La BD : Sangoma : les damnés de Cape Town ;  scénario Caryl Férey, dessin Corentin Rouge. Paru le 3 novembre 2021chez Glénat. 25€. (152 p.) ; illustrations en couleur ; 32 x 24 cm

4e de couv :

En Afrique du Sud, une vingtaine d’années après l’Apartheid, les cicatrices laissées par l’ancien système peinent à se refermer. Le racisme n’est plus institutionalisé mais les inégalités toujours présentes et la population divisée entre les propriétaires blancs et les ouvriers noirs. Dans ce contexte, Sam est retrouvé mort sur les terres de la ferme des Pienaar, ses employeurs. Le lieutenant Shepperd – esprit léger, avisé autant que séducteur et tête brûlée – est chargé de saisir les enjeux qui auront mené au drame. L’enquête s’alourdit bientôt d’éléments disparates : conflits et secrets familiaux, recours à la sorcellerie, disparition d’un bambin dans le voisinage… Tandis que Shane Shepperd lutte tant bien que mal contre les silences et les mensonges de ses interlocuteurs, en toile de fond, le parlement est le théâtre d’oppositions rongeant la nation sud-africaine… La réforme agraire visant à redistribuer les terres usurpées du temps de l’apartheid provoque les débats et souligne les tensions des partis radicaux. Bientôt, les deux camps en appelleront à la violence.

Les auteurs :

Caryl Férey est né à Caen , le 01/06/1967. C’est un écrivain et un scénariste français.
Il a grandi en Bretagne après que sa famille se fut installée à Montfort-sur-Meu près de Rennes en 1974. Grand voyageur, il a parcouru l’Europe à moto, puis a fait un tour du monde à 20 ans. Il a notamment travaillé pour le Guide du Routard.
En 1994 paraît chez Balle d’Argent son premier roman « Avec un ange sur les yeux ». Il sort la même année son premier polar, « Delicta Mortalia : péché mortel« , puis quatre ans plus tard le très remarqué « Haka » (1998).
Il écrit aussi pour les enfants, pour des musiciens, le théâtre et la radio. Il se consacre aujourd’hui entièrement à la littérature.
Il a obtenu le Prix SNCF du polar 2006 pour « Utu » (2004) et le Grand prix de littérature policière 2008, le Prix Mystère de la critique 2009 et le prix Jean Amila au Salon du livre d’expression populaire et de critique sociale d’Arras 2009 pour « Zulu » (2008).
En 2013, « Zulu » est adapté au cinéma, réalisé par Jérôme Salle d’après le roman homonyme, avec Orlando Bloom et Forest Whitaker.
« Mapuche » (Série noire, 2012) obtient le Prix Landerneau Polar 2012 ainsi que le Prix Ténébris en 2013. Condor est paru en mars 2016 ,Plus jamais seul est paru en février 2018, Paz en octobre 2019, Lëd en 2020 aux éditions les arènes.

Corentin Rouge, alias Corentin, est né à Paris le 02/11/1983. Il est dessinateur et scénariste de bande dessinée et animateur français.
En 2002, il entre à l’École nationale supérieure des arts décoratifs, d’où il sort diplômé en 2006.
Son travail sur la couleur de la série « Shimon de Samarie / Le Samaritain » de 2004 à 2008 et la publication d’une histoire courte (« 21 contre 1 ») dans le magazine « Métal Hurlant » en 2004 marquent ses débuts de professionnel dans le monde de la bande dessinée.
« Milan K. » (2009) est son premier album. Il a signé trois tomes de « Milan K.« , dont le premier a été nommé à Angoulême.
Sur un scénario de Nathalie Sergeef, il réalise chez Glénat le one shot « Juarez » (2012).
Il est spécialisé en animation 2D. Il travaille à diverses occasions avec le dessinateur Yué, notamment sur le clip Day’N’Night du chanteur Kid Cudi.
Chez Glénat, il est l’auteur de la série Rio coscénarisée avec Louise Garcia et publié sur quatre tomes entre 2016 et 2019.

Extraits :

« C’est plus l’apartheid mais on s’échine pareil de moins en moins. La ferme est une exploitation, oui, et c’est nous que l’on exploite ! La réforme agraire va changer les choses, je vous le promet. »

« Le terrorisme consiste à semer la peur dans une population sans défense ! »

« Tu devrais savoir que la guérison d’une maladie est aussi culturelle. Je te rappelle que trente pour cent de vos médicaments sont des placébos. Ça nous fait marrer quand les blancs nous traitent de charlatans. »

Le billet de Chantal

La rencontre de la plume affutée de Caryl Férey et du dessin réaliste de Corentin Rouge.

     Sangoma, Caryl Ferey et Corentin Rouge

 

Je ne suis pas grande lectrice de BD, mais je n’hésite pas quand le nom d’un auteur que j’apprécie s’inscrit sur une couverture ! En l’occurence, Caryl Ferey, dont j’ai lu pas mal de romans, Lēd étant le dernier en date.

Sangoma n’est pas une adaptation d’un des romans de l’auteur, et c’est donc intéressant de le voir scénariste de BD.

L’action se passe en Afrique du Sud, plus de 25 ans après la fin de l’apartheid. Pour autant, les problèmes ne sont pas réglés, et les Blancs ont toujours une longueur d’avance sur les Sud-Africains noirs, les tensions et la violence sont toujours là.  Dans une ferme appartenant à des Afrikaners, la colère gronde parmi les ouvriers, à cause des salaires, trop bas. On découvre aussi le cadavre d’un jeune homme, fils adoptif des propriétaires. Le lieutenant Shane Sheppard va être chargé d’élucider le meurtre, secondé par une collègue au fort tempérament. Politique, terrorisme, révoltes, règlements de compte, superstitions … On plonge dans un univers qui file à toute vitesse, au côté de ce lieutenant à la personnalité un peu border line.

J’ai aimé le dessin, les couleurs qui donnent à voir un pays éclatant de lumière, pour mieux en cacher les aspects sombres sans doute.  L’atmosphère des lieux m’a paru bien rendue par rapport à l’histoire.

Je pense que les lecteurs de C. Ferey ne seront pas déçus de cette incursion dans le monde du 9è art !