La GAV : @Jean Luc Bizien sous le feu des flingueuses, 2ème audition. 2/4

La GAV : @Jean Luc Bizien sous le feu des flingueuses, 2ème audition. 2/4

Suite de la Garde à vue de monsieur

Jean Luc Bizien

2e interrogatoire par Mamie Danièle et Sylvie K

Avec de nombreuses Flingueuses derrière la vitre teintée

La GAV, Garde à vue d’un auteur par Collectif polar c’est : 4 interviews d’un même auteur par 4 flingueuses différentes.

La GAV c’est des interviews en direct, du vrai live, en conditions réelles.

Durant 2 jours nous kidnappons en quelques sorte un auteur de polar.

Nous lui demandons de nous consacrer au minimum 4h de son temps sur les deux jours que dure la Garde à Vue.

Et durant ce temps nous lui posons une série de questions en batterie auxquelles il ou elle doit répondre instantanément. Nous ne lui laissons pas le temps de réfléchir à ses réponses. C’est un échange en live. Comme sur un plateau, sur un salon. C’est pas préparé,  ce que l’on recherche c’est la spontanéité. Et croyez moi au réveil ou en fin de journée, nos auteurs sont comme nous, soit pas bien réveillés soit crevés de leur journée. Et là nous les cueillons !

Nous recueillons leurs confidences.

Et c’est celles-ci que nous vous proposons en direct live. ( enfin presque juste en léger différé).

Nous allons vous proposer la retranscription de ces 4 interrogatoires sur 2 jours, 1 en matinée et un le soir entre ce matin et demain  après-midi

Allez place à la GAV de Jean Luc Bizien



Dany : Bonjour à ceux qui ont résisté à l’appel de la nature …
Alors l’auteur … bonne sieste ?
Cette audition que nous allons mener Sylvie Kowalski et moi a (en principe) pour objectif d’aborder les sujets de tes romans … prêt ?

Jean-Luc : Prêt.

Sylvie : Bonjour Jean-Luc Bizien

Jean-Luc : Bonjour. 😉

Dany : Sur les 105 livres recensés par Babelio, combien y a-t-il de thrillers et plus spécifiquement de thrillers pour adultes ?

Jean-Luc : Aucune idée. Je n’ai jamais ni compté, ni catégorisé mes livres. De plus, j’ai écrit des thrillers historiques et fantastiques sous pseudonyme, donc je m’y perds un peu…
Il faudrait que j’aille compter les titres dans ma bibliothèque.

Sylvie : 👍

Dany : et le lecteur … 
Alors disons-le autrement, as-tu eu des périodes d’écriture comme les peintres ont eu leur période bleue, rose … toi fantasy, historique

Sylvie : 👍

Jean-Luc : J’ai commencé par le jeu de rôle, en créant d’abord des scénarios, puis des jeux. Cette première période de création a duré une dizaine d’années et ce fut une formidable école d’écriture.
Ensuite, j’ai beaucoup écrit pour la jeunesse.
Ma rencontre avec Serge Brussolo fut déterminante : c’est grâce à lui que je « bascule » dans le thriller. Mais, comme Serge, je m’autorise à flirter avec les marges du genre – il n’est donc pas rare, au détour d’une page, qu’on ait droit à un soupçon de fantastique (c’est assez flagrant dans la série La Cour des miracles, chez 10-18, dans laquelle l’aliéniste Simon Bloomberg est confronté à des manifestations parfois étranges). Même si, au final, c’est une conclusion cartésienne qui est offerte au lecteur.

Geneviève : 👍

Sylvie : Tu continueras  à écrire pour les plus jeunes comme la série Justin Case ou les livres ludiques  comme celui des dinosaures ?

