Du fond des âges, René Manzor

Le livre : Du fond des âges de René Manzor. Paru le 19 octobre 2022 chez Calmann-Levy dans la collection Calmann-Levy Noir. 20€90. (393 p.) ; 22 x 14 cm

4e de couv : 

Il est trop tard pour avoir peur…

Nouvelle-Zélande. Un petit garçon court à perdre haleine dans les rues de Christchurch, poursuivi par un homme armé. Des coups de feu éclatent. À l’hôpital, on découvre que l’enfant a été porté disparu il y a trois ans. Il s’appelle Nateo, c’est le fils du célèbre explorateur Marcus Taylor. Pourquoi le retrouve-t-on maintenant ? Était-il séquestré ? S’est-il enfui ? Et qui peut vouloir tuer un enfant de huit ans ?

Un an auparavant, le glaciologue Marcus Taylor dirige une mission de scientifiques envoyés dans une base implantée en plein milieu de l’Antarctique. Quand ils arrivent sur place, ils découvrent des bâtiments saccagés et déserts. L’équipe précédente a disparu sans laisser de trace.

Quel lien y a-t-il entre la réapparition de l’enfant et cette expédition qui tourne au cauchemar ?

Une chose est sûre. Il est trop tard pour avoir peur….

L’auteur : René Manzor est né en 1959, il est romancier, réalisateur et scénariste. Les plus grands ont fait appel à son imaginaire, de Delon à Spielberg. En cinq romans seulement, il s’est imposé comme une des références du thriller français. Pour Celui dont le nom n’est plus il a reçu le Prix Cognac du polar Francophone. Pour Apocryphe, le Prix Polar Les Petits Mots des Libraires. Et pour son dernier roman, À Vif, le Grand Prix Iris Noir Bruxelles 2021 et le Prix de l’Embouchure 2022.

 

Extraits :
« L’enfant maori se retourna sous une pluie battante et aperçut le 4 × 4 Holden qui fonçait droit sur lui. L’innocence de ses huit ans se chargea soudain de panique ; celle qu’éprouvent les animaux traqués.
Le premier tir fit exploser le pare-brise d’une fourgonnette, à quelques centimètres de lui. Le petit garçon bondit en avant, jetant toutes ses forces dans une fuite désespérée. Le verre brisé taillada ses pieds nus, mais l’enfant ne sentit rien. Pas plus la douleur que le sang jaillissant de ses blessures.
Le vieux Russe qui le poursuivait pointait son fusil à lunette à travers la portière, tout en hurlant au conducteur de stabiliser la voiture. Mais la minitornade qui soufflait sur Christchurch rendait la manœuvre difficile. D’autant que les essuie-glaces ne parvenaient plus à dégager les trombes d’eau.
L’enfant bifurqua vers une avenue adjacente.
Un second tir fit exploser la vitrine d’une boutique, sur ses talons.
Un chaos indescriptible régnait dans la rue. Des gens criaient, d’autres se cachaient où ils pouvaient. »
«Projeté dans les airs, le reste du fuselage heurta des corniches de glace, passa à travers des congères et finit par s’arrêter.
Dès lors, le désert de glace retrouva son calme et son mystère.
Désespérément blanc.
Et silencieux.»
«le Mal est invisible à l’oeil nu, poursuivit le vieillard. Mais il est patient. Même emprisonné sous des kilomètres de glace, il peut attendre des millions d’années qu’on le libère. le Bien est le meilleur des hôtes, car il est confiant et accueillant, mais… il est aussi vulnérable. Il suffit d’une petite écorchure pour que le Mal s’y introduise. »

Le post-it de Ge

Du fond des âges, René Manzor

Une fois de plus notre auteur m’a bluffée. Il a cette facilité à nous immerger instantanément dans ses histoires. Je ne le dirais jamais assez, René Manzor est un conteur né ! Le pire c’est que j’ai adoré une nouvelle fois glissée avec lui sur les pentes dangereuses de son récit.

Mais alors que nous raconte « Du fond des âges »

Je ne vous en dirais pas trop pour ne pas divulgacher votre prochain plaisir. Juste un petit pitch : Décembre 2023, Christchurch, Nouvelle-Zélande. Porté disparu depuis trois ans, Nateo, le fils du célèbre explorateur Marcus Taylo, est retrouvé à l’hôpital après qu’un homme lui a tiré dessus. Un an auparavant, son père avait accepté une mission d’hivernage en Antarctique qui avait viré au cauchemar et dont lui seul était revenu.

