Papote d’auteur, Isabelle Villain était avec Céline Servat
épisode 2
Ce matin, Isabelle notre auteur-Flingueuse vous proposez son avis sur Norillag, le dernier livre de Céline Servat,
Ce soir elle vous propose de mieux connaitre son auteur.
Bonjour Céline, ravie de te retrouver pour le collectif polar.
Bonjour Isabelle, moi de même !
Lis-tu toujours autant et quel a été ton coup de cœur en 2021 ?
Oui, en effet, je lis dès que j’ai un moment. Cette année j’ai découvert nuit blanche, de Nicolas Druart, ou la mémoire fantôme de Frank Leduc, qui m’a donné envie de lire tout de ces auteurs. J’ai aussi adoré la chasse, de Minier, pour son côté sociologique. J’ai aussi été marquée par impact, d’Olivier Norek. Je continue ? Parce que je peux encore t’en citer. Ma PAL est énorme, surtout que j’ai encore des livres à lire pour mes recherches sur l’Espagne, pour le tome 3…
Nous avions parlé lors de notre dernier entretien d’Internato. Aujourd’hui, c’est au tour de Norillag, la suite directe d’Internato. Pourquoi avoir voulu situer cette histoire dans l’ex URSS ?
Cette trilogie parle des dictatures, et je me suis dit qu’il fallait aussi que je parle de dictatures de gauche, puisque le premier et le dernier tome sont axés sur des dictatures de droite. La période stalinienne est encore récente, je pouvais donc y inscrire la question transgénérationelle nécessaire à la découverte d’un secret de famille autour des origines de Gustave, un adolescent né à la fin des années 90, à l’aube de l’an 2000.
As-tu effectué de nombreuses recherches car la seconde partie du roman est vraiment très réaliste ?
En effet, j’ai passé quatre mois à lire des livres, témoignages et faits historiques sur la Russie à cette époque. J’ai terminé par trois heures de reportage sur ARTE concernant les camps des goulags, et quand j’ai constaté que je n’avais rien appris, je me suis sentie légitime pour écrire sur ce sujet.
La thématique de la dictature semble te tenir très à cœur ? Tu peux nous en dire plus ?
Tu sais, l’intolérance est mon point déclencheur. C’est facile à dire de façon si générique, mais je ne supporte pas les jugements de valeur, les propos condescendants, populistes et humiliants. J’ai été marquée par « les misérables » dans ma jeunesse, c’est sans doute ce qui a éveillé mon envie d’être travailleur social. Mon grand-père a fui l’Andalousie en combattant aux côtés des républicains espagnols. Il a vécu la retirada. J’ai été bouleversée par le sort des migrants et les propos haineux, en transposant les choses, j’imaginais comment il avait du être reçu. J’avais donc envie d’informer les lecteurs de l’horreur de vivre dans un pays en guerre ou sous le joug de la dictature, leur donner des clés de décryptage sur des histoires terribles.
L’écriture de ce second tome fut il plus compliqué qu’Internato ?
Oh, oui ! Quand j’ai écris Internato, mon objectif était d’arriver au bout de l’écriture du roman, sans pression. Je ne savais pas ce que j’allais en faire. Or, pour Norillag, je savais que j’étais attendue par certains lecteurs. J’avais aussi pris du recul sur mon premier livre et je m’étais fixée des objectifs d’évolution sur le style, que j’avais travaillé par le biais de nouvelles. Et le roman n’était pas un thriller mais résolument un roman noir ! J’ai donc beaucoup douté, j’ai cherché des spécialistes dans tous les sujets abordés pour être pointue dans ce que j’amenais, même si cela ne concernait que trois lignes dans le livre. J’ai eu besoin de faire lire le premier jet, très peu détaillé d’ailleurs, aux bétas lecteurs pour vérifier que mon histoire matchait. Bref, ce livre est celui du doute. Mais je suis contente du rendu !
As-tu ressenti plus de pression à sa sortie ?
Je n’avais pas l’impression d’avoir la pression, jusqu’à ce que, un dimanche soir, je me rende compte que les livres dédicacés étaient tous arrivés chez les lecteurs qui me les avaient commandé et qu’une partie d’entre eux étaient sans doute en train de les lire. Le stress est monté d’un coup ! Je n’arrivais plus à lire. Toutefois, la pression était plus forte pour Internato. J’ai assez confiance en Norillag.
Tu viens d’organiser un salon du livre « Thermes noirs » dans ton village la semaine passée. C’est une activité qui t’a plu ? Beaucoup de pression ?
C’était un rêve depuis plusieurs années. J’avais même envoyé un message à Benoît Séverac, il y a trois ans, en lui disant : on a un rêve un peu fou ! Je peux te poser des questions ? Il m’a répondu : appelle-moi ! Et m’avait donné pleins d’infos. Le projet s’est concrétisé car la mairie nous a encouragés à le mettre en place, malgré les conditions sanitaires. J’aime organiser les événements, l’événementiel est justement un des métiers que j’aurai aimé faire si je ne faisais pas assistante sociale. Donc l’organisation ne me faisait pas peur. L’équipe de bénévoles est solide et impliquée. Le plus compliqué était les imprévus : le temps, les visiteurs…. L’expérience a dépassé nos attendus, nous avons tous adoré la vivre et les retours des auteurs étaient positifs. Donc en effet, un peu de pression mais surtout pas mal de fatigue et de beaux moments.
Merci pour ce chouette échange !
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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merci 🙂
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