Dans les brumes de Capelans- Olivier Norek

Le livre : Dans les brumes de Capelans d’Olivier Norek. Paru le 7 avril 2022 chez Michel Lafon. 20€95. (400 p.) ; 23 x 14 cm

4e de couv : 

Le grand retour du capitaine Coste, tant attendu par les lecteurs d’Olivier Norek.
Une île de l’Atlantique, battue par les vents, le brouillard et la neige…
Un flic qui a disparu depuis six ans et dont les nouvelles missions sont classées secret défense…
Sa résidence surveillée, forteresse imprenable protégée par des vitres pare-balles…
La jeune femme qu’il y garde enfermée…
Et le monstre qui les traque.

Dans les brumes de Capelans, la nouvelle aventure du capitaine Coste se fera à l’aveugle.

 

 

L’auteur : Né en 1975 à Toulouse, Olivier Norek est écrivain et scénariste.
Il travaille d’abord en tant que bénévole chez Pharmaciens sans frontières durant trois années, lors desquelles il participe à la réhabilitation d’un hôpital à Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane, ainsi que de l’approvisionnement en matériel médical des hôpitaux et camps de réfugiés des territoires en guerre de l’ex-Yougoslavie (1994-1995).
Il devient gardien de la paix à Aubervilliers, puis rejoint la PJ au service financier, puis au groupe de nuit chargé des braquages, homicides et agressions. Après avoir réussi le concours de lieutenant, il choisit Bobigny au sein du SDPJ 93, à la section enquêtes et recherches (agressions sexuelles, enlèvement avec demande de rançon, cambriolage impliquant un coffre-fort…).
Il écrit quelques textes et participe en 2011 à un concours de nouvelles. Il décide de se mettre en disponibilité pour écrire son premier roman Code 93 (2013), un polar réaliste qui nous plonge dans le quotidien des policiers en Seine-Saint-Denis.
Territoires (2014), présenté en exclusivité à l’occasion du 6ème Festival International des Littératures Policières de Toulouse Polars du Sud, est la suite de Code 93.
Son 3ème livre, qui met en scène le capitaine Coste, Surtensions, paraît en 2016. Il obtient le prix du polar européen du magazine « Le Point » et le Grand Prix des lectrices Elle – Policiers 2017.
En 2017, il publie Entre deux mondes où il aborde un sujet brûlant d’actualité : le parcours de migrants arrivant en France. Il remporte l’Étoile du Parisien du meilleur polar 2017. Norek a travaillé à l’écriture de la sixième saison de la série télévisée française Engrenages (2017).
Son roman Surface (2019) a reçu le Prix Maison de la Presse 2019, Prix des lecteurs Babelio 2019 dans la catégorie Polar, Prix Relay des voyageurs-lecteurs 2019, Prix de l’Embouchure 2019. En 2020 il publie Impact. Dans les brumes de Capelans est lauréat du Prix Babelio – Polar et thriller 2022.
Olivier Norek fait partie du collectif d’artistes La Ligue de l’Imaginaire.

 

Extraits :
« Dehors, alors que le soir tombait, le climat de l’île offrait un phénomène rare à celui qui y portait attention. La surfusion. Quelques kilomètres plus haut, le temps se réchauffait légèrement et la neige devenait pluie. Arrivant sur ce bout de planète encore si froid qu’on se brûlait à le toucher, les gouttes se transformaient instantanément en glace, enrobant d’une coque transparente ce sur quoi elles tombaient. Et tout devenait sculpture de givre. Les fleurs en bouquets de cristal, les aiguilles des pins en épines de verre, les rochers sombres en pierres précieuses géantes.
Sous cette pluie, chaque goutte devint solide au moindre contact et la surfusion engourdit la résidence. Les jointures des portes se scellèrent et les fenêtres furent recouvertes de gel épais comme du verre cathédrale, enfermant le flic et son voyou dans un bloc translucide d’une épaisseur de plus d’un centimètre dont ils ne pourraient sortir qu’au matin, libérés par la chaleur des rayons du soleil. »
« On les voudrait hideux, les monstres.
Dans les villes, dans la foule, leurs démons sont invisibles. Ils nous frôlent sans que l’on frémisse. Leurs sourires ressemblent aux nôtres, on les côtoie, on les voisine, on les invite. Ils nous charment ou nous indiffèrent, car ils sont bien normaux, les monstres. Leur peau, leur voix, leurs gestes, tout en surface est identique à l’ordinaire. Mais quelque part, une ombre s’est posée. Elle s’est nourrie silencieusement d’une blessure, d’une humiliation, d’une violence, d’une anomalie, d’une malfaçon. Elle s’est posée sur une fine craquelure qu’à coups de bec et de griffes elle a transformé en faille. Un gouffre, un piège pour la raison, et s’engendre la colère. La colère si jouissive à libérer, pour que sur d’autres se pose une partie de l’ombre. Pensant ainsi s’alléger, le monstre s’enferme et nourrit son serpent, toujours plus affamé. »
« Il y a près de huit millions de personnes isolées en France, dont quatre cent mille n’ont aucun contact avec l’extérieur et ne sortent pas de chez elles. Elles sont victimes de tout un éventail de déclinaisons de phobies sociales, allant de l’anxiété à la timidité, de l’isolement protecteur au profond manque de confiance en soi, de la crainte du lien affectif à l’hypervigilance liée à la peur de l’autre, ou simplement parce qu’il est parfois impossible de trouver sa place dans une société ou l’intérêt du « moi je » dépasse toujours celui de l’autre. »

