de cœur.
Ah oui dernière chose…. Derrière Misha Halden se cache Justine Niogret, si, si !
Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) ;
Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (France).
et le challenge Les dames en noir chez Zofia
[…] La viande des chiens, le sang des loups, Misha Halden […]
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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merci 🙂
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