La GAV : @Antoine Léger sous le feu des flingueuses, troisième audition. 3/4
Suite de la Garde à vue de Monsieur
Antoine Léger
3e interrogatoire par Miss Aline
La GAV, Garde à vue d’un auteur par Collectif polar c’est : 4 interviews d’un même auteur par 4 flingueuses différentes.
La GAV c’est des interviews en direct, du vrai live, en conditions réelles.
Durant 2 jours nous kidnappons en quelques sorte un auteur de polar.
Nous lui demandons de nous consacrer au minimum 4h de son temps sur les deux jours que dure la Garde à Vue.
Et durant ce temps nous lui posons une série de questions en batterie auxquelles il ou elle doit répondre instantanément. Nous ne lui laissons pas le temps de réfléchir à ses réponses. C’est un échange en live. Comme sur un plateau, sur un salon. C’est pas préparé, ce que l’on recherche c’est la spontanéité. Et croyez moi au réveil ou en fin de journée, nos auteurs sont comme nous, soit pas bien réveillés soit crevés de leur journée. Et là nous les cueillons !
Nous recueillons leurs confidences.
Et c’est celles-ci que nous vous proposons en direct live. ( enfin presque juste en léger différé).
Nous allons vous proposer la retranscription de ces 4 interrogatoires sur 2 jours, 1 en matinée et un le soir entre hier matin et cet après-midi
Allez place à la GAV de Antoine Léger
Miss Aline : Bonjour Antoine, la nuit fut bonne ?
Antoine : Excellente ! Je commence à me faire à cette cellule
Miss Aline : Bonne nouvelle alors…. Entrons dans le vif du sujet. Parlons procédure. Comment s’organise votre journée d’écriture : à quel moment, avec ou sans fond sonore, un nombre de mots minimum ou à l’inspiration, un lieu en particulier ?
Antoine : Alors j’écris souvent le mercredi après-midi et en soirée, j’ai un bureau ou je m’isole, je n’ai pas de fond sonore. Pas de mots minimums, je ne mets jamais de contraintes…
Par contre, j’ai un carnet ! Un carnet qui me suit partout. Dans les dédicaces, au boulot, dans ma poche. Toujours pour noter un mot, une idée, une description.
Voilà !
Vite elle est partie j’essaie de m’évader…
Geneviève : Non Antoine ! Il va falloir nous monter ce carnet…Pièce à conviction…
Antoine : Je tente de retirer mes menottes
Geneviève : Il y a des flingueuses qui t’observent derrière la vitre teintée
Antoine : Le voilà il est là
Je ne suis jamais seul…
Geneviève : Et on peut voir à quoi ressemble l’intérieur ?
Antoine : Pas lisible pour les flingueuses
J’écris comme un médecin !
Miss Aline : revenons sur les déclarations d’hier, je cite » je pense que l’on a tous plusieurs personnalités en nous, surtout l’écrivain ». De quel « genre » de personnalités est-il question ?
Antoine : 🙂
Antoine : Il me semble que l’écriture peut être une face cachée de l’écrivain …des désirs, besoins cachés, inavoués que l’on pose dans des histoires
Des projections, conscientes ou inconscientes. A travers plusieurs personnages.
On crée des personnages. On se met à leur place. On essaie. On réfléchit. On rature
Et on recommence. C’est pour ça que je dis que l’on est nombreux là-dedans.
Miss Aline : une vie par procuration ?
Antoine : Oui certainement (si c’est une référence à l’anniversaire de Jean Jacques Goldman c’est bien joué c’est mon chanteur préféré)
Miss Aline : aucunement… je ne l’avais pas à l’esprit ! 🙂
On a tous plusieurs facettes mais tout le monde n’écrit pas des polars…. Pourquoi ce genre ?
Antoine : Pour moi c’est le moyen de proposer des histoires à suspense. C’est ce que j’aime.
Mon kiff c’est le page Turner. Un livre court et efficace. L’enquête, l’énigme…
Perdre le lecteur j’adore.
Et je trouve que le polar le permet
Miss Aline : Jusqu’à quel point vos personnages, l’histoire en cours, vous habitent ?
Antoine : Bonne question.
Moi je suis lent dans l’écriture. Entre 2 et 3 ans. Et donc quand je construis mes personnages, je cogite, réfléchis …et en fonction de ce que je vis, lis, je les construis.
Je me demande si je ne vais pas mettre une Aline dans ma prochaine histoire.
