Rien que le noir, William McIlvanney, Ian Rankin

Aujourd’hui chers polardeux et chère lectrices, voici le premier retour d’une nouvelle chroniqueuse sur Collectif Polar.

Et c’est Sylviane, qui je l’espère viendra bientôt se présenter à vous.

Mais alors qui a-t-il ce matin  » Dans le tote bag polar de Sylviane » ?


Le livre : Rien que le noir de William McIlvanney et Ian Rankin. Traduit de l’anglais (Ecosse) par Fabienne Duvigneau. Paru le 6 avril 2022 chez Rivages dans la collection Rivages Noir. 21€. (285 p.) ; 23 x 16 cm

4e de couv : 

Rien que le noir

Glasgow, octobre 1972. Lorsqu’un cadavre en costume est découvert dans une ruelle sombre à l’arrière du pub Le Parlour, Il est aussitôt identifié : Bobby Carter, l’avocat qui mettait ses talents au service de la pègre. Enfin, de l’un de ses chefs, Cam Colvin. De l’avis général, ce qui est arrivé à Bobby Carter n’a rien de surprenant.

Le jeune policier Jack Laidlaw est lui aussi précédé d’une solide réputation. Il a tendance à travailler en solitaire et à se moquer de la hiérarchie. Mais il a un sixième sens pour interpréter les signes que les autres ne voient pas. La police doit trouver rapidement qui a tué Bobby Carter car les différents gangs de la ville sont prêts à s’entretuer. Ignorant les directives de son supérieur, Laidlaw va suivre une piste qui le mènera à la vérité et à la conclusion qu’il n’y a pas d’autre issue « que le noir ».

Les auteurs :

William McIlvanney est connu comme le fondateur du « Tartan noir » grâce à sa série consacrée à l’inspecteur Jack Laidlaw. Il a été récompensé entre autres par le Silver Dagger de la Crime Writers Association.. Né en 1936, ce fils de mineur étudie à Glasgow et devient professeur d’anglais.
« Docherty » (1975) qui retrace la vie d’une famille de mineurs écossais au début du XX° siècle lui vaut de nombreux prix.
Trois de ses romans policiers, appartenant au genre du roman noir, mettent en scène le détective Jack Laidlaw: « Les Papiers de Tony Veitch », « Laidlaw » et « Étranges Loyautés », auquel il convient d’ajouter « Big Man », dont la fin devient l’un des éléments de l’enquête de Laidlaw dans « Étranges Loyautés ».

Ian Rankin est le créateur de l’inspecteur John Rebus dont les aventures ont été traduites dans une trentaine de langues. Il a brillamment relevé le défi de compléter le manuscrit de Rien que le noir que McIlvanney avait laissé inachevé. Né à Cardenden, Fife , le 28 avril 1960. En 1978, à l’âge de 18 ans, il alla à l’Université d’Édimbourg, où il étudia la langue et la littérature anglaise, et où il obtint en 1982 son Master of Arts, spécialité littérature américaine. Entre 1982 et 1986, il travailla à sa thèse de doctorat sur la fiction moderne écossaise, plus particulièrement sur Muriel Spark, tout en s’investissant de plus en plus dans sa propre écriture. Ian Renkin profite des enquêtes de son personnage récurrent John Rebus pour faire connaître la ville d’Edimbourg et, plus largement, les faces cachées de la Grande-Bretagne.

 

L’écrivain écossais Ian Rankin, à Edimbourg, en 2021, à l’occasion de la parution de « The Dark Remains ». A la craie, une silhouette symbolisant le défunt William McIlvanney. HERALD SCOTLAND Crime writer Ian Rankin, photographed in Edinburgh’s Quartermile 2022
https://www.heraldscotland.com/news/19551980.ian-rankin-dark-remains-finishing-william-mcilvanneys-laidlaw-quartet/

 

Extraits : 
« McIlvanney, le Parrain du roman noir écossais, m’a fait comprendre que le polar était de la littérature. » Ian Rankin
« Toutes les villes regorgent de crimes. Elles en sont le terreau. Rassemblez suffisamment de personnes en un même endroit et, invariablement, la malveillance se manifestera d’une manière ou d’une autre. Telle est la nature de la bête. En général, elle dort, tapie sous la conscience du citoyen lambda. Nos soucis quotidiens obscurcissent le sens aigu que nous pourrions avoir du danger. C’est seulement par intermittence (lorsque, par exemple, se produit une catastrophe comme Ibrox1 ou qu’un Bible John2 s’étale à la une des journaux) que les gens mesurent à quel point ils frôlent à chaque instant un danger potentiel. Ils perçoivent parfois avec une plus grande acuité qu’une menace étrange, omniprésente, rôde à la lisière de ce qui paraît la normalité. Leur revient à nouveau l’impression que nous marchons sur une membrane d’une extrême minceur, à travers laquelle nous sommes susceptibles à tout moment de passer et de basculer dans un monde de ténèbres. »
« Le bruit de la porte s’ouvrant brusquement sur le monde extérieur mit aussitôt ses sens en alerte. Mais il ne s’agissait pas de skinheads ni d’une autre tribu locale. L’air froid s’engouffra dans le pub en même temps qu’une bourrasque de pluie. Le jeune couple se tenait sur le seuil, indécis, comme reconnaissant à peine les lieux. Puis ils entrèrent, et la porte claqua derrière eux. Le parapluie n’était qu’à demi fermé. Au début, Conn se demanda si c’étaient des gouttes de pluie ou des larmes sur le visage de la fille pâle comme un linge. Son compagnon avait perdu son bagout et sa belle assurance. Lorsqu’il put enfin parler, il déclara, plus fort que ce n’était nécessaire :
« On a trouvé un corps.
– Où ça ? interrogea Conn.
– Dans la ruelle derrière. »
Susie réagit au quart de tour. « Un clochard ?
– Un gros costaud, bien habillé. C’est tout ce qu’on a vu. » »

