Morituri de Yasmina Khadra

le livre : Morituri de Yasmina Khadra. Paru le 18 avril 1997 aux Editions Baleine dans la collection « Instantanés de polar».. Préface Marie-Ange Poyet. 8€. (164 p.) ; 18 x 12 cm. réédité chez Folio le 19 octobre 1999. 6€99. (182 p.) ; 18 x 11 cm

4 e couv :

«Da Achour ne quitte jamais sa chaise à bascule. Chez lui, c’est une protubérance naturelle. Une cigarette au coin de la bouche, le ventre sur ses genoux de tortue, il fixe inlassablement un point au large et omet de le définir.

Il est là, du matin au soir, une chanson d’El Anka à portée de la sommolence, consumant tranquillement ses quatre-vingts ans dans un pays qui déçoit

. Il a fait pas mal de guerres, de la Normandie à Diên Biên Phu, de Guernica au Djurdjura, et il ne comprend toujours pas pourquoi les hommes préfèrent se faire péter la gueule, quand de simples cuites suffisent à les rapprocher.»

L’auteur : Yasmina Khadra est née en Algérie. En 1989, elle opte pour l’anonymat afin d’échapper à la censure. ( voilà ce que l’on pouvait lire en 4e de couverture) Mais derrière le pseudonyme de Yasmina Khadra se trouve Mohammed Moulessehoul qui est devenu, en quelques livres, l’un des écrivains les plus importants de sa génération. L’anonymat aura longtemps été pour lui le seul moyen d’écrire et de survivre. Traduit en trente langues, témoin engagé de son temps, il a notamment publié L’attentat et Les sirènes de Bagdad.

 

Extraits :
« Saigné aux quatre veines, l’horizon accouche à la césarienne d’un jour qui, finalement, n’aura pas mérité sa peine. Je m’extirpe de mon plumard, complètement dévitalisé par un sommeil à l’affût du moindre friselis. Les temps sont durs: un malheur est si vite arrivé. »
« Tu es pâle, m’annonce Mina de bon matin.
– Commence pas s’il te plait.
J’ai déjeuné d’une seule mâchoire. Ma tartine m’est restée en travers de la gorge. Je ne sais pas pourquoi, subitement l’odeur du beurre me donne envie de dégueuler.
Au garage, le gardien me fait la même remarque:
– Vous êtes pâle, monsieur le commissaire.
– J’ai mis trop de lait dans mon café »

Le post-it de Ge

Morituri de Yasmina Khadra

Un polar et un livre document sur l’Algérie. Aucun manichéisme mais l’invraisemblable imbroglio savamment orchestré par les gouvernements, des tueurs à gages officiant en parallèle des islamistes,bref, la tragique peinture d’;une Algérie aux mains d’une mafia politico-financière. Cet ouvrage a été précédemment publié aux Editions Baleine dans la collection « Instantanés de polar».

« Yasmina Khadra a fait irruption dans le paysage du roman noir par un premier roman publié cet été« Morituri » On y découvrait sous un nom de plume de polar qui masque l’anonymat qu’entend préserver l’auteur, l’Algérie d’aujourd’hui, celle du bal sanglant des massacres à répétition, qui entendent noyer les derniers rêves portés par l’indépendance ». Le roman avait obtenu le « Trophée 813 du meilleur roman francophone 1997 » ;

L’auteur nous offre ici une vision cynique et désenchantée de l’Algérie contemporaine à travers une enquête du commissaire Llob. Brahim Llob, ancien combattant de la première heure lors de la guerre d’indépendance. Sa carrière stage parce qu’il refuse d’être un corrompu ou de participer aux petites magouilles qui polluent la police algéroise. Un jour on demande au commissaire Llob de retrouver la fille d’un ancien homme politique encore influent, Ghoul Malek. A travers cette enquête nous allons nous balader dans les différentes strates de la société algérienne. Les milieux aisés ou il n’est pas rare de voir l’alcool coulé à flot et la drogue circuler abondamment. Un milieu que vise les mafias locales, ceux sont elles aussi qui gère la prostitution. Nous allons avoir un aperçu de la misère du peuple laissé à l’abandon par l’état et qui se débrouille comme il peut. Certains côtoient la misère noire. Et puis nous serons aussi aux prises avec la corruption, et les mouvements mafieux mais aussi avec le terrorisme, l’intégrisme religieux, la guerre civile. Yadra nous offre un panorama complet de cette Algérie des année 90 en déliquescence.

Personnellement il m’a totalement immergé dans son univers. Chapeau mister Kadra. Oui je dis mister Kadra car à l’époque où est sorti ce titre il me semble que l’auteur jouait sur l’ambiguïté de son patronyme, laissant planer le doute que ce premier roman était écrit par une femme :

« Qui pourrait croire, sans en être averti, que « Morituri » a été écrit par une femme ? Qui pourrait, en effet, déceler une femme derrière cette écriture sans appel, misogyne jusqu’à la veulerie et ne se ménageant pas même un seul petit personnage féminin positif ? Le mâle le plus irréductible ne l’oserait plus de nos jours ! Il aurait trouvé la place, si ce n’est d’une mère, au moins d’une soeur, jolie à exhiber ou plus intelligente, elle, que les autres qui sont toutes ? on le sait bien »

Depuis Morituri  est devenu un film franco-algérien réalisé par Okacha Touita en 2004 et sorti en France en avril 2007. Il s’inspire du roman Morituri de Yasmina Khadra.

17 réflexions sur “Morituri de Yasmina Khadra

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