La GAV : @Antoine Léger sous le feu des flingueuses, dernière audition. 4/4
Fin de la Garde à vue de Monsieur
Antoine Léger
4e et dernier interrogatoire par Mamie Danièle Ortéga-Chevalier alias Dany Flingueuse
La GAV, Garde à vue d’un auteur par Collectif polar c’est : 4 interviews d’un même auteur par 4 flingueuses différentes.
La GAV c’est des interviews en direct, du vrai live, en conditions réelles.
Durant 2 jours nous kidnappons en quelques sorte un auteur de polar.
Nous lui demandons de nous consacrer au minimum 6h de son temps sur les deux jours que dure la Garde à Vue.
Et durant ce temps nous lui posons une série de questions en batterie auxquelles il ou elle doit répondre instantanément. Nous ne lui laissons pas le temps de réfléchir à ses réponses. C’est un échange en live. Comme sur un plateau, sur un salon. C’est pas préparé, ce que l’on recherche c’est la spontanéité. Et croyez moi au réveil ou en fin de journée, nos auteurs sont comme nous, soit pas bien réveillés soit crevés de leur journée. Et là nous les cueillons !
Nous recueillons leurs confidences.
Et c’est celles-ci que nous vous proposons en direct live. ( enfin presque juste en léger différé).
Nous allons vous proposer la retranscription de ces 4 interrogatoires sur 2 jours, 1 en matinée et un le soir entre ce matin et demain après-midi
Allez place à la GAV d’Antoine Léger
La GAV : @Antoine Léger sous le feu des flingueuses, dernière audition. 4/4
Dany : Alors Monsieur Antoine, comme on dit dans votre milieu … Tu es là ?
Antoine : En place !!!
Dany : Alors Antoine, on va revenir sur tes déclarations …
Par rapport à tes collègues de plume, tu nous as présenté tes potes. Mais y en a-t-il un ou une qui t’intimide, devant qui tu as le trac ?
Antoine : Je pense que plus ils sont connus, plus je suis intimidé 🙂 mais comme je suis de nature boute-en-train je suis plutôt à l’aise.
Dany : Tu as déjà pu échanger avec celle qui t’as bluffé … Karine Giébel ?
Antoine : Ah oui !
Dany :et …
Antoine : Au salon de Lectoure.
Dany : Mais encore …
Antoine : Je lui fais faire une dédicace pour les « mordus de thriller ».
Dany : Bon en fait, tu as botté en touche là !
Antoine : Par contre de l’autre côté j’avais Marin Ledun. Un type super
Dany : Je confirme !
Antoine : En tout cas ça me fait drôle de me retrouver à côtés de personnes comme cela
Dany : Tu n’as tout de même pas le syndrome de l’usurpateur ?
Est-ce que tu penses qu’un auteur doit faire passer un message, être un lanceur d’alerte ?
Antoine : Passer un message …pas forcément. Par contre transmettre des idées, faire découvrir des lieux, rappeler des faits historiques.
Dany : Rappeler des lieux et des faits historiques c’est ce que tu as fait avec tes Jumeaux de l’enfer … d’où est venue cette idée ?
Antoine : En fait je cherchais un fait historique dans ma région que je voulais ramener à un huit clos. C’était mon idée de base. Et je suis tombé sur un documentaire sur ce fameux commando qui est parti de Montauban à la demande d’Hitler !
2 jours après, je filais à Montauban faire des repérages, acheter des bouquins sur le sujet.
J’ai retrouvé la rue où je voulais amener mon histoire
J’ai même couru comme la première scène du livre, j’ai fait le trajet de Théo.
Dany : Donc le fait historique, puis le lieu et ensuite les personnages ou c’est plus simultané que ça ?
Antoine : Oui tu as raison c’était dans cet ordre pour ce livre.
Je me suis régalé pour les personnages, je sais qu’il y en a beaucoup.
Mon idée est de perdre le lecteur 🙂
Dany : Ça tu as gagné !
Et la construction d’un roman « chorale » comme celui-là demande de la précision !
Antoine : Tu ne peux pas imaginer le bonheur de passer deux ans à réfléchir, travailler cette soirée.
Dany : Ça ne pouvait pas tenir sur un carnet !
Antoine : J’avais dans l’idée plusieurs scènes qui finissaient au même endroit.
Dany : Tu connaissais la fin quand tu as commencé l’élaboration de l’intrigue ?
