L’attaque du Calcutta-Darjeeling, Abir Mukherjee

Le livre : L’attaque du Calcutta-Darjeeling de Abir Mukherjee. Traduit de l’anglais par Fanchita Gonzalez-Batlle. Paru le 17 octobre 2019 chez Liana Lévi. Réédité en poche le 15 octobre 2020 en Folio Policier. 8€50. (455 p.) ; 18 x 11 cm

4e de couv : 

1919. La Grande Guerre vient de se terminer en Europe. Après cette parenthèse éprouvante, certains Britanniques espèrent retrouver fortune et grandeur dans les lointains pays de l’Empire, et tout particulièrement en Inde. Ancien de Scotland Yard, le capitaine Wyndham débarque à Calcutta et découvre que la ville possède toutes les qualités requises pour tuer un Britannique : chaleur moite, eau frelatée, insectes pernicieux et surtout, bien plus redoutable, la haine croissante des indigènes envers les colons. Est-ce cette haine qui a conduit à l’assassinat d’un haut fonctionnaire dans une ruelle mal famée, à proximité d’un bordel ? C’est ce que va tenter de découvrir Wyndham, épaulé par un officier indien, le sergent Banerjee. De fumeries d’opium en villas coloniales, du bureau du vice-gouverneur aux wagons d’un train postal, il lui faudra déployer tout son talent de déduction, et avaler quelques couleuvres, avant de réussir à démêler cet imbroglio infernal.

 

L’auteur : ABIR MUKHERJEE est né en 1974 et il a grandi dans l’ouest de l’Écosse dans une famille d’immigrés indiens. Fan de romans policiers depuis l’adolescence, il a décidé de situer son premier roman à une période cruciale de l’histoire anglo-indienne, celle de l’entre-deux-guerres. Premier d’une série qui compte déjà quatre titres, ce roman a été traduit dans neuf pays.

 

 

 

 

 

Extrait :
Une foule d’autochtones s’est rassemblée. Une collection hétéroclite de badauds, de colporteurs et de femmes. Ils se bousculent pour s’approcher de plus en plus près, brûlant d’apercevoir le cadavre. La nouvelle s’est vite répandue. Comme toujours. Le meurtre est un bon divertissement dans le monde entier et là, à Black Town, on pourrait vendre des billets pour voir un sahib mort. J’observe pendant que Digby aboie à quelques agents locaux d’établir un cordon. Ces derniers à leur tour crient en direction de la foule et des voix étrangères les huent et leur lancent des insultes. Les agents jurent, ils brandissent leur lathi en bambou et frappent de tous côtés en repoussant peu à peu la populace.

 

Le post-it de Ge

 

L’attaque du Calcutta-Darjeeling, Abir Mukherjee

Aujourd’hui je vais vous parler d’un premier roman. Oh comme c’est étrange. Non ce qui est étrange c’est que j’ai autant attendu pour vous en parler. J’ai commencer ce formidable premier roman lors de sa sortie. Et puis je l’ai reposé pour pouvoir le reprendre plus tranquillement. Ne pas avoir à le lire conjointement avec d’autres polars parus à la même période. J’avais bien vu que ce livre allait me plaire après en avoir lu une soixantaine de pages histoire de me faire une idée. Aussi je l’ai ressorti de ma PAL fin janvier 2020 alors que j’étais en vacance. Et là effectivement ce que je pressentais 3 mois plus tôt allait ce confirmer. Ce premier roman est un pur coup de cœur. Mais alors me direz-vous pourquoi avoir attendu un an avant de nous en parler. Et bien parce que comme tant d’autres que j’ai lus voire adorés, je n’ai toujours pas pris le temps de vous en faire une courte chronique. Et ce matin, je préparais le Top 10 de la Grosse dame et ses polars pour notre blog et ce titre a été le premier auquel j’ai pensé. Du coup j’ai laisser de coté mon article sur les TOP 10 de la grosse dame et je me suis lancée dans cette chronique un peu bizarre pour vous inciter à découvrir ce super polar historique.

