Mégalithes Rock, Sonia Fournet-Pérot

La Journée Fantastique de Collectif Polar

Le livre : Mégalithes Rock de Sonia Fournet-Pérot. Paru le 27 avril 2022 chez Les Ardents Editeurs. 19€. (349 p.) ; 22 x 14 cm

4e de couv :

Toc, toc, toc ! Qui est là ? Pierre. Pierre qui ? Pierre à feu…

Voilà à quoi pourrait se résumer ma vie ces dernières semaines. Un brin elliptique ? Ok, alors imaginez deux secondes une sorcière débutante, tout fougue tout flamme, infoutue de maîtriser des pouvoirs dix fois trop grands pour elle, et qui, par je ne sais quel coup du sort (aïe !), se retrouve impliquée dans une série de meurtres sordides venant troubler le repos de ces vieux messieurs granitiques qui jalonnent fièrement la campagne limousine. Un peu fort de café ? Je suis bien d’accord. Si j’avais droit au chapitre, les histoires de gros cailloux, je préfèrerais les laisser à ce cher Sisyphe, parce que mes pierres à moi, elles ne roulent peut-être pas, mais elles me collent des cadavres sur les bras.

L’auteure : Sonia Fournet-Pérot est née en 1977 à Limoges, Elle enseigne à l’université.
Maître de conférences en linguistique hispanique à l’Université de Limoges et membre du CeReS – Centre de Recherches Sémiotiques, Sonia Fournet-Pérot est spécialiste de parémiologie espagnole et plus précisément du fonctionnement des proverbes en situation de communication. Elle est l’auteur de nombreux articles sur le sujet.
Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. À quatorze ans, elle est tombée raide dingue de Dracula de Bram Stoker et elle a voyagé avec J.R.R. Tolkien plus loin qu’elle ne l’aurait cru possible. Son périple au pays de l’imaginaire n’a toujours pas pris fin.
Auteure des polar fantastiques Datura Song et Mégalithes Rock chez les Ardents Éditeurs

 

Extrait :
« Samedi 16 juin 2018, 11h10. Alors que je passe la porte du salon de thé, une pensée fugace mais édifiante joue des coudes pour s’imposer : dans quel pétrin est-ce que je me suis encore fourrée ? Petit flash-back pour comprendre le pourquoi du comment. Le où n’a pas franchement d’importance. Quant au qui, c’est le nœud de l’embrouille.
Une heure dix plus tôt, j’émerge d’une grasse matinée raisonnable. Oui, je suis dans un lit. Encore. Et bien que cette position puisse confiner au déjà-vu – mauvaises langues, va ! –, elle relève sans conteste du passionnel.
Remballez d’emblée vos velléités d’union sensuelle  – ma vie n’est pas un roman – : il n’y a que moi, Éthel.
Vous voyez une pin-up des années soixante ? Posture lascive, teint frais, moue à la Bardot. La grâce faite femme. Vous visualisez ses battements de cils qui papillonnent pour accueillir comme il se doit la caressante luminosité matutinale avant de dévoiler une œillade dévastatrice qui mettra le monde à ses petits pieds délicats ? Ça y est ? Vous vous représentez la scène ? Une réplique rouquine de Dita Von Teese dans le rôle principal ? Et ben, arrêtez de prendre vos désirs pour des réalités. Vous aurez droit à la version hirsute et pâteuse. Allez, dites bonjour à l’archétype de la petite vieille grabataire, dont les muscles hurlent à grands cris leur désaccord à force, sans doute, de se débattre la moitié de la nuit dans de sales draps. C’est fourbe, ces bouts de tissu. Ça s’entortille autour de votre corps moite et vous transforme en rouleau de printemps non consentant avant que vous ayez eu le temps de dire : Néfertiti, non merci. Si encore c’était épisodique, mais j’ai dû mettre en boule quelqu’un en haut lieu, parce que cet enfer, c’est mon pain rassis quotidien.
Un jour sans fin, avec tonton Murray, ça vous dit quelque chose ? Il y a de ça. Je me coltine le même scénario depuis des mois dès que le sommeil m’abandonne en claquant la porte après notre partie de cache-cache nocturne. Ras-le-bol du jour de la marmotte. Mon lit et moi au réveil, on a dépassé le stade de l’amourette occasionnelle ; entre nous, m’ssieurs-dames, c’est collé-serré – l’amour avec un grand A, je vous dis. Peut-être parce que j’ai une conscience acérée de ce qui m’attend à la sortie de l’hibernation : un tête-à-tête avec une visiteuse matinale incommodante qui a la fâcheuse habitude de prendre ses quartiers dès que j’ouvre un œil. Et aujourd’hui ne déroge pas à la règle. La lumière n’a pas plutôt filtré entre mes cils qu’une masse d’arme s’abat allègrement sur mon crâne. Saleté de migraine… »

Le post-it de Ge

Mégalithes rock, Sonia Fournet-Pérot

Mégalithes Rock est le second roman de Sonia Fournet Pérot, ça je l’ai perçu à la lecture des premières pages, j’ai très vite compris qu’Ethel et Théo les deux héros avaient un passif en commun. D’ailleurs le premier chapitre commence par nous apprendre qu’ils ont été amants et que visiblement Ethel a rompu car Théo lui caché des choses importantes…Et qu’il semblerait aussi être un poil trop macho.

D’entrée de jeu nous sommes dans la tête d’Ethel, elle a rendez-vous avec son ex et là petit flash- back pour nous raconter l’histoire torride qu’ils ont vécu ensemble. Mais même si notre héroïne a quitté le bellâtre, elle est toujours attirée par lui. Et la réciproque semble être de mise. Théo est fou amoureux de sa belle et souhaite la reconquérir.

