Le livre : Opération Gold  : Les espionnes du Salève tome 4 de Mark Zellweger. Paru le 24/01/2023 chez Eaux Troubles. 19 €. (290 pages) ; 21 x 15 cm

4ème de couverture :

Après l’arrestation de Jean Moulin, la Résistance intensifie le combat. Des mouvements suspects à la légation allemande de Berne alertent le contre-espionnage helvétique tandis que le frère de Ruth disparaît. Les espionnes du Salève participent aux actions des armées secrètes de l’Ain et de Haute-Savoie, et interviennent en Pologne, à Paris et à Buenos-Aires.

L’auteur : Mark Zellweger, auteur suisse, Fribourgeois, né en 1959. Diplômé d’histoire romaine de la Sorbonne et de marketing stratégique de Business Schools. Il a été directeur marketing-vente dans l’industrie pharmaceutique en Suisse et à l’Étranger une trentaine d’années. En parallèle, il fut conseiller particulier de directeurs de services de renseignement internationaux de tout premier plan. Aujourd’hui, il se consacre à l’écriture et est considéré comme le nouveau maître du roman d’espionnage et d’action par de nombreux critiques spécialisés.

Extraits :

« Si le message semblait succinct et peu compréhensible, celle qui le lut, avait parfaitement réalisé la situation : son frère et toute sa famille avaient dû se faire arrêter à Mâcon alors qu’ils essayaient de la rejoindre. Étant juifs, ils savaient que leur destination finale serait tôt ou tard, le camp d’internement de Drancy au nord de Paris d’où tous les trains de déportation des Juifs de France partaient, comme ce fut le cas pour ses propres parents. »

« C’était ainsi que Vittorio De Luca et Rolf Schneider agissaient dans l’ombre contre les ennemis du IIIe Reich et de l’Italie fasciste de Mussolini.
Le premier appartenait à l’OVRA, Organizzazione di Vigilanza e Repressione dell’Antifscismo, qui n’était ni plus ni moins la police secrète créée par Benito Mussolini lui-même afin de lutter contre ses adversaires et les réduire au silence voire à néant. Bien entendu, cet organe de surveillance et de répression était présent là où les Italiens se trouvaient présents comme en Haute-Savoie depuis décembre 1942, mais aussi dans une ville internationale comme Genève, propice à fournir tous types de contact.»

La chronique jubilatoire de Dany

Opération Gold de Mark Zellweger 

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé l’équipe des espionnes du Salève qui avait un peu disparu dans le précédent opus. Elles sont toujours aussi actives et déterminées et si comme dans le cas de toutes les séries, il est mieux de les avoir suivies depuis le tome 1, ce tome 4 peut se lire isolément. Nous avons entre les mains un roman historique qui s’appuie sur la grande histoire pour nous parler de la plus petite, moins spectaculaire mais tout aussi nécessaire pour le triomphe des idées humanistes.
Deux intrigues vont être menées parallèlement, dans un contexte très documenté comme vous pouvez vous en douter avec la précision habituelle de l’auteur. L’une va permettre à une espionne de tenter de retrouver une partie de sa famille en route pour les camps de la mort, l’autre de traquer l’or du Reich jusque dans l’hémisphère sud. Le souci du détail et de la vérité historique pousse l’auteur à camper les personnages et les situations avec minutie, mais une fois cette étape préliminaire aboutie, le récit ne connait pas de temps morts.
Nous avions déjà dans les premiers épisodes pu mesurer le rôle méconnu de la Suisse dans le conflit, usant de sa neutralité pour héberger des acteurs ennemis de l’espionnage international. Nous en recevons ici la confirmation avec une approche géopolitique originale.
J’ai apprécié de retrouver ces espionnes et leurs « complices » qui ont grandi dans leur personnalité et leur analyse de la situation, tous confrontés à des choix difficiles quand la vie est en jeu. Bon moment de lecture.

Autre extrait

« Si des lois restrictives concernant les Juifs en Suisse avaient été votées, il n’en demeurait pas moins, à son grand damne, que ces gens n’étaient pas assez inquiétés et se « reproduisaient bien plus vite que les rats » selon son opinion.
Quand les troupes allemandes fondirent sur le sud de la France le 11 novembre 1942, une lueur d’espoir avait pointée en lui. Quand il vit les services des douanes allemands se masser rapidement à la frontière du côté d’Annemasse ou de Ville-la-Grand, il se disait qu’enfin un peu d’ordre allait s’imposer.
En revanche, quand le 18 décembre de la même année, par accord entre l’Allemagne de Hitler et l’Italie de Mussolini, les troupes italiennes prirent le relais sur tout le territoire français à l’est du Rhône de Genève à Marseille et qu’il s’aperçu que les Alpini Sciatori et la Guardia di Finanza du Colonel Brazetti se contentaient de refouler gentiment les 75
Juifs ou étrangers plutôt que de les arrêter et les envoyer en camps de concentration comme le faisait Laval en France, alors là son sang se mit à bouillir et ses idées se radicalisèrent, si tant était que cela fût possible ! »