La GAV : Céline Denjean sous le feu des flingueuses, 1ère audition. 1/4

Bonjour les polardeux,

autant vous prévenir tout de suite durant 48 heures nous allons être coincées avec Madame Céline Denjean.

Oui je sais il y a pire !

Mais nous l’avons mise en Garde à vue.

La GAV : @Céline Denjean sous le feu des flingueuses 1ère audition. 1/4

Début de la Garde à vue de Madame

Céline Denjean

1e interrogatoire par Geneviève notre porte flingue

Petite précision avant de commencer cette première audition, chaque entretien n’a duré qu’une heure cette fois.

Habituellement nous interrogeons nos auteur-e-s suspect-e-s pendant deux heures.


Allez place à la GAV de Céline Denjean

Geneviève : Hello le gang.  Y aurait-il une flingueuse pour faire entrer notre Suspecte ce matin ?

Dany : Yes Cheffe, la voici notre suspecte !

Geneviève : Parfait Dany !

Céline Denjean : bonjour

Geneviève : Bonjour Céline, salut les flingueuses présentes derrière la vitre teintée. Ce matin si vous le voulez bien, je vais poser les bases de cette « Garde à vue » et ensuite, on démarrera en douceur.
La GAV c’est 4 interviews d’un même auteur par 4 flingueuses différentes.
Deux jours durant nous allons kidnapper Céline Denjean, durant environ 4 fois 1 heures.
Et Céline…C’est avec moi que tu vas démarrer ce premier interview à bout portant !
Et à vrai dire ce sera notre première rencontre !

Céline : exact… on ne s’est pas encore parlé

Geneviève : Non jamais, et j’avoue ça commence fort ! Te mettre en garde à vue c’est pas banal !

Céline : ça ne l’est pas (encore) pour moi non plus.

Geneviève : Pas d’inquiétude, normalement ce premier interrogatoire se passe en douceur.

Céline : ok

Geneviève : On va apprendre à te connaitre.
Et à savoir quel est ton penchant pour le livre et ton rapport aux livres.

Céline : ça marche

Geneviève : Aussi pour démarrer, j’aimerai que tu nous parles de toi. Je veux tout savoir. Qui es-tu ? Où es-tu née ? Tes études, ton parcours, enfin tout ton pedigree ?

Céline : Il paraît qu’en GAV, on peut user du droit à garder le silence…

Geneviève : On peut même faire appel à un avocat.

Céline : Oui, mais il n’a pas le droit d’intervenir… Juste garantir que la procédure est respectée !

Geneviève : C’est cela !

Céline : En quelques mots rapides car mon parcours n’est guère fascinant :
je suis née à Toulouse, le 16/11/1974, j’ai fait des études de droit, puis d’éduc spé. Ensuite j’ai géré des établissements accueillant des enfants avec déficience intellectuelle et handicaps associés

Parallèlement, je me suis mise à écrire…

Geneviève : « Pas fascinant », ça c’est toi qui le dis, nos lecteurs et surtout lectrices sont très curieux, surtout avec le parcours que tu viens de nous décrire.
Une trajectoire tournée vers les autres ?

Donc une envie de s’engager pour autrui, c’est ça ?

Céline : une certaine sensibilité, une réelle curiosité et un profond désir de comprendre l’Humain…

Geneviève : Pourquoi du coup le droit plutôt que la psycho ?

Céline : J’avais besoin d’un cadre… même si je ne le savais pas à ce moment-là.
Et le droit, c’est aussi en lien profond avec les autres, la transgression, les dimensions sociales…
Ce n’est pas si éloigné des questions psychologiques et sociologiques.
Le droit est une porte d’entrée sur les maux sociaux, les passages à l’acte, le rapport à l’interdit… bref, c’est hyper enrichissant sur le plan humain

Geneviève : C’est vrai, une autre approche de notre société. Mais pourquoi avais-tu besoin d’un cadre, d’être cadrée à l’époque ?

Céline : j’use de mon droit à garder le silence 🙂
Je n’aime pas parler de mon intimité

Geneviève : Ok, je respecte.

Céline : merci

Geneviève : Alors dis-moi, étudier le droit t’a servi dans ta carrière mais alors est ce qu’il t’a été utile dans ton écriture pour, par exemple mieux le contourner dans la fiction ?

Céline : Pour contourner le droit (dans la vie ou dans la fiction) il faut vraiment très très bien le connaître !!! Mes connaissances ne sont pas étendues pour cela. En revanche, le droit m’a beaucoup aidée à structurer mes raisonnements, à comprendre la société… et il a aussi soulevé des interrogations. Finalement, il en a tellement soulevées, que je me suis pas sentie capable d’exercer un métier de droit !!!

