Docteur à tuer, Josh Bazell

Les livres oubliés de Ge

Une nouvelle rubrique sur Collectif Polar

Notre Porte Flingue va vous présenter des romans, des polars essentiellement qu’elle a intentionnellement ou pas oublier dans sa bibliothèque. Et qu’elle retrouve au grès de ses pérégrinations au cœur de celle-ci.


Le livre : Docteur à tuer de Josh Bazell. Roman traduit de l’anglais par Denyse Beaulieu. Paru le 3 mars 2010 chez Lattes. 20€50. (303 p.) ; 23 x 14 cm

Rééditer en poche le 11 mai 2011 chez Le Livre de Poche Policier n° 32247. 6€60. (317 p.) ; 18 x 11 cm

4e de couv :

Le Dr Peter Brown est interne dans le pire hôpital de Manhattan. Il a du talent pour la médecine, des horaires infernaux et un passé qu’il préférerait taire. Qu’il s’agisse d’une artère bouchée ou d’un projet machiavélique de procès pour erreur médicale, il connaît le mal qui se tapit dans le coeur des hommes. Il faut dire que, dans une autre vie, le Dr Brown a été Griffe d’ours, un tueur à gages pour la mafia.

Eddy Squillante, son nouveau patient, n’a plus que trois mois à vivre, et peut-être moins, lorsqu’il découvre que sous les traits de son nouveau médecin se cache Griffe d’ours. Avec la mafia, le gouvernement et la mort en personne qui s’abat sur l’hôpital, le Dr Brown parviendra-t-il à survivre et à saisir sa dernière chance de rédemption ?

L’auteur : Josh BazelI vit à Brooklyn, il est né en 1970. Après une licence en littérature anglaise obtenue à l’université de Brown. Josh Bazell a entamé un doctorat à l’université de Duke avant d’obtenir son doctorat de médecine à l’université de Columbia.
Il a été interne à l’université de Californie, à San Francisco.
Son premier roman, Docteur à tuer, a été traduit dans trente-deux langues et a figuré sur la liste des dix meilleurs romans de l’année 2009 du Time.

 

 

Extrait : 
En me rendant au boulot, je m’arrête pour regarder un pigeon se battre contre un rat dans la neige, et c’est là qu’un connard essaie de me braquer. Bien évidemment, ce crétin a un flingue qu’il me colle derrière le crâne. C’est froid mais pas désagréable, genre massage shiatsu.
— Du calme, toubib, dit-il.
Ceci expliquant cela. Il faut dire que, même à 5 heures du matin, je ne suis pas le genre de mec qu’on braque. J’ai une tête de docker sculptée sur l’île de Pâques. Mais comme le connard a vu ma blouse de bloc bleu dépasser de mon pardessus et mes sabots perforés en plastique vert, il pense que j’ai de la came ou du fric. Voire que j’ai fait serment de ne pas lui exploser la gueule s’il essaie de me braquer.
J’ai à peine assez de came et de fric pour tenir la journée. Et si ma mémoire est bonne, je n’ai prêté qu’un seul serment : « avant tout, ne pas nuire ». Au point où on en est…
— D’accord, dis-je en levant les mains.
Le rat et le pigeon s’enfuient. Trouillards.
Je fais volte-face, écartant le flingue de mon crâne. Ma main droite, toujours levée, se retrouve au-dessus du bras de cette tête de nœud. J’attrape son coude pour le tirer d’un coup sec : ses ligaments pètent comme des bouchons de champagne.
Allez, une petite digression sur le coude.
Les deux os de l’avant-bras, le cubitus et le radius, se meuvent indépendamment l’un de l’autre ; ils sont également capables de rotation. Vous pouvez le constater vous-même en retournant votre main, d’abord paume vers le haut, position dans laquelle le cubitus et le radius sont parallèles, ensuite paume vers le bas, position où ils se croisent en « X ». Ils requièrent par conséquent un système d’ancrage complexe à la hauteur du coude. Les ligaments qui couvrent les extrémités des os peuvent s’enrouler et se dérouler ; ils sont disposés comme du ruban adhésif sur le manche d’une raquette de tennis. Quel dommage de devoir les déchirer.
Mais pour l’instant, Ducon et moi, on a d’autres chats à fouetter. Pendant que ma main droite lui explose le coude, le tranchant de ma main gauche vise sa gorge.
Si je la percute, je broierai les fragiles anneaux de cartilage qui permettent à sa trachée de rester ouverte lorsqu’il fait le vide pour inspirer. La prochaine fois qu’il essaiera de le faire, sa trachée se refermera comme un anus, ce qui le placera à environ six minutes de la Faucheuse. Même si je bousille mon stylo pour une trachéo.
Alors je supplie, j’implore ma main d’infléchir sa trajectoire. Je ne vise ni son menton, ni sa bouche – trop crade – mais son nez.
Lequel s’enfonce comme un vulgaire tas de boue. Ducon s’écrase sur le trottoir, inconscient.

Le post-it de Ge

Docteur à tuer, Josh Bazell

Voici un premier roman qui m’avait échappé lors de sa sortie, pourtant en 2010 il avait eu beaucoup de presse surtout que les droits du livre avaient été racheté par Léonardo Di Caprio et un projet d’adaptation au cinéma avec le dit acteur semblait dans les tuyaux. Aussi sa sortie en poche a été pour moi l’occasion de l’acquérir pour rattraper ma bourde. Mais voilà, finalement ce polar a fini dans ma bibliothèque, oublié dans une pile de livres, entassé là à attendre son tour jusqu’au jour où je décide de ranger celle-ci. Et bien il a été patient, à attendre 10 années ainsi avant d’être lu !
Alors le pitch de ce polar : Le docteur Peter Brown travaille comme interne dans un hôpital de Manhattan et tente de cacher son passé. Mais Eddy Squillante, le nouveau patient de Brown, reconnaît en lui l’ancien tueur à gages de la mafia surnommé Griffe d’ours. Pas banal comme sujet pour un premier roman, non ?
D’ailleurs ce roman policier est loin d’être banal lui aussi, il est même singulièrement singulier. Particulier dans sa forme, atypique dans son fond.
Truffé d’action, boosté à l’adrénaline et à l’humour, Docteur à tuer est un premier thriller tellement original que Time Magazine l’a sélectionné à l’époque parmi les meilleurs romans de l’année 2009.
Mais moi ce donc je suis sûre c’est que notre auteur doit être fan de séries décapantes car ce « Docteur à tuer » a quelque chose du Docteur House. Son cynisme peut-être, sa réparti sans aucun doute. Et en plus il transporte son alias de House chez les sopranos en lui attribuant un passé dans la mafia.
Alors oui j’ai beaucoup aimé ce premier thriller même si je pourrais émettre un petit bémol. L’auteur use et abuse d’humour noir et à la fin ça fini un peu par lasser. Mais maigres tout les dialogue sont percutants et souvent irrésistibles. Ce polar est un pur divertissement mais pas seulement, on y perçoit en filigrane une critique du système social américain mais aussi du fonctionnement de ses hôpitaux et de son système de santé. Et c’est sans doute pour cela qu’une fois le nez dedans on ne peut plus le lâcher. Un thriller médical un poil décalé. Et puis la fin est bien trouvée et là je dis bravo !

 

11 réflexions sur “Docteur à tuer, Josh Bazell

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