La GAV de @Vincent Hauuy sous le feu des flingueuses,
Episode 4
Mardi 16 octobre 17h30
Suite et fin de la Garde à vue de Monsieur
Vincent Hauuy
4e et dernière audition par Miss Aline.
La GAV, Garde à vue d’un auteur par le Collectif Polar c’est : 4 interviews d’un même auteur par 4 flingueuses différentes.
La GAV c’est des interviews en direct, du vrai live, en conditions réelles.
Durant 2 jours nous kidnappons en quelques sorte un auteur de polar.
Nous lui demandons de nous consacrer au minimum 4h de son temps sur les deux jours que dure la Garde à Vue.
Et durant ce temps nous lui posons une série de questions en batterie auxquelles il ou elle doit répondre instantanément. Nous ne lui laissons pas le temps de réfléchir à ses réponses. C’est un échange en live. Comme sur un plateau, sur un salon. C’est pas préparé, ce que l’on recherche c’est la spontanéité. Et croyez moi au réveil ou en fin de journée, nos auteurs sont comme nous, soit pas bien réveillés soit crevés de leur journée. Et là nous les cueillons !
Nous recueillons leurs confidences.
Et c’est celles-ci que nous vous proposons en direct live. ( enfin presque juste en léger différé).
Sauf cette fois, la GAV de Vincent ayant eu lieu la semaine dernière entre le lundi 15 dans l’après midi et le mardi 16 en milieu d’après-midi et jusqu’en début de soirée.
Nous allons vous proposer la retranscription de ces 4 interrogatoires sur 6 jours, 1 tous les deux jours,
le premier PV a été publié le 25
Le deuxième procès-verbal le 27
L’avant dernière le 29 octobre
Allez place à la GAV de Vincent Hauuy
Vincent : Ready
Ge : Notre flingueuse va arriver
Vincent : ok
Ge : Vincent comment ce passe cette GAV pour vous ?
Vincent : Très bien, cela se passe de façon très naturelle
Ge : C’est à dire ?
Vincent : Pas de heurts dans les questions réponses
Aline : Bonsoir à toutes et bonsoir Vincent.
Vincent : mais peut être avez vous été trop gentilles avec le prévenu
Bonsoir Aline !
Ge : Peut-être ?
Vincent : glups ! Heu …. (gouttes de sueurs)….
… je voulais dire vous avez été TRES gentilles
Aline : Si on ne vous avez pas « demandé » une suite au tricycle, auriez donné d’autres aventures à Wallace ?
Vincent : Je ne sais pas. Peut-être plus tard, je pouvais très bien clore cette histoire sur la fin du Tricycle.
Aline : mais vous ne pouvez pas clore avec le Brasier, on sent qu’il y a encore des choses à révéler, sur Noah ?
Vincent : Après, le personnage était prêt pour une suite ! Je ne sais pas si j’en aurai d’autres qui pourront se prêter à une série.
Non le brasier ne sera pas le dernier épisode. Mais il ne sortira pas l’année prochaine.
J’ai eu besoin de faire un break et partir sur une autre intrigue, d’autres personnages.
Aline : prenez le temps … auriez-vous pu être ami avec Wallace ?
Vincent : Haha, difficilement je crois. Déjà car il en a peu et que j’aurais dû fréquenter un milieu que je ne connais pas.
Le monde des profiteurs aux USA… profileurs pardon
Après nous avons des caractères très différents.
Aline : on n’écrit pas sans une part de soi dans son œuvre et/ou dans ses personnages. Wallace contient-il une part de vous ? Quelle est cette part ? Wallace a-t-il quelque chose que vous aimeriez avoir (un très de caractère par exemple) ?
Vincent : Il y a toujours une part. Il y a une sorte de bienveillance chez Noah que je pense partager avec lui. De la sensibilité également. Si je devais lui emprunter quelque chose, je dirais « ses dons extra lucides »
Aline : pourquoi avoir choisi un homme en personnage central/héros ? Pourquoi pas une femme ?
