Un dernier ballon pour la route, Benjamin Dierstein

Le livre : Un dernier ballon pour la route de Benjamin Dierstein. Paru le 4 mars 2021 chez les Arènes dans la collection équinoxe. Réédité en poche le le 21 janvier 2022 au Point Policier n° 5504 ;  préface inédite de Caryl Férey. 7€95. (404 p.) ; 18 x 11 cm

4e de couv : 

Freddie et son copain Didier, alcooliques émérites, vivent de petits boulots. Jusqu’au jour où on leur confie une mission. Freddie maniant aussi bien l’explosif que son vieux Tokarev SVT-40, récupérer une fillette kidnappée par des fous furieux squattant une ferme bretonne relèverait presque de la promenade de santé. À bord de leur Supercinq d’époque, débute alors un road trip sauvage en zones périurbaines. Un western rural, sublimé par une langue gouailleuse et un humour irrésistible. Hilarant, tendre et délicieusement déjanté !

L’auteur : Benjamin Dierstein est né en Bretagne en 1983 et travaille dans les musiques électroniques. Après La Sirène qui fume (Prix découverte Polar Sang-froid 2018), il écrit La Défaite des idoles, parus chez Points. Un dernier ballon pour la route a reçu le Prix des chroniqueurs de Toulouse Polars du Sud.

 

Extraits : 
« La première chose que j’ai vue en sortant de la voiture, c’est deux gosses tout sales qui jouaient avec une vieille pelle rouillée et un cadavre de chien. J’avais à peine foutu les pieds dehors qu’ils me lançaient déjà des cailloux en me traitant de fils de pute. Le plus grand des deux faisait un bon mètre quarante de long comme de large, et le plus petit avait les dents si pourries qu’on aurait dit qu’il avait passé la nuit à grignoter une tronçonneuse. Ils avaient à peine dix ans et la peau déjà burinée par le soleil, les eaux stagnantes et la pollution, comme tous ces gamins de hippies que j’avais côtoyés quand j’avais leur âge. »
« D’où j’étais, je pouvais sentir les effluves des poubelles du McDo le plus proche , cette étrange combinaison de produits toxiques et de steaks périmés que les jeunes d’aujourd’hui considèrent comme une odeur appétissante. »
« De voir ces six ou sept cents vaches rester allongées en nous regardant fixement avec leurs yeux morts, ça m’a donné l’impression d’être un politicard devant une assemblée d’électeurs. »
« Sans mon flingue je me sens tout nu, même pire que tout nu, je me sens léger comme si j’allais m’envoler, comme un dirigeable à la dérive qui fuit là-haut vers l’infini, et j’aime pas être léger moi, j’aime être lourd, avoir un flingue à la ceinture ça t’accroche à la terre, ça te fait te sentir réel, ça te fait te sentir vivant »

 

Dans le top bag polar de Sylviane

UN DERNIER BALLON POUR LA ROUTE  – BENJAMIN DIERSTEIN

Equinox Les Arènes/ – 2021 – Points – 2022 avec une préface inédite de Caryl Ferey

 

Lorsque l’on se promène en voiture dans la campagne, on prend des routes qui nous amènent dans des villages qui semblent abandonnés. Pourtant, on trouve des cafés encore ouverts où on pourrait lire un proverbe de bistrot comme ceux notés à chaque nouveau chapitre du roman.

« Ceux qui boivent pour oublier sont prier de payer avant de consommer ». Ils sont collés

au-dessus de la machine à café à côté de la carte postale de bord de mer envoyée par des habitués qui ont eu la chance de partir en vacances, et la guirlande de tickets de jeux à gratter.

Dans ces bistrots, on pourrait croiser des personnes semblables à celles de l’histoire de « Un dernier ballon pour la route ».

C’est la devise de Freddie Morvan et de son acolyte, Didier Gaudin, détectives privés qui boivent souvent un dernier ballon avant de continuer leur enquête.

Virgile, un ami d’enfance de Freddie lui a demandé de ramener sa femme Marilou, et sa fille Romane. Elles vivent dans une ferme délabrée avec Jérôme, adversaire féroce des bagarres lorsqu’ils étaient encore dans la cour de l’école, Ce sera chose faite pour ce qui est de Romane.

Même un GPS ne s’y retrouverait pas parmi la longue liste des enseignes du labyrinthe des bâtiments de la zone commerciale dont Freddie arrive à s’extirper pour reprendre la route vers le village de son enfance. Didier, Romane et une autre jeune fille, Lyly-Prune l’accompagne dans le road-trip de retour mouvementé vers les terres et pas vers la mer.