Jean-Luc : Oui, bien sûr.
Je suis en train de chercher un nouvel éditeur pour Justin Case, dont j’ai récupéré les droits. J’écris actuellement un inédit, le quatrième tome de la série (cela dit, on peut les lire dans le désordre).
Dès que j’aurais trouvé un éditeur enthousiaste, je relancerai la série.
Je viens d’aller vérifier dans ma bibliothèque.
Je dirai donc : une dizaine de thrillers historiques ou contemporains, auxquels viennent s’ajouter les 20 tomes écrits sous pseudonyme (une série historique et une autre fantastique contemporaine). Soit une trentaine de thrillers au fil des ans.

Quant aux albums pour la jeunesse, je travaille avec Emmanuel Saint (nous avions déjà collaboré sur plusieurs livres-jeux, dans la défunte collection Vivez l’Aventure). C’est un illustrateur fabuleux. Nous avons déjà deux albums finalisés.
Ici encore, je cherche un éditeur enthousiaste. En fait…plus je vieillis, et plus j’éprouve le besoin de travailler avec des gens qui ont ENVIE de collaborer, d’échanger, plutôt qu’avec de simples marchands de papier imprimé.

Eppy, Sylvie, Geneviève 👍

Sylvie : Waouh !

Dany : J’ai commencé à lire du Bizien avec la trilogie des Ténèbres et je me suis demandée si le personnage de Païk était arrivé avant l’intrigue ou l’inverse ?

Jean-Luc : La trilogie des ténèbres n‘était à l’origine qu’un seul titre, L’Évangile des ténèbres, dont le héros était Seth Ballahan.
Bien sûr, j’avais cet officier coréen en tête, mais il n’avait pas cette importance.
Ça n’est d’ailleurs pas la première fois, dans un de mes livres, qu’un personnage s’impose et qu’il prend le pouvoir au point de voler la vedette aux autres.
Depuis, Dong-Soo a bien vécu… Mais il est loin d’avoir dit son dernier mot !

Dany : Crotales et sa fin apocalyptique nous permet d’espérer le revoir …
Reverra-t-on sa famille ?

Jean-Luc : Au vrai, j’ai déjà scénarisé la suite.
J’attends une fois encore un éditeur enthousiaste à l’idée de le défendre.
Quant à sa famille…
Il faudra lire ce nouveau tome pour le savoir.

Eppy : 😍

Dany : Ce que j’aime dans ces thrillers et tu n’es pas le seul à le faire, c’est l’arrière-plan social et sociétal de ces romans. Donc intrigue d’abord, ou personnages à faire exister ou encore sujet de société d’abord ?
Dans Crotales tu étais visionnaire car c’était écrit avant Trump et son mur … on sait pour qui ont voté les Dalton

Jean-Luc : Je n’ai pas de recette miracle et encore moins de « méthode d’écriture ».
Parfois, une intrigue s’impose comme une évidence. Je cherche alors des personnages et un lieu pour l’exploiter dans les meilleurs conditions.
Il arrive qu’un lieu m’intrigue, qu’une situation me fascine ou m’horrifie (ce fut le cas quand j’ai découvert la réalité de la Corée du Nord, ou la frontière de métal séparant les USA du Mexique). Dans ce cas, c’est l’inverse : je cherche une histoire me permettant de prendre le lecteur par la main et de l’emmener en promenade.
Une seule chose est certaine : de même que le roman noir permet d’étudier, voire de dénoncer certains aspects sociétaux de notre pays, le thriller est à mes yeux le medium idéal pour aborder les aberrations de notre monde.
Quant à Crotales...
Oui. Même si je n’irai pas jusqu’à remercier Donald Trump pour toute sa publicité gratuite !En fait, je pense que les auteurs de Thrillers sont à l’affût de ce qui se passe autour de nous. Nous ne sommes ni plus clairvoyants, ni plus politisés. Nous sommes peut-être un peu plus sensibles à certaines manifestations.
Nous agissons comme des détecteurs…

Geneviève : 👍

Dany :  : Comment t’est venue l’idée d’emprunter un personnage de Maxime Chattam ? Sais-tu que Samuel Delage l’a fait aussi avec le même …

Jean-Luc : Non, je l’ignorais. Dans quel livre ?