Vincent : aucune idée, et puis au premier Draft Sophie avait autant d’importance que lui. Je ne choisis pas vraiment mes personnages, ils s’imposent à moi.
Clémence en est le parfait exemple. Bernard Tremblay aussi, ou Abraham Eisik dans le Brasier
Ils sont juste « là », conçus au détour d’un chapitre
Aline : plusieurs fois (comme bien d’autres auteurs) vous dites que les personnages se sont imposés à vous. Vous pouvez développer ? Qu’est ce que cela veut dire ? Comment un personnage fictif peut prendre son destin en main, c’est vous l’auteur/le créateur ?
Vincent : C’est … étrange. Cela part d’une étincelle, un contour, une silhouette et après ils prennent forment, ont leur propre voix, et sont animés par leur propres désirs.
Si on fait un plan en avance on peut très bien écrire : Steve tue Bernard sur le coin d’un post it et en faire une scène.
Aline : et ?
Vincent : Mais une fois que l’on connait Steve on se dit : Non, Steve ne peut pas faire ça, ce n’est pas lui.
Dans certaines séries vous avez des fois l’impression qu’un personnage agit de manière irrationnelle. Claque une porte, s’engueule avec un collègue sous un prétexte bidon. C’est quand le scénario a pris le pas sur le personnage,
et c’est ce qu’on appelle être « out of character ».
J’essaie d’appliquer une consigne de SK, (Stephen King, pas Strauss Khan)
Aline : qui est ?
Vincent : qui dit que si l’on est honnête avec ses personnages on ne peut pas se tromper.
Aline : les laisser vivre leur vie ?
Vincent : Les laisser réagir et agir en fonction de leur personnalité. Et à chaque fois que j’ai fait un plan, j’étais confronté à ce problème.
J’ai préféré écouter mes personnages plutôt que mon plan, c’est pour cela que je n’en fais plus.
Aline : je suis d’accord sur le fait qu’un plan enferme les personnages dans leurs actions ou leur personnalité, mais nous sommes bien d’accord que Steve n’existe pas, que c’est vous qui le créait donc d’une certaine manière il n’est pas libre de faire ce qu’il veut . Vous lui avez prêté des traits de caractères, des limites, des peurs etc ?
Vincent : On est le créateur oui, mais à un moment on est le spectateur de l’aquarium dans lequel ils évoluent.
Il y a une phase (la genèse) où l’on est en contrôle, mais une fois qu’on endosse leur costume on les comprend. C’est le même travail qu’un acteur dans le fond.
Surtout lorsqu’on écrit en première personne ou comme je le fais dans mes deux premiers en troisième personne interne. C’est assez fascinant d’ailleurs, d’être créateur/spectateur.
Aline : ça semble évident pour celui ou celle qui écrit mais pour le lecteur cela reste abstrait. Il est difficile de penser que les personnages fictifs échappent à leur concepteur.
Vincent : Je sais, mais tous les auteurs ne fonctionnent pas de la même façon. Peut-être souffrons-nous le temps d’une session d’écriture, d’un trouble dissociatif de l’identité ?
Aline : allez savoir … !
Revenons au Brasier, vous commencez avec trois suicides…waouh, ça commence fort ! Pourquoi ? Pour tout de suite accrocher le lecteur ?
Vincent : Oui.
C’est ce qu’on appelle un hook.
Aline : c’est vrai que l’on voit ça souvent : un début qui explose .
Vincent : C’est un choix narratif.
Aline : je n’en doute pas .
Un amour particulier pour Wagner… est-ce le vôtre ?
Vincent : J’aime bien la musique classique (et beaucoup d’autres styles). Wagner, c’est pour l’énergie, la force. Je trouvais que cela convenait bien à la famille Engelberg.
Aline : complètement oui.
On connait le méchant, on se dit qu’il va forcément être arrêté d’une manière ou d’une d’autre. Le brasier est avant tout l’histoire de Noah. L’intrigue est entre-coupée de récits sur son enfance.
