Intra/Extra de Gaëtan Genet paru le 25 août 2021 aux éditions Nombre 7 ; 23€ ; 452 pages ; 14,8cm x 21cm.

4ème de couverture

À peine le lycée terminé, ne supportant plus son père violent et sa mère alcoolique, Guillain fugue. Il quitte les Landes et prend le premier TER vers Bordeaux.

Au rythme d’aventures étonnantes, il vagabonde à la recherche de lui-même et d’une raison de vivre dans ce monde enragé. Tout au long de son parcours de jeune SDF, il se confronte à la violence, à la précarité et aux inégalités.

Face à l’argent qui diminue et la malveillance des passants, Guillain s’enfonce et sombre peu à peu dans l’alcoolisme et la brutalité, desquels il pourrait bien ne jamais ressortir…

L’auteur : Né en région parisienne, Gaëtan Genet a vécu jusque 18 ans dans les Landes puis en Haute-Savoie et Bordeaux. Il a travaillé longtemps en intérim avant de reprendre des études en licence de géographie qu’il obtint avec succès. Après un parcours parfois chaotique, il part d’une expérience personnelle et écrit alors son premier roman.

Extrait :

Une heure après mon départ, je me réveillais dans un compartiment de seconde classe du TER qui m’emmenait vers ma destinée.  Je me rappelle avoir sorti de la poche de mon manteau une vieille carte postale avec l’adresse de mes grands-parents inscrite au dos.  Je suis moi-même natif de Bordeaux.  Jusqu’en 1991, mes parents et moi ainsi que la grande majorité de mes oncles et de mes tantes habitions tous ensemble sur un immense terrain familial, rue Maurice Utrillo à Pessac, dans la banlieue bordelaise.  Chacun avait sa propre maison.  Mes parents biologiques (je suis malheureusement obligé de les nommer ainsi) avaient ensuite décidé de partir pour aller vivre à la campagne.  Je désirais revoir cette partie de ma famille dont je n’avais plus aucune nouvelle depuis onze ans.

Les missives de Fanny H

Intra/Extra de Gaëtan Genet

Guillain habite Les Landes avec ses parents mais depuis l’enfance, il souhaite partir. Il est très malheureux car son père est violent et le bat régulièrement. Sa mère ne le défend pas, prise elle-même dans cette spirale infernale. Le voilà donc parti avec 400 euros en poche direction Bordeaux où il souhaite retrouver ses grands-parents et le reste de sa famille qu’il n’a pas vu depuis onze ans. Hélas, Il ne trouvera personne car ses grands-parents sont décédés et sa famille disséminée. Impossible pour lui de faire machine arrière. Commence alors pour Guillain une lente descente aux enfers…

Dans la première partie, l’auteur prend du temps pour installer son personnage physiquement et psychologiquement. Il y a un avertissement pour les jeunes lecteurs et lecteurs sensibles concernant certains passages du livre. En effet, il y a quelques paragraphes qui sont assez vulgaires et que j’ai trouvés même dérangeants. Guillain fait des cauchemars très glauques. Il ne pense qu’au sexe, il ne fait des rêves que sur ce sujet. Je n’ai pas trouvé cela intéressant ni nécessaire à ce point. Mais cela ajoute quelque chose de malsain au personnage voulu par l’auteur.

Heureusement Guillain réfléchit quand même de temps en temps et Gaëtan Genet nous emmène ainsi vers la seconde partie.

La deuxième partie est totalement différente de la première que je n’ai pas aimée du tout. Guillain sort enfin de cette vie et reprend goût à celle-ci. Mais, car il y a un mais, on se doute qu’un acte terrible de son passé finira bien par le rattraper tôt ou tard. Le personnage de l’auteur est plus sympathique. On a envie de le voir réussir et que cela finisse positivement pour lui bien que l’on garde en tête ses frasques, ses excès et sa folie passagère. Il continue à faire ces rêves absurdes, ce qui démontre une personne toujours très perturbée malgré une situation plus qu’améliorée. Des tourments sont toujours enfouis. Je me suis demandée comment cela se terminerait. J’ai été parfois surprise de ses actes et en même temps non, on n’oublie pas le Guillain d’avant qui se cache sans doute encore, sournoisement et insidieusement au plus profond de lui.

J’ai bien fait de ne pas lâcher ce livre et de lire jusqu’au bout car l’épilogue m’a bluffé. C’est un livre engagé. La note de l’auteur nous fait comprendre pourquoi il en est arrivé à écrire ce roman très noir, pessimiste mais réaliste. Je souhaite à Gaëtan de poursuivre et de réussir dans l’écriture.