Dany : je recherche …

Jean-Luc : Ça m’intéresse de savoir qui a lancé la mode.
Apparemment, c’est lui dans Arrêt Wagram.
Que je n’ai pas lu.

Sylvie et Dany : 👍

Dany : tu as trouvé plus vite que moi … 

Jean-Luc : Pour le Berceau des ténèbres, deux raisons m’ont amené à demander à Maxime l’autorisation d’utiliser son personnage.
La première est évidente : Maxime Chattam m’avait fait un somptueux cadeau en rédigeant les bandeaux pour l’Évangile et La Frontière, je voulais donc lui rendre hommage.
La seconde m’est apparue en cours de rédaction, car il était impossible d’arriver à une résolution plausible de l’enquête sans l’aide de personnages ayant leurs entrées au FBI. J’ai donc songé à Brolin… et j’ai été très heureux que Maxime me confie son personnage.
Dont j’ai pris le plus grand soin !

Dany : c’est vrai que ces clins d’œil entre vous les polardeux ravissent généralement les lecteurs
tu lui a rendu Brolin en bon état aussi, il peut encore servir

Jean-Luc : Mais j’espère bien retrouver ce fabuleux personnage sous la plume de son créateur ! (Et je ne crois pas être le seul dans ce cas.)

Dany : Le contexte coréen se prête-t-il à un nouvel épisode ou penses-tu avoir tout dit sur ce système ?

Jean-Luc : Le prochain épisode des aventures de Dong-Soo devrait principalement se dérouler en Corée du Sud, parce que j’ai découvert d’autres sujets qui me posent question.
Je ne crois pas avoir tout dit sur la Corée du Nord, loin s’en faut, mais je ne veux pas non plus « tirer sur la corde », au risque de proposer une intrigue factice.
Un bon thriller, repose sur l’équilibre entre le sujet et l’histoire. Si l’un des deux paraît forcé, ou apprêté… tout s’écroule.

Eppy, Sylvie, Geneviève : 👍

Dany : Donc nous allons retourner Asie de l’est …

Jean-Luc : La décision appartient à un éditeur.
C’est la règle du jeu, dans ce milieu.

Dany : même si vu de la France , c’est la même région, la Corée est bien loin de ta région natale ...

Jean-Luc : Géographiquement, pas tant que ça.
Mais en termes de politique et de mentalités, c’est effectivement le grand écart.

Dany : Mais tu y retournes … virtuellement ?

Jean-Luc : Je projette depuis des années de retourner au Cambodge. J’y emmènerai mes fils et ma compagne.
Pour la Corée du Nord, en revanche, ça me paraît compromis.

Sylvie : Les lieux sont très importants pour toi tu as grandi aux Comores né au Cambodge et un thriller en France plus difficile?

Jean-Luc : Ça n’est pas tant un roman qui se déroule en France qui me pose problème, c’est le réalisme dans la procédure.
J’ai un papa commissaire divisionnaire à la retraite. Qui lit tous mes livres.
Le jour où je publierai un roman dont l’action se passe en France, j’aimerais autant qu’il n’y ait AUCUNE erreur, pour ne pas lui gâcher le plaisir.
J’y travaille d’ailleurs, mais il est encore trop tôt pour en parler.

Sylvie : C’est tout à ton honneur la précision est importante. Pour les autres lieux, tu les connaissais tous ou internet et l’imagination font le reste?
Par ex El Paso pour Crotales

Jean-Luc : Mis à part la Corée du Nord, où je n’ai jamais mis les pieds, je m’efforce d’aller sur les lieux dont je parle.
Je n’ai jamais longé la frontière de Juarez, mais je suis allé aux USA et j’ai effectué des repérages sur tous les lieux que Seth Ballahan arpente à NYC.
Cela dit, Internet est le meilleur assistant de l’auteur de thrillers… mais on ne remplacera jamais les sensations vécues.

Pour la série La Cour des miracles, chez 10-18, j’ai mis en scène les aventures de Bloomberg dans des quartiers que je connaissais par cœur. Même sa maison est inspirée du 60, rue Mazarine.

