Le top 10 de nos lecteurs et nos lectrice #6 Pierre

Le TOP 10 2022 de Pierre Faverolle du blog Black Novel

Salut Geneviève,

je vais à nouveau me répéter : quelle riche idée de publier les coups de cœur de tes flingueuses, ce qui démontre que ton Collectif Polar est le plus éclectique de la toile et c’est bien pour cette raison que je l’adore. Vivent les différences !

Bref, je m’étale, je m’étale, mais la question à laquelle je dois répondre ne va pas se résoudre toute seule …

Quel est mon TOP10 de l’année 2022.

Question crève cœur, évidemment, car s’il est évident et facile de ressortir mes coups de cœur (au nombre de sept, nouveautés et oldies comprises), il ne m’en reste plus que trois à sélectionner parmi les 150 livres lus …. AAARRRRRRGGGGGGGGHHHHHHHHH, je me meurs !

Non, je me lance :

Voici donc mes trois coups de cœur parmi les parutions de 2022 :

Le blues des phalènes de Valentine Imhof

(Editions du Rouergue),

qui n’est probablement pas un polar mais une explosion thermonucléaire, un roman construit comme une déflagration qui ne laissera personne indemne.

C’est l’Amérique des années 1930. Celle de la Prohibition, du suprémacisme blanc, de la misère qui a jeté des millions d’affamés sur les routes. Quand ils ne voyagent pas agrippés sous un train, de ceux dont la conquête de l’Ouest a pavé le pays et qui mènent à présent jusqu’au Pacifique. Et cet horizon-là, celui des rivages de la Californie, prometteurs d’un avenir doré, c’est celui de deux hommes, d’une femme et d’un enfant, qui tous les quatre sont des meurtriers. Milton, le rejeton prodigue qui a rompu les ponts avec sa richissime famille ; Arthur, le vétéran de la guerre des Boers et des tranchées de la Somme, qui porte le poids de crimes impardonnables ; Pekka, née le jour où sa mère posait le pied sur le sol de New York et qui change de nom à chaque fois qu’elle veut changer de vie ; Nathan, enfin, le fils de l’Explosion, qui fuit le mal et le retrouve où qu’il aille. Ces quatre destins prodigieux s’entrecroisent autour d’un moment unique qui les réunit tous : l’Explosion de la ville d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, le 6 décembre 1917, la plus terrible dévastation causée par l’homme avant l’ère nucléaire.

Valentine Imhof, révélée par ses deux romans noirs : Par les rafales (2018) et Zippo (2019), nous emporte à travers le blizzard, les coups du sort, les renaissances, les échecs, les chagrins effroyables, les espoirs fous, sur les lignes de vie de ces magnifiques passagers d’Amérique.

 

La cour des mirages de Benjamin Dierstein

(Les Arènes – Equinox),

autre énorme coup de cœur, qui verse dans la démesure. Si le sujet est glauque, si il s’agit du troisième tome de la trilogie sur les élections de Sarkozy et les manipulations associées, l’auteur dégaine un roman puissant, une apothéose pour une histoire qui n’oublie l’émotion.

Juin 2012. Triomphe politique pour la gauche et gueule de bois pour la droite. Les têtes tombent. Les purges anti-sarkozystes au sein du ministère de l’Intérieur commencent. La commandante Laurence Verhaeghen quitte la DCRI et rallie la Brigade criminelle de Paris. Elle est rapidement rejointe par son ancien collègue Gabriel Prigent, hanté par la disparition de sa fille six ans plus tôt.

Pour leur retour au 36, les deux flics écopent d’une scène de crime sauvage : un ancien cadre politique a tué sa femme et son fils avant de se suicider. L’enquête débouche sur la découverte de réseaux puissants, à mi-chemin entre l’organisation pédocriminelle, la prostitution de luxe et l’évasion fiscale. Désabusés par leurs erreurs et leurs doutes, tourmentés par leurs obsessions, Verhaeghen et Prigent vont partir pour un voyage sans retour vers la barbarie moderne.

Dans la lignée de David Peace ou James Ellroy, une complainte noire et désespérée en forme de descente aux enfers.

 

 

Le soldat désaccordé de Gilles Marchand

(Aux Forges de Vulcain),

n’est probablement pas un polar mais une formidable histoire d’amour et surtout une plume magique. Je l’ai lu deux fois de suite, juste pour comprendre comment Gilles Marchand avait réussi à m’embarquer de cette façon.