Vincent : Oui, mais je ne voulais pas que cela soit « évident ». D’ailleurs si on dit son enfance, on spoil ! On pense qu’il s’agit de l’enfance de Karl (ce qui est aussi le cas). Mais je pense que ce sera toujours le cas.
Une partie de la vie de Noah sera dévoilée.
Aline : quel message, idée avez vous voulu faire passer avec ce personnage de Wallace ?
Vincent : Le déterminisme et la résilience.
Aline : vous pouvez développer ?
Vincent : Sommes-nous conditionnés par notre enfance et les traumatismes que nous vivons.Noah tente de se reconstruire mais son passé le rattrape. En cela, il peine à s’affranchir de son enfance.
Aline : la question miroir : pouvons nous nous déconditionner ou reconditionner ?
Vincent : je n’ai pas la réponse. C’est ce qui se passe dans le Tricycle et dans le Brasier. Mais cela passe toujours pas le biais d’épreuves traumatisantes.
Tortures et drogues dans le tricycle, virus dans le Brasier
Aline : c’est dans l’épreuve que l’on se révèle et que l’on avance ou pas !
Vincent : Disons que mes recherches tendent vers le oui quand même. Le conflit est toujours révélateur de caractère.
Aline : certes. Vous pensez donc que l’on peut changer sa personnalité ?
Vincent : Oui, cela existe d’ailleurs. C’est une pathologie.
Aline : vous parlez de dédoublement de la personnalité ?
Vincent : Le trouble dissociatif de l’identité (son nouveau nom). Il y a des cas célèbres.
Mais si la question est : peut-on changer ? Je pense que oui, mais c’est un chemin difficile.
Aline : voilà , je parlais de la personne lambda qui veut changer, s’améliorer, ne plus être ce qu’elle est aux yeux des autres.
Vincent : Nous sommes modelés. Par la famille, l’éducation , et même le langage.
Aline : je suis entièrement d’accord
Vincent : Pour changer il faut s’extraire du moule, tenter de nouvelles expériences (déménager, changer de métier, de cercles d’amis)
mais je ne suis pas sûr qu’on puisse radicalement changer. Peut-être certains traits. Ou certains événement traumatisants.
Manquer de mourir et devenir croyant alors qu’on était athée par exemple.
Ou comme le pécheur australien attaqué par un requin blanc, passer une partie de sa vie à les traquer et puis finir par les protéger.
Aline : la nature profonde d’un être est son identité, son ADN. Il a un très gros travail à faire pour le changer, si cela est profondément et fondamentalement possible.
le Brasier me pousse à m’interroger sur le conditionnement humain à tous niveaux. On peut se demander : a-ton vraiment notre libre arbitre en tant qu’individu, en tant que membre d’une société ?
Vincent : C’est pour cela qu’il brisait la volonté pour le faire (chez MK UItra, qui je le rappelle a existé)
Nous sommes orientés politiquement par exemple. Les médias servent de compas moraux… avant c’était l’église.
Aline : Noah peut-il être heureux ? Va-t-il l’être ?
Vincent : Aucune idée, je n’ai pas encore prévu de fin pour lui
Je verrai le moment venu. Disons qu’il pourrait l’être.
Aline : Et Noah aussi verra ce qu’il a envie de faire le moment venu
Vincent : A condition de ne plus être hanté. C’est un personnage instinctif, il se laissera guidé
Aline : il va choisir ce qu’il y a de mieux pour lui !
Vincent : Je pense reprendre tous les personnages du Brasier, pour la suite.
[…] l’interview de l’auteur sur Collectif Polar Lire une autre interview de l’auteur sur Collectif Polar Lire une autre interview de […]
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Super les filles, bravo !!!
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Oh merci Maud
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Bah non c est sincère 😀
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J’espère bien ! lol
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Comme toujours ☺
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l’espoir fait vivre il parait ! 😛
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Vivons longtemps 😋
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Et vivons heureux !
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bien sûr 🙂
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forcément !
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