Alors de quoi ça parle :

Calcutta, 1919. A peine arrivé en Inde, où il a été muté après la fin de la Grande Guerre, le capitaine Wyndham enquête sur le meurtre d’un haut fonctionnaire britannique, retrouvé mort dans une ruelle. Dans la bouche du cadavre, se trouve un billet invitant les Britanniques à quitter le pays.

Voilà le pitch pour faire simple.

Mais le livre lui est bien plus foisonnant que cela. C’est même un magnifique voyage bigarré  dans l’inde coloniale que nous propose l’auteur.

Cette inde britannique qui commence sérieusement à vaciller. Le première guerre mondiale est passée par là et plus d’un million d’indiens ont été enrôlé dans la grande armée britannique. Et en 1915 un certain Gandhi revient d’Afrique du Sud et prône l’indépendance du pays.

Notre polar se déroule dans cette période agitée. En effet capitaine Wyndham débarque en 1919, une année noire où deux fait marquants réveille la conscience indépendantiste du peuple indien. En mars 1919 les lois Rowlatt donnent au gouvernement britannique le pouvoir d’emprisonner arbitrairement les agitateurs. En avril de la même année durant 3 jours des indiens indépendantistes font régner le chaos à Amritsar où des  violences meurtrières sont  commises dans cette ville contre des civils européens . Les soldats indiens du Raj britannique ouvrirent le feu sur ce rassemblement politique. L’auto mitrailleuse fit au moins 380 morts et plus d’un millier de blessés dans la foule.

Aussi lorsque notre ingénu capitaine arrive en Inde, il tombe sur une population hostile et des sujets britanniques près à tout pour rabaisser cette population indigènes qui leur est forcément inférieur. Et inférieur en tout point. Car disant-le le racisme est monnaie courante dans ce bel empire britannique.

Voilà pour le contexte politico-historique de notre polar historique. Et pour le reste…et bien c’est la plume et le style de notre auteur qui donne le ton à ce roman. Un roman qui ne manque pas d’humour, un humour tout british qui sait faire la part belle aux sarcasmes et à l’auto-dérision.

De plus l’auteur nous campe ici une galerie de personnages haut en couleur. Les trois policiers sont trois hommes totalement opposés, c’est cde qui fait le charme de leur échanges. Entre le colon anglais imbu de lui même et méprisant , un brin lourdaud, misogyne  et raciste, l’inspecteur Didby et le jeune indien instruit à dans les meilleurs université anglaises, le sergent Banerjee et le fraichement  débarqué Capitaine Sam Wyndham, un brin candide et totalement dévasté par ce qu’il a vu et vécu durant le premier conflit mondiale où il a tout perdu. Sam qui va trouvé un peu de réconfort dans les fumerie d’opium histoire d’oublier les atrocité de la guerre mais aussi celle du monde dans lequel il vit. Car Wyndham est sans doute un idéaliste qui ne rentre pas totalement dans le moule dans lequel en l’a mis.

Et puis il y a l’inde ou plus exactement le Bengale, cet état indien flamboyant. Il y a la magie des couleurs, des odeurs, des sons et les croyances de ce pays multiforme qui bousculent les certitude de notre héros. Et Calcuta est ici l’écrin où se joue notre intrigue, un décor chatoyant et une ambiance inquiétante juste comme il faut pour nous faire vivre cette enquête somme toute classique mais réellement envoutante dans la dangereuse moiteur de l’Inde coloniale 

Je crois avoir fait le tour de ce qu’il ne reste comme souvenirs un an  après la lecture de ce somptueux premier polar qui au-delà du suspense, est une véritable plongée au cœur des petits royaumes de l’Inde traditionnelle des années de l’entre deux guerre, et une subtile analyse de l’impossible coexistence entre Britanniques et Indiens.

Maintenant me reste à sortir le second opus qui dort lui aussi dans ma PAL depuis sa sortie mais qui va pas tarder à faire surface. Je repart bientôt en vacances ! hihi

 

 

7 réflexions sur “L’attaque du Calcutta-Darjeeling, Abir Mukherjee

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