Retrouvailles avec Virgile qui est un des fils de la famille de La Rochelière. La famille est le premier employeur du village avec un élevage de vaches, l’abattoir, l’usine de transformation de la viande, suite logique de leur industrie rurale.

Freddie a accompli sa mission mais il ne pourra pas repartir sans avoir retrouver deux autres gamins du village disparus, Nicolas et Aiyanna.

Au cours de cette nouvelle enquête bien arrosée, ils séjourneront chez sa tante Suzie. Anarchiste, vivant de pêche et de chasse, elle est aussi rebouteuse si nécessaire et cuisinière sachant accommoder les restes.

Au village, au comptoir du bar de de Mado, Freddie et Didier côtoient toute une ribambelle de personnes foutraques. On s’engueule, on chante très fort, très fort

Freddie mènera l’enquête auprès de ses copains d’enfance devenus adultes, forts en gueule, cabossés, Gwenolé, spécialiste  de « Nichte « et amoureux de sa chèvre, Francis  fan de Cabrel, Cathy une amourette au goût de Mon chéri devenue flic, des adultes de son enfance qui ont vieilli, des apaches, Jeanne mangeuse d’assiettes, un général bien achalandé en sucette et en artillerie,

Certains lui feront des confidences  qui lui feront prendre des sentiers oubliés et retrouver des souvenirs dont celui de sa rencontre avec Marilou.

L’ambiance deviendrait parfois presque surnaturelle. Romane communique avec des loups, des vaches qui se promènent vivantes ou mortes ou des fantômes de vaches, on ne sait pas trop, une chèvre amoureuse qui fume du roulé.

Le périple champêtre sera arrosé avec du Kir Banane (sirop de banane + vin blanc ?), la Suze est à l’honneur, du Piconard©, du Picon et du Ricard, (copyright Freddie et Didier). On épongera les doses d’alcool divers et variés avec beaucoup de viandes, et de couscous -frites©, (copyright Didier), et de substances illicites aussi diverses et variées.

Un roman avec de l’humour noir mais aussi social qui parle de combat entre des paysans qui veulent préserver leur terre et leur forêt et de nantis qui veulent agrandir l’élevage et construire un supermarché.  Les ouvriers de l’abattoir ne supportent plus leurs conditions de travail et celles des vaches qu’ils doivent tuer mais pour lesquelles ils ont encore de l’empathie.

On rit aux premiers chapitres, on sourit au fur et à mesure des dialogues tout autant déjantés que cohérents. Puis on compatit et on grince des dents. Cela peut être aussi lourd, sanglant, à la limite du supportable

On finit par aller à la Fête de La Plus Grande Saucisse » pour s’amuser un peu et célébrer  la fin de l’enquête

Parfois lors d’une fête foraine ou pendant le bal, il y une bagarre pour un regard entre bande rivale et souvent un feu d’artifice pour clore les festivités.

La fin de de la Fête de la Plus Grande Saucisse qui est aussi la fin de l’histoire sera féroce et explosive.

 

 

 

Autres extraits : 
« La deuxième chose que j’ai vue en m’avançant vers eux, c’est les trois pitbulls attachés à une carcasse de 205, déchaînés comme une mer de tempête force douze, et qui aboyaient à l’unisson en me faisant comprendre que j’allais passer un sale quart d’heure si jamais les mioches s’amusaient à défaire le nœud de leurs laisses. 13 Je me suis approché d’eux en brandissant ma vieille matraque de collection, et les chiards ont détalé dans la maison en moins de deux dès qu’ils ont vu le gourdin. Je les ai suivis lentement, en faisant attention à ne pas foutre mes panards dans un piège à ours ou une boîte de conserve gangrenée. »
« La cour de la ferme tenait plus de la déchetterie que du jardin à la française, parsemée de caravanes à l’abandon, de pneus usés, de sacs d’ordures et de cadavres de bières à n’en plus finir. La bâtisse qui courait le long de cette décharge était une vieille longère décrépite, occupée selon les gens du coin par une communauté de zonards que la ville avait relogés ici, faute de savoir quoi en foutre. Personne dans la région ne voulait de cette bande d’apaches, qui selon les voisins passaient leur temps à picoler, à se chicaner et à se mettre sur la gueule dès qu’ils avaient un peu trop forcé sur la Valstar. Tous les agriculteurs du coin avaient quitté le pays bien avant qu’ils arrivent, forcés de revendre leurs champs aux grandes enseignes qui pullulaient tout autour. D’où j’étais, je pouvais sentir les effluves des poubelles du McDo le plus proche, cette étrange combinaison de produits toxiques et de steaks périmés que les jeunes d’aujourd’hui considèrent comme une odeur appétissante »

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