Ainsi tout le premier chapitre ressemble à une romance érotico-fantastique et là j’avoue j’ai failli reposer le bouquin.

De plus Ethel n’arrêtait pas de me prendre à parti, car l’auteur qui a choisi une narration à la première personne et interpelle sans cesse le lecteur et ça je n’étais pas certaine de supporter. Pourtant c’est un procédé que j’emploie souvent dans mes chroniques, vous voyez, histoire de renforcer la proximité avec la lectrice.

Dans ce premier chapitre on apprend aussi qu’Ethel a des dons, visiblement elle est télépathe et même un peu plus, elle ressent les sentiments, les peurs, les craintes, les pensées des autres par un simple contact. Mais ce n’est pas tout, Ethel surtout lorsqu’elle est en colère, et courroucée elle l’est surtout après le beau et ténébreux Théo, Ethel donc possède le don de pyrurgie et de pyrokinésie. Mais pour son malheur elle ne maîtrise pas totalement son feu. Comme elle se défini elle-même « Bonjour, Ethel Cadé-Vie, sorcière incombustible, lance flamme convulsif, interlocutrice occasionnelle des macchabées, télépathe de contact»

On apprend aussi la raison du l’ire d’Ethel contre Théo. Son ex lui a caché qu’il était métamorphe version lycanthrope. Mais ça c’était dans le premier opus visiblement car aujourd’hui Théo se présente à sa dulcinée comme ceci : « Bonjour Théo Lelu, voirloup ou métamorphe, mention Loup Garou, niveau Alpha, raide dingue de la sorcière Volcanique » Qui plus est notre thérianthrope est lieutenant de police.

Ethel a aussi du mal à supporter le mâle alpha primaire que peut être Théo …

Alors voilà les cinquante premières pages passées, on entre enfin dans le vif du sujet.

Maintenant leur love story peut reprendre et j’avoue ce n’est pas leurs ébats incandescents qui m’a le plus emballée dans cette histoire. Oh ce n’est pas de la fausse pudeur ou de la pudibonderie de ma part, ce n’est pas le genre de la maison. Non, simplement, la romance même torride, ce n’est pas ma came.

Et c’est plutôt l’apparition d’un cadavre mutilé qui a accaparé mon intérêt. Enfin un meurtre quoi ! Il était temps. Enfin on est dans un polar, un polar fantastique certes mais un roman policier puisque qu’il y a crime et qu’on va suivre une enquête, une vraie !

Dans la campagne limousine, une apprentie sorcière maîtrisant mal ses pouvoirs se retrouve impliquée dans une série de meurtres sordides qui viennent troubler la quiétude des lieux.

Bon attention, il va y avoir beaucoup de magie aussi dans ces pages. D’ailleurs Théo va présenter Ethel à son meneur, un sorcier rural qui a la capacité de déceler les pouvoirs des autres sorciers. Et cet Adamo perçoit le surnaturel et peut aussi aider ces sorciers a développer leur don.

Mais Adamo est un vieux barbant à l’ancienne et dans son monde magique seuls les mâles ont des pouvoirs. Du coup même si Ethel devient en quelque sortes son élève, elle reste pour lui une aberration. Une femme avec de si grands dons, ce n’est pas possible et pourtant…

On va ainsi suivre les aventures de ce trio improbable. On va poursuivre un assassin insaisissable, machiavélique et pervers à souhait. On va visiter Limoges et sa région avec grand plaisir. Notre auteure nous entraîne dans un jeu de piste démoniaque. Et on se laisse prendre au jeu. Surtout que notre autrice privilégie l’action et les dialogues, ce qui confère à son texte une cadence continue et soutenue et comme sa plume est fluide, on ne peut que dévorer les pages qui s’enchaînent à un rythme endiablé

Enfin Sonia Fournet-Pérot distille tout au long de ses pages des références littéraires, cinématographiques, des références à la pop culture, aux séries, à la fantasy, à la BD… Et son texte est aussi truffé d’annotations musicales très plaisantes. Ce que j’ai apprécié aussi c’est l’humour qui affleure tout au long de cette histoire et j’ai adoré la posture un brin féministe que prend notre autrice à travers son personnage, pardon son héroïne un poil déjantée et impétueuse mais tellement attachante. D’ailleurs notre duo est du genre explosif. Tout cela est vraiment rafraîchissant, surtout qu’à travers ses protagonistes protéiformes, j’ai perçu comme une ode à la tolérance et un hommage à la différence et à la diversité.

Bref j’ai revu mon jugement des premières pages et j’ai apprécié cette lecture distrayante qui joue et se joue des codes du genre, mêlant avec habileté magie et sorcellerie rurale, folklore et imaginaire pour nous donner un très sympathique polar à la fois punk et fantastique.

Il se pourrait bien que j’aille refaire un tour du coté de Limoges avec Ethel et Théo en découvrant leurs autres aventures.

Aurai-je été ensorcelée ? Allez savoir…

Ce roman a été lu dans le cadre de 3 défis

 – Challenge Les Dames en Noir 2022 chez Zofia

– Challenge Thriller et polar 2022- 2023 chez Sharon

 – Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (France)

10 réflexions sur “Mégalithes Rock, Sonia Fournet-Pérot

  1. Rien à voir avec le livre mais : j’adore les tatouages de l’auteure ! 😇
    Au début de ta chronique, j’étais un peu effrayée, le côté ébats endiablés ne m’intéresse pas vraiment non plus. Pourtant après tu as titillé ma curiosité, entre les dons de l’héroïne, son côté déjanté, les références musicales, le ton humoristique. Ca intrigue tout ça ! 😊

    Aimé par 1 personne

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