Mato Grosso, Ian Manook

Le livre : Mato Grosso de Ian Manook – Paru le 04/10/2017 chez Albin Michel. Réédité en poche le 26 septembre 2018 chez Le Livre de Poche Policier n° 35158 . 8€20. (348 p.) ; 18 x 11 cm

 4ème de couverture :

Mato Grosso. Une odeur sauvage de terre trop riche et d’humus brun. La beauté vénéneuse de la jungle dans laquelle on s’enfonce jusqu’à s’y noyer. La violence du ciel et la moiteur des nuits. L’amour qui rend fou et la mort… incontournable.
Est-ce pour faire la paix avec lui-même que Haret, écrivain bourlingueur, est revenu après un exil de trente ans ? Est-ce parce qu’il a le sentiment que c’est la dernière fois ?
Dans un Brésil luxuriant jusqu’à l’étouffement, peuplé d’aventuriers, de trafiquants et de flics corrompus, le nouveau roman de l’auteur de Yeruldegger nous ensorcelle et nous prend à la gorge.

L’auteur : Né à Meudon , en 1949 Patrick Manoukian est un journaliste, éditeur et écrivain.
Il a écrit sous les pseudonymes de Manook, Paul Eyghar, Ian Manook et Roy Braverman.
Grand voyageur, dès l’âge de 16 ans, il parcourt les États-Unis et le Canada, pendant 2 ans, sur 40 000 km en autostop. Après des études en droit européen et en sciences politiques à la Sorbonne, puis de journalisme à l’Institut Français de Presse, il entreprend un grand voyage en Islande et au Belize, pendant quatorze mois, puis au Brésil où il séjournera treize mois de plus.
De retour en France au milieu des années 1970, il devient journaliste indépendant et collabore à Vacances Magazine et Partir, ainsi qu’à la rubrique tourisme du Figaro. Journaliste à Télémagazine et Top Télé, il anime également des rubriques « voyage » auprès de Patrice Laffont sur Antenne 2 et de Gérard Klein sur Europe 1. Il devient ensuite rédacteur en chef des éditions Télé Guide pour lesquelles il édite, en plus de leur hebdomadaire, tous les titres jeunesse dérivés des programmes télévisés : Goldorak, Candy, Ulysse 31. Patrick Manoukian écrit en 1978 pour les éditions Beauval deux récits de voyage : D’Islande en Belize et Pantanal.
En 1987, il crée deux sociétés : Manook, agence d’édition spécialisée dans la communication autour du voyage, et les Éditions de Tournon qui prolongent son activité d’éditeur pour la jeunesse (Denver, Tortues Ninja, Beverly Hill, X-Files…).
De 2003 à 2011, sous le pseudonyme de Manook, il signe les scenarios de plusieurs bandes dessinées humoristiques aux éditions Semic et Hugo & Cie. Son roman pour la jeunesse Les Bertignac : L’homme à l’œil de diamant (2011), signé sous le nom de Paul Eyghar, obtient le Prix Gulli 2012.
En 2013, il signe du pseudonyme de Ian Manook un roman policier intitulé Yeruldelgger. Les aventures du commissaire mongol éponyme lui ont valu pas moins de seize prix dont le Prix SNCF du polar 2014. Lesdites aventures se poursuivent dans Les Temps sauvages, paru en 2015 et récompensé par un nouveau prix et La Mort nomade (2016).
Son roman Hunter, écrit cette fois sous le pseudonyme de Roy Braverman, est publié en 2018 aux éditions Hugo Thriller. Crow (2019) est le deuxième titre de la trilogie qui se termine par Freeman en 2020.

