Chasseurs d’esprit de Isabelle Bourdial

En voyage avec Collectif Polar

Un livre qui se passe en Amérique du sud

Le livre : Chasseurs d’esprit d’Isabelle Bourdial. Paru le 22 février 2016 aux éditions Lajouanie. 21€; (408 p.) ; 19 x 13 cm.

4e de couv. :

Chasseurs d’esprit

Un chercheur d’or, de retour du Venezuela, est kidnappé en plein coeur de l’Espagne. La Guardia civil interpelle un étranger qui semble ne pas comprendre le moindre mot de castillan. Le commissaire Fontanillas, chef de la brigade de police scientifique, est chargé de l’enquête. Avec sa jeune co-équipière, une criminologue experte en neuropsychologie, ils projettent de sonder le cerveau du suspect… Les résultats de 1 examen particulièrement novateur auquel ils soumettent leur cobaye vont les entraîner jusqu’au plus profond de la forêt amazonienne…

Progrès scientifiques incroyables mais vrais, rencontre houleuse avec les indiens Yanomami (peuple qui fut décrit comme le plus agressif du monde !), découverte de l’univers interlope des orpailleurs… rien ne manque à ce polar scientifique mais pas que…

L’auteur : Isabelle bourdial a été journaliste au mensuel « Science et vie ». Rejoint la rédaction du mensuel Science & Vie en 1987, publie une vingtaine d’ouvrages de vulgarisation scientifique.
Collabore à plusieurs émissions de TV (E=M6, Animalia…) et à des docufictions (Homo sapiens, Le sacre de l’homme…).
En 2006, elle est rédactrice en chef des Cahiers de Science & Vie, magazine consacré à l’histoire des civilisations, qui paraît toutes les six semaines.. Elle y reste jusqu’en 2017. En 2016, elle signe Chasseurs d’esprit, roman policier paru aux Éditions Lajouanie et pré-sélectionné en 2017 pour le prix du Goëlan Masqué. En 2018, avec la MéMO, elle crée Polar’Osny, le festival de la littérature policière de la ville d’Osny (Val-d’Oise). Elle poursuit en parallèle ses activités de journaliste en free-lance et anime des ateliers d’écriture. Sale temps pour les grenouilles est son second roman. Une suite nous est paru en 2021avec Le raptor contre-attaque.
Extraits :
« À la sortie de l’église, il se tient derrière les jeunes mariés lorsqu’une salve de pistolet mitrailleur disperse la foule dans un nuage de fumée. Esteban plonge au sol et se réfugie derrière une voiture. Des cris fusent, mêlés aux pleurs d’un bébé affolé. Mais bientôt ce sont les rires qui s’élèvent. Le cœur battant, il réalise qu’il ne s’agit que de pétards. Il a oublié qu’en Espagne la réussite d’une fête se mesure en décibels. Dans ce domaine, les amis des mariés se surpassent. Honteux, il se relève et brosse son costume. Il regarde autour de lui. Dans le brouhaha, sa panique est passée inaperçue. » 
« Cet amateur de romans policiers travaille… dans la police. Ces polars qu’il avale au kilomètre pourraient lui donner l’impression de faire des heures sup’. D’être la victime consentante de son métier en replongeant in petto dans les crimes et délits, de se menotter lui-même à l’ordre et à la justice. La vérité est beaucoup plus simple. Le commissaire Fontanillas ne fait jamais le lien entre les affaires qu’il suit et celles dont il se repaît. Aucun des meurtres singuliers, aucune des intrigues complexes façonnées par une imagination exercée ne lui rappelle son quotidien. Le sordide poussé jusqu’au raffinement ou le tragique le plus banal, rien n’éveille en lui un quelconque écho. Sa réalité de policier est autre, voilà tout. À vrai dire, elle diffère même beaucoup de celle de ses collègues. »

La chronique jubilatoire de Dany

Chasseurs d’esprit de Isabelle Bourdial

Il est surprenant à plus d’un titre ce premier roman d’Isabelle Bourdial. Cette journaliste scientifique n’a pas son pareil pour nous donner l’impression d’avoir tout compris. Tant sur le plan des neurosciences que sur la faune amazonienne, elle nous balade gentiment (ou presque) au fil de ses 488 pages et nous fait envisager moultes pistes sur ce qui va se révéler être une belle arnaque internationale. C’est bien par cette précision de l’écriture que j’ai été séduite car l’intrigue policière est assez simple au départ : une disparition et la traque des auteurs de l’enlèvement à travers l’Espagne dans un tout premier temps, au Venezuela puis enfin en Amazonie. A ceci ajoutons les nouvelles techniques d’investigation, l’observation comportementaliste et les plongées dans les cerveaux, bien éloignées de mes apprentissages de la PNL dans les années 90 qui ressemblaient déjà à de la magie … On n’arrête pas le progrès mais espérons qu’il sera utilisé par des personnes bien intentionnées ! La manipulation est tentante dans ce domaine et les enquêteurs de la toute nouvelle brigade madrilène sont parfois tentés de franchir la ligne blanche ou du moins de s’accommoder de la législation.

Mention spéciale pour la découverte des peuples amérindiens confrontés aux orpailleurs en notant que ce thème a été traité par Colin Niel dans ses romans guyanais et notamment Sur le ciel effondré.

Un roman plein de découvertes et très documenté, des personnages surprenants et ambigus, des familles soudées, des amérindiens menacés et la moiteur qui suinte de ces pages … à lire !

Lu en version numérique.

 

Autres extraits :
« Un an auparavant, un groupe de garimpeiros était venu prospecter sur les terres de sa tribu, à Pécapibuë. Presqu’immédiatement, ces hommes avaient trouvé de l’or et installé un campement de fortune non loin du shabono. Comme tous les Yanomami, Timawë ignorait l’usage des nombres et ne pouvait dire combien ils étaient. Mais il en avait donné une approximation en levant ses deux mains ouvertes. Au début, tout s’était bien passé. Le clan avait accepté ces nouveaux venus. Les deux groupes étaient même entrés en contact à plusieurs reprises. Tout s’était gâté quelque temps plus tard. La plupart des indiens du village étaient tombés brusquement malades. Quatre enfants et deux vieillards avaient succombé à un empoisonnement. Amaneo, le chef du shabono, avait ordonné en représailles la mort des chercheurs d’or. Le clan les avait exécutés un à un… »
 
« Dans un bel ensemble, la nation moustique s’applique à rendre cauchemardesque leur progression. Happy hours pour le jején ! Les minuscules bestioles forment un nuage ailé autour de leurs victimes, ignorant l’arme de dissuasion à base de citronnelle dont celles-ci sont enduites. Tactique imparable… Les piqûres boursouflent la peau, y laissent un chapelet de cloques douloureuses. Des heures durant, les escouades de piqueurs-suceurs volants besognent avec allégresse. Ils ne se retirent qu’avec le jour, gavés comme jamais. Mais lorsque les vaincus mettent à profit le répit fourni par le crépuscule pour panser leurs plaies, débarquent d’autres attaquants de cette belle famille : les anophèles. Des coriaces, dix fois plus gros que les jején, qui se moquent effrontément des mouvements désordonnés de leurs proies pour les chasser »

14 réflexions sur “Chasseurs d’esprit de Isabelle Bourdial

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