 

La chronique jubilatoire de Dany

Dans les brumes de Capelans- Olivier Norek

Où mieux situer un programme de protection des repentis que dans un paysage qui disparait lui aussi ? Coste au bout du monde coule une vie de légende jusqu’à l’apparition d’Anna qu’il doit protéger. Il en a donné sa parole et il ira jusqu’au bout.

Pour Olivier Norek, ses romans sont des prétextes à nous présenter ses angoisses, ses valeurs, ses idéaux. Il choisit généralement des environnements atypiques, outranciers au point d’en devenir exotiques tout en restant (presque) à votre porte. Ici, il nous délocalise dans le grand blanc : non pas la neige mais un phénomène météorologique unique et français du bout du monde : la surfusion.

Nous y retrouvons enfin et avec plaisir un Coste toujours aussi taiseux, qui a trouvé son équilibre après un traumatisme professionnel, en contribuant à faciliter l’expression de la vérité, en assistant les repentis, en assurant leur sécurité, en élaborant leur légende. Pour la première fois de sa courte expérience, il va devoir protéger une victime, dans la rudesse du climat et celle des habitants. Une jeune femme sous domination d’un tueur en série qui n’arrive pas à gommer toutes les traces de son voyage, connait néanmoins un moment de répit aux côtés de Coste et de Bisset, son seul confident ainsi que de la petite-fille de celui-ci.

La population de cette terre de brouillards n’est pas non plus des plus chaleureuse envers Coste qui aura bien des difficultés à en faire ses alliés.

Nous apprenons beaucoup de choses au sujet de ce fantasme collectif des personnes placées sous protection. Tout n’est pas aussi rose que les séries TV veulent bien nous faire croire. Que d’épreuves avant d’atteindre la sécurité !

Une intrigue pleine de rebondissements, au scénario très visuel, qui va crescendo, secouant les lecteurs soumis à de fausses pistes, à des sentiments contradictoires et l’empathie malmenée. Un polar bien sombre quoique brumeux où Coste va encore un fois souffrir dans ses chairs et dans son psychisme, de beaux seconds rôles, bien fouillés. Ah comme il nous tardait de retrouver Coste … pari gagné Monsieur Norek, les lecteurs sont au rendez-vous et leur plaisir aussi !

Ambiance feutrée pour crimes odieux, cru 2022 de très haute tenue !

 

Autres extraits
« Il n’avait d’ailleurs jamais compris pourquoi on interdisait l’abus d’alcool, de cigarette et de chocolat dans les maisons de retraite pour faire payer aux vieilles personnes le prix de quelques mois ennuyeux de vie supplémentaire. Et pourquoi ne pas les atomiser aux champignons hallucinogènes et au cannabis ? C’est toujours plus agréable que la télé fixée au mur de la chambre qui vous regarde mourir une émission après l’autre, pensait-il. »
« S’il y a des femmes battues, c’est que l’homme l’a décidé. Si elles restent à la cuisine, c’est que l’homme l’a décidé. Si elles ne gagnent pas le même salaire, c’est que l’homme l’a décidé. Si elles doivent cacher leurs cheveux ou leur visage, c’est que l’homme l’a décidé. Si elles sont agressées sexuellement, c’est que l’homme l’a décidé. Si j’ai été enlevée et séquestrée, c’est parce qu’un homme l’a décidé. Uniquement parce que l’homme a quinze kilos de muscles en plus. Il n’y a pas d’autre raison. Si le lundi, ils décidaient de nous mettre en esclavage, le mardi l’affaire serait pliée. Ils ont la supériorité physique et je ne connais pas une seule espèce animale qui n’ait pas soumis ses inférieurs. On est en sursis et personne ne viendra nous défendre. Tu as lu La Servante écarlate de Margaret Atwood ? Ça parle exactement de ça. »

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