Aussi noir que le charbon d’Eric Dupuis

Aujourd’hui c’est « La fausse double chronique ».

Une flingueuse vous donne son avis sur deux titres d’un même auteur

Aussi noir que le charbon d’Eric Dupuis le 10 septembre 2021 dans la collection Polars en Nord chez Aubane éditions ; 13€50.  (330 p.) ; 18 x 11 cm

4ème de couverture

En 1970, dans le bassin minier, un terril sépare les riches des pauvres. Deux enfants que tout oppose se lient pourtant d amitié : François-Xavier de Montjarrieux, fils d’un puissant industriel, et Iwan Kaczmarek, dont le père est mineur. Des années plus tard, le premier est devenu avocat, le second policier. François-Xavier a sombré dans la drogue et l’illégalité en défendant dealers et malfrats. Alors, quand sa famille est retrouvée massacrée, il constitue le suspect idéal. Son seul allié : Iwan, ami de toujours. Au fil de l’enquête, de nouveaux éléments changent la donne. La tuerie semble faire écho à une sombre affaire de meurtres et de viols survenus dans la région trente ans auparavant. Simple similitude ou lien réel ?

 

 

L’auteur : Eric Dupuis est né le 29 juillet 1965 à Courrières dans le Pas-de-Calais. Après ses études, il se dirige vers la police et devient gardien de la paix. Il débutera sur la voie publique puis fera une trentaine d’années au sein de la police nationale en région parisienne. Il deviendra ensuite major-instructeur. Formateur en sécurité intérieure, il enseigne le tir, auto-défense et techniques de sécurité en intervention. Il est également conseiller technique et acteur pour des séries policières comme pour la série Julie Lescaut ou le film Polisse. Il pratique et enseigne également le krav-maga. Il habite aujourd’hui du côté de Perpignan. Il est l’auteur de Devoir de mémoire, 2017 ; Tu ne dormiras plus, 2018 ; Des larmes d’or et de sang, 2019 ; Flics, 2020 ; Le clan, 2021. Les uniformes bleus, tome 1 : Un bon flicard ; Les uniformes bleus, tome 2 : Flics et frères d’armes ; Les uniformes bleustome 3 : Tueurs de flics ; Frères d’armes, 2021 ; Apaches, 2021.

 

Extrait : 
C’est dans ce contexte qu’Iwan et François-Xavier se rencontrèrent. Deux enfants de l’école primaire, commune aux deux quartiers, qui, à l’origine, n’avaient aucune chance de devenir, un jour, amis. L’un issu du monde ouvrier, avec l’ensemble des hommes de la famille nourri grâce aux mines de charbon, et l’autre, notable, issu d’une famille de riches industriels, né avec une cuillère, non pas en argent, mais en or massif dans la bouche. Le destin, parfois, modifiait certaines cartes et changeait la donne en permettant des unions improbables. Iwan déambulait sur le trottoir de son quartier en prenant soin d’éviter les flaques. Ses semelles trouées allaient finir par tremper ses chaussettes, dont le gros orteil commençait à pointer, quand il redressa la tête et aperçut, au loin, un gamin de sa classe en bicyclette. 

 

 

Les missives de Fanny H

Aussi noir que le charbon d’Eric Dupuis

1971, un enfant âgé de 6 ans est retrouvé sans vie au pied du terril noir et triste de Vourroy, une tragédie qui restera pour toujours ancrée dans les esprits.

1975, des jeunes filles sont assassinées, seul survivra l’une d’entre elles en 1976 : Bérengère Montjarrieux, fille d’un riche industriel.

35 ans plus tard, au commissariat de Lens, le commandant Constantini se retrouve avec une affaire terrible : un quadruple meurtre à Vourroy. Il s’agit d’André Montjarrieux, riche industriel, de sa mère, de sa femme et de sa fille retrouvés tous les quatre assassinés. Le (ou les) tueur a mis en place une mise en  scène. Bérengère a été positionnée de la même façon qu’elle a été retrouvée en 1976. Il ne reste donc plus qu’un seul membre de cette famille, le fils, qui n’habite plus là depuis longtemps François-Xavier, surnommé FX.

Vourroy, une ville scindée en deux avec d’un côté, les ouvriers et des personnes en situation plutôt précaire à Vourroy-Village et d’un autre, les chefs d’entreprises ou directeurs de banque à Vourroy-Nouméa. Deux milieux, deux catégories sociales que tout oppose. Et pourtant un jour, ces deux petits mondes se sont bel et bien rencontrés. Quand François-Xavier Montjarrieux se promenait avec son beau vélo, il fit la connaissance d’Iwan Kazmarek. A partir de ce moment est née entre les deux jeunes enfants, aux vies si différentes, une amitié indéfectible.
A l’adolescence, FX a de très mauvaises fréquentations et il aura acquis une sale réputation. Et c’est Iwan qui sortira cette tête brûlée de situations de plus en plus graves et dangereuses les unes que les autres. Il a toujours été le plus calme et le plus réfléchi des deux. Un comportement destructeur, autodestructeur ou borderline cache bien souvent des blessures profondes et enfouies. Puis, les années ont passé et FX, dont le surnom est trompe-la-mort, est devenu avocat au barreau de Lille et roule en Maserati. Quant à Iwan, il a choisi la police et est maintenant major à la brigade des mineurs. Il y retrouvera un autre camarade d’enfance, Thierry Novak.

Qui a pu s’en prendre ainsi à une jeune femme prostrée depuis 35 ans et à sa grand-mère gravement malade et alitée ? Pourquoi des masques italiens sur les victimes ? Que cache toute cette mise en scène ? Une fois de plus, FX sollicitera l’aide d’Iwan.

J’ai aimé de suite la façon dont l’auteur décrit les corons et ses habitants. On ressent pleinement l’attachement d’Eric Dupuis pour sa région natale. J’ai beaucoup aimé également lire cette belle rencontre entre les deux enfants. On a envie de savoir ce qu’il va se passer entre ses deux garçons devenus des hommes. L’auteur fait des allers-retours dans leur passé afin de nous permettre de bien comprendre les fondamentaux de l’histoire.

Deux drames sont évoqués. Le premier s’est passé le 27 décembre 1974 quand un coup de grisou emporte 42 personnes descendus dans la fosse des Six-Sillons à Liévin. Un accident qui laissera une région meurtrie. Le deuxième, sans être explicite, nous fait penser à l’affaire de Bruay-en-Artois, toujours non élucidée à ce jour. Le 6 avril 1972, Brigitte Dewèvre, jeune fille issue d’un milieu modeste a été retrouvée violée et assassinée.

L’auteur évoque aussi cette séparation des classes sociales entre les plus riches et les plus pauvres. Et pourtant, les mineurs avaient les mains sans doute plus propres que celles de ceux qui habitaient les beaux quartiers.

Dans Aussi Noir que le charbon, on apprend beaucoup de choses, ce livre fourmille de renseignements intéressants.
C’est un pur polar, un vrai comme je les aime. Le suspense est bien mené jusqu’au bout. Au final, Eric Dupuis nous révélera une histoire extrêmement sombre car il a choisi un thème qui n’est pas évident à aborder.

L’amitié a-t-elle des limites ? Si oui lesquelles ? Et vous, jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour un ami d’enfance qui vous demande de l’aide ? Vous trouverez sans doute la réponse dans Aussi noir que le charbon.

(A suivre…)

7 réflexions sur “Aussi noir que le charbon d’Eric Dupuis

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