Extraits :
« C’est un pays où il est rare de dire non. Il suffit souvent de ne jamais dire oui. »
 « Là-haut, l’Indien garde sa misère, son froid et sa peur au-dedans. Ses milliers d’ancêtres syphilitiques lui ont glacé un sang que la coca poudroie, et ses yeux sombres s’irisent des mêmes reflets que les profondeurs des lacs sacrés où ne nagent que des crapauds immondes et monstrueux. Un peuple qui pourrit, dans la terre et les joncs où il s’enfonce, et dont la pourriture prend dans le vent humide des relents d’humus qui me rappellent les mauvais jours d’automne. Un peuple à son automne. Un peuple beau et qui se meurt malade, saoul de coca, d’altitude et de bière, alors qu’à elle seule l’éternité qui fige les montagnes et le lac aurait dû suffire à leur ivresse. »

 

 

La chronique jubilatoire de Dany

Mato Grosso, Ian Manook

 

Mato Grosso, c’est l’escale littéraire de Ian Manook, écrite en 2017 entre la Mongolie de Yeruldelgger, les Etats-Unis de Freeman, avant l’Islande de Jackobson.
Mato Grosso c’est un western entre Tropique du Capricorne et Equateur, avec ses chercheurs d’or, ses exploitants miniers, ses Indiens, ses femmes, courtisannes pour ne pas sombrer, ses fermiers européens, ses règlements de comptes …certes mais bien teinté latino.

C’est aussi une réflexion sur le métier d’écrivain, d’un auteur en quête de SA vérité, sur les traces de sa fiction aux allures autobiographiques et où le lecteur se perd entre romance et réalité. C’est surtout un roman d’ambiance, d’aventures, de suspense, lourd et toute en moiteur, sensuel et alcoolisé.

Le lecteur aura à faire le tri entre les errements amoureux de Haret, sa confrontation avec Figuieras et la saga arrangée du narrateur, sous le titre Un roman brésilien. Le narrateur n’a pas fait le deuil de sa relation avec Angèle, à moins que ce ne soit Blanche. Nous avons un roman dans le roman, une aventure dans la jungle brésilienne, peuplée de sauriens bien peu accueillants.

Ce roman dans le roman fait penser au Manuscrit inachevé de Franck Thilliez, paru quelques mois plus tard, mais ici la fin n’est pas en suspension, elle nous prend de plein fouet avec toute sa vigueur et sa cruauté.

On connait le goût de l’auteur pour les voyages exotiques et les catastrophes naturelles. On connaît son grand humanisme et son rejet de l’injustice. On connaît ses intrigues très documentées et ses personnages hors du commun. Tout y est : Mato grosso ne fait pas exception … Un grand Manook assurément !

Lu en version numérique. epub  3.99 €

 

Autres extraits :
« – C’est la finalité de toute écriture, Figueiras, la fiction est un mensonge par définition. Elle se nourrit de bribes éparses de nos vies qui se dissolvent dans ce qu’elles deviennent sous la plume de l’auteur. Bien sûr qu’écrire c’est mentir, c’est tricher, parce qu’écrire n’est qu’un jeu !
– Oui, écrire est peut-être un jeu, mais lire ne l’est pas.
– Bien sûr que si. Lire un roman, c’est aimer croire un mensonge, sinon on lit un récit. Chercher à reconnaître des sentiments et des émotions, pas des personnages, on se moque des personnages. Ils sont construits de bric et de broc, comme des Meccano, et chaque lecteur y voit qui il veut.
– Pas chaque lecteur. Pas celui qui s’y reconnaît.
– Il y a une part de tout le monde dans chaque personnage, c’est le principe de leur construction pour que tout lecteur, d’une façon différente, puisse s’y attacher. »
« – Quoi, ses safaris d’Indiens ? Bien sûr qu’il les a faits. Lui et Peixoto, personne n’en doute. C’était dans les années soixante. Tu vois ce qu’est le Mato Grosso aujourd’hui ? Alors imagine à l’époque, dans les années soixante ! Bien sûr qu’ils l’ont fait, comme après ils ont fait des députés et des gouverneurs avec l’argent qu’ils y ont gagné. C’est encore le Far-West ici, tout le monde est armé, tu as bien vu. Tu peux tomber sur des collecteurs de dettes comme sur des chasseurs de primes, des tueurs à gages. Ici c’est le Brésil de l’« intérieur » comme on dit, celui des crimes d’honneur, d’un reste de dictature dans les mentalités, d’une censure d’État, d’une police politique toute-puissante, avec des indicateurs et des mouchards partout. Tu sais que le Brésil est le pays qui connaît le plus grand nombre de morts par balles juste après les États-Unis ? Devant le Mexique, tu te rends compte ? Alors imagine à l’époque ! »

15 réflexions sur “Mato Grosso, Ian Manook

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