L’Anomalie d’Hervé Le Tellier

Le livre : L’Anomalie d’Hervé Le Tellier, paru 20 août 2020 chez Gallimard dans la collection Blanche. 20€. (327 p.) ; 21 x 14 cm

 Résumé : 

10 mars 2021. Les 243 passagers d’un vol au départ de Paris, marqué par de violentes turbulences, atterrissent à New York. Parmi eux : Blake, tueur à gages ; Lucie et André, couple français au bord de la rupture ; Slimboy, chanteur nigérian homosexuel ; Joanna, avocate américaine ; ou encore Victor Miesel, écrivain sans succès, qui se donne la mort après avoir écrit en quelques jours un livre aussitôt propulsé en tête des ventes… Trois mois plus tard, contre toute logique, un avion en tous points identique, avec à son bord le même équipage et les mêmes passagers, surgit dans le ciel au-dessus de New York. S’ensuivra une crise politique, médiatique et scientifique sans précédent, au coeur de laquelle chacun de ces personnages ou presque se retrouvera face à une autre version de lui-même… Avec cette variation spirituelle et virtuose sur le thème du double, qui nous transporte des faubourgs de Lagos et de Mumbai à la Maison Blanche, Hervé Le Tellier signe son roman le plus ambitieux…

 

l’auteur : Chroniqueur dans les années 1990 sous le pseudonyme de « Docteur H » à La Grosse Bertha, qui refondera bientôt Charlie Hebdo, il a collaboré quotidiennement, de 2002 à 2016, à la lettre électronique matinale du journal Le Monde, par un billet d’humeur intitulé Papier de verre, ainsi qu’à la revue Nouvelles Clés, où il a animé depuis 2009 la page Retrouver du non-sens. Il collabore aujourd’hui à Mon Lapin Quotidien, revue culturelle de l’Association. Il est enfin, avec Frédéric Pagès, journaliste au Canard enchaîné, l’un des fondateurs des Amis de Jean-Baptiste Botul (1896-1947), philosophe fictif de tradition orale. Il a reçu en 2013 le prix de l’humour noir pour sa traduction (factice) des Contes liquides de Jaime Montestrela, un auteur portugais dont il a inventé l’œuvre et la biographie. Son livre Moi et François Mitterrand, récit d’une correspondance entre un personnage portant son nom et François Mitterrand, correspondance poursuivie avec les présidents de la République lui ayant succédé, a été porté au théâtre et interprété par Olivier Broche. Il publie en 2017 un récit familial, Toutes les familles heureuses, à la fois traversée de l’Histoire et galerie de portraits. Son dernier roman, L’Anomalie, publié aux éditions Gallimard, obtient le prix Goncourt le 30 novembre 2020.
Extraits 
« La vérité, avec l’amour, c’est que le cœur sait tout de suite et il le crie. Bien sûr, on ne va pas déclarer à la personne qu’on l’aime, comme ça, de but en blanc. Elle ne comprendrait pas. Alors, histoire de se cacher qu’on est déjà son otage, on lui fait la conversation. »
« Le message est flou, mais la liberté de pensée sur internet est d’autant plus totale qu’on s’est bien assuré que les gens ont cessé de penser »

L’ avis toujours court de Cat le chat 😉 

Mon avis,  toujours court, en espérant vous donner envie de le lire:

Un excellent moment de lecture avec cet ouvrage un peu inclassable… L’écriture y est alerte et nerveuse, voire un brin trop rapide, les nombreux personnages sont bien croqués, leur vie plutôt bien relatée même si on ne s’attache pas vraiment à eux. D’autre part vu que l’espace-temps la théorie de l’Univers chiffonné , ou bien celle des Cordes me passionnent, je n’ai donc eu aucun mal à entrer de plain-pied dans ce récit . Mais je n’en dirai pas plus …N’oublions pas qu’Hervé Le Tellier est mathématicien.

 En somme si je devais classer ce roman ce serait en science-fiction philosophique … le mythe de la caverne de Platon revisité … une sorte de « vanité* » également, une réflexion sur notre condition humaine . En refermant le livre on peut se dire et si c’était comme ça ? 

Évidemment il n’est pas question de vous dévoiler l’intrigue 😉

Aussi même si pour moi un Goncourt devrait récompenser un ouvrage à l’écriture plus soutenue , il s’agit d’une belle surprise. 

Les avis à propos de ce roman sont assez partagés, je vous invite donc à vous faire votre avis … en tout cas cet ouvrage ne peut pas vous laisser indifférent. 

4,5/5

* Une vanité est une nature morte allégorique qui symbolise le caractère éphémère de la vie humaine. Le terme de vanité est issu de l’Ancien Testament (livre l’Ecclésiaste). On y trouve la phrase : traduit du latin  « vanitas vanitatum omnia vanitas », c’est-à-dire :  « Vanité des vanités, tout est vanité. ». Les natures mortes (ou vanités) montrent des objets qui représentent :la mort crâne humain, squelette ; le temps qui passe – montre, sablier…

Ce roman a reçu le Prix Goncourt 2020 «On ne s’attend jamais à un prix comme le Goncourt. D’abord on n’écrit pas pour l’avoir, et puis on ne peut pas s’imaginer l’avoir», a déclaré le lauréat lors d’une visioconférence, aux côtés de son éditeur, Antoine Gallimard. «Ce n’était pas du tout dans mes projets», a-t-il ajouté.

 

Autre extrait :
« Wesley ne regarde pas l’écran, où le président lève les yeux au ciel et poursuit : — L’important est ceci : une civilisation hypertechnique peut simuler un millier de fois plus de « fausses civilisations » qu’il n’y en a de « vraies ». Ce qui signifie que si on prend un « cerveau qui pense » au hasard, le mien, le vôtre, il a 999 chances sur 1 000 d’être un cerveau virtuel et une sur 1 000 d’être un cerveau réel. Autrement dit, le « Je pense donc je suis » du Discours de la Méthode de Descartes est obsolète. C’est plutôt : « Je pense, donc je suis presque sûrement un programme. » Descartes 2.0, pour reprendre une formule d’une topologiste du groupe. Vous me suivez, président ? Le président ne répond rien. Wesley l’observe qui garde son air buté et furieux, et conclut : 
— Voyez-vous, monsieur le président, je connaissais cette hypothèse et jusqu’à ce jour, j’estimais à une chance sur dix la probabilité que notre existence ne soit qu’un programme sur un disque dur. Avec cette « anomalie », j’en suis quasiment certain. Cela expliquerait par ailleurs le paradoxe de Fermi : si nous n’avons jamais rencontré d’extraterrestres, c’est que dans notre simulation, leur existence n’est pas programmée. Je pense même que nous sommes confrontés à une sorte de test. Pour aller plus loin, c’est peut-être parce que nous pouvons désormais envisager l’idée d’être des programmes que la simulation nous propose ce test. Et nous avons intérêt à le réussir, ou du moins en faire quelque chose d’intéressant. — Et pourquoi ? demande Silveria. 
— Parce que si nous échouons, les responsables de cette simulation pourraient bien tout éteindre. » (L’anomalie, page 169)    

 

8 réflexions sur “L’Anomalie d’Hervé Le Tellier

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