Hobboes, Philippe Cavalier

La journée fantastique sur Collectif Polar

Pour l’occasion j’ai relu Hobboes


Le livre : Hobboes de Philippe Cavalier. Paru le 21 septembre 2016 chez J’ai lu dans la collection J’ai Lu Thriller  n° 11268 . 8€. (569 p.) ; 18 x 11 cm

4e de couv :

Ravagée par une supercrise, l’Amérique doute et vacille. Des millions d’exclus prient pour un avenir meilleur aux marges de ses villes. Des frontières du Canada à celles du Mexique, rumeurs et légendes s’échangent sur les routes. Parmi les hobboes, les vagabons, on parle d’hommes doués de pouvoirs surnaturels et d’un guide promis à venger les humiliations des pauvres. On parle de révoltes et de NovAmerica, le monde d’après la prochaine révolution. On parle surtout d’un homme capable, à lui seul, de changer le destin de tout un peuple…

 

$$AVT_Philippe-Cavalier_1218L’auteur :  Philippe Cavalier est né en 1966. Quand il était étudiant en Langues orientales et en littérature comparée, il s’est passionné pour ces cultures « exotiques », et pour l’histoire, les croyances religieuses, et les pratiques ésotériques qu’elles comportent parfois. La preuve, c’est sur les sorciers et les magiciens dans la littérature qu’il rédige sa thèse à la Sorbonne. Ancien élève de l’École pratique des hautes études en sciences religieuses et diplômé de l’Institut national des langues et civilisations orientales, il était donc logique de le voir s’atteler dès sa première aventure littéraire à la rédaction d’un thriller fantastico-historique : Le siècle des chimères. Il est aussi l’auteur d’Une promenade magique dans Paris et du Marquis d’Orgèves. Philippe Cavalier prouve une nouvelle fois ses talents de conteur hors norme avec Hobboes, un thriller unique et déroutant, un road-book à grand spectacle et au souffle d’épopée.

Extraits : 
« – Les théoriciens de l’ultramondialisation comme Rand ou Friedman essaient de faire croire que seul l’égoïsme individuel est rationnel et qu’il conduit naturellement chacun d’entre nous à vouloir maximiser ses avoirs. Ce processus ne peut prendre sa totale amplitude que dans un monde ouvert, où l’État traditionnel aurait disparu au profit de réseaux marchands. Les deux problèmes infiniment perméables à des influences très éloignées de toute légitimité populaire et, d’autre part, que, enfermés dans leur rationalité, ils sont consubstantiellement dépourvus de mystique. Ils ne peuvent donc prendre réellement en compte le bien commun qui implique nécessairement une vision transcendante, non strictement matérielle, de l’homme et de son rapport au monde. Je considère, de plus, que les systèmes politiques ne sont pas des abstractions figées mais des dynamiques mouvantes façonnant leur époque et façonnées par elle en retour. Telle forme de gouvernement peut être positive à un certain moment de l’histoire et pour une certaine communauté, et cependant nocive à une autre époque pour la même société. Je crois que nous atteignons cet instant où le modèle classique occidental s’est perverti au point qu’il génère plus d’inconvénients que de bénéfices pour la masse. Même si les colonnes des grands journaux regorgent des mots élection, République, Parlement ou citoyenneté, cela n’a plus de sens véritable car nous évoluons désormais en pleine période postdémocratique…
– Pourriez-vous développer ? insista Memling.
– Cela signifie que nous vivons l’inéluctable disparition de la souveraineté de peuple au profit d’une caste d’oligarques, répondit Banes. Bien évidemment, ceux qui appartiennent à cette classe néoféodale ne veulent pas admettre l’aporie d’un système dont ils mettent pourtant à profit la moindre faiblesse. Nous atteignons cependant l’instant de vérité.»

 

« Les événements du 11 septembre 2001 avaient changé en profondeur bien des habitudes aux Etats-Unis. Vingt ans ou presque après les attentats, plus personne ne s’énervait à l’idée de piétiner une heure dans les files de contrôle aux aéroports ou de faire vérifier son sac avant de pénétrer dans un grand magasin. Comparées aux innombrables problèmes qu’affrontait le pays, ces petites contrariétés de la vie quotidienne semblaient sans importance. Moins connues, car ne concernant qu’une faible partie de la population, d’autres altérations avaient pourtant pris effet. L’une d’elles, à Wall Street, concernait la répartition des employés dans les étages des buildings. Si l’élévation spatiale reflétait autrefois fidèlement les hiérarchies – en clair, plus vous occupiez une position élevée dans l’organigramme d’une banque ou d’une société d’assurance, plus votre poste de travail se trouvait à proximité du sommet -, il en alla tout autrement après que les vols AA11 et UA175 se furent encastrés dans les tours du World Trade Center. Depuis lors, on tenait les étages en suspicion, au point de déménager les bureaux des dirigeants et des salariés les plus rentables au plus près des sorties de secours et autres tunnels d’évacuation. C’était ainsi que, depuis quinze ans à New York, les employés des services généraux et des ressources humaines – valets à petit salaire de moins de cinquante mille dollars par an – s’étaient retrouvés occuper les anciens plateaux aristocratiques des étages supérieurs. Tandis qu’ils jouissaient naguère de vues sublimes sur l’Hudson ou l’East River, les traders surdoués et les gros pontes des conseils d’administration étaient désormais souvent logés dans les sous-sols. »

 Le long post-it de Ge

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Hobboes, Philippe Cavalier

C’est un livre d’aventure que nous propose Philippe Cavalier. Et l’aventure, croyez moi, va être belle et grande.

