Vengeance : La trilogie bordelaise T3, Philippe Charrac

Le livre : Vengeance : La trilogie bordelaise Tome 3 de Philippe Charrac. Paru le 04 octobre 2022 chez Caïrn – collection Du noir au sud. 10 €.  (240 pages) ; 12 x 18 cm

4ème de couverture :

Lazare Servent coule enfin des jours heureux. Jusqu’à ce qu’un gamin déterre les restes de l’assassin présumé de sa mère et que l’IGPN, la police des polices, ne relance l’enquête contre le lieutenant, accusé d’avoir fait justice lui-même des années auparavant. Au même moment, un mystérieux tireur exécute d’une balle dans la tête deux cadres supérieurs sur les quais de Bordeaux. Lazare se lance aux trousses de ce meurtrier aux motivations floues, tout en étant lui-même traqué par le capitaine Galthier, bien décidé à le faire tomber et prêt pour réussir à employer tous les moyens, jusqu’aux plus vicieux. À la fin, de ce trio infernal, un seul pourra se relever…

L’auteur : Philippe Charrac est né en 1975 à Perpignan.
Adolescent quelque peu agité, il suit une scolarité chaotique durant laquelle il est renvoyé de deux lycées, avant de partir faire son service militaire chez les “paras” de l’autre côté du monde, et de s’engager dans la Police. Il y sera tout à tour patrouilleur à la BAC ou “agent secret” à la PJ, entre autres. Il arpente une douzaine d’années durant le bitume du Nord-Est de l’Île de France, côtoyant le pire et la misère sur fond de de violence et d’alcool, avant de s’établir à Bordeaux, où une visite impromptue de l’ancien commissariat mythique de la rue Castéja lui donne l’idée de son 2ème roman.
Extraits :
« Est-ce si grave d’abattre de sang-froid celui qui a tué votre mère, ou votre amie ? Le héros fait ça dans tous les films d’action aujourd’hui. »
« Pour la plupart des gens, aujourd’hui est un dimanche comme les autres. Un jour ennuyeux, souvent un jour long, un jour lent aux heures traînantes. Repas du midi dans la famille. Ecouter ou raconter des inepties. Médire d’untel ou d’unetelle. Se servir un apéritif de trop. Discuter politique. Demander à ses enfants de se calmer. Supporter ceux des autres ; saucer son plat et avaler bruyamment son morceau de pain dégoulinant de jus sous les yeux furibards de sa femme. Féliciter hypocritement belle-maman pour son gigot trop cuit. Glisser des yeux concupiscents sous les jupes de la belle-sœur. Assurer d’une vois haute et pâteuse que non, on ne vote pas Front National, mais enfin, quand même, ces gens-là n’ont pas que de mauvaises idées. Et puis il y a les religieux de tous bords, pour qui souvent le jour est sacré. A défaut d’être alcoolique ou marié, on peut aussi croire en Dieu malgré l’époque, ou à cause d’elle, c’est selon. »
« Il n’était personne ? en devenant un assassin mystérieux capable de frapper au hasard dans la foule, sans distinction de lieu ou de temps, il sera tout à coup l’homme le plus important de cette ville. Une icône. Même ignorant de son nom, de son visage, chaque habitant de Bordeaux et de sa banlieue pensera à lui plusieurs fois par jour, frissonnant, sursautant. »

 

La chronique jubilatoire de Dany

Vengeance : La trilogie bordelaise T3, Philippe Charrac

On sent que l’auteur a beaucoup d’admiration pour son héros Lazare Servent. Il pourrait être le frère caché de Tomar Khan et de nombreux borderlines de la police. On le laisse faire avec plaisir cet intuitif, dans ce monde normé où sa hiérarchie le considère avec bienveillance car il est le meilleur d’entre eux. Il s’est « rangé » depuis la fin du tome 2, habite la campagne, fait son marché comme un bobo. Oui mais, c’est sans compter sur l’IGPN et un retour du passé en pleine face. Qui a donc tué l’assassin de sa mère ? Au nom de quelle présomption de culpabilité le chefaillon des bœufs-carottes va-t-il s’acharner sur Lazare ? Des situations cocasses voisinent avec des meurtres sanglants qui vont créer la panique à Bordeaux.

L’auteur a mis son expérience de terrain au service d’une intrigue rationnelle et déboussolante à la fois, où « l’ombre », devenue l’ennemi mortel du chaland bordelais, va vouloir alourdir son tableau de chasse en semant le trouble chez ses poursuivants. Philippe Charrac en profite pour égratigner avec plaisir ses semblables et les institutions.
A noter qu’une fin qui ne manque pas de panache et que je ne peux évoquer ici, met à rude épreuve les nerfs des lecteurs et insinue le doute dans leurs esprits.

Une trilogie qui se termine … ou pas, à vous de voir ! L’auteur a promis un changement d’ambiance et de genre pour son prochain roman qui ne sera pas une romance.

Je remercie les éditions Caïrn pour leur confiance et

l’auteur pour son indéfectible enthousiasme !

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