Geneviève : De quels tenants ces interrogations ?

Céline : Les questions de justice, de sanctions… c’était trop tranchant pour moi. Décider de condamner un homme…
Décider de défendre un homme…
Je n’étais pas faite pour cette approche qui demande des certitudes… en tout cas, suffisamment de certitudes pour revêtir une robe de magistrature ou préparer un plaidoyer !
En revanche, le droit me sert, oui, dans mes fictions.
Je peux faire des recherches et comprendre ce que je lis ! Ce qui n’est pas donné à quelqu’un qui n’a jamais ouvert un code !

Geneviève : C’est aussi ces interrogations qui t’ont fait t’engager vers les autres ? Peut-être même les plus démunis…

Céline : Oui. Il était plus simple d’accompagner et d’essayer d’aider, de tendre vers un mieux…
« simple » = économie de questions éthiques soulevées plus haut

Geneviève : D’où te vient ce besoin d’aider, d’accompagner ?

Céline : Je vais répondre de manière générique parce que mon intimité ne regarde que moi. Je pense que j’essaye de donner ce que j’ai eu la chance de recevoir de certains quand j’en avais besoin !

Geneviève : Nous sommes d’accord. …  Un cercle vertueux en somme !

Céline : Cela supposerait (puisque tu emploies le mot « vertu ») un processus plus intellectuel ou moral que viscéral…Or, je pense que l’inclinaison aux autres est avant tout émotionnelle. Ceux qui prêchent le bien, les tenants de la pensée morale, ne sont pas souvent les plus grands « aimants ».

Geneviève : Là-dessus je ne peux pas te contredire

Céline : Très tôt, en cours d’école, j’ai été heurtée par la violence du monde et des autres… Je regardais les « victimes » de la cour de récré et je me disais : pourquoi ? Et je parle d’un temps où la question de la morale n’était pas encore structurée chez moi. C’était plus émotionnel ; c’était empathique.
Et je jouais avec tous ceux qui étaient rejetés… parce que je comprenais qu’ils souffrent

Geneviève : Dois-je en déduire que tu fonctionnes aux émotions, à l’instinct ?

Céline : oui. Même si je suis capable d’intellectualiser !

Geneviève : Ça aussi j’ai vu ! 😉

Céline : mais, spontanément, je procède davantage du quotient émotionnel que du QI…
Dans l’écriture, cette tendance est un atout (je crois)

Geneviève : L’intelligence du cœur ?

Céline : Elle me permet de me mettre « à la place » des personnages.
Oui, certains appellent ça l’intelligence du cœur.
Mais c’est prétentieux de dire qu’on l’a !
Parce que l’intelligence du cœur doit s’ignorer.
Il faut être humble pour avoir cette intelligence !!!
Quelqu’un qui se dirait « j’ai l’intelligence du cœur » ne pourrait qu’en manquer… je crois !

… Je vous saoule ?

Geneviève : Oh que non tu ne me saoules pas !

Céline : C’est un peu comme si l’abbé Pierre disait de lui qu’il est un homme bon !
Ce sont aux autres de le dire…

Geneviève : Je vois le principe

Céline : Donc, pour boucler, je préfère dire que je procède plus d’un quotient émotionnel qu’intellectuel…

Geneviève : Et donc tu nous laisses les déductions à en tirer ! 😉 😛        
Au fait pardon mais depuis le début je te tutoie, cela ne te gêne pas j’espère ?

Céline : On peut avoir un quotient émotionnel important et faire les pires des choses !!! La vengeance, par exemple relève beaucoup de l’émotion !
Je veux dire que les émotions et la sensibilité ne génèrent pas forcément le « bien et la vertu » !!!
Donc, avant de tirer des conclusions sur moi… Il faudrait me voir être dans la vie… ce serait peut-être une bonne base pour dire si j’ai ou non cette fameuse intelligence de cœur !
…ou interviewer mes amis

Geneviève : Oui mais là c’est toi que je passe à la question 😜

Céline : j’essaie de répondre honnêtement !!!

Geneviève : Et j’apprécie ta sincérité.

Céline : 🙂

Geneviève : Bon j’arrête de te torturer. Surtout que mon job, c’est de savoir qu’elle est ton rapport avec le livre mais aussi avec la lecture.

Céline : J’ai grandi dans les livres. Avec des grands parents anciens libraires. Donc le livre, c’est un peu le grand frère, un objet familier et source d’évasion et de fantastiques aventures

Geneviève : Et d’ailleurs, peux-tu me dire quand tu as eu ta première émotion de lecture ?