Dans le tote bag polar de Sylviane  

RIEN QUE LE NOIR – William McIlvanney et Ian Rankin (Rivages/noir)

Préquel de la trilogie des enquêtes de Jack Laidlaw,  Rivages noirs

Avril 2022- The dark remains, traduit par Fabienne Duvigneau

les titres de la trilogie : Laidlaw, Les papiers de Toby Weitch, Etranges loyautés (Rivages noirs , réédités en poche)

Rien que le noir, William McIlvanney, Ian Rankin

Pour savoir à quelle époque se situe l’intrigue du roman « Rien que le noir », on écoute la radio dans la voiture des policiers Jack Laidlaw et Bob Lilley. On y entend Kissinger parlait de la guerre au Vietnam. William McIlvanney ou Ian Rankin nous donnent deux autres indices, deux films, sortis en 1972 : le Parrain de Francis Ford Coppola et Cabaret, réalisé par Bob Fosse.

Ce matin, j’écoute aussi la radio et j’apprends que plus 7000 pubs ont fermé en Angleterre et au Pays de Galles. Aujourd’hui Les propriétaires de ces pubs ne font plus que 40% de leur chiffre d’affaires.

Cette nouvelle n’évoque pas la situation actuelle des pubs en Ecosse. Nous sommes donc en 1972, il y a encore des pubs ouverts pour recevoir des gangsters avec montre et gourmette en or, flanqués de leur garde du corps. Ils jouent aux cartes avec leur acolytes au surnoms évocateurs (Spanner, clé à Molette en français). On y boit de la bière et du whisky allongé avec de l’eau. Les inspecteurs de police les rencontrent dans les arrières – salles pour mener l’enquête sur l’assassinat de Bobby Carter. Avocat, il était au service d’un des chefs de la pègre Cam Colvin. Son corps, poignardé, a été abandonné dans les poubelles de l’arrière-cour…d’un pub, le Parlour, territoire de Charles Rhodes, ennemi de Cam Colvin.

Une tension s’installe notamment entre ces deux chefs de gang. La police doit œuvrer au plus vite pour retrouver l’assassin et éviter une nouvelle guerre des gangs.

J’ose le dire mais je n’ai pas encore lu les deux autres romans de la trilogie et je ne connais pas le personnage de Jack Laidlaw.  Dans ce préquel, c’est une enquête de jeunesse où son caractère sombre est déjà affirmé. Je découvre un inspecteur, érudit, (il a des livres sur son bureau et cite des poètes pour justifier son raisonnement), électron libre qui n’en fait qu’à sa tête. Etrange personnage, qui pour réfléchir à son enquête, prend des bus et des taxis, préfère dormir à l’hôtel plutôt que rentrer chez lui, retrouver sa femme et ses enfants. Il passe outre les ordres de sa hiérarchie.

La police interroge les gangsters, les gangsters règlent leurs comptes mais Jack Laidlaw prend le temps d’observer et de rencontrer des personnes, qui semblent éloignées de ce monde de méchants.

Lorsque William McIlvanney est décédé, Ian Rankin, admirateur de cet auteur a repris, à la demande de la veuve de William McIlvanny l’écriture du roman pour le terminer.

Je ne peux pas m’avancer sur la part de l’un ou l’autre des auteurs dans ce récit.

Mais cela m’a donné envie de lire les deux autres titres pour retrouver Jack Laidlaw et continuer la visite de Glasgow.

A sa façon, John Rebus, l’inspecteur des enquêtes écrites par Ian Rankin, avec son caractère impossible, bien qu’il soit dans un commissariat d’Edimbourg, n’est pas si éloigné de Jack Laidlaw. Et c’est aussi avec plaisir que je lirai un nouveau titre de Ian Rankin.

 

Autres extraits :
« Laidlaw termina son verre au moment où le deuxième arrivait. Il promena son regard autour de la salle. « Vous avez remarqué que les flics ne viennent jamais en simples consommateurs dans les pubs ? On dirait toujours qu’ils s’approprient le lieu, temporairement »
« « Parlant de bouquins, dit Lilley, je suis passé devant votre bureau… Ça change du Droit criminel ou des Règles de circulation routière… »
Laidlaw esquissa un sourire. « Unamuno, Kierkegaard et Camus.
– C’est pour nous rappeler que vous êtes allé à la fac ?
– Je n’y suis resté qu’un an, et je n’ai pas particulièrement envie de le crier sur les toits.
– Pourquoi ces livres, alors ?
– On sait où un crime finit, expliqua aimablement Laidlaw. Avec un cadavre, souvent, puis un procès et quelqu’un qui va en prison. Mais où commence-t-il ? Cette question-là est bien plus épineuse. Si on pouvait remonter aux origines, peut-être serait-il possible d’agir en amont et d’empêcher les crimes de se produire.
– La prévention de la criminalité, ça existe déjà. »
Laidlaw secoua la tête.
« Ce ne sont pas des flics comme vous et moi qu’il faut, mais des sociologues et des philosophes. D’où les bouquins… »

Une réflexion sur “Rien que le noir, William McIlvanney, Ian Rankin

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