Vous l’aurez compris nous sommes là dans une double temporalité.

On va à la fois suivre l’histoire de Natéo et de ses parents mais on va aussi vivre l’expédition tragique de Marcus son père dans le grand froid de l’Antarctique.

On va naviguer entre la Nouvelle Zélande et les terres australes.

On va entrer dans la tête de chacun des personnages à commencer par Marcus, qui n’a jamais arrêter de chercher son fils, celle aussi de Raïana, la maman qui a préféré faire le deuil de Natéo et se replier sur elle-même sur la terre de ses ancêtres maoris. Père et mère éprouvant la perte de leur enfant comme ils le pouvaient.

Mais voilà que Natéo est retrouvé, trois ans de disparition et alors qu’il refait surface, un viel homme tente de le dessouder, en plein rue, il le pourchasse à la vue de tous, n’hésitant pas à le canarder. D’ailleurs c’est sur cette scènes dingue que commence notre histoire. Tout de suite on est mis dans le bain. Et on ne lâche plus rien.

Et pour encore mieux nous scotcher, que l’on reste le pied au plancher, tout de suite après notre auteur un poil retord à n’en pas douter, nous fait vivre l’enfer des terres inhospitalières du pôle sud, le froid extrêmes, le vent, les températures négatives insoutenables, l’immensité blanche dans laquelle on ne peut que se perdre…

Bref, c’est du grand spectacle, on ne peut lâcher le livre sans avoir très envie de le reprendre très vite pour commettre la suite. Réné Manzor à ce sens du timing, du récit, ce regard de réalisateur, il nous montre ce qu’il veut, un peu comme un magicien et il nous cache en fait l’essentiel. Juste il nous met ici et là quelques indices pour nous permettre de nous faire une idée de là où il tente de nous emmener.

J’ai aimé cette façon qu’il a de nous trimballer.

J’ai aimé aussi ses protagonistes, aucun ne ressemblant aux autres, tous avec des caractères bien à eux. Ils sont là pour nous faire vivre à travers leurs regards une diversité de sentiments, parfois brutaux, parfois émouvants souvent contradictoires. Ma préférée est sans doute la profileuse formée à Scotland Yard qui blessée dans sa chair va tout faire pour tenter de comprendre le mystère Natéo.

Ce que j’ai apprécié c’est que tout en nous divertissant, René Manzor n’oublie pas de nous interroger. Il est ci question aussi de grands thèmes de société. La peur, la mort, la parentalité, les liens qui nous unissent mais aussi la recherche scientifique, le réchauffement climatique, l’écologie…

 Mais pour apprécier vous aussi tout cela, le plus simple c’est que vous lisiez « Du fond des âges » ; pour que à votre tour vous compreniez les tenants ténus et les aboutissant de cette formidable histoire. De ces deux formidables histoires qui ensemble réunies forment un récit protéiforme de toute beauté.

C’est dense, c’est riche, ça joue sur différents genres, mêlant roman policiers, thriller, roman psychologique, fantastique avec un brin de science-fiction et roman d’aventure.

Promis vous ne serez pas déçu, c’est du grand art. Je le disais il y a encore quelques jours, René Manzor est un charmeur des mots qui vous entraîne là où vous ne pensez pas aller.

 

Autres extraits :
« Déséquilibré, le C-130 chavira sur la gauche. L’aile restante se fractura et les pales de son hélice éventrèrent le fuselage et les voyageurs qui se trouvaient sur son trajet.
Privée d’ailes et de queue, la carlingue toucha la glace sur le ventre. La violence de l’impact brisa son train d’atterrissage équipé de skis. Elle glissa, vrilla et rebondit sur le sol gelé, à une vitesse vertigineuse. Pourtant, elle ne se désintégra pas. »
«Les morts interagissent avec notre monde depuis l’éternité, qu’il y ait une explication ou pas. Mais ce sont eux qui décident de contacter les vivants et pas l’inverse. Et, croyez-moi, quand ils le font, ça ressemble plus à une corvée qu’à un don.»

Livre lu dans le cadre de 3 défis littéraires

 – Le Pumpkin Autumn Challenge 2022 chez Guimause

– Challenge Thriller et polar 2022- 2023 chez Sharon

 – Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (France).

12 réflexions sur “Du fond des âges, René Manzor

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