Né d’aucune femme, Franck Bouysse

Aujourd’hui c’est double chronique sur Collectif Polar

En effet, avec Manie Danièle nous allons vous donner notre ressenti sur un livre qui semble faire l’unanimité. Un livre qui a souvent été cité dans vos tops 2019.

Aussi ce matin c’est Dany qui vous fait part de son avis.

Et ce soir je vous proposerai mon petit billet.

Et…Ce livre c’est ….

Roulement de tambour


Le livre : Né d’aucune femme de Franck Bouysse. Paru le 10 janvier 2019 aux éditions La manufacture de livres. 20.90 € – e-pub 13.99 €  (336 p.) ;  14 x 20 cm.

 4ème de couverture :

Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile.
— Et alors, qu’y-a-t-il d’extraordinaire à cela ? demandai-je.
— Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés.
— De quoi parlez-vous ?
— Les cahiers… Ceux de Rose. »
Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin. Franck Bouysse, lauréat de plus de dix prix littéraires, nous offre avec Né d’aucune femme la plus vibrante de ses oeuvres. Ce roman sensible et poignant confirme son immense talent à conter les failles et les grandeurs de l’âme humaine..

L’auteur Franck Bouysse est un écrivain français, auteur de romans policiers né à  Brive-la-Gaillarde , le 05/09/1965
Après des études de biologie, il s’installe à Limoges pour enseigner. Professeur dans un lycée technique, il se lance en 2004 dans l’écriture avec la publication du roman, La paix du désespoir, dans lequel il s’attache déjà à la psychologie de ses personnages.
Il récidive quelques années plus tard, en 2007, avec son premier roman noir L’entomologiste qui est publié chez un éditeur limougeaud Lucien Souny.
Dès 2008, paraît « Le Mystère H, chez Les Ardents Éditeurs, jeune maison d’éditions de Limoges. Avec ce titre, il entame une trilogie avec un « roman d’aventure qui revisite les grands mythes des romans noirs autour de la figure énigmatique du personnage de H. ». L’intrigue se situe à la fois dans les villes de Limoges et… à Londres, où se déroule plus précisément le second opus paru en mars 2010, Lhondres ou les ruelles sans étoiles.
En 2013, il déniche une maison en Corrèze, à quelques kilomètres des lieux de son enfance. Il achète la maison qu’il passera plus d’une année à restaurer. Un projet romanesque d’ampleur prend forme dans son esprit.
Grossir le ciel paraît en 2014 à La Manufacture de livres et, porté par les libraires, connaît un beau succès. La renommée de ce roman va grandissant : les prix littéraires s’accumulent, notamment le Prix Polar Michel-Lebrun 2015, le Prix Polars Pourpres 2015 et le Prix SNCF du polar 2017. Au total, près de 100 000 exemplaires seront vendus.
Suivront Plateau (2015, Prix Chapel 2016 et Prix des lecteurs de la ville de Brive 2016), puis Glaise (2017), dont les succès confirment l’engouement des lecteurs et des professionnels pour cette œuvre singulière et puissante.
Il a reçu le prix Babelio de Littérature française 2019 pour Né d’aucune femme (La Manufacture de livres), Grand Prix des lectrices Elle – Policiers – 2019.

 

 

Extraits :
« On était quatre filles, nées à un an d’écart. J’étais l’aînée. Les filles valent pas grand-chose pour des paysans, en tout cas, pas ce que des parents attendent pour faire marcher une ferme, vu qu’il faut des bras et entre les jambes de quoi donner son nom au temps qui passe, et moi et mes sœurs, on n’a jamais rien eu de ce genre entre nos jambes. »
« Il parcourut de maigres prairies qui ne lui appartenaient pas, puisque rien ne lui appartenait en propre, sinon sa maison, une étable, un appentis, et aussi le peu de dignité qui lui restait encore à défendre, largement écornée depuis peu. Il cultivait les champs d’un autre. C’était sa vie d’être à la surface de lui-même, de passer sur la terre en l’effleurant à peine. »
 « Même à l’âge que j’avais, je savais à quoi m’en tenir avec les hommes, qu’il y en avait deux sortes, ceux avec un pouvoir sur les autres, venu de l’argent ou du sang, ou même des deux à la fois, et puis les lâches. »
« Ce que recèle tout enfantement, l’idée que ce n’est pas la vie que l’on offre au final, mais une mort en germe. »
 « Il faisait déjà noir, et l’obscurité suffisait à repousser les murs. J’ai alors imaginé ce que pouvait être la grande obscurité d’avant ma naissance, une éternité qui avait pris fin au moment où j’étais sortie du ventre de ma mère, et aussi une autre éternité qui allait naître après ma mort, et qui aurait pas de fin, celle-là. J’étais coincé entre ces deux éternités, à penser à la folie que c’était de sortir quelqu’un d’une éternité paisible pour le rendre conscient de la prochaine, tout ce temps passé à pas comprendre pourquoi on est au monde tous autant qu’on est, pourquoi on tient tant à la vie, à essayer de toujours repousser le grand mur de la mort, alors qu’il suffirait peut-être bien de l’escalader, ou de passer à travers pour plus se poser de questions. Parce que vivre, c’est précisément être coincé entre deux éternités »

 

 

La chronique jubilatoire de Dany

Né d’aucune femme, Franck Bouysse

 

Comme à son habitude, l’auteur ancre son action dans la ruralité. Pour autant les horreurs qu’il nous décrit ne sont pas l’apanage de la campagne. En effet le thème principal est proche de celui qu’évoque Karine Giébel dans Toutes blessent, la dernière tue à une époque et dans un lieu différents. La nature humaine est capable des plus grandes perversités et la domination en est une des armes les plus efficaces.

Rose est vendue par son père et devient l’esclave d’un maître de forges affublé d’une épouse malade et d’une mère intransigeante. Le lecteur vit l’effondrement moral de cette jeune fille de quatorze ans, partage ses quelques moments de répit avec une jument et sa relation salutaire avec Edmond. Tout s’emballe quand elle cherche à connaître LA vérité, elle va se confronter aux secrets de famille les plus obscurs.

L’auteur nous avait déjà convié à une quête des origines dans Grossir le ciel, une quête du père et ici il s’agit d’une quête de la mère. Il entretient la confusion sur ses personnages au point où la fin de l’intrigue, le dénouement du suspense peut paraître improbable … quoique …

Enfin on a connu l’auteur plus descriptif de la nature, plus bucolique, plus contemplatif. Ici le ton est différent puisqu’il y a avant tout, « enfermement » des êtres et des esprits, domination, asservissement, bassesse et lâcheté. Le style est tout aussi efficace qu’en pleine nature, la noirceur peut inviter à la rêverie, au cauchemar.

Si la ruralité s’avère un environnement propice à ce type d’intrigue, parce que tout le monde y connait tout le monde, on peut cependant valablement redire que ça aurait pu se passer en ville, de nos jours et pourquoi pas à côté de chez nous ? La lâcheté est une « valeur » partagée par les témoins passifs de tous temps et en tous lieux !

Lu en version numérique.

5 réflexions sur “Né d’aucune femme, Franck Bouysse

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