 

Le soldat désaccordé

Paris, années 20, un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécue au milieu de l’enfer.

Alors que l’enquête progresse, la France se rapproche d’une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir dans un monde qui s’effondre.

 

 

 

 

 

En 2022, sur Black Novel, nous avons fêté l’anniversaire des éditions 10/18, un belle occasion de lire / relire quelques chefs d’œuvres de la littérature, dont certains font partie de mes coups de cœur :

 

L’affaire Jane Eyre de Jasper Fforde,

 un roman totalement déjanté qui défend la cause de la littérature et de l’imagination

 

Dans le monde de Thursday Next, la littérature fait quasiment office de religion. A tel point qu’une brigade spéciale a dû être créée pour s’occuper d’affaires aussi essentielles que traquer les plagiats, découvrir la paternité des pièces de Shakespeare ou arrêter les revendeurs de faux manuscrits. Mais quand on a un père capable de traverser le temps et un oncle à l’origine des plus folles inventions, on a parfois envie d’un peu plus d’aventure. Alors, lorsque Jane Eyre, l’héroïne du livre fétiche de Thursday, est kidnappée par Achéron Hadès, incarnation du mal en personne, la jeune détective décide de prendre les choses en main et de tout tenter pour sauver le roman de Charlotte Brontë d’une fin certaine…

«Au croisement du roman policier et de l’uchronie déjantée, Jasper Fforde signe un ouvrage jubilatoire.» Le Monde des livres

 

 

Last exit to Brooklyn de Hubert Selby Jr,

qu’il est inutile de présenter

 

Last Exit to Brooklyn

Brooklyn, le quartier portuaire de Red Hook et sa faune brutale : voyous désoeuvrés cognant à l’aveugle, marins sournois, ouvriers syndicalistes salaces, prostituées entaulées dans des bars minables. Des vies frustrées, gonflées d’ego, obsédées par le sexe, la violence et l’alcool – qui tournoient dans un lacis de flashs hallucinés. Cru, désespéré, sublimement trash. Paru avec fracas en 1964, ce roman inclassable et culte est un chef-d’oeuvre à (re-)découvrir absolument.

« Roman de la marge, de l’absolu désespoir (…) Last Exit to Brooklyn révolte les uns et subjugue les autres qui découvrent un style haletant influencé par le jazz, passion d’une vie. »
Le Figaro littéraire

 

 

 

 

Demande à la poussière de John Fante,

la poursuite de l’autobiographie romancée de ce grand auteur trop injustement méconnu.

Dans les années trente, Arturo Bandini, fils d’ immigrés italiens, quitte le Colorado pour l’Eldorado, Los Angeles, avec son unique roman en poche et un rêve : devenir un écrivain reconnu. Vénérant les femmes et la littérature, il débarque dans une chambre d’hôtel miteuse, prêt à saisir la vie à bras-le-corps. Une errance sublime parmi les laissés-pour-compte du rêve américain.

 » Dans la lignée de Faulkner, et avant Charles Bukowski ou Jim Harrison, Fante ouvre une piste balayée par les poussières chères à l’Ouest sauvage. Elle se termine sur l’océan Pacifique, après moult détours, cuites et amours sans lendemain.  »
Sophie Cachon, Télérama

Préface de Charles Bukowski

 

 

 

 

Un privé à Babylone de Richard Brautigan,

que l’on peut prendre pour une parodie mais qui est bien plus que cela. Mon Livre Coup de Cœur, Mon Roman Culte, Mon Indispensable , que j’ai dû lire une dizaine de fois.

 

San Francisco, 1942. Card est un détective privé dont les affaires ne marchent pas très fort. Et pour cause : au lieu de s’occuper de la sordide histoire de cadavre volé dans laquelle l’a embarqué une femme mystérieuse (et fatale, comme il se doit), ou de trouver une nouvelle secrétaire après que la précédente a claqué la porte, Card passe son temps à rêver. En imagination, le voici qui se transporte dans le temps et l’espace à Babylone, où il devient le fin limier le plus célèbre et adulé de la cité antique.

Détournement jubilatoire des codes du polar, portrait hilarant et poignant d’un homme pour qui la vie est littéralement un songe, Un privé à Babylone est l’un des joyaux de l’oeuvre de Richard Brautigan, et sans doute l’un des romans les plus personnels de cet écrivain culte, devenu le saint patron littéraire de tous ceux qui tournent le dos au monde pour mieux le réenchanter par la fantaisie et la poésie.

