La GAV : Céline Denjean sous le feu des flingueuses, troisième audition. 3/4

La GAV : Céline Denjean sous le feu des flingueuses, troisième audition. 3/4

Suite de la Garde à vue de Madame

Céline Denjean

@Jean-Pierre Montagné

Suite de la Garde à vue de Madame

Céline Denjean

3e interrogatoire par Mamie Danièle

La GAV, Garde à vue d’un auteur par Collectif polar c’est : 4 interviews d’un même auteur par 4 flingueuses différentes.

La GAV c’est des interviews en direct, du vrai live, en conditions réelles.

Durant 2 jours nous kidnappons en quelques sorte un auteur de polar.

Nous lui demandons de nous consacrer au minimum 4h de son temps sur les deux jours que dure la Garde à Vue.

Et durant ce temps nous lui posons une série de questions en batterie auxquelles il ou elle doit répondre instantanément. Nous ne lui laissons pas le temps de réfléchir à ses réponses. C’est un échange en live. Comme sur un plateau, sur un salon. C’est pas préparé,  ce que l’on recherche c’est la spontanéité. Et croyez moi au réveil ou en fin de journée, nos auteurs sont comme nous, soit pas bien réveillés soit crevés de leur journée. Et là nous les cueillons !

Nous recueillons leurs confidences.

Et c’est celles-ci que nous vous proposons en direct live. ( enfin presque juste en léger différé).

Nous continuons à vous proposer la retranscription de ces 4 interrogatoires sur 2 jours, 1 en matinée et un le soir entre hier matin et cet après-midi.

Allez, place à la GAV de Céline Denjean

Dany : Qu’on aille me réveiller la prévenue !

Céline : bonjour à toutes

Dany : Bonjour Céline ! Bien dormi ?

Céline : un peu lourdement… je suis malade ^^ Mais ça va aller

Fanny : Bonjour

Céline : j’ai pris des cachets

Dany : Tu vas t’endormir en audition …

Céline : j’espère que non !

Dany : Alors Madame l’auteure, est-ce que tu fréquentais les salons quand tu n’étais que lectrice ?

Céline : absolument pas… Pour être honnête, j’ignorais totalement le fourmillement autour des livres

Dany : et te souviens-tu de ton premier salon donc, en tant qu’auteure ?

Céline : j’ignorais qu’il y avait tant d’assidus fidèles, d’afficionados allant de salons en salons ! ça m’a fait bizarre de repérer toute m’activité inhérente aux livres. En tant qu’auteure, mon premier salon a eu lieu à Revel, au nord de Toulouse. C’était un petit salon avec peu d’auteurs édités… beaucoup d’auto-édités. J’en garde un souvenir sympa puisque c’était mon premier salon !!!

Dany : tu aimes l’ambiance ? la confrontation ?

Céline : la confrontation ???

Dany : la confrontation d’idées quand le lecteur n’a pas compris ton message

Céline : Je n’ai pas l’impression de « me confronter » au public ! Je vais à sa rencontre, c’est différent. Généralement, les gens sont bienveillants. Si le lecteur n’a pas compris mon message, j’essaie de l’éclaircir.

Dany : tu en tiens compte pour la suite ?

Céline : mais, en vrai, il existe deux options : soit, je me suis mal exprimée, soit je suis face à quelqu’un qui ne sait pas vraiment lire. Ça dépend de l’option ! Si je me suis mal exprimée, alors, j’en tiens compte.
Par exemple, dans Double amnésie, il y a une révélation qui est suggérée et non écrite noir sur blanc… un certain nombre de lecteurs n’a pas su « lire » cette suggestion… et il y a eu beaucoup de questions. Pour autant, je ne suis pas certaine que je ferais autrement si le choix m’était laissé, parce qu’il y a aussi tous ceux qui ont compris !!! Et je ne vois pas pourquoi je devrais « simplifier »…

Dany : tu as un souvenir, une anecdote avec un lecteur ?

