La Cour des Mirages, Benjamin Dierstein

Le livre : La Cour des Mirages, Benjamin Dierstein. Paru le 6 janvier 2022 chez les Arènes dans la collection Equinox. 22€90. (847 p.) ; 22 x 16 cm

4e de couv :

Juin 2012. Triomphe politique pour la gauche et gueule de bois pour la droite. Les têtes tombent. Les purges anti-sarkozystes au sein du ministère de l’Intérieur commencent. La commandante Laurence Verhaeghen quitte la DCRI et rallie la Brigade criminelle de Paris. Elle est rapidement rejointe par son ancien collègue Gabriel Prigent, hanté par la disparition de sa fille six ans plus tôt.

Pour leur retour au 36, les deux flics écopent d’une scène de crime sauvage : un ancien cadre politique a tué sa femme et son fils avant de se suicider. L’enquête débouche sur la découverte de réseaux puissants, à mi-chemin entre l’organisation pédocriminelle, la prostitution de luxe et l’évasion fiscale. Désabusés par leurs erreurs et leurs doutes, tourmentés par leurs obsessions, Verhaeghen et Prigent vont partir pour un voyage sans retour vers la barbarie moderne.

Dans la lignée de David Peace ou James Ellroy, une complainte noire et désespérée en forme de descente aux enfers.

 

L’auteur : Benjamin Dierstein est né en Bretagne en 1983 et travaille dans les musiques électroniques. Après La Sirène qui fume (Prix découverte Polar Sang-froid 2018), il écrit La Défaite des idoles, parus chez Points. Un dernier ballon pour la route a reçu le Prix des chroniqueurs de Toulouse Polars du Sud.

 

Extraits : 
« J’ai aucun indice concret, aucune preuve, je ne peux rien faire pour départager les coupables de ceux qui n’ont rien fait. Alors les innocents, c’est comme d’habitude, c’est ceux qui ont de bons avocats, parce qu’ils ont de l’argent, qu’ils s’en sortent bien et qu’ils sont suffisamment manipulateurs pour arriver à donner une bonne image à tout le monde. »
« La nuit, le froid, et puis les voix.
Les ténèbres qui disparaissent, lentement, les voix qui s’évanouissent avec les ombres, comme des fantômes qui auraient peur du jour.
Une heure que je suis dans la 406 et que je scrute les premiers rayons du soleil, là-bas, tout à l’est : les garants de mon retour dans le monde réel, enfin.
Encore une nuit constellée d’apparitions, de bruits, de voix, encore une nuit infernale et pourtant j’ai augmenté la dose d’antideps, j’ai augmenté la dose de stabis, mais non, à chaque crépuscule elles reviennent : la voix de Juliette, papa, où tu es, la vois de Zagreus, tu nous prends pour des bleus, hein, la voix de Kolia, celle de Guillot, celle de Marchand, celle d’Anaïs, celle de Justine, des tas de voix qui m’empêchent de dormir.
Une heure que je suis dans la voiture à me tourner, à me retourner, j’ai mal au dos, mal aux côtes, mal à la mâchoire.
Dans le rétro : mon visage, cabossé, plus d’attelle mais le nez de traviole, comme un boxeur.
Cabossé par les coups, cabossé par les doutes. »

Le billet de Chantal

La Cour des Mirages, Benjamin Dierstein

Je l’avoue, ce titre m’a attirée quand j’ai lu à propos de l’auteur, sous la plume de Caryl Ferey : « Du DOA sous amphètes, précis, nerveux, sans fioritures. »Je ne connaissais pas du tout B. Dierstein, et , comme ça m’arrive parfois, j’ai acheté immédiatement ce roman, « La cour des mirages », sans savoir que c’était le 3è tome d’une trilogie, ni que cette lecture allait être un vrai choc. C’est un récit de plus de 800 pages, ce qui se fait rare en la matière, mais la longueur ne me dérange pas, à partir du moment où l’on n’a plus qu’une envie: poursuivre coûte que coûte la lecture !

Le fait d’être pris dans une trilogie ne m’a pas gênée non plus, car l’auteur va reprendre, au début, ses personnages principaux et les restituer en quelque sorte, dans son intrigue. D’un côté, le capitaine Gabriel Prigent, de l’autre, Laurence Veraeghen, qui vient d’intégrer le service de la Police Judiciaire. Tous deux ont un passé plus que lourd. Prigent a quasiment vu sous ses yeux sa petite fille de 8 ans se faire enlever dans le métro, et elle n’a jamais été retrouvée. De l’autre, Veraeghen a tiré une balle dans la tête de son ex-chef de service, qui a menacé sa fille, Veraeghen n’étant pas tout à fait dans les clous malgré son efficacité à la Brigade criminelle. Ces deux personnages vont se retrouver collègues sous les ordres de la commissaire Chatel et vont devoir coopérer tant bien que mal entre eux deux mais aussi avec leurs nouveaux collègues.

L’assassinat de toute une famille va lancer Prigent et Veraeghen dans une quête effrénée : trouver les coupables de ce massacre mais surtout, retrouver la petite fille de la famille, qui, elle, n’a pas été tuée mais a disparu.

Prigent est hanté par la disparition de sa propre fille et c’est à coups d’anti-dépresseurs qu’il arrive à travailler. Sa collègue, dont la vie aussi bien au travail que privées est proche du désastre, va suivre une piste pédophile.

Le récit avance, dans une langue parfois chaotique quand il s’agit de Prigent, car on est dans sa tête, on suit ses obsessions et délires, mais qui ne sont jamais vains. Certains chapitres sont durs et laissent le lecteur un peu pantois et haletant. Un des thèmes principaux est la pédophilie, ses réseaux, la manipulation des enfants, voire des adultes . C’est un monde parfois difficilement soutenable dans lequel nous sommes plongés. Et encore plus quand on sent que, même si l’auteur dit avoir tout inventé, il y a bien un fond de vérité . Il est question aussi de politique, de « magouilles » diverses pour garder le pouvoir, ou sa place …

C’est un roman que je ne conseillerais pas aux amateurs d’Agatha Christie, encore moins d’Agatha Raisin ! Mais si on a lu Selby , Ellroy …, on peut se plonger dans ce roman étonnant, détonnant et aux personnages si attachants dans leurs révoltes devant l’injustice et leurs douleurs de ne pas toujours arriver à faire apparaître la vérité.  Un style percutant, une intrigue qui avance sans cesse, c’est vraiment à découvrir !

 

NDLR :

La cours des mirages paraitra en poche chez Point policier le 3 février 2023 prochain. 9€40. (744 p.) ; 18 x 11 cm

16 réflexions sur “La Cour des Mirages, Benjamin Dierstein

  1. La couverture de la grande édition est bien plus jolie que celle de la Poche (d’ailleurs, on dirait la tronche à Sarko…).

    Je n’ai pas osé le lire après que Dealer de Lignes m’ait dit qu’elle l’avait abandonné, tellement le récit était dur, violent… Oserais-je le lire ou pas ??

    Aimé par 1 personne

Vous avez la parole, laissez un commentaire, ça fait toujours plaisir.

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s