Borderline, Jessie Cole

Les livres oubliés de Ge

Le livre : Borderline de Jessie Cole. Traduit de l’anglais (Australie) par Hélène Frappat. Paru le 1er février 2017 chez Actes Sud dans la collection Actes Noirs. 22€ . (283 p.) ; 22 x 14 cm.

4e de couv :

Le point de vue des éditeurs

Un soir d’automne, Vincent rentre chez lui après quelques bières au pub avec des potes. Perchée sur les hauteurs, sa maison n’est accessible que par une route sinueuse. Dans le dernier virage, il avise une voiture renversée, dont le moteur tourne encore. Il se gare, sort de son pick-up et se précipite vers l’épave. Il n’y a personne dans la voiture, mais il perçoit du mouvement au bord de la route. C’est alors qu’il la voit, accroupie, le talus plongeant à pic derrière elle. Elle se balance légèrement et chantonne. Quand elle lève la tête, ses longs cheveux s’écartent, découvrant le bébé mort qu’elle tient dans les bras. Il les ramène chez lui en attendant l’arrivée des secours. La jeune femme est hospitalisée en état de choc. Quelques jours plus tard, il la retrouve, pieds nus, tremblante, perdue, dans son jardin.

Il la recueille et prend soin d’elle, sous le regard de sa fille adolescente. À mesure qu’il s’attache à elle, Vincent comprend que son traumatisme est plus ancien que la mort de l’enfant. Ce qu’il ignore, c’est que le père du bébé est sur le point de retrouver la trace de celle qui avait décidé de le fuir à tout jamais…

Émouvant roman noir, Borderline ressemble à une ballade de Springsteen : déchirante et douce, sombre comme un ciel plein d’étoiles.

Portrait © Lilli Waters

L’auteur : Jessie Cole est semble-t-il né en 1978. Elle vit avec ses deux fils dans la maison de Nouvelle-Galles du Sud (Australie) qui l’a vue grandir. Borderline est son premier roman.
Extrait :
Ce soir-là, je rentrais du pub. Je suis pas un gros buveur, juste deux trois bières, mais j’aime bien aller voir mes potes de temps en temps. L’hiver approchait et il faisait froid dans le pick-up. J’ai allumé une cigarette, négocié brutalement le dernier virage avant chez moi, et là, juste devant, j’ai vu la voiture renversée, avec le moteur qui continuait à tourner. Les phares éclairaient le bush en contrebas, illuminant l’obscurité. J’ai arrêté le pick-up sur l’herbe devant chez moi et je me suis précipité vers la voiture, en scrutant à travers la vitre, mais il y avait personne à l’intérieur. On sentait une odeur persistante de gaz d’échappement et j’ai tendu la main pour éteindre le moteur. Alors j’ai perçu un bref mouvement au bord de la route. Elle était accroupie là, se balançant légèrement, le talus plongeant à pic derrière elle. Chantonnait – elle chantonnait. À la lueur de la lune, elle avait l’air toute recroquevillée, brisée, ses longs cheveux noirs tombant en cascade sur son corps.
“Merde, chérie, ça va ?” j’ai demandé, mais elle a pas bougé, comme si elle avait pas entendu. Alors, tout doucement, je me suis un peu approché. “Eh ma belle, ça va ?”
À ce moment-là elle a levé les yeux, ses cheveux sont retombés en arrière et, dans l’ombre de ses bras, j’ai vu qu’elle tenait un bébé. Son corps était tout mou, ses yeux fermés.
“Va falloir qu’on appelle les secours”, j’ai dit, et elle a gémi. Je me suis accroupi devant elle, en tendant une main. “Chérie, tu as besoin d’aide. Allez, viens sur la route.”
Je me suis demandé depuis combien de temps elle était là, perchée comme ça au bord du précipice. Il fallait que j’appelle une ambulance, mais je savais pas si c’était une bonne idée de la laisser. En tendant deux doigts, j’ai essayé de sentir le pouls du bébé. Le bébé était froid et j’ai rien senti. De toute façon je savais pas faire un massage cardiaque. De près, j’ai vu à quoi elle ressemblait. Elle avait les yeux d’un animal pris au piège, de grands yeux noirs, comme embués. Un côté du visage couvert de bleus. Je me suis dit qu’elle devait être toute jeune, à peine sortie de l’adolescence, une vingtaine d’années. Pas tellement plus vieille que Gemma. Pas l’air d’être du coin. L’air d’une étrangère. Elle serrait fort le bébé d’un seul bras, et l’autre pendait. Sa chemise relevée exposait sa poitrine pâle, ruisselante de lait, au-dessus de la tête du bébé. Des gouttes blanches aqueuses qui s’affalaient lentement sur le visage mou du nourrisson.
“Oh, ma chérie, allez viens, viens sur la route”, j’ai dit, pris de panique.
Une traînée de sang a sillonné son visage, formant une goutte poisseuse qui est tombée sur le pied du bébé. Elle a frémi, et elle est partie à la renverse. Quand elle a atterri avec un bruit sourd, la tête du bébé s’est effondrée sur le côté. Une pluie de graviers poussiéreux a dégringolé la pente derrière elle.
“Trésor. Tu vois la maison là-bas ? C’est chez moi, et je vais te porter à l’intérieur pour appeler une ambulance, OK ?”
Je savais pas si c’était une bonne idée de la déplacer, mais si je me précipitais à l’intérieur pour appeler une ambulance et qu’elle perde les pédales, ce serait pire. En plus je voulais vérifier son crâne, et voir si je pouvais arrêter l’hémorragie.

