Nos âmes au diable, Jérôme Camut et Nathalie Hug

La double Chronique sur Collectif Polar

Il y a quelques jours Dany vous faisait part de sa chroniques jubilatoire sur le dernier roman des CAmHug.

Aujourd’hui c’est Chantal qui nous livre son ressenti

Allez, je vous laisse découvrir ce second avis sur…


Nos âmes au diable de Jérôme Camut et Nathalie Hug – Paru le 17 mars 2022 chez Fleuve Editions dans la collection Fleuve Noir. 19.90 €.  (384 pages) ;  14 x 21 cm

4ème de couverture :

Il vaut parfois mieux ignorer la vérité…

Mi-juillet, Sixtine, dix ans, disparaît sur une plage de l’île d’Oléron. Pour Jeanne, sa mère, c’est tout son monde qui s’écroule. Elle s’en veut d’avoir été trop accaparée par son métier. Elle en veut à son mari, qui aurait dû surveiller leur petite brune aux yeux bleus, mais qui a failli, trop occupé à donner un énième coup de canif dans leur contrat de mariage.
Lorsque les recherches conduisent finalement à un multirécidiviste connu par la justice pour le viol de quatre fillettes, Jeanne comprend que rien ne sera jamais plus comme avant. Et son travail de résilience s’annonce d’autant plus long que le corps de Sixtine n’a jamais été retrouvé.
Une absence qui laisse planer comme une incertitude… Et si la vérité s’avérait plus sordide et glaciale encore que la mort d’un enfant ?

 

Les auteurs : Auteurs des best-sellers Prédation, Les Voies de l’ombre ou encore W3, Nathalie Hug et Jérôme Camut forment un duo unique en France. Ils ont aussi été salués par la critique avec leur diptyque engagé : Islanova qui a obtenu le Prix Ouest, suivi de Et le mal viendra qui s’est vu décerner le Grand Prix du Festival Sans Nom. Tous deux sont également scénaristes.

Pour en savoir plus sur nos auteurs voir l’article de notre Porte flingue ICI

Extrait  (début du ch. 35)
( Jeanne, la mère de Sixtine se rend à une réunion d’une association d’aide aux familles de victimes. Le modérateur commence la séance s’adressant à Jeanne)
«  Ce qui est insupportable, c’est le mot « toujours ». On ne connaît pas sa vraie signification, pas avant de traverser un drame. Dans la vie, on ne se projette pas jusqu’à toujours. Les autres, ceux qui vivent encore dans l’insouciance, ne comprennent pas cette idée. Ils disent que c’est horrible, mais qu’on peut avoir un autre enfant, et que, dans le pire des cas, il reste l’échappatoire du suicide. ils ignorent une chose, c’est que tu ne peux pas te donner ce choix. Toi, tu surnages, tu survis, et tu sais que tu pleureras ta fille jusqu’à ta mort. Jeanne, je te le dis parce que nous sommes encore des inconnus et que les inconnus peuvent tout se dire : ici, tu rencontreras des gens qui vivent la même tragédie
que toi, des gens qui savent ce par quoi tu passes, et même ce par quoi tu vas passer. Ce sont des gens bienveillants. Alors je te conseille de participer à nos réunions, parce qu’ici on a tous morflé et qu’on va te chouchouter ».

 

Le billet de Chantal

Nos âmes au diable, Jérôme Camut et Nathalie Hug

Le roman commence, se dit-on, bien classiquement : une petite fille, Sixtine, jolie comme un cœur, disparaît alors qu’elle est en vacances avec son père sur l’île d’Oléron. Dans un polar, quoi de plus banal qu’une disparition ?! On s’attend à une enquête, des recherches, des fausses pistes, des coups de théâtre … Et oui, le lecteur se trouve en terrain connu, on aura tout cela.. Mais ce serait oublier le savoir-faire des auteurs, qui, brusquement, vont plonger, et nous avec, la mère de la petite fille dans un inconnu terrifiant, dont elle sortira, certes, mais complètement anéantie. Et ce qu’elle aura vécu, et surtout découvert, nous oblige, tout un chacun, à revoir le monde de l’enfance d’un autre œil. Il serait dommage de dévoiler plus de détails, car ce récit est construit de manière à provoquer un choc en le lecteur. Choc d’autant plus violent que le récit touche à ce que l’on considère comme un acquis absolu : l’innocence, la candeur, la fraîcheur de l’enfance.

J’avoue avoir été un peu secouée par ce récit, par les faits qu’il met en scène dans la dernière partie. La narration alternée (point de vue de Sixtine/point de vue de sa mère) dans la première partie brosse le portrait de ces deux personnages et de ceux qui les entourent, décrit leur mode de vie, les drames vécus … Puis l’on entend surtout la mère, qui passera par toutes les émotions, tous les états physiques et moraux, avant de se résoudre à un acte ultime, qui nous laisse avec une interrogation à laquelle on préfère ne pas avoir répondre : qu’aurais-je fait à sa place ?

C’est fort, glaçant et dérangeant. Les « Camhug » sont décidément d’excellents auteurs, qui, de leurs plumes entremêlées, nous emmènent loin des lectures confortables.

 

Autre extrait,
« Prologue » (fin du prologue. la petite Sixtine sort d’un blockhaus, qui l’attirait et l’effrayait en même temps) :
« Sixtine sort, grimpe sur le tamis à quatre pattes et débouche sur le chemin baigné de lumière.Alors qu’elle entame une danse de la joie, entre trépignements et petits cris, elle est interpellée par un promeneur avec son chien.
– Qu’est-ce qui rend cette jeune fille si guillerette ? A-t-elle trouvé un trésor ?
Sixtine ne parle jamais aux inconnus, a fortiori quand elle est seule, mais celui- ci est vieux et son chien aux longues oreilles pendantes a l’air doux, il ne peut donc pas être méchant. De toute façon, elle ne pourra avouer ni à ses grands- parents ni à son père, encore moins à sa mère, qu’elle est entrée seule dans un blockhaus.
Et si elle prenait deux minutes pour raconter ses exploits à ce gentil monsieur ? »

4 réflexions sur “Nos âmes au diable, Jérôme Camut et Nathalie Hug

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