Endorphine, Christophe Gavat

Le livre : Endorphine de Christophe Gavat. Paru le 28 septembre 2022 chez Fayard dans la collection Fayard noir Policier. 18€.  (303 pages) ; 22 x 14 cm

4ème de couverture :

En ce mois d’avril radieux, le commandant Henri Saint-Donat est non seulement aux prises avec les démons de son passé, mais aussi avec des monstres bien réels.
Entre Marseille et Toulouse, son groupe de la Crim’ est confronté à un vaste réseau de proxénétisme qui sème les cadavres. Saint-Donat cependant est envoyé par sa supérieure à des milliers de kilomètres de là, au Québec, pour assister à un colloque de l’IPA, l’International Police Association, mais surtout pour faire la paix avec lui-même.
Par moins douze degrés, Saint-Donat en vient à se demander si après tant d’années de lutte contre le crime, ce rocher de Sisyphe ne serait pas trop lourd à porter. Mais il est rattrapé du jour au lendemain par son instinct de flic quand son plus proche collaborateur est enlevé et n’a plus que quelques heures à vivre.

L’auteur : né en 1966, Christophe Gavat est commissaire de police et un essayiste français.
Il entre dans la police en 1989. Lieutenant, il est en poste en région parisienne, puis à Lyon, au sein de la sûreté départementale. Il est décoré de la médaille d’honneur pour acte de courage et de dévouement en 1996, à la suite de son action lors d’un braquage de banque au cours duquel un de ses collègues est blessé.
Il réussit le concours de commissaire en 2002 et exerce à Cannes et à Perpignan. Il est nommé chef de l’antenne grenobloise de la police judiciaire en 2010. Après avoir été suspendu de ses fonctions à la suite de sa mise en examen, il est nommé directeur adjoint de la police aux frontières du département de la Guyane en 2012. Après avoir annoncé mettre un terme à sa carrière début 2014, il reprend du service le 15 septembre 2014 au commissariat d’Annecy.

Dans son premier livre, Flic un jour, flic toujours paru en 2013, quelques mois après sa mise en cause dans l’« affaire Neyret », il revient sur sa carrière, clame son innocence et critique la manière dont l’enquête a été menée. Les droits d’adaptation ont été achetés par Olivier Marchal. Il revient dans son second livre sur des anecdotes marquantes de sa vie de policier et porte un regard désabusé sur les institutions policière et judiciaire françaises. En 2021 son 3e roman Cap Canaille reçoit Le Prix du Quai des Orfèvres 2021.

Extraits :
« Le départ a été donné à deux pas de l’Évêché, l’hôtel de police de la ville où le commandant divisionnaire Henri Saint-Donat œuvre depuis trois ans au sein de la Brigade criminelle. Sa moto Honda Goldwing et lui se sont parfaitement intégrés à ce lieu mythique. Le vieux commissariat n’a rien perdu de sa superbe. Malgré les années, les tempêtes pagnolesques, les changements de couleur politique de la municipalité et les règlements de comptes, il se tient indéboulonnable face aux dangers, aux cris, aux pleurs, aux détonations et aux angoisses. Il reste indécrottable face aux ignominies, indifférent aux critiques et veille, comme une lumière inextinguible, sans distinction de race, de couleur et de religion sur Marseille, sa Bonne Mère, son Vieux-Port, son Vélodrome, ses cités nord, son mythique club de foot et ses 870 000 habitants. »
« Il commence à comprendre et ça lui fait peur. Il ne supporte plus. Il n’est plus en état d’accepter que quelqu’un s’octroie le droit d’enlever la vie à un autre. Avec une telle violence, une telle haine. Et ça le gêne. Il sent la sienne croître au fond de lui. Indéfectiblement, elle monte. Lui souffle des idées de rage, de fureur, d’extrême brutalité. Là, tout de suite, s’il tenait le salaud qui a fait ça à la gamine devant lui, Dieu et lui seraient les seuls à savoir de quoi il serait capable. »
« Il a eu fort à faire tout au long de sa carrière avec une kyrielle de chefs. Du méchant au con, de l’aigri au colérique comme de l’empathique à l’administratif. Le corps des commissaires n’a pas le monopole des gens stupides ou formidables. À l’image des autres corporations dans la police, comme dans la société, il y a de tout chez eux. »

 

La chronique jubilatoire de Dany

Endorphine de Christophe Gavat 

Le trio gagnant, catalyseur de nos actions c’est « adrénaline – endorphine – testostérone », cocktail capable de vous rendre indestructible et qui annihile la peur et le stress. Pour nos protagonistes l’endorphine se tient sur la première marche du podium et ne sera pas superflue dans la traque qui va se dérouler sous nos yeux, je devrai dire les traques. En effet, pour le côté exotique, notre commandant vieillissant Henri Saint-Donnat, va faire l’objet d’une invitation pour un congrès au Québec et devra laisser les clefs de son groupe marseillais de la crim’ au freluquet, son successeur potentiel. Contraint il est. Cependant, ce voyage est une aubaine pour tenter de terminer son deuil.

L’auteur nous immerge dans la pègre marseillaise, le proxénétisme et le sordide raffiné. Les paysages sont toujours aussi « bucoliques » que dans son précédent roman. Le Québec n’a ici rien à envier à la Cannebière, tout autant meurtrier et mystérieux.

De très bons personnages, attachants, au bord de la rupture et de la faute professionnelles tant ils sont poussés au-delà de leurs limites par la violence et la maltraitance, par la fatigue d’avoir à affronter des malfrats avec leurs faibles moyens. Critique ? l’auteur l’est assurément mais profondément humain et convaincu de la bonne voie à suivre. Côté québécois, froid et ripailles truculentes font bon ménage et distraient efficacement notre taciturne Henri au point qu’il sera amené à faire un choix déterminant pour son avenir.

Un très bon moment de lecture comme on peut s’en douter extrêmement bien documenté, un 5ème roman rythmé et visuel, un vrai polar comme on les aime, sur fond musical romantique et passionné ! Christophe Gavat fait partie du « club » des lauréats du Prix du Quai des Orfèvres avec Cap Canaille en 2021 : un label de qualité et de crédibilité.

Attention, à trop user d’endorphine, vous pouvez y devenir dépendant

Lu en version numérique

Je remercie les éditions #Endorphine #NetGalleyFrance et les éditions Fayard.

 Autres extraits
« Petit palmarès, mais des trucs sympas, assez originaux même.
— Du genre ?
— Extorsion, guet-apens, des trucs pensés quoi. Il s’est fait serrer par les collègues de Toulon. Il a pris quatre ans en tout. Il est sorti de rate depuis trois mois. C’est con, il aura pas vraiment eu le temps d’en profiter. »
« Il se souvient d’une époque, où les prisonniers qui sortaient de garde à vue n’avaient qu’une envie : se tirer loin de l’hôtel de police. Certains avaient même du mal physiquement à quitter les lieux, ils n’avaient pas envie de revenir pour aggraver leur état. La bonne époque. Il hausse les épaules. Les temps changent. Les délinquants aussi. Sans parler des flics. Y a même des gonzesses qui sont commandants maintenant. Mais elle va où la police dirigée comme ça ? Heureusement qu’il part à la retraite dans neuf mois. Il n’aura plus à supporter la déliquescence de cette institution où les fondamentaux partent en vrille. Des femmes dans la police et gradées en plus, c’est du n’importe quoi. »

5 réflexions sur “Endorphine, Christophe Gavat

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