Sylvie, Eppy  : 👍

Dany : China Town, une façon de retrouver tes repères …

Jean-Luc : Ahaha ! Oui et non.
C’est surtout la porosité entre Chinatown et Little Italy qui m’a inspiré lors de ma visite de NYC.
Encore une fois, l’auteur de thriller ne regarde pas les mêmes détails. Je cherche toujours à trouver ce « petit plus », ce « fragment qui cloche », j’éprouve le besoin de regarder à travers les choses, plutôt que de balayer en surface.
L’histoire m’est apparue comme une évidence, après le repérage.

Dany : Tes personnages principaux sont majoritairement des hommes alors que les femmes sont en arrière-plan mais elles ont néanmoins des tempérament extrêmes ?
De la graine d’héroïne principale …

Jean-Luc : Ça n’est pas tout à fait vrai.
Dans la série La Cour des miracles, c’est Sarah Englewood le personnage principal. Elle a l’intelligence de laisser l’aliéniste agir à sa guise, de le laisser croire qu’elle s’efface… mais c’est bien souvent elle qui a le dernier mot et qui fait basculer l’intrigue.
En revanche, si la série des Ténèbres fait appel à des hommes… ils sont tous menés par des femmes. Sans leurs épouses, Seth Ballahan et Paik Dong-Soo ne sont pas grand-chose. Et Ballahan ne serait parvenu à rien sans la présence de Suzan, qui tire toutes les ficelles de l’autre côté de la frontière de barbelés…

Eppy, Sylvie, Geneviève : 👍

Jean-Luc : Dans la série médiévale que j’ai écrite aux éditions du Masque, c’est Ninon le personnage principal. Tous les hommes, autour d’elles, ne sont au final que des faire-valoir (même s’ils passent leur temps à jouer des poings et à bomber le torse).

Dany : Une vision très réaliste de l’humanité donc … 😉

Jean-Luc : En fait…
J’aime beaucoup les personnages de femmes. Ils sont toujours plus intéressants à créer et à mettre en scène.

Dany : Tu es aussi à l’aise dans l’écriture que ce soit une femme ou un homme dont tu parles ?

Jean-Luc : Je ne sais pas. Je crois que pour écrire, il faut avoir envie d’imaginer, de s’enrichir. Rien n’est plus enrichissant que d’observer l’autre.
Quand j’ai écrit Marie Joly, la gageure était de mettre en scène des femmes et pratiquement que des femmes… sans en livrer une version caricaturale.
C’est sans doute pour cela que ce livre m’est aussi cher.

Sylvie : oui nous parlions des lieux pour Marie Joly c’était presque aussi important

Jean-Luc : Bien sûr ! Je suis allé marcher pendant des heures dans la Brèche au Diable, j’ai retrouvé la maison de Marie Joly, j’ai vu les stigmates laissés sur la nature par les bombardements…
Retranscrire tout cela m’était plus facile ensuite.
L’imagination ne fait pas tout, au contraire.
Pour bien ressentir les choses, et les traduire, il faut avoir perçu les parfums, les ambiances, la température, l’humidité ou la sécheresse, l’aridité ou la douceur d’un endroit…
Il faut y avoir vécu, en somme, même un très court moment.

Geneviève : 👍

Dany : Et bien Jean-Luc, ta deuxième audition va s’achever … il reste un tas de choses à se dire mais il nous avons encore les auditions de mercredi.
RDV à 9 h avec Aline et Nick, puis plus tard vers 17 h
Merci de ta disponibilité et à bientôt

Jean-Luc : Bonne soirée à vous !

Sylvie : A demain pour la suite, belle soirée

Dany : Geneviève,  le prévenu est à toi !

Isabelle, Sylvie : 👍

Geneviève : Whaou la chance
Jean-Luc, veux-tu conclure cette deuxième audition. ?
Quelque chose à rajouter pour ta défense ?

Bon et bien 18h45 fin de cette deuxième audition.
Merci à tous et toutes

On se retrouve demain pour la troisième et avant dernière audition.

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