Ground zero de Jean-Paul Chaumeil.

Le livre : Capture& . Paru le 14 janvier 2015 chez Rouergue dans la collection Rouergue Noir. 19 € ; (216 p.) ; 21 x 14 cm

4e de couv : Il s’appelle Walter ou William. Peu importe. Ceux qui l’ont formé sur une base de l’OTAN, près de Naples, dans les années 1980, des types farouchement anticommunistes du Gladio, l’appellent W. Et aujourd’hui, le rock dur et ample d’un groupe de Minneapolis dans les oreilles, il se rend au World Trade Center pour y exécuter un contrat. Aujourd’hui, 11 septembre 2001. Une cible unique. Une mallette à récupérer. La routine pour un professionnel comme lui. Mais d’une, il a une drôle de baby-sitter à ses trousses. Et de deux, voilà que la tour se met à trembler comme si un géant l’avait secouée. Commence pour W une cavale dans une ville jetée tout entière dans le grand incendie. Des souvenirs plein la tête et des tueurs en planque où qu’il aille. Des tueurs qu’il a déjà croisés. Dans d’autres vies. Celles où il s’appelait William ou Walter. Peu importe.

Dans un premier roman sous tension, shooté au rock, à la soul et au funk, Jean-Paul Chaumeil nous transporte dans un monde parallèle, celui des factions qui s’affrontent en une guerre sans fin dans les coulisses de l’économie ultralibérale, un monde qui a inventé sa propre réalité.

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CaptureL’auteur : Jean-Paul Chaumeil vit à Bordeaux. Ground Zero est son premier roman.Voilà ce que répond l’auteur à cette question : Jean-Paul Chaumeil, quelle place tiennent les livres dans votre vie ?
– Les livres tiennent une place que j’évalue approximativement à 6m sur 3m.
Extrait : 
Pourtant, tout avait bien commencé. J’aime New York en automne, septembre y déploie un ciel bleu et pur et les journées ne sont pas trop longues. C’est pourquoi j’avais choisi d’écouter dans mon Walkman un groupe basé au sud de Minneapolis, moins connu que les MC5 ou les Stooges, les Struggle for life parce que j’avais besoin dans la fraîcheur de ce petit matin new-yorkais d’être un peu électrisé. Ils jouaient un rock dur et ample avec une sonorité de garage, c’est d’ailleurs ce qui me plaisait. En réalité je les avais entendus au fond d’une grange -mais attention ce n’était pas du rock agricole – après une mission de tout repos, mais très bien payée, et croyez-moi depuis que j’ai intégré le circuit je suis au top question salaire dans notre branche d’activité. J’avais quitté le Chelsea dans la 23e West vers sept heures du matin. L’endroit ne vous aurait peut-être pas plu car le lieu était fréquenté par pas mal de farfelus ; mais finalement je m’étais vite aperçu que j’y passais inaperçu, si vous me permettez ce jeu de mots. Non pas que j’aie le genre de la plupart de ceux que j’y croise, loin de là, mais ils l’ont choisi. Pareil pour moi, donc pas de lézard, on est dans un pays libre. J’avais l’air d’un businessman international qui en avait assez des palaces anonymes, souvent en déplacement et pressé, qui se faisait un petit extra de temps en temps en compagnie d’une fille classe ou avec une rencontre réalisée sur place. Vous aurez compris que plus personne ne faisait attention à moi, c’est ce qui me convenait. J’avais hésité avec une villa à Greenwich, dans le Connecticut, de crainte de laisser des traces trop visibles. C’est une ville située à une cinquantaine de bornes de NYC. D’après ce que j’avais lu, la «médiane» des revenus dans ce bled passait facilement les 100 000 dollars annuels par foyer. À moi tout seul je n’étais pas tout à fait un foyer, mais en matière de salaire, depuis mes débuts dans cette profession, je ne me défendais pas trop mal. J’estimais avoir le droit de vivre au milieu de ceux qui brassaient la thune naturellement. J’avais contacté des agences, effectué quelques visites et ce qu’on me montrait me bottait bien : je savais qu’une fois entré dans la zone en question, plus personne ne viendrait me poser de questions à condition que je fasse un saut, de temps en temps, sur Greenwich Avenue, chez le bijoutier Manfredi pour acheter une montre qui passe la barre des 150 000 dollars. Les types qui résidaient là c’était du lourd comme me l’avait fait comprendre un employé de l’agence immobilière D. Ogilvy & Associates. Ceux qui y affluaient depuis quelque temps c’étaient les cadors des hedge funds et c’est justement ce qui m’intéressait. Je me disais que je finirais par en rencontrer un à qui je pourrais confier la gestion de mon portefeuille sans avoir besoin de justifier une appartenance à un clan de la Nouvelle-Angleterre depuis trois générations. Et puis, autant le dire nettement, le credo libéral qui consiste à multiplier ses gains sans lever le petit doigt en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, me flashait un max. Le fric qu’on fabrique en dormant, c’est le meilleur.
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Le post-it de Ge