Une aventure qui a pour toile de fond Armagedon. Un récit pré-apocalyptique.

d’Aventure à Apocalyptique

L’argument de départ de ce roman est une crise économique sans précédent.

L’auteur installe son histoire dans un contexte de fin de civilisation. Il bâtit un récit à l’atmosphère anxiogène qui met du relief notre crise actuelle. Nous sommes amenés à regarder d’un œil plus attentif le monde qui nous entoure  avec ses guerres terroristes, sa crise économique qui engendre ses problèmes de migrants, sans parler de ses dérèglements climatiques.

Philippe Cavalier nous propose avec Hobboes un conte dystopique. Une contre utopie qui sonne le glas de notre civilisation qui érige comme idéologie l’ultralibéralisme

 de Crise à Contre Utopie

La crise économique a jeté les gens dans la rue, des hordes de gens vont par les routes. Plus que jamais l’exclusion fait rage. D’ailleurs à travers le pays n’y a-t-il pas plus d’exclus que de gens qui vivre encore de cette société ultralibérale qui abrutit certain et rejette les plus faibles. Ces exclusions sont bien la preuve qu’une fin de civilisation se prépare. Et nous ne sommes pas loin de penser à fin d’un monde, le nôtre. Et de là à voir poindre de faux prophète nous contons des histoires et des discours eschatologique, il n’y a qu’un pas.

Les Etats-Unis sont sans dessus dessous, sa puissance vacille. Une crise majeure, supra frappe l’économie mondiale. Des centaines de milliers de gens deviennent des indigents. Des vagabonds vont sur la route, deviennent des chemineaux passant d’un état à un autre car ils ont tout perdu. D’autres plus grégaires s’entassent dans des bidonvilles, des favelas. Dans les grandes agglomérations, des ghettos voient le jour. Au milieu de Central Park survivent des gens entassés dans des camps de fortune . Los Angeles ressemble à Rio. Certains miséreux s’organisent afin de préserver ce qu’il y a de bon dans notre civilisation. D’autres ne pensent qu’à eux. Ils sèment destruction, se préparent à la guerre pour répondre à la promesse d’un nouveau monde…

Ainsi va le Genre Humain.

de Ghetto à Genre humain

Quand le monde s’effondre que de faux prophètes chantent la fin de celui-ci, on voit apparaître tout un tas d’illuminés qui se pose là comme le rédempteur ou le sauveur. Prêt à tout pour arriver à leur fin. Des cavaliers de l’Apocalypse qui voudraient faire voler en éclat l’idéologie dominante et reprendre les rênes de celle-ci à leur compte. Des illuminés prêts à imposer leurs propres dogmes, des idéologues aux croyances douteuses qui ont pour seule doctrine leur propre profit.

KO et Kyrielle

Dire que ce roman m’a mise Ko, c’est juste un doux euphémisme.

Car ce roman, c’est le chaos.

C’est un roman qui vous bouscule, qui vous plonge dans une kyrielle de sentiments. Parfois très opposés les uns aux autres On peut aussi être Ok par sa complexité, par la multitude de thèmes abordés. On peut se perdre dans la kyrielle de personnages que nous propose l’auteur.  De Raphaël Banes qui est le fil rouge de ce roman en passant par Milton Milicent l’étudiant , l’officier Harper, Camden Hodge ou encore Franklin, le chien, tous ont un rôle à jouer dans ce grand cercle de la vie. Le scribe, Scanaal et Okhlos, la compagnie de cheminots des Sheltas ou le clan des Formeroï., c’est sous leur trait que le mythe prend forme et devient réalité.

d’Illuminé à idéologie

Oklos est un des personnages de ce roman mais c’est aussi un de ces mythes. Oklos, c’est l’origine du changement. C’est autour d’Okhlos que vont se cristalliser tous les espoirs des pauvres hères qui ont tout perdu et qui pensent pouvoir reconquérir leur avenir.

C’est encore Oklos qui prendra la tête du clan de Formeroï. Mais ça je vous en reparle un peu plus tard.

Dans ce roman vont s’affronter 2 clans, les Sheltas comme les nomme l’auteur et les Formeroï. (petite parenthèse : le nom du premier clan les Sheltas vient d’un jargon secret utilisé par des personnes traditionnellement itinérantes dans les iles britanniques, des irlandais principalement pour que les autorités ou la police ne les comprennent pas. Cette langue est basée sur l’inversion systématique ou l’altération des consonnes initiales des mots gaéliques. Fin de la parenthèse)

Donc deux clans rivaux comme le bien et le mal. Un affrontement au sommet en quelque sorte.