Céline : non, pas d’anecdote sur ce point… j’en ai, mais sur d’autres points !

Dany : Je me souviens bien de notre 1ère fois, à Blaye, j’avais fait la bise à tes 2 voisines que je connaissais et un tout petit salut à toi et … tu m’as (gentiment ) engueulée pour favoritisme ! Depuis en saison de salons on se voit presque toutes les semaines !!!!!!!

Céline : tout à fait ! J’ai un humour parfois corrosif !!!

Dany : J’aime !

Céline : tu as dû te dire que j’étais frappée !!!

Dany : ton 1er salon, tu avais le trac ? Parce que nous les lecteurs on a le trac …

Céline : le trac sur mon premier salon, oui. Je ne savais pas trop ce que les gens allaient attendre de moi. J’ai décidé d’être naturelle, moi-même, et ça l’a fait !

Dany : Je confirme

Céline : les gens sentent si tu n’es pas toi-même, je crois vraiment qu’ils apprécient de rencontrer des auteurs authentiques. Qu’ils cherchent un échange sincère après, on n’est pas tous égaux, certains auteurs sont plus réservés, c’est dans leur nature !

Dany : et tes pairs, les premiers voisins de table … parle-moi des premiers auteurs-confrères avec lesquels tu as échangé

Céline : euh… Nicolas Lebel ! Il était dans la même Maison d’Editions que moi. C’était chouette, parce qu’il connaissait déjà le milieu et qu’il m’a montré comment ça fonctionnait. En plus, lui est super naturel, donc, pour le coup, c’était facilitant.

Dany : Je pense que votre humour vous rapproche naturellement

Céline : oui, exact, on a un humour raccord !

Dany : Tu aurais l’idée d’un roman à 4 mains avec lui ou un autre ?

Céline : bon sang, c’est fou, cette question n’arrête pas ! Eh bien, je vais répondre ce que j’ai donc eu le temps de réfléchir. Oui, ça pourrait me tenter, mais il faut rencontrer la bonne personne. Quelqu’un qui ait un imaginaire compatible avec le mien, une manière de travailler compatible aussi et quelqu’un qui soit capable d’une grosse exigence … parce que je suis assez chiante.

Dany : Non !

Céline : Je mets la barre assez haut, je ne bâcle pas. Je ne m’assois pas sur des détails de procédure parce que ça m’arrange, je ne survole pas mes sujets, je ne fais pas de digest psychologique, profil café du commerce du coin et donc je suis souvent agacée par certaines facilités que je trouve dans des bouquins.
Pour moi, « grand public » ne signifie pas « survol »

Dany : Lorsque tu élabores ton projet : à quel moment choisis-tu le lieu de l’action ? Faut-il qu’il te soit familier ?

Céline : le lieu doit entrer en résonnance avec mes émotions. Généralement je choisis un environnement que je connais bien et qui rentre en concordance avec l’ambiance que je souhaite donner. Le lieu est défini d’entrée de projet d’écriture

Dany : Oui mais as-tu déjà envisagé d’expatrier tes personnages hors du sud-ouest ?

Céline : J’ai expatrié mes personnages en Bretagne parce que je connais très bien et que j’aime énormément la Bretagne (dans Double amnésie).
Si je devais écrire sur une terre hors France, ce serait probablement l’Irlande ou l’Ecosse, mais, vu que c’est à la mode… je vais éviter ! Je pourrais envisager une incursion en Suisse ou en Allemagne, pourquoi pas !

Dany : Au commencement du projet : un synopsis précis et tu connais précisément la fin ou des personnages, un sujet et tu laisses faire au fil de l’écriture ? Un tableau sur le mur de ton coin bureau ou des post-it partout jusque dans la salle de bains ?