Antoine : Oui. C’est toujours ma technique ! Il faut que ça pète à la fin de mes histoires !
Dany : Et les personnages sont arrivés au début ou au cours de la rédaction ?
Antoine : Au cours de la rédaction. J’ai les principaux personnages au début. Et après j’en rajoute …
Dany : C’est vrai qu’il faudra un gros budget pour son adaptation à l’écran !
Antoine : Par exemple pour le prochain je vais rajouter une Geneviève. Pas au tout début. Mais rapidement quand même.
Dany : Elle va demander des royalties !!!
Tu parlais du retournement final ce matin … tu ne penses pas que quelques fois ça fait « recette » et que l’effet de surprise disparaît ?
Antoine : Justement mon objectif est de ne jamais perdre l’effet surprise…A la Hitchcock.
C’est l’objectif des bêta lecteurs. Si c’est trop gros, on doit retourner au boulot travailler notre histoire !
Dany : On peut parler du cinéma un peu, puisqu’il a tenu une place importante dans ta vocation de raconteur d’histoires …Quelles sont tes influences …
Antoine : Hitchcock mais je l’ai déjà dit …
J’adorais ses histoires courtes.
Ses épisodes en deuxième partie de soirée. Je te raconte l’épisode qui peut être fut un tournant pour moi : c’est un Hitchcock
« Un prisonnier Nick souhaite s’évader. Pour cela il se fait ami avec Jo le responsable funéraire de la prison. Ils mettent au point une évasion. Au prochain décès d’un prisonnier, Nick se glissera dans un cercueil, le convoi funéraire sortira de la prison et après l’enterrement Jo ira déterrer Nick. Sauf qu’à la dernière scène du film, Nick attend dans le cercueil et il se retourne…et Jo est le défunt dans le cercueil »
Je ne sais pas si c’est clair
Dany : Oui tout de même !
C’est ce qui t’a conduit à la nouvelle ?
Antoine : Mais oui c’est ce style d’histoire qui m’a donné envie de faire des nouvelles.
Dany : Mais le roman c’est de l’écrit, tu suscites les émotions du lecteur … tu as une technique particulière ?
Antoine : Accentuer sur les émotions, les ressentis
Dany : Comment provoquer l’empathie ?
Antoine : Essayer que le lecteur ressente le personnage. Même s’il est odieux
Dany : Pour cela il faut des méchants avec une pointe d’humanité ?
La question que le lecteur se pose généralement c’est « qu’aurais-je fait à sa place ? »
Antoine : L’idée est que le lecteur ressente le personnage mais pas forcément qu’il s’identifie.
Empathique et non sympathique.
Avoir le recul pour se mettre à la place de l’autre.
Pas simple de se mettre à la place des jumeaux 🙂
Dany : Effectivement !
Tes connaissances en psycho t’aident alors … Est-ce que tu vas te servir de tes nouvelles connaissances en hypnothérapie pour endormir le lecteur ?
Antoine : Très bonne question
Dany : Et la réponse est …
Antoine : Je me demande si je n’ai pas déjà envie de mettre quelques éléments hypnotiques dans le prochain.
J’y pense sérieusement…
J’aime bien cette notion de mise en transe.
Dany : Le thriller au paroxysme donc …
Le cinéma montre, la littérature fait ressentir … est-ce que pour raconter tu es plutôt dans la suggestion ou dans la description ?
Antoine : Plutôt la description je crois
Dany : Bien gore ou alors tu te fixes des limites ?
Antoine : J’ai des limites…
Je ne décris rien de trop sanglant.
Bon après, les jumeaux est le plus dur que j’ai écrit
Dany : Y a-t-il des faits que tu ne pourrais pas décrire (violences sur des enfants par exemples)
Antoine : Absolument
Dany : Quelles sont donc tes limites ?
Antoine : Trop de sang, avec des enfants…scènes trop gores, viols.
Dans les jumeaux, je voulais vraiment ramener des faits difficiles mais qui ont pu se passer (Oradour-sur-Glane) dans notre histoire. On peut ne pas aimer mais nos ascendants ont connu des heures sombres.
Dany : Les sévices sur les animaux ?
Antoine : Oui bien sûr pas les animaux
Dany : C’est la vérité historique dont tu parles, elle est incontestable, du moins pour la majorité d’entre nous.
Les animaux, les enfants …Tu es un grand sensible alors …
Antoine : Oui. Un clown sensible 🙂
Dany : L’Auguste …
Si on te donnait le budget pour un film … quel genre ferais-tu ?