 

 

Le post-it de Ge

Borderline, Jessie Cole

Voici un premier roman que j’avais commencé il y a quelques années à sa sortie et que j’ai reposé dans ma bibliothèque en me disant, ces cinquante premières pages m’ont convaincue, je le reprendrai cet été pour le lire tranquillement. Et puis voilà comme souvent, je l’ai oublié là ! Mais heureusement aujourd’hui je me suis lancé dans le challenge  » Les Dames du Noir » aussi j’ai un peu fouillé dans mes bibliothèques et Borderline et Jessie Cole ont fait leur réapparition.

Mais alors que nous raconte ce « Borderline » :

A 40 ans, Vincent n’a pas l’impression d’avoir fait grand-chose de sa vie. Son seul bonheur est sa fille, Gemma, 16 ans, sensible et intelligente. Leur quotidien se trouve bouleversé lorsqu’ils prennent en charge une jeune femme mutique, après un accident de voiture près de chez eux.

Borderline est le  premier roman de la jeune auteure australienne Jessie Cole. Et quel premier roman.

Il est inspiré de la chanson de Bruce Springsteen « Darkness on the edge of town », qui en est aussi le titre original.

Il faut dire que la chanson colle parfaitement à l’atmosphère de ce roman noir. L’ambiance est sombre ici aussi comme dans l’album du boss.   Bordeline parle des secrets, de ceux qui plombe notre vie, ceux si pesants qu’ils entravent notre jugement parfois. Le ton lui est percutant, il est nous montre à voir les fêlures de chacun des protagoniste et l’on perçoit derrière tout cela le destin qui s’obstine à compliquer nos vies alors que l’on aspire à une existence simple et tranquille.

Bordeline est un roman choral. Un roman à deux voix, celles de Vincent et de sa fille Gemma. Il est magnifié par une écriture noire et envoûtante. Un écriture saisissante empreinte de tournant et de souffrance. Une ballade douce-amère au style pourtant assez épuré où la puissance des mots exacerbe les sentiments. Le tout sur sur un air de Springsteen, que l’on quitte à regret.

Une fort belle découverte.

 

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) ;  

Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (Australie).

et le challenge Les dames en noir chez Zofia

13 réflexions sur “Borderline, Jessie Cole

  1. Ah bon, tu fais ainsi, toi ? Tu commences un livre, tu te dis qu’il est super et tu le reposes pour le reprendre plus tard… Mince alors, moi, quand j’aime, je dévore 😆 Ok, je suis peut-être un cas particulier :p

    Moi aussi je l’ai oublié dans un coin de la biblio, Livraddict me confirme que je le possède depuis mars 2020 ! Shame on me…

    Aimé par 1 personne

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