Miss Aline : y a du boulot … lol
Antoine : Pareil pour l’histoire. En fait je laisse la vie m’apporter des briques pour mon histoire.
Exemple pour le prochain.
C’est en faisant un footing près du quai de Brienne à Toulouse sur j’ai décidé une scène pour une flic qui fera son footing à cet endroit.
Que et pas sur (pardon)
Donc je vis mes personnages et mon histoire.
Miss Aline : Que pensez-vous des personnages récurrents ? Un effet de mode ? Une facilité ?
Antoine : Mouais pas trop mon truc.
Miss Aline : Pourquoi ?
Antoine : Par contre j’aime bien faire un clin d’œil entre plusieurs livres et ramener un personnage.
Je trouve personnellement que ça installe l’auteur dans une routine, mais ce n’est que mon point de vue. Moi les livres sont complètement différents, je passe de la peinture à la seconde guerre mondiale.
Miss Aline : C’est confortable un personnage récurrent : pas besoin de refaire sa fiche, on le connait par cœur. D’ailleurs comment construisez-vous vos personnages, leurs caractérisations, leurs psychologies… ?
Antoine : Quand je suis certain d’un personnage, de son prénom alors je me pose pour en faire une description précise. Description physique. Description psychologique.
Miss Aline : Comment pouvez-vous être « certain » d’un personnage ?
Antoine : En fait tout ça commence par le scénario (que je commence toujours par la fin). Quand il est posé, alors les personnages aussi.
Quand le canevas est là, alors je passe aux détails des personnages, lieux….
Exemple : Je sais qu’il y a un groupe d’amis de 4 : 2 filles 2 garçons. Au début je m’arrête là. Et après je commence par la fille. Je vais l’appeler Geneviève et je vais imaginer qu’elle a beaucoup de fissures.
Quand le scénario est posé je suis sûr à 90% du nombre de personnages.
Miss Aline : ça se traduit par des fiches, des post-il posés partout ou tout est bien calé dans un dossier informatique ?
Antoine : Je passe de mon carnet à un cahier puis vers un document Word.
Carnet : idées
Cahier : détails
Word : histoire et structure
Miss Aline : Un personnage peut-il vous échapper lors de l’écriture, comme s’il menait son propre chemin ?
Antoine : Son propre chemin ? Hum…
Pour mon deuxième livre les six coups de minuit, ça m’a fait un peu ça avec le héros Vlad…
Miss Aline : vous pouvez développer ?
Antoine : Pas mal de lecteurs ont eu un coup de cœur avec ce livre.
En fait je suis tombé sur un libraire qui s’appelait Vlad et son frère Niko comme dans le livre, et qui a adoré. Et là, j’ai eu la sensation que mon héros était sorti du livre …et souvent quand on me parle de ce livre on me parle du héros.
En fait c’est drôle ce livre : soit c’est un coup de cœur, soit on n’accroche pas, pas de demi-mesure.
Miss Aline : Il y a toujours autant de ressentis qu’il y a de lecteurs avec leurs sensibilités à l’instant T.
Antoine : C’est ça !
Miss Aline : est-ce qu’être informaticien de base aide à la structuration de vos romans ?
Antoine : Oui j’ai eu pendant 20 ans des rôles de chef de projet, ça m’a forcé à travailler avec des objectifs et une rigueur.
Je pense qu’à un moment dans cet exercice d’écriture, tu dois avoir une certaine rigueur et structure.
Miss Aline : Oui je pense également que la rigueur et la structure sont nécessaires.
Seriez-vous attiré par une écriture à quatre mains et pourquoi ?
Antoine : Mon 3ème livre fut un polar à 4 mains. Croix blanche sur fond blanc. Avec G.D. Noguès. Ce fut une belle expérience mais je n’ai pas prévu d’en refaire.
En fait nous étions partis d’un de mes manuscrits.
Miss Aline : Ah oui je l’ai lu et j’ai passé un bon moment.
Antoine : Merci.
Et Gilbert (polardeux et peintre) a retravaillé quelques parties et amené sa pâte et ses connaissances de peintre.
Miss Aline : y a-t-il des sujets, des thèmes sur lesquels vous voudriez écrire ou à l’inverse pas du tout ?
Antoine : Non pas à ce stade.
Le prochain sera plus psychologique. Je veux rentrer encore plus en profondeur dans la psychologie de mes personnages !
Encore plus décrire les sentiments, les émotions, les mécanismes…
Miss Aline : Pensez-vous qu’un auteur à un rôle à jouer et quel est-il ?
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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merci françoise
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