La nuit tombée sur nos âmes, Frederic Paulin

Le livre : La nuit tombée sur nos âmes : Gênes, 2001 de Frederic Paulin. Paru le 9 septembre 2021 chez Agullo éditions dans la collection Agullo noir. 21€50. (271 p.) ; 20 x 14 cm 
4e de couverture :

« Les habitants de Gênes ont fui ou se terrent chez eux. La ville est déserte et l’état de siège a été proclamé. »

Gênes, juillet 2001.

En marge du G8, 500 000 personnes se sont rassemblées pour refuser l’ordre mondial des puissants. Parmi les contestataires, Wag et Nathalie, venus de France grossir les rangs des altermondialistes. Militants d’extrême-gauche, ils ont l’habitude des manifs houleuses et se croient prêts à affronter les forces de l’ordre. Mais la répression qui va se déchaîner pendant trois jours dans les rues de la Superbe est d’une brutalité inédite, attisée par les manipulations du pouvoir italien qui joue les apprentis-sorciers.

Le maelstrom de violence emportera un jeune manifestant, tué par les carabiniers. Il y aura des actes de torture, des trahisons, tant de vies brisées dans l’indifférence. Oui se souvient de l’école Diaz ? De la caserne de Bolzaneto ? Oui se souvient encore de Carlo Giuliani ?

De ces journées de barbarie, Wag et Nat reviendront à jamais transformés. Comme tous ceux qui tentèrent, à Gênes, de s’opposer à une forme sauvage de capitalisme.

L’auteur : Frédéric Paulin écrit des romans noirs depuis presque dix ans. Il utilise la récente Histoire comme une matière première dont le travail peut faire surgir des vérités parfois cachées ou falsifiées par le discours officiel. Ses héros, souvent corrompus ou faillibles, témoignent d’un monde où les frontières ne seront Jamais plus parfaitement lisibles.
Extrait :
« Des chevaux fous de peur lancés au galop sur une foule brandissant des drapeaux rouges et noirs.
Des incendies, des commerces saccagés, des chaussées dépavées, une ville dans le chaos.
Un vent de colère et de refus qui souffle depuis loin, très loin, remontant sans doute le fleuve Göta älv pour se déverser dans les rues.
Le gouvernement a envoyé la police en armure et la gendarmerie montée. Des véhicules blindés foncent sur les avenues, écartant les émeutiers comme le patriarche ouvrit la mer. Mais cette mer d’hommes et de femmes vociférant, projetant des pavés et des bouteilles sur la soldatesque, se referme aussitôt sur leur passage.
Vive la Révolution ! entend-on. À mort les bourgeois ! À mort le capitalisme !
Une jeune femme masquée d’un foulard noir échappe de peu au poitrail démesuré d’un hongre caparaçonné. Elle rit en lançant une pierre qui rebondit sur le casque du cavalier.
Un homme propulse un pavé sur la vitrine de l’agence NordBanken. Deux ou trois autres, cagoulés, vêtus de noir, l’imitent puis s’enfuient. Un jeune type, l’air sérieux, agite un drapeau rouge sur lequel les visages de Marx, Lénine et Mao sont dessinés. Une camionnette est la proie des flammes, des détonations claquent, la fumée, le gaz lacrymogène tourbillonnent dans les rues.
Un vieil empire chancelle-t-il sur ses fondations déjà ébréchées ?
Un nouveau monde est-il en train de naître ?
Samedi 16 juin 2001, Göteborg est en feu. »

Le petit avis de Kris

La nuit tombée sur nos âmes – Frederic Paulin

Militants d’extrême gauche français, Wag et Nathalie se rendent à Gênes en juin 2001. Le G8 se tient dans la cité italienne et le mouvement altermondialiste entend bien contester cette incarnation de l’ordre mondial néolibéral. Mais la répression policière se déchaîne et entre les journalistes encombrants, les agents de la DST et les propres tiraillements des deux héros, l’histoire vacille.

Frédéric Paulin est un historien contemporain. Sous couvert de roman, il nous dévoile les coulisses de ce G8 qui laissa des cicatrices indélébiles. Après sa magnifique trilogie sur l’Algérie qui éclaire sur beaucoup de choses, ce nouvel opus ne dépare pas dans ces récits violents sur ce qui restera pour beaucoup une plaie qui ne guérira jamais.

Autre extrait :
Il tourne en rond : qu’est-ce que le ministre entend par affrontements violents ? À Seattle, à Prague et à Göteborg, il y a eu des affrontements violents. À Seattle, un couvre-feu et l’état d’urgence ont été décrétés. À Prague, une cinquantaine de policiers ont été blessés, quatre cents manifestants, interpellés. À Göteborg, il y a un mois, des tirs à balles réelles ont fait un mort. Qui se souvient de ce jeune type qui s’est fait flinguer ? Lamar lui-même serait bien incapable de donner son nom – s’il l’a jamais su.

3 réflexions sur “La nuit tombée sur nos âmes, Frederic Paulin

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