Le grand monde de Pierre Lemaître

Le livre : Le grand monde : les années glorieuses de Pierre Lemaître – Paru le 25/01/2022 chez Calmann-Levy – collection Littérature – 22.90 € (586 p.) ; 22 x 15 cm

 4ème de couverture :

La famille Pelletier.
Trois histoires d’amour, un lanceur d’alerte, une adolescente égarée, deux processions, Bouddha et Confucius, un journaliste ambitieux, une mort tragique, le chat Joseph, une épouse impossible, un sale trafic, une actrice incognito, une descente aux enfers, cet imbécile de Doueiri, un accent mystérieux, la postière de Lamberghem, grosse promotion sur le linge de maison, le retour du passé, un parfum d’exotisme, une passion soudaine et irrésistible. Et quelques meurtres.
Les romans de Pierre Lemaitre ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux. Après sa remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, il nous propose aujourd’hui une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses.

 L’auteur : Né à : Paris en 1951, Pierre Lemaitre est un écrivain et scénariste français.
Fils d’employés de sensibilité politique de gauche, il passe son enfance entre Aubervilliers et Drancy.
Psychologue de formation, et autodidacte en matière de littérature, il effectue une grande partie de sa carrière dans la formation professionnelle des adultes, leur enseignant la communication, la culture générale ou animant des cycles d’enseignement de la littérature à destination de bibliothécaires.
Il se consacre ensuite à l’écriture en tant que romancier et scénariste, vivant de sa plume à partir de 2006.
Avec son premier roman Travail soigné, qui a obtenu le Prix Cognac en 2006, il rend hommage à quelques-uns de ses maîtres, Bret Easton Ellis, Émile Gaboriau, James Ellroy, William McIlvanney, en faisant d’œuvres de ces écrivains des protagonistes de son intrigue.
Son deuxième roman, Robe de marié (2009), un exercice explicite d’admiration de l’art hitchcockien a obtenu le prix du Meilleur polar francophone.
En 2010, Lemaitre aborde le thriller social avec Cadres noirs, inspiré d’un fait divers réel survenu en 2005 à France Télévisions Publicité, prix du Polar européen du Point.
Les grands moyens (2011) (revue par l’auteur sous le titre Rosy & John en 2013), feuilleton numérique, est une enquête de Camille Verhœven, en marge de la trilogie commencée avec Travail soigné, poursuivie avec Alex (2011, Prix des lecteurs du Livre de Poche 2012) et achevée avec Sacrifices (2012) qui voit la conclusion de la destinée du héros.
En 2013 sort Au revoir là-haut, récompensé du Prix Goncourt 2013. Il est adapté au cinéma par Albert Dupontel en 2017, sous le même titre, avec Laurent Lafitte. En 2018, le film reçoit de nombreux César dont celui de la meilleure adaptation et de la meilleure réalisation.
En 2016, Lemaitre renoue avec le roman noir avec Trois jours et une vie qui raconte la destinée d’un assassin de 12 ans. Le roman est adapté au cinéma en 2018 par Nicolas Boukhrief avec Charles Berling, Sandrine Bonnaire et Philippe Torreton.
Couleurs de l’incendie (2018) est le second volet de la trilogie ouverte avec Au revoir là-haut. Au même moment sort Rosie, le premier volet de Brigade Verhoeven, en bande dessinée, suivi de « Irène » (2019).
En 2022, il entame une nouvelle saga familiale avec la parution du roman Le Grand Monde.
Ses romans sont traduits en trente langues et plusieurs sont en cours d’adaptation au cinéma et au théâtre.
Extraits :
« Les affaires à traiter concernaient principalement des achats de marchandises en France par des sociétés coloniales. Chaque demande était assortie d’une longue explication destinée à montrer le bénéfice de ces acquisitions pour l’économie indochinoise. On achetait en France des moteurs, des outils, des semences maraîchères, des films, des tôles, des sacs de ciment, des lavabos, des parapluies, des engrais, des lampes de poche, des fournitures de bureau, c’est fou la quantité de choses qui manquait à l’Indochine pour fonctionner ou se développer normalement. »

