Malamorte d’Antoine Albertini

Le livre : Malamorte d’Antoine Albertini. Paru le 02 mai 2019 aux éditions Lattes dans la collection Thrillers. 19.90 € ;  (250 pages) ;  13 x 20  cm.

 

4ème de couverture :

«  C’est sur mon bureau qu’échouent les dossiers dont personne ne veut, les cadavres qui ne feraient pas lever un sourcil à un gratte-papier des chiens écrasés, les victimes anonymes des crimes d’après boire, les vies gâchées pour rien, les destins lacérés des assassins et de leurs victimes confondus dans la même misère, dans la came, dans le vice, dans les jalousies morbides carbonisant des générations entières au fond d’un taudis en bordure de la Nationale.  »
Ce bureau, c’est un cagibi, un placard dans une aile à moitié désaffectée du commissariat de Bastia, où ce policier corse a échoué, après la critique de trop contre ses supérieurs, la bagarre de trop avec ses collègues. Pourtant sa carrière dans la police avait bien démarré  : 7 ans dans la banlieue parisienne à la brigade des stups puis une mutation à la police judiciaire de Bastia la ville où il a grandi. Mais très vite, il a été déçu, écœuré par les ordres des chefs, les affaires oubliées volontairement, les arrestations arbitraires, la corruption, les magouilles quotidiennes. Il travaille seul à présent, sur des affaires mineures en apparence. Comme celles du meurtre d’Hakima, 5 ans et de sa mère Khadija. Ce policier va chercher partout le coupable, comme il cherche partout la vérité .Une enquête, le temps d’un été pluvieux. Le portrait d’une île loin des clichés et des visions de carte postale où se croisent élus, voyous, braqueurs et assassins, travailleurs immigrés, continentaux en mal d’une existence qu’ils espèrent plus douce. Le policier sillone la ville : des bars pourris aux  lotissements à des kilomètres de la mer, des bidonvilles installés près des autoroutes aux  villas des beaux quartiers. Il ne cessera jamais de chercher.

 

L’auteur Après des études de droit à Paris, Antoine Albertini entame une carrière de journaliste dans la presse financière à Paris (Journal des finances, 2000 – 2001) avant de regagner la Corse et être recruté par la rédaction de France 3 Corse (2002 – 2004). À partir de 2005, il collabore à divers titres de la presse locale et nationale (Le point , La revue XXI) et effectue de brèves piges pour des chaînes de télévision ou des stations de radio (I-Télé avec l’agence Corse-Presse-InfosRMC). Il réintègre la rédaction de France 3 Corse – Via Stella en 2011.
Journaliste à FR3 Corse et correspondant du journal Le Monde, Antoine Albertini est né en Corse et y vit.
Il est auteur de plusieurs ouvrages en liaison avec l’actualité corse.

 

Extraits :
« Elle ressemblait à un tas de graisse fourré à la va-vite dans un sac de chair grise. Mauvaises dents déchaussées, mauvaise haleine, mauvais numéro tiré à la grande loterie du destin. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix de maigreur hépatique travaillée à la gnôle discount, Monsieur ne valait pas beaucoup mieux. Noués en catogan, ses cheveux gris pendouillaient sur son épaule comme le rat crevé d’un punk au bout du rouleau. »
« Depuis quinze jours, des trombes d’eau de fin du monde alternaient avec un crachin continuel qui brouillait le paysage. Les marchands de souvenirs avaient remballé leurs présentoirs de cartes postales. Même les troupeaux de retraités qui prenaient la ville d’assaut à l’arrière-saison avaient disparu, terrés dans les chambres d’hôtel ou rapatriés sur le Continent avec promesse de remboursement sur justificatif. Les intempéries avaient rendu l’île à ses angoisses hivernales, ces longs mois où la pire des malédictions nous tombait dessus : nous retrouver seuls avec nous-mêmes, prêts à laisser parler nos instincts cannibales, à nous entre-dévorer à la première occasion. »
« Officiellement, mon nouveau service s’intitulait BHS, pour « Bureau des homicides simples » et j’étais le seul policier à y être affecté. Mais de mémoire de flic, personne n’avait jamais utilisé cette expression. Puisque les affaires que j’y traitais valaient peau de balle et que ma mutation dans ce cloaque avait tout d’un enterrement de première classe, mes collègues avaient pris l’habitude de désigner le BHS par les trois mots peints au pochoir au-dessus d’un extincteur hors d’usage fixé à côté de l’entrée de mon bureau… « Issue de secours » »
 « Je buvais un café en me demandant ce qui avait bien pu merder dans cette île. Nous nous agglutinions comme des insectes dans des lotissements semblables à n’importe quelle zone pavillonnaire du Continent, nous nous croisions dans les rayons des mêmes enseignes de supermarchés, nous suivions aveuglément les modes, les tendances, les prévisions, obstinément à la pointe du changement. Et malgré cela, nous continuions à nous persuader qu’une part de nous-mêmes subsistait sous une forme ou une autre, quelques vagues traditions, un ou deux rituels, une messe en latin et un couplet de formules de politesse dans notre vieille langue. Si nos propres mythes étaient cotés en bourse, nous serions tous milliardaires. »
 

 

La chronique jubilatoire de Dany

Malamorte d’Antoine Albertini

Une enquête sur l’île de beauté, c’est assez rare. Le narrateur, flic,  est mis au placard des « homicides simples », que ses collègues baptiseront « issue de secours ». En raison de cette marginalisation forcée il a du temps libre pour parfaire  son alcoolisation quotidienne et matinale. Sa hiérarchie lui confie successivement deux enquêtes au diagnostic évident et « sans appel ». Cependant, pour être au placard, notre héros imbibé n’en est pas moins fin limier et observateur caustique du microcosme insulaire. C’est sans doute en grande partie dans ce regard sans concession que réside tout le plaisir que l’on prend dans cette lecture.

Certes, ce n’est pas l’enquête proprement dite qui fait l’intérêt de ce roman mais bien l’ambiance. Les personnages plus vrais que nature nous emmènent après quelques rebondissements surprenants à un dénouement un peu complexe et inattendu.

Une bien agréable découverte que ce ton décalé et corrosif, cet humour bien à propos, ces quelques rappels à l’histoire récente de la Corse. N’oublions pas que l’auteur est journaliste et qu’il a commis un ouvrage d’investigation sur l’assassinat du Préfet Claude Erignac, il sait parfaitement de quoi il parle !

Merci à l’éditeur pour m’avoir fait confiance en me confiant cette lecture

Lu en version numérique. – epub 14.99 €

 

3 réflexions sur “ Malamorte d’Antoine Albertini

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