Céline : Très tôt. Dès que j’ai lu les premiers Oui oui !!! Comme je l’ai dit, quotient émotionnel très fort. J’ai adoré Oui oui !!!
Puis, après, Le club des cinq, Alice détective, Bennett.
On écrit pour essayer de faire naître les émotions que l’on a connues en lisant, je crois.
Evidemment, les émotions évoluent avec l’âge !

Geneviève : A ton avis quel a été le livre fondateur pour toi ?

Céline : Je réfléchis…
Si je suis vraiment honnête, je dirais que les textes de Brassens ont été fondateurs… du coup, on quitte le champ de la lecture pour celui de l’écoute.

Geneviève : Tu peux en avoir plusieurs

Céline : mais c’est beaucoup plus vrai que si je donnais le nom d’un bouquin

Geneviève : Et un texte reste un texte

Céline : Il faut savoir que j’ai littéralement grandi avec les textes de Brassens… et donc qu’ils m’ont vraiment bouleversée, questionnée, happée, enchantée… bref ! des textes fondateurs.
Parmi eux, notamment : Stances à un cambrioleur, Supplique pour être enterré à la plage de Sète, Pauvre Martin.
Les textes de Brassens, pour beaucoup, sont très sociaux !

Geneviève : Toujours cette question du questionnement ?

Céline : Stances à un cambrioleur est un texte qu’a écrit Brassens suite à un cambriolage dont il avait été victime. Il écrit à son cambrioleur et il lui dit qu’il le pardonne. Il le fait avec énormément d’humour. Mais c’est avant tout l’Humanité qui transpire de ce texte qui est impressionnante. Je vous invite à le découvrir

Ici par exemple !

Geneviève : Moi aussi j’invite nos lecteurs à découvrir ce texte. C’est avec lui que j’ai appris ce qu’était un monte-en-l’air…

Céline : ravie de voir que quelqu’un connaît !

Geneviève : Brassens a aussi bercé mon enfance

Céline : donc tu comprends !

Dany : Ben moi aussi je connais, j’avais l’intégrale de Brassens qui tournait en boucle sur mon lecteur de cassettes du temps où …

Geneviève : Oui même si à l’adolescence j’ai été plus Lavilliers 😉

Dany : Oh la gamine ! … Désolée

Geneviève : Une ouverture sur le monde vue de ma campagne

Céline : oui, les textes de Brassens sont des ouvertures sur des réalités

Geneviève : Mais revenons à nos bouquins !

Céline : Il est déjà 10H03…
Je dois rentrer en correction de mon futur bébé. Mon dernier manuscrit tout juste fini

Geneviève : Juste une dernière question.
As-tu fréquenté les bibliothèques, si oui que t’ont elles apporté et crois-tu qu’elles aient un rôle à jouer dans la société ?

Céline : J’ai fréquenté les bibliothèques… mais j’avais beaucoup de livres chez moi, donc je ne peux dire que j’étais un rat de bibliothèque. En revanche, certains gamins n’ont pas de livres chez eux. Et je crois qu’il est FONDAMENTAL de permettre aux jeunes et ensuite aux personnes sans trop de moyens d’accéder aux livres facilement et gratuitement.
Donc les bibliothèques sont un pilier entier de la démocratie, de l’accès à la culture, au divertissement, à l’évasion…Le support écrit est fondamental pour structurer les esprits. On voit le mal que font les écrans. Certains jeunes ne connaissent même plus la lecture. Donc, les bibliothèques sont un vrai rempart à promotionner

Geneviève : Merci Céline pour ce temps accordé que je sais précieux.

Céline désolée. Mais c’est vrai que je ne peux guère faire mieux.
Merci à vous.
Mais je retrouve certaines d’entre vous à 14H, c’est ça ?!

Geneviève : Juste, je voulais te dire une chose que j’ai ressenti tout au long de cet entretien. Je n’arrive pas à savoir si tu as été sur la défensive ou si tu as une sorte d’humour décalé, une forme de dérision.  Si tu te protèges derrière l’humour ?

Céline : l’humour est mon meilleur ami !!! 🙂

Geneviève : Alors merci vraiment pour ce que tu nous as donné là

Céline : et oui, j’ai un humour décalé !!! N’est-ce pas Danièle ?

Dany : C’est pour ça qu’on s’aime ………

Geneviève : RDV 14h avec Aline

Céline : Ça marche ! A toute

Geneviève : Et si vous le permettez Mesdames, je déclare la fin de la première audition

——————fin de la séquence 1 —————

Une réflexion sur “La GAV : Céline Denjean sous le feu des flingueuses, 1ère audition. 1/4

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