« Entre la terrasse du Métropole et celle du Cristal Palace, vous avez tout ce qui importe à Saigon. Diplomates sur le retour, aventuriers, séducteurs, banquiers corrompus, journalistes alcooliques, prostituées et demi-mondaines, aristocratie française, communistes masqués, planteurs richissimes, tout est là. L’erreur serait de croire que Saigon est une ville. C’est un monde à part entière. La corruption, le jeu, le sexe, l’alcool, le pouvoir, tout s’y donne libre cours sous l’autorité de la déesse absolue, celle que tout le monde révère, à savoir Sa Majesté la Piastre ! »
 

La chronique jubilatoire de Dany

Le grand monde de Pierre Lemaître

Amateurs de la plume et des arnaques de Pierre Lemaître vous allez être comblés. En plus vous recevrez une gifle magistrale en fin de roman en en découvrant la clef ! Bref du grand, du très bon Lemaître et en fin de compte tout est réuni pour en redemander.

L’action se passe après la seconde guerre mondiale, au début des « trente glorieuses ». Une famille d’origine française a fait fortune à Beyrouth, dans la savonnerie. La descendance risque de ne pas reprendre le flambeau du père, au désespoir d’Angèle, la mère qui voit ses quatre rejetons quitter successivement le nid familial. Des horizons différents s’ouvrent à eux à Paris ou à Saïgon et l’auteur va nous immerger dans la finance indochinoise, la presse parisienne et le négoce de tissus, pendant le déroulement d’une enquête sur le meurtre sordide d’une jeune actrice de cinéma. Les moyens d’accéder à la fortune, à la notoriété ou à l’innocence vont prendre des chemins originaux, inattendus. L’art de l’auteur est au rendez-vous pour nous leurrer, nous séduire, voire nous parjurer ! Il met son humour au service d’intrigues imbriquées et révèle les magouilles en usage au temps des tickets de rationnement, des fuites de capitaux vietnamiens majorés en toute légalité par l’Etat français, quand la délation était encore pratique courante.

J’ai rencontré Pierre Lemaître, cet amateur du feuilleton du XIXème siècle, en début d’année. Il m’a assuré que Verhoeven ne reprendrait plus de service, placé définitivement à la retraite. D’autre part après la trilogie Les enfants du désastre, les lecteurs attendaient de nouveaux personnages. Eh bien les petits nouveaux ne sont pas en reste, ils décoiffent, surprennent, séduisent … Le grand monde, le tome 1 de ce qu’annonce l’auteur comme la tétralogie Les années glorieuses, et déjà ils ont fait leur place dans notre panthéon ! C’est avec beaucoup de délectation que j’ai notamment fait connaissance avec Geneviève, la méchante, promise me semble-t-il a un bel avenir. – NDLR : toute ressemblance avec son homonyme bien connue n’est que pure spéculation !

Oui Le grand monde a tout du coup de cœur intense et jubilatoire.

Lu en version numérique 15.99 €

 

Autre extrait :
« La place n’était pas fameuse, mais l’ambiance du quotidien le grisait ; à ses yeux, il n’y avait pas drogue plus puissante. Il ne manquait jamais une occasion de descendre au marbre pour s’immerger dans l’atmosphère électrique des bouclages où tout le monde s’interpellait, s’engueulait, où le crépitement des linotypes précédait le ronflement des rotatives. Il passait discrètement la tête dans la salle des correcteurs où des hommes, au coude à coude autour d’une grande table, sous le projecteur de lampes dont les entretoises se croisaient, dans la fumée des cigarettes qui faisaient déborder les cendriers, annotaient les articles.
« Il se fit conduire au Grand Monde où avait lieu le tirage.
 C’était un immense établissement situé rue des Marins, dans le quartier chinois de Cholon, sorte de caravansérail abritant des salles de jeu, de spectacle, des restaurants, des bars, des magasins et où se ruait, la nuit venue, tout ce que Saigon pouvait compter de joueurs, de noctambules, de putains, de malfrats, de bourgeois, de paysans, de coolies susceptibles de perdre en quelques heures ce qu’ils avaient gagné dans la journée et de fonctionnaires qui engloutissaient là, par petites pincées, tout ce qu’ils n’avaient pas pu transférer en France. Étienne y croisait parfois Gaston qui, pour se porter chance, polissait sa bagouze avant de jeter les dés. Il y avait aussi Georges Vaillant, le fonctionnaire de classe II du haut-commissariat qui déambulait en tenant, tremblants entre ses doigts, des verres d’anisette. »

8 réflexions sur “Le grand monde de Pierre Lemaître

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