Céline : j’ai une intention et une destination, mais je ne sais pas exactement le chemin que je vais emprunter pour y parvenir. Les personnages me surprennent souvent : ils s’épaississent au fil des pages et m’amènent souvent à réfléchir autrement que je l’aurais envisagé au début. Donc je les laisse faire, tout en allant vers la direction que je me suis fixée ! Savant équilibre à trouver.
Je n’ai pas de plan détaillé au démarrage, ça limiterait mon imaginaire. J’ai un tableau blanc où je peux coller des post-it. Mais l’essentiel de l’organisation se passe dans ma tête.

Dany : Pas de cahier de notes magique ?

Céline : Le tableau sert plutôt à répertorier les idées et séquences. J’ai des cahiers où je verse des idées, des notes, mais ça ne m’aide pas à structurer mes trames. C’est plus clair dans ma tête que sur les cahiers.
Etrange hein ? Mais c’est la vérité.

Dany : Pendant la conception de ton roman, tu es plutôt « ermite » ou tu ne changes rien à ton rythme de vie et à ta vie sociale ?

Céline : ermite, ce qui correspond d’ailleurs à un pan de ma personnalité, l’autre pan est inverse : très sociable, aimant recevoir, faire la fête

Dany : C’est pour ça que tu as quitté la ville ?

Céline : J’ai quitté la ville car j’avais envie d’une vie plus simple, moins agressante, moins speed. Ayant décidé de quitter mon travail, je voulais un environnement propice à la création, tranquille. En ville, même faire des grosses courses est compliqué, tu perds un temps fou pour tout.

Dany : elle t’inspire d’avantage cette nouvelle vie ? Elle a modifié ton inspiration, ton imaginaire ?

Céline : Elle n’a pas modifié mon imaginaire, elle l’a soutenu. J’ai plus de temps, moins de stress

Dany : plus de sérénité aussi.

Céline : plus de disponibilité mentale

Dany : le confort quoi !

Céline : ça dépend des gens, pour moi, je dirais oui. Mais il y a 10 ans, je n’aurais pas vu les choses comme ça. Et puis, il faut dire que mon activité d’auteur a une part « publique » très importante. Je bouge beaucoup : hôtel, public, rencontres…

Dany : du coup, ton regard sur le monde et ses tracas a changé ?

Céline : je ne suis donc pas « enterrée » dans les Pyrénées, mon regard n’a pas changé, c’est mon environnement qui a changé et qui facilité l’expression de mon regard. Ah, mon regard par rapport à il y a 10 ans ! oui, il a changé, disons que mes attentes et ma réalité de travail m’ont amenée vers un besoin de tranquillité.

Dany : en parlant de tes personnages, tu as dans quelques romans un héros récurrent. Ce choix s’est imposé à toi ou était-il délibéré ?

Céline : ce choix m’a été suggéré par mon éditrice. Je n’étais pas du tout partie pour ça.

Dany : pour fidéliser le lecteur ?

Céline : le public aime bien retrouver des personnages. Du coup, j’ai adopté Eloïse, et maintenant j’ai créé Louise.

Dany : le héros récurrent, c’est à double tranchant, s’il souffre, on sait qu’il va s’en sortir

Céline : pourquoi ? J’ai pensé à faire mourir Eloïse. Finalement, j’ai préféré un nouveau personnage

Dany : c’est ça, les lecteurs peuvent plébisciter le retour d’un héros qui était mourant en fin de roman (ex chez Lebel).

Céline : je ne pense pas faire revenir Eloïse. Je n’ai pas de grosse accroche avec ce personnage. 

Dany : quand tu élabores tes romans, au-delà de la documentation, est-ce que tu as recours à des « experts » ?

Céline : oui, de plus en plus

Dany : ils te font bon accueil ?

Céline : l’avantage, c’est que plus on écrit, plus on rencontre de professionnels ; Eh oui, généralement ils sont contents de nous éclairer

Dany : c’est un côté passionnant du job !

Céline : oui, c’est chouette et ça sécurise, on sait qu’on n’écrit pas n’importe quoi. Pour mon manuscrit en cours de correction, j’ai sollicité une légiste et une commandante de gendarmerie. J’ai sollicité un infirmier en réa, aussi !

Dany : ça peut t’ouvrir d’autres perspectives pour d’autres histoires à nous raconter

Céline : jusqu’à présent, ça ne m’a pas donné d’idées. Faut dire que le choix de mes sujets doit vraiment entrer en résonnance avec mes centres d’intérêt. Il faut que le sujet me questionne vraiment, qu’il porte en lui le germe d’une histoire.

Dany : Tu m’avais dit que ton projet de série TV sur Cheptel n’avait pas abouti … d’autres projets en images ?

Céline : pour le moment, pas d’adaptation en vue. Dommage, mais il faut savoir que les adaptations qui aboutissent sont exceptionnelles : une option est juste une option ! Il y en a beaucoup ! Mais peu arrivent au projet final.

Dany : Je questionne maintenant la personne que tu es, serais-tu prête à mettre ta notoriété au service d’une cause d’intérêt général ?

Céline : certainement, mais ma notoriété aujourd’hui est bien trop limitée !!!

Dany : Ben non, tu montes en flèche actuellement …

Céline : disons que pour l’heure, je ne suis pas certaine que mon nom apporterait beaucoup. Je rajoute qu’il faudrait que la cause en question entre dans mon champ de convictions. Demain peut-être !

Dany : Laquelle, quel domaine ?

Céline : le handicap, l’autisme, l’exclusion sociale, les violences faites aux enfants

Dany : pourquoi je ne suis pas surprise …

Céline : le champ est vaste, les injustices sont pléthore

Dany : Maintenant : un coup de gueule et un coup de cœur …

Céline : un coup de gueule : les réseaux sociaux. Ils me fatiguent, j’ai du mal à gérer les intrusions. Tu n’imagines pas le nombre de sollicitations directes via MSN… C’est une réalité qui m’agace. J’ai parfois l’impression d’être un objet. Et puis, on lit beaucoup de conneries dans les RS. Les gens n’ont pas de filtre, ils sont hargneux, offrent des jugements à l’emporte-pièce. Je lis parfois des choses qui me laissent interdite.
Un coup de cœur : un projet qui est en train de se monter à côté de chez moi et qui concerne les personnes avec autisme. Il s’agit d’habitats inclusifs qui permettront à des personnes différentes de vivre dans une norme sociale et de bénéficier d’un parcours promotionnel.

Dany : combien de personnes hébergées ?

Céline : 25, mais il y aura d’autres types de personnes que les autistes. Il y aura des personnes âgées, des primo accédants à la propriété, des personnes à mobilité réduite. En tout, 95 personnes concernées : un vrai programme !

Dany : Très beau programme !

Céline : mon conjoint travaille bénévolement au projet.

Dany : Maintenant et pour conclure cette audition, y a-t-il une question à laquelle tu aurais aimé répondre et que je ne t’ai pas posée, sachant que Fanny te parlera cet après-midi de tes projets ?

Céline : c’était une GAV pêchue ! je ne vois pas immédiatement quelle question tu ne m’aurais pas posée…C’est dommage que le prévenu ne puisse pas poser une question aux interrogateurs !

Dany : On verra ça tantôt …
Alors je te laisse rejoindre ta cellule et nous te disons à 14h avec Fanny.
Que veux-tu pour le repas de ce midi ?

Céline : Si j’ai le choix, une salade Bo Bun Nems !

Fanny : Nan ce sera un sandwich de la machine.

Dany : OK, que l’on raccompagne notre prévenue. Merci Céline et à bientôt

Céline : merci à toi !

Fanny : A tout à l’heure !

Céline : yes!

Dany : café tout de même Fanny ?

Fanny : On verra ! ()

Ge : Merci Mesdames, allez soyez sympa, apportez son Bo Bun à notre auteure ! Et on va dire que c’est la fin de cette troisième audition. Rendez-vous cet aprem pour la confrontation entre Céline et Fanny !

 

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