C’est pas sorcier, Guy Rechenmann

Le livre : C’est pas sorcier de Guy Rechenmann – Paru le 16/01/2023 chez Caïrn éditions – collection Du Noir Au Sud –  11.50 €. (336 pages) ; 12 x 18 cm

 4ème de couverture :

La chaleur accablante qui enveloppe Castéja, le commissariat de Bordeaux, en cette paisible journée de juillet, semble donner le ton à l’enquête à la fois atypique et exotique dont Anselme Viloc, le flic de papier, va hériter. Entre une histoire inconnue de son Bassin profond, une échappée dans les souvenirs savoyards de sa ville d’adoption, Chambéry, et une plongée dans une forêt primaire gabonaise parsemée de chausse-trappes, toutes aussi imprévues les unes que les autres, Anselme Viloc va devoir faire preuve de sang-froid et même d’une certaine audace. Pour, au final, une résolution magistrale de l’affaire, à la Hercule Poirot serait-on tenté de dire !

L’auteur : Ecrivain et homme de télévision, Guy Rechenmann avoue être un rêveur et un poète. Le hasard, il n’y croit pas beaucoup préférant parler de coïncidences, son thème de prédilection… Il attendra 2008 pour publier un recueil de poésies et de nouvelles La Vague suivi de six romans où se mêlent suspense, poésie et onirisme…
Avec ses romans noirs Flic de papier, Fausse Note, A la place de l’autre et Même le Scorpion pleure, un polar mentaliste, il revisite le genre policier d’une façon inattendue grâce au même personnage Anselme Viloc, un flic atypique et obstiné. Guy Rechenmann écrit ses romans au Cap-Ferret. Même le Scorpion pleure, sélectionné pour le Prix Hors Concours 2019 fait partie des 10 livres coups de cœur des lecteurs orange pour l’année 2018 et Fausse note pour février 2019. Il a publié en mars 2020 un nouveau titre Une étoile en enfer, puis en 2022 L’extravagante histoire de Lucia Fancini.
Extraits :
« Ce n’est pas parce qu’il fait une chaleur à faire fondre les pôles ces derniers jours qu’il faut vous prendre pour le docteur Schweitzer à Lambaréné pendant la saison des pluies, Viloc ! Ça vous reprend la folie conspirationniste ! Il y avait longtemps. Une vague connaissance d’il y a une trentaine d’années passe à trépas dans un hôpital de branques en ne cessant de parler de « sa malédiction africaine », à ce que vous m’avez raconté, et voilà Viloc qui endosse les habits de Savorgnan de Brazza, se voyant retourner enquêter aux abords du fleuve Ogooué entre moustiques piqueurs et fourous suceurs par myriades, fourmis rouges carnivores en goguette, crocodiles affamés, panthères à l’affût et autres joyeusetés. »
« Il est des tempéraments comme ça qui gomment les différences et rendent la vie plus simple. L’attirance à cette vertu, elle se fiche des codes établis. L’attirance, barque de l’irrationnel, emportée par les rapides aux chutes parfois funestes, l’attirance, prélude du désir, à la lucidité évaporé, l’attirance aura fait une fois de plus son boulot de sape de la raison. »
« Une enquête policière, c’est comme une course de chevaux. Pour la résoudre ou la gagner, il faut comme on dit « être dans les bons coups ». »Avoir du nez » ou « la bonne intuition » sont les conditions sine qua non pour emporter la palme. Dans une course hippique, les raisons de la défaite d’un favori sont légion ; son jockey ou driver a été peu inspiré, le cheval n’a pas pissé avant la course, si c’est une jument elle était sous l’influence de son sexe, les pluies juste avant la course n’ont pas rendu le terrain à sa convenance, sous l’effort, le cheval a pris, à la lutte, un coup de cravache d’un autre jockey, il a été bloqué par des concurrents sur leur fins. En trot attelé ou monté, il a esquissé une foulée de galop dans les deux cents derniers mètres en obstacle, il est parti de trop loin à la rivière des tribunes, d’où sa chute, etc. Eh bien, lors d’une enquête policière, le nez et la chance doivent aussi marcher main dans la main »

La chronique jubilatoire de Dany

C’est pas sorcier, Guy Rechenmann

Si vous avez déjà lu Guy Rechenmann, vous savez que l’enquête policière n’est qu’un prétexte : elle ouvre à l’auteur un champ large où il peut être tantôt poète, contemplatif, tantôt chroniqueur dans la dérision et bien plus. Cette fois encore et il faut bien le dire avec un certain panache, il va nous faire découvrir le monde. Celui de l’Afrique noire, berceau de son enfance. Certes elle a bien changé depuis cette Afrique des années 90 pendant lesquelles se déroule l’action. Le colonialisme y a laissé ses traces et les fléaux de notre « belle » civilisation continuent à la gangréner.

Anselme Viloc continue son petit bonhomme de chemin dans la police, mettant ses talents de « flic de papier » au service de son commissaire qui l’apprécie pour son originalité et sa subtilité. Il lui permettra même après un aller-retour dans la ville de son enfance, Chambéry, une petite excursion ethnologique et initiatique au Gabon sur les traces de la malédiction africaine.

L’auteur voulait nous faire approcher l’ambiance de la terre de son enfance dont il a gardé un très bon souvenir. Ses paysages, il les partage avec le lecteur. Les grandes étendues au-delà de la capitale, il nous les fait traverser en 4×4 ou même à pied. Il nous convie aux rites initiatiques, toujours avec bienveillance, nous offrant ici, une belle parenthèse intemporelle, éloignée du point de départ de l’action en Gironde.

Une série de meurtres en famille, les sortilèges mais aussi des paysages africains ou girondins capables d’apaiser, avec ce coup d’œil dans le rétro bien salutaire, ponctué de constatations climatiques ou sanitaires qui ne sont pas là accidentellement. Bref, un très bon moment de lecture, exotique et contemplatif avec notamment des personnages secondaires que l’on a plaisir à retrouver.

Je remercie l’auteur et les éditions Caïrn pour leur confiance.

7 réflexions sur “C’est pas sorcier, Guy Rechenmann

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