Bonjour, ravi de vous accueillir. Lucienne Cluytens nous permet de nous rencontrer, mais elle n’a pas cru nécessaire de vous présenter. Je vous laisse réparer cet oubli.

J’ai trente-trois ans, comme le Christ mais contrairement à lui, je ne pardonne pas. Je suis née d’une mère française et d’un père ambassadeur anglais. Mes parents s’adoraient et n’aimaient qu’eux. Du coup, mon frère chéri et moi, on s’est élevés tous seuls. Quand il est mort par leur faute, je suis devenue flic, histoire de supporter de vivre sans lui. J’ai juré de me venger en punissant les affreux de tout poil puisque je ne pouvais pas punir les parents – et quoi de plus sécure qu’un emploi de flic pour cacher ses turpitudes -, et de les mettre au courant pour les torturer. Quelque part, je suis restée la sale gamine dont ils se sont toujours plaints.

Et il faut quoi pour être « une sale gamine » ?

Je suis belle, intelligente, provocante, parfaitement entraînée au combat et déterminée à aller au bout de mes enquêtes quitte à passer par-dessus la loi. La transgression, j’adore ! J’aime rigoler aussi. En fait, je ne prends pas la vie au sérieux. On m’a surnommée La panthère.

C’est déjà tout un programme… Lucienne Cluytens a mis longtemps pour vous créer ?

Un jour, un écrivain, copain de ma créatrice, lui a conseillé de se lâcher, histoire de rigoler. Faut dire qu’elle avait lu, relu et re relu les San-Antonio. Dont acte. Elle n’a pas mis 8 jours à m’inventer pour changer de ses autres personnages plus conventionnels. Quoi que, le commandant Flahaut n’est pas mal non plus dans son genre…

 

Vous êtes donc une expérience dans son parcours. Ça doit lui donner les pleins pouvoirs comme position. À moins que vous ne mettiez votre grain de sel ?

Les deux, mon capitaine. Souvent elle commence, elle veut m’emmener là ou ailleurs… Je la laisse faire et crac, je prends la relève. Je sors des trucs tordus des coins sombres de son esprit, ceux dans lesquels elle ne va jamais mais qui sont pourtant bien là.

Si c’était dissimulé dans des coins sombres, peut-être ne voulait-elle pas les sortir, non ?

Je la bouscule, je l’oblige à se remettre en question. Mais je crois que je lui permets de s’évader de son petit confort. Parfois elle me dit « Oh, t’exagères ! Pas ça quand même ! » mais elle finit toujours par me suivre.

Ça doit donner lieu à de sévères négociations tout de même…

On ne discute pas. Quand je prends les commandes elle n’a rien à dire. Si c’est elle qui mène la barque, j’attends qu’elle baisse la garde et je reprends les rênes.

J’imagine que chacun reprend son train-train ensuite. Le vôtre ressemble à quoi ?

C’est dur ! Très dur ! Je danse, je bois, je baise. J’adore la baise. Suffit de savoir dresser le partenaire. Je n’ai pas trop d’amis alors je voyage seule pour bercer mon chagrin. Mais au bout du monde, on trouve les mêmes salauds qu’ici. Alors à quoi bon se déplacer ?

En guise de conclusion, un petit mot pour ceux qui vont vous découvrir ?

J’ai l’air déjantée mais je le suis vraiment avec parfois l’envie de tuer mes géniteurs. Eux seuls savent de quoi je suis capable, eux seuls sont au courant mais ils ne lâcheront jamais rien, ils savent qu’ils payent leur dette.