 à la fois Querelle et Quête

Avec Hobboe, il est plus question de Quête que d’enquête ;  même si les 2 mots ont la même étymologie.

En effet,  ici,  l’action de chercher à trouver, à découvrir est une constante. Chacun des protagonistes a ses raisons propres de « quester ».

D’ailleurs, tout le prétexte du livre part de la querelle d’un professeur d’université, Raphael Banes, avec son doctorant, Milton Milicent aux le sujet de sa thèse. La querelle ne porte pas tant sur le sujet de la thèse de l’étudiant en socio et en politique : Les mécanismes économiques parallèles structurant les sociétés de marginaux, mais plutôt sur l’éclairage que celui-ci lui apporte. Milton se propose d’étudier les nouveaux récits de la fin des temps, mais Barnes dédaigne les prophéties.

Alors Milicent va partie en quête d’un livre prophétique écrit par le Scribe que les vagabonds se transmettent sous le manteau afin d’étayer sa thèse.

Et à son tour Raphael Banes va partir en quête de son étudiant disparu et du même coup va suivre la piste de ce fameux livre.

Et des quêtes et des querelles, il y en aura bien d’autre tout au long de cette histoire étonnante et passionnante.

Utopie et Usurpation

Hobboe est une utopie, une construction imaginaire et rigoureuse d’une société, qui constitue, par rapport à celui qui la réalise, un idéal ou un contre-idéal ; nous sommes bien avec Hobboe dans ce contexte.

Il y est question de société idéale mais d’une société qui remplacerait l’ancienne donc une nouvelle contre-idéale.

Vous me suivez toujours ? Si oui, vous êtes bien les seuls.

En fait…Pour moi Hobboe est le livre des Utopies usurpées.

Des types qui sous prétexte de faire le bonheur de l’Homme inventent des Utopies qui virent au cauchemar. Des mecs qui usurpent le pouvoir d’autres, qui se l’arrogent et qui au final provoquent le chaos.

Mythologie et Mutation

Ici c’est surtout la mythologie celtique qui imprègne l’histoire. Mais on le sait, chaque peuple, chaque civilisation a sa propre mythologie. La romaine qui emprunte à la grecque qui emprunte à la macédonienne qui emprunte à la mésopotamienne…. Les mythes scandinaves, germaniques et celtiques offre, tout comme les autres, un nombre incroyable de dieux, de divinités, de héros, de monstres et d’humains légendaires qui interviennent dans cette mythologie.

Ici, les mythes anciens vont-être réinterprétés sous nos yeux. Et…

Sous nos yeux de lecteurs voit se jouer la mutation d’un monde. Un monde qui va créer lui-même son propre mythe.

Visionnaire

ce roman est un roman visionnaire et la vision de notre auteur n’est pas vraiment rose. Remarquez, ça tombe bien j’aime le noir.

Philippe Cavalier nous offre un récit entre réalité et fiction, entre le conte et la fable, une sorte de mise en garde, un livre prophétique. Il nous montre un futur proche qui pourrait vite devenir le nôtre. Il nous donne à voir une humanité vagabonde qui a perdu tous repaires, qui ne crois plus à l’idéologie dominante, qui rêve d’un monde meilleur mais qui est prête à suivre n’importe quel leader un tant soit peu charismatique.

L’auteur se pose en observateur, il scrute notre société à la loupe, la dissèque, la dévoile telle qu’elle pourrait-être. A peine il la déforme pour nous la montrer monstrueuse. A peine il la dévoie pour frapper notre réflexion, nous faire peur pour nous amener à rêver. A rêver d’une société plus juste, à repenser notre monde dans sa globalité.

Hobboe est le livre de tous les maux dont souffre notre société occidentale. Une sorte de critique sociale.

Mais au final Hobboe est un livre qui fait du bien.

 Car notre auteur nous propose un livre multiple. Un roman noir mâtiné de thriller d’anticipation, une épopée épique doublée d’un roman fantastique. Il mixe les codes et se joue d’eux. Entre road movie et roman initiatique, Hobboe puise dans tout ce que j’ai pu lire de très bon dans ces différents genres. Et l’écriture si particulière de Philippe Cavalier à la fois riche et éloquente nous plonge dans un récit plein de fureur, de rage et de sueurs. Froides les sueurs, forcément.

Autre extrait
« Son coeur prit le deuil des peuples disparus, des races massacrées, des tribus éradiquées. Les millénaires de violence infligée aux faibles, aux vaincus, aux marginaux, il les ressentit tel un fer rouge fouaillant son épine dorsale, remontant par ses vertèbres jusque dans son crâne pour racler sa cervelle. Pire que tout : les maux de la Terre parachevèrent son martyr. Les animaux sacrifiés, les mers asséchées, les vallées polluées… Tout en lui criait une souffrance incommensurable, inhumaine. »

Lu dans le cadre de 3 défis littéraires :

 – Le Pumpkin Autumn Challenge 2022 chez Guimause

– Challenge Thriller et polar 2022- 2023 chez Sharon

 – Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (France).

 

10 réflexions sur “Hobboes, Philippe Cavalier

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