Terra Nullius de Victor Guilbert

Le livre : Terra Nullius de Victor Guilbert – Paru le 03 mars 2022 chez Hugo Roman – collection Hugo Thriller – 19.95 €. (345 pages) ; 21 x 14 cm

4ème de couverture :

Hugo Boloren a perdu la bille. Celle qui l’accompagne dans ses enquêtes et qui fait « ding » pour le mettre sur la bonne piste. Alors il erre dans le commissariat, neurasthénique, au grand dam de Lulu la stagiaire. Même ses carrés de chocolat échouent à le remettre d’aplomb. Il est temps de changer d’air. Justement, le commissaire Grosset a obtenu pour la mère d’Hugo un rendez-vous dans la clinique lilloise d’un spécialiste de la maladie d’Alzheimer. La veille du départ, Boloren apprend qu’un garçon d’une dizaine d’années, Jimcaale, vient de se faire agresser dans une immense décharge publique coincée à la frontière franco-belge et jouxtant un étonnant camp de laissés-pour-compte. L’instant d’Hugo lui murmure d’aller jeter un œil à cette intrigante Terra Nullius, un territoire sans maître ; sans se douter que l’attend là-bas l’affaire criminelle la plus sordide de sa carrière.

L’auteur Victor Guilbert est concepteur-rédacteur et auteur.
C’est grâce au théâtre qu’il fait ses premiers pas dans le monde de l’écriture en proposant des pièces qui seront jouées entre Paris, la Normandie et même jusqu’à Shanghai.
Il se lance par la suite dans la rédaction de textes de chansons, sketchs, nouvelles, dont certaines primées, et rédige des articles pour divers blogs.
En 2017 sort son premier roman, L’histoire fabuleuse du Français insouciant devenu Chinois insurgé, aux éditions Hikari.

 

Extraits :
« — La bille ?
— Oui. Elle vient se poser au sommet de mon crâne en même temps qu’une pensée qui refuse de se dévoiler. Puis elle entame sa descente sur une rampe. Jamais la même. Elle s’élance parfois à pleine vitesse, parfois très lentement, et elle passe par toutes sortes d’obstacles qui la ralentissent et la nourrissent à la fois. Elle va par exemple cogner un pan de bois qui va renverser une tasse d’eau qui va elle-même propulser la bille plus loin. Je la laisse poursuivre sa course le temps qu’il faut, quelques minutes ou quelques jours, je l’oublie dans un coin de mon cerveau, jusqu’à ce qu’elle réapparaisse et frappe la cloche.
— Quelle cloche ?
— Celle qui fait « ding » en même temps que la pensée se dévoile. Avec le temps, ma bille s’est renforcée. Elle est plus fiable, même si elle n’est pas rapide. Elle ne le sera jamais. Ce n’est pas son objectif. La bille, ce sont mes pensées qui s’ordonnent pour m’en livrer une autre plus grande, plus essentielle.
J’ouvre la boîte en métal et j’en sors un carré de chocolat que je glisse dans ma bouche. Je le laisse fondre lentement en contemplant le sol sablonneux à mes pieds. Solange vient de réaliser que mon étui à cigarettes est à chocolat. »
« Côme a déjà commandé une tournée de bières que la serveuse propulse sur notre table sans faire tomber la moindre goutte. Je suis sensible à cet art de la dextérité bistrotière. « Bière de Snick, la lambic authentique qui tombe à pic » est inscrit en lettres rouges sur les verres. La serveuse zélée précise à mon intention qu’en vrai, c’est pas une lambic, c’est pour la rime. On lève nos pintes en attendant que l’un de nous lance une sentence à-propos. Rien ne vient, alors on hoche la tête, on ferme les yeux et on savoure la première lampée de Snick.
L’amertume fraîche me saisit agréablement le gosier et je me plonge dans la lecture des noms de bières du Nord listées par dizaines dans le grimoire. »

  La chronique jubilatoire de Dany

Terra Nullius de Victor Guilbert

L’auteur récidive en aménageant le « huis clos ». Dans Douve il nous avait entrainé au bout de nulle part. Dans cette suite, nous visitons un « non-monde ». Avant Schengen entre deux pays il y avait le « no man’s land », une zone entre les deux frontières. Maintenant entre la Belgique et la France, il y a Terra Nullius, un territoire non revendiqué et à la gouvernance douteuse, aux mains d’une économie parallèle.

Comment tirer le meilleur parti de la misère du monde ? Un apprenti super-héros va en faire les frais, un gamin d’une dizaine d’année qui va nous émouvoir et nous faire réfléchir à l’avenir que nous accordons aux laissés pour compte.

Boloren est affectivement perdu : ses références sont soit à Shangaï, soit en perte de mémoire. Il a gardé son addiction au chocolat millésimé et devient adepte de la bière lilloise, au prix d’une belle série de gueules de bois.  Celui qui nous avait ému dans Douve, retrouve comme auxiliaire pour la résolution de ses enquêtes une improbable bille qui se balade dans son subconscient, matérialisant ses angoisses et débloquant son intuition. Il est particulier Boloren, lunaire et pragmatique ! Il s’entoure d’adjoints improbables : une stagiaire et un accro aux faux témoignages. Il peut aussi compter sur sa mère, ancienne journaliste d’investigation, qui découvrira de nouvelles pistes pendant ses rares moments de clairvoyance.

Notre enquêteur borderline, va sinon prendre fait et cause pour les miséreux, mais voir avec bienveillance les modes de survies des bidonvilles, peuplés de seconds rôles bien barrés. Il nous propose un dénouement à la mode Hercule Poirot qui aurait pu être un peu plus rythmé pour répondre aux attentes des lecteurs pris pas ces 345 pages.

Un agréable moment de lecture qui m’a remémoré avec plaisir ma ville natale et ses spécialités culinaires …

Lu en version numérique 9.99 €

Je remercie les éditions Hugo pour leur confiance

 

Autre extrait :
« J’allume la petite radio sur ma table de nuit, cadeau de mon père à l’adolescence. Les transistors des années quatre-vingt-dix tiennent plus longtemps que les portables sortis il y a trois ans. J’ai le cerveau plein de réflexions de vieux depuis ma récente arrivée dans le club des quarantenaires. J’attrape un chocolat que je coince entre l’index et le majeur, parce que j’aimerais que ce soit une cigarette, et que je laisse fondre, parce que c’est du chocolat.
J’attends qu’un journaliste annonce un élément nouveau dans l’affaire du camp de laissés-pour-compte lillois. Les publicités pour des assurances automobiles et des banques en ligne se succèdent. Je me laisse bercer par les jingles et les voix exagérément enjouées à l’idée de souscrire. »

7 réflexions sur “Terra Nullius de Victor Guilbert

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