La cavale d’un tueur, formé en Italie par le Gladio dans les années 1980 et chargé d’un contrat au World Trade Center, le 11 septembre 2001. Premier roman.

Nous suivons ici le parcourt d’un type qui est devenu tueur à gage un peu par hasard. Il a été débauché et formé très jeune par un recruteur « officieux » des nations civilisées. Il devient en quelque sorte un soldat d’une armée secrète de l’union européenne et des grandes entreprises qui tiennent les cordons de la bourse. Un bon petit soldat de l’ombre qui tue sur commande au nom de la raison d’état ou plutôt de la raison du plus fort, du plus riche, la raison du bon fonctionnement du commerce international. Mais un jour le chasseur devient la proie et c’est sur lui qu’un contrat a été lancé.

L’auteur nous propose de rentrer dans la tête de ce tueur à gage. En effet le récit est écrit à la première personne et on entend en direct les pensées de notre héros. Souvent d’ailleurs il nous interpelle, nous lecteur. Et il nous prend à partie, pour en quelque sorte, nous rendre témoin de ses agissements, de ses motivations et de ses questionnements. Il fait de nous ses confidents

Du coup cet êtres froid, distancié devient presque un proche. Et ses pensées se font nôtre. Car s’il fait preuve d’un certain cynisme, d’une certaine fatalité, il ne dénonce pas moins cette société ultralibérale qu’est devenu la nôtre. Et nous sommes tous convaincus que l’argent mène notre monde qui se déshumanise peu à peu.

Le style direct et l’écriture à la fois épurée et incisive de l’auteur sert à merveille ce récit hallucinant.

Sans oublier le rythme soutenu par la musique qu’écoute notre héros et qu’il nous fait découvrir.

Un roman Rock’n Roll

J’avoue, j’ai été bluffée.

Ce thriller politico-financier vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière page.

 

 

Citation :
« Sans haine ni violence inutile, mais aussi sans limite, l’énergie vitale d’entreprendre et de gouverner agissait comme un trop plein de vie qui débordait de ceux qui dirigeaient ce monde et qui parfois ne pouvait totalement se déployer dans le cadre d’un Etat de droit. »

14 réflexions sur “Ground zero de Jean-Paul Chaumeil.

  1. je suis justement en train de le lire actuellement. Pas désagréable à lire, très cynique il est vrai. Par contre je n’en suis pas encore arrivé à faire mienne les idées du personnage ! ( et j’ai bientôt fini le livre ^^). Un auteur en tout cas que je découvre et que j’aurai plaisir à lire à nouveau à l’occasion d’un prochain roman ! Amitiés

    Aimé par 1 personne

    • J’ai été très partagé aussi lorsque j’ai lu rapidement les 50 premières pas. Et puis, je l’ai repris et relu intégralement et le cynisme et le détachement du personnage sont devenu à mes yeux les points fort de ce titre.
      Mais dis moi, ma Petite souris, j’arrive pas à m’abonner à ton blog avec le mien.
      Tu peux m’aider sur ce coup là.

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        • Je suis déjà abonnée à la newletter.
          je ne saurai pas t’expliquer. Quand tu écrit sur mon blog je peux à partir du mien m’abonner. Mais tu as mis comme reférence ton garvatar et non ton blog. Du coup je ne peux point directement me rendre sur celui-ci

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