Eclate-toi !!! c’est le moment !
Antoine : Je ferai la nouvelle qui m’avait fait gagner un prix au tout début.
Elle s’appelait « joyeux anniversaire »
Dany : En résumé ça donne quoi ?
Antoine : Un gendre qui va aux soixante ans de sa belle-mère.
Et pendant tout le film on parle d’un cadeau pour la belle-mère.
Les frères et sœurs parlent en secret.
Et l’histoire est racontée via la vision du gendre.
Et en fait le cadeau est l’assassinat du gendre en scène finale.
Dany : Ah oui tout de même …
Antoine : Mais l’histoire est racontée pour que personne ne le comprenne.
Dany : Oui autrement ça ne serait pas rigolo …
Et ton casting de rêve ?
Antoine : Le gendre serait Liam Neeson. Le film serait en noir et blanc
Dany : J’ai bien compris ton attirance pour ces couleurs …
Liam Neeson, un peu vieux pour avoir une belle-mère de 60 ans …
Antoine : C’est vrai ! Romain Duris alors.
Dany : Et la belle mère ?
Antoine : Sharon Stone.
Dany : Tu es tout à fait iconoclaste …
Antoine : 🙂
Antoine : Et en film, je ferai mon livre croix blanche sur fond blanc Avec un peu de couleur
Dany : c’est de l’humour …
Je parle au cinéphile …L’image apporte un autre regard sur les intrigues … Tu as des références d’adaptations particulièrement réussies ou non ?
Antoine : J’ai bien aimé Shutter Island.
Dany : Tu es très « film américain »
Antoine : Et dans les films réussis : Ne le dis à personne.
Après j’ai trouvé que l’adaptation de Glacé de Minier était moyenne
Dany : Même Bernard Minier n’a pas apprécié …
Glacé on sait pourquoi … changement de réalisateur pendant le tournage donc 2 visions qui ne sont pas synchrones et manque de budget pour la scène finale … pas de bol, le roman est très bon !
Antoine : J’ai adoré Glacé en livre
Dany : Tu regardes les séries TV ?
Antoine : Pas trop les séries. Je suis juste La casa de papel.
Et ma fille souhaite que je regarde squid game sur Netflix
Dany : Je reviens sur tes romans : prologue avec le risque d’en dire trop ou pas prologue avec un début plus lent ?
Antoine : Pas compris la question.
Je vous jure je suis innocent
Dany : Tu disais ce matin ou hier que tu voulais accrocher le lecteur dans les premières pages alors est-ce que tu es plutôt « prologue » ou pas ? Pari du chronologique ou pas ?
Je ne suis pas clair du tout !!! Damned !🤢
Antoine : Pas prologue
Dany : Comment accroches-tu tes lecteurs ?
Antoine : Avec des voix en italiques qui se révèlent à la fin.
J’ai fait ça dans mes trois derniers livres 🙂
Dany : Une technique qui est efficace …
Antoine : On ne comprend pas réellement d’où ça vient, quelle en est la signification…et ça claque à la dernière page.
D’ailleurs je vous mets au défi…
Dany : Oui c’est un jeu entre toi et nous ! Bien vu
Antoine : De trouver la voix en Italique de mon livre les six coups de minuit, avant la fin
Dany : Je n’ai lu (pour le moment) que les jumeaux et j’ai été bluffée !
Antoine : Je crois que Geneviève l’a lu
Dany : Oui mais Geneviève est chez le divisionnaire en ce moment, c’est moi qui aie les clefs de la cellule !
Antoine : Ok ok cheffe !
Dany : Alors comment peut-on qualifier tes romans ? Polars, noirs, psychologiques, historiques ?
Antoine : Tu as tout dit 🙂 Les deux derniers possèdent des flics donc polar.
Dany : Ah bon ! Tu ne rebondis même pas … tu es un prévenu éteint !
Antoine : Celui d’avant les six coups de minuit, je dirai roman noir.
Après ils sont tous des thrillers… Ce n’est pas facile de dire un genre.
Dany : Et le prochain ?
Antoine : Le prochain ? 100% psychologique.
Polar psychologique avec des doses hypnotiques.
Dany : Est-ce que tu prends un soin particulier à ne pas malmener la langue française ?
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Un entretien intéressant, on en apprend pas mal sur cet auteur !
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