Et voilà, il ne m’en reste plus que trois … Tu es trop cruelle avec nous, Geneviève, je te le dis.

Bon, s’il ne fallait en retenir que trois, je dirais :

 

La vengeance des perroquets de Pia Petersen

(Les Arènes – Equinox),

un roman narré par Emma portraitiste reconnue qui doit dessiner celui du magnat de l’Intelligence Artificielle. L’occasion pour Pia Petersen de donner l’avis de son personnage sur notre société de machines et de poser des questions au lecteur. Le livre le plus intelligent que j’ai lu cette année.

 

À Los Angeles, un professeur de Stanford disparaît. Passionné par l’éthique numérique, il travaille sur les algorithmes et le secret de leurs boîtes noires, les fichiers sources.

Bloquée à Paris par la fermeture des frontières, une artiste alerte l’opinion publique. En collant une série de pochoirs sur les murs de la ville, elle déjoue la censure, transgresse le totalitarisme sanitaire, dénonce les fake news. Les bad boys de l’art s’en emparent, les réseaux sociaux s’enflamment : des vidéos, des photos de ses œuvres éphémères font le tour du monde.

L’attention des médias se braque sur l’homme qui inspire la Street artiste et attise sa colère : Palantir, magnat du numérique et roi de la Silicon Valley.

 

Lady Chevy de John Woods

(Albin Michel)

serait le roman le plus dérangeant de l’année (avec celui de Benjamin Dierstein), par sa façon de nous montrer l’Amérique qui va devenir Trumpiste, par son personnage sans émotions et sa fin juste extraordinaire.

Lady Chevy

« On m’appelle Chevy parce que j’ai le derrière très large, comme une Chevrolet. Ce surnom remonte au début du collège. Les garçons de la campagne sont très intelligents et délicats. »

À dix-huit ans, Amy Wirkner est aussi lucide qu’intelligente. Et elle n’attend qu’une chose : obtenir une bourse d’études universitaires pour quitter ce trou perdu de l’Ohio où elle vit. Dans cette région rongée par l’industrie du gaz de schiste, on ne donne pas cher de la peau des habitants. Amy est d’ailleurs persuadée que les malformations de son petit frère en sont la conséquence. Est-ce pour cette raison qu’elle se laisse entraîner par son meilleur ami, Paul, dans un plan dangereux ? Confrontée à la police, Amy voit ses projets d’avenir menacés. Mais elle ne permettra à personne de détruire ses rêves.

Dans ce premier roman noir, puissant et dérangeant, John Woods dresse un portrait sans concession d’une Amérique à la dérive, entre haine interraciale, violence, corruption policière et dégradation écologique. Lady Chevy s’impose comme une anti-héroïne inoubliable faisant magistralement écho à notre époque troublée.

 

Black’s creek de Sam Millar

(Le Beau Jardin)

serait donc le plus attendu, le plus envoutant, celui qui se rapproche le plus de l’univers adolescent de Stephen King. On connait Sam Millar pour ses polars très noirs, il se lance ici dans un roman plus personnel pour une histoire non moins prenante sur un suicide d’un adolescent et l’idée de son groupe de copains de le venger et de faire payer le pseudo-coupable.

Un jeune garçon, Joey, se noie dans dans un lac du nord de l’État de New York, à Black’s Creek. Tommy, 14 ans, et ses deux amis ont assisté à la noyade. Tommy a même essayé de sauver son copain, en vain. Les trois jeunes sont sûrs de savoir qui l’a poussé à se suicider : pour eux c’est Norman Amstrong, « l’anormal ». Mais il n’y a pas suffisamment de preuves et les enfants décident de prendre eux-mêmes les choses en main.

Ce roman noir parle de crime pédophile supposé, de pouvoir, de découverte de la sexualité et de rumeurs. De défiance envers les autorités et de soif de justice aussi. La force supplémentaire du roman est liée à l’âge des protagonistes, des enfants à peine adolescents qui prennent une arme, en quête de vengeance ; la frontière entre victimes et coupables ne cesse de louvoyer, jusqu’à se dissoudre parfois. Ce texte ne laisse absolument pas indifférent.

Voilà, voilà, je retourne de suite dans mes pages noires. Je te fais de gros bisous et à bientôt

13 réflexions sur “Le top 10 de nos lecteurs et nos lectrice #6 Pierre

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