Les magiciennes de Boileau et Narcejac

Le livre : Les magiciennes de Boileau et Narcejac. réédité en poche  le 27 mars 2014 chez Gallimard dans la collection Folio. Policier.  8€. (226 p.) ; 18 x 11 cm

4e de couv : 

À la mort de son père, le professeur Alberto, Pierre Doutre découvre un monde dont il avait été jusqu’alors tenu éloigné, un monde fait de malles à double fond, d’épées à lame rétractable, de colombes et de lapins qui sortent des chapeaux… Le jeune homme endosse alors le frac de magicien pour un spectaculaire numéro d’illusionniste avec deux soeurs jumelles. Mais l’illusion se prolonge en coulisses : embrasse-t-il Hilda ou Greta ? Laquelle des deux serre-t-il dans ses bras ? Est-ce Greta ou Hilda qui le repousse ?

 

 

Les auteurs : Nés respectivement en 1906 à Paris et en 1908 à Rochefort-sur-Mer, Pierre Boileau et Thomas Narcejac se rencontrent en 1948 et décident d’unir leurs plumes pour écrire « quelque chose de différent ». Chacun de son côté a déjà plusieurs romans à son actif : Pierre Boileau a collaboré à de nombreux journaux et publié dans divers magazines, s’imposant comme un brillant auteur de romans à énigme récompensé en 1938 par le prix du Roman d’aventures pour Le repos de Bacchus. Thomas Narcejac a quant à lui écrit des pastiches et des romans policiers avant de recevoir, comme son compère