La GAV : Céline Denjean sous le feu des flingueuses, quatrième audition. 4/4
Fin de la Garde à vue de Madame
Céline Denjean
Dernier interrogatoire par Fanny Haquette
La GAV, Garde à vue d’un auteur par Collectif polar c’est : 4 interviews d’un même auteur par 4 flingueuses différentes.
La GAV c’est des interviews en direct, du vrai live, en conditions réelles.
Durant 2 jours nous kidnappons en quelques sorte un auteur de polar.
Nous lui demandons de nous consacrer au minimum 4h de son temps sur les deux jours que dure la Garde à Vue.
Allez, place à la GAV de Céline Denjean sous le feu des questions de Fanny H
Fanny : Que la prévenue se prépare, dans 5mn c’est le dernier interrogatoire, ou pas !
Céline : je suis prête !
Fanny : Parfait ! Désolée, le café est tiède mais ce n’est pas un palace ici !
Commençons…
Céline : je vois ça …
Fanny : Nous parlerons de tes projets à mi-parcours de l’interrogatoire. Pour l’instant, je veux tout savoir sur Matrices que j’ai beaucoup apprécié.
Céline : que veux-tu savoir exactement ?
Fanny : je souhaiterai savoir pourquoi ce sujet en particulier ? Ces femmes utilisées.
Céline : j’ai visionné un reportage sur les fermes à bébés et je me suis alors interrogée sur le désir de parentalité, si fort chez certains couples. Et je me suis demandé comment ce désir pouvait être exploité aujourd’hui au regard des progrès de la science.
Fanny : Un reportage au Niger ?
Céline : Nigéria… j’ai alors imaginé cette espèce de trafic de mères porteuses. Après tout, vu les progrès de la science… et sachant que la législation est différente d’un pays à l’autre
Fanny : Bien sûr un trafic tout à fait possible
Céline : on peut imaginer que des trafiquants se saisissent de cette brèche
Fanny : Vu qu’un réseau a déjà été démantelé entre le Nigéria et la France au niveau de la prostitution…
Céline : il y en a des dizaines. Le Nigéria est extrêmement connu pour l’exploitation d’êtres humains
Fanny : Tes recherches ont dû être pesantes ?
Céline : J’ai entendu des témoignages très perturbants
Fanny : Au niveau psychologique tu veux dire
Céline : notamment sur les fermes à bébés, c’est absolument abject. J’ai aussi lu beaucoup de docs sur la prostitution
Fanny : Je me doute, c’est ce que je me suis dit en lisant. As-tu mis un peu de temps avant de t’en remettre ? Ou es-tu passée à autre chose rapidement.
Céline : je parviens tout de même à mettre un peu à distance les réalités que j’effleure, sinon, je ne pourrais pas me remettre de tout ça. Disons que ça alimente mon regard critique sur les inégalités, le monde, l’être humain… sur le pouvoir de l’argent
Fanny : C’est ton côté rebelle qui ressort ?
Céline : pourquoi rebelle ? Est-ce que le fait d’être choquée par des choses choquantes fait de quelqu’un un rebelle ?
Fanny : Dans le sens « Je dénonce » car j’ai trouvé Matrices très humain, très engagé
Céline : le regard critique est absolument nécessaire, je ne sais si Matrices est engagé…C’est un livre peignant des personnages dans toutes leurs nuances. C’est peut-être cela qui donne une dimension humaine ? En tout cas, j’ai essayé de mettre en perspective le parcours de certaines femmes victimes et de certains couples. Des couples également victimes de leur désir de parentalité, et de l’attente familiale.
Ke fils Temperville, au final, n’est qu’un type ordinaire qui ne peut pas décevoir son père.
Fanny : Oui tout à fait. Schéma classique dans ce type de famille
Céline : oui et j’ai fait le choix du catho tradi car c’est dans ce genre d’environnement que les attentes sont les plus formatées
Fanny : As-tu fait des recherches également sur l’ADN ?
Céline : oui, j’ai fait des recherches sur les progrès de la science, sur les mères porteuses, sur la PMA. En plus, n’ayant pas d’enfant, j’avais des choses à découvrir !
Fanny : As-tu approché des associations ?
Céline : non, je n’en ai pas eu besoin, mais je l’aurais fait si j’en avais eu besoin. Je connaissais cependant des femmes qui avaient dû recourir aux FIV et je sais que le parcours est hyper éprouvant
Fanny : As-tu approché quelqu’un d’autre pour Matrices ?
Céline : non, pourquoi ?
Fanny : Un médecin ou autre je voulais dire
Céline : non, j’ai trouvé les réponses dont j’avais besoin en ligne et puis il existe plein de sites dédiés aux établissement PMA
Fanny : Donc tu reconnais n’agir que seule et pas de complice pour ton dernier ouvrage ?
Céline : pas de complice, non, pour mon dernier ouvrage, mais des infos, des rapports, des reportages, des lectures d’articles qui sont autant de « complices »
Fanny : Parfait, donc toutes les charges seront retenues contre toi. Une overdose de renseignements en somme.
Céline : une overdose, non ! mais des prérequis nécessaires pour quelques lignes dans le bouquin, tu passes des tonnes de docs en revue
Fanny : As-tu des sites privilégiés ou tes recherches se font-elles au hasard du moteur ?
Céline : non, pas vraiment, mais je sais que la revue Cairn est très sérieuse, par exemple. Ils mettent beaucoup d’articles en ligne
Fanny : Je note que cela fait partie de ton réseau !!
Céline : souvent, en recherchant des trucs précis (sur la sociologie, la psychiatrie, la psychosociologie…), je me retrouve sur leur site
Fanny : Tu nous parles également de confrérie, est-ce sujet qui t’intéresse également ?
Céline : j’ai toujours été fascinée par l’embrigadement religieux. C’est quelque chose qui me questionne profondément. Je l’aborde dans la fille de kali, dans le cheptel, et dans Matrices même si ce n’est pas au cœur du sujet.
Fanny : Et envisages-tu de rentrer un peu plus dans ce milieu pour un prochain livre ?
Céline : pourquoi pas, on verra. Lourdes pourrait faire une belle toile de fond. C’est pas loin de chez moi !
Fanny : Info intéressante !
Céline : mais je n’ai encore aucun début de scénario, donc s’il le faut ce sera pour dans des années
Fanny : Mais l’idée se trouve quelque part en toi.
Céline : c’est juste un lieu qui se prêterait bien à un certain type d’intrigue. Après, certaines idées sommeillent… et ne se réveillent jamais ! Faut dire qu’écrire sur le sujet alors que Umberto Eco a écrit le nom de la rose… franchement, faut avoir les reins solides. Les lieux sont juste un décor et une ambiance pour moi. Si une intrigue devait se dérouler sur Lourdes, elle porterait nécessairement sur une question religieuse.
Fanny : Justement sur quels lieux as-tu envie d’écrire prochainement ? Un bois, un monument, …Un site archéo ?
Céline : ils ne m’inspirent pas un scénario. C’est le sujet qui peut m’inspirer un scénario.
Fanny : Comment fais-tu le choix d’un sujet justement, pourquoi celui-là plutôt qu’un autre ?
Céline : Le sujet… vaste sujet ! C’est quelque chose qui m’accroche suffisamment pour que ça me reste en tête et qui me titille. Il y a plein de sujets possibles qui ne m’accrochent pas assez. Je ne sais pas ce qui fait qu’un sujet m’accroche ou pas !
Fanny : En parles-tu autour de toi ? Demandes-tu un avis ? Ou décides-tu seule ?
Céline : non, c’est en moi, tant que je ne sais pas vraiment. Quand j’en parle, c’est que j’ai déjà choisi. Et parfois, j’ai choisi, mais l’intrigue ne vient pas… alors, je mets de côté
Fanny : L’avis de tes proches est-il important au cours de ton écriture ?
Céline : non. Je les consulte juste quand je suis dans une impasse. Leur parler me permet de me sortir des impasses. C’est vraiment un travail de soi à soi, pour moi, en tout cas. Mon conjoint est parfois mis à contribution… je fais comme un brainstorming avec lui : ça me permet de mettre mes idées plus au clair
Fanny : C’est sympa c’est sûr, donc tu avoues, tu as un complice ! Comment mets-tu une idée de côté ? En la notant quelque part ?
Céline : non, pas besoin, si une idée est bonne, elle revient. Lorsque je note, je n’ouvre plus le carnet. Des fois je retombe sur des notes, je me dis : ah oui, tu avais envisagé ça … Mais vu que ce n’est pas revenu dans ma tête, c’est mort
Fanny : Revenons à tes projets, que prévois-tu dans les mois à venir ? Salons, dédicaces ?
Céline : oui, les affaires reprennent sur les chapeaux de roue. Beaucoup de salons jusque début juillet, pas un week-end de libre. Pour être honnête, ça me fatigue un peu… c’est un plaisir mais c’est aussi chronophage. Il faut trouver un équilibre entre le travail et la représentation : je ne crois pas y être encore arrivée. Sans compter que nous sommes aussi sollicités pour des live, ITW… autant de choses qui se rajoutent… c’est chouette mais il faut jongler et ne pas se laisser déborder …si on n’écrit plus !
Fanny : Surtout que tu voyages jusqu’en Belgique pour cela !
Céline : s’il n’y avait que la Belgique !
Fanny : Quels sont les autres pays ?
Céline : en fait, chaque salon implique des déplacements…France exclusivement… mais c’est déjà assez lourd. Si je devais passer à l’international, il faudrait vraiment que je limite mon agenda !
Fanny : Regarde, nous avons une belle preuve :
Fanny : Et oui, tu es suivie partout ! Nous te filons depuis un moment !!
Céline : oui… et cette année, je serai marraine à Bruxelles ! Bel hommage. Les organisateurs sont hyper sympas, et le salon est très chouette
Fanny : En effet, mais désolée, ce sera seulement si tu es libérée !!
Céline : mdr
Fanny : Belle brochette de prévenus !
Céline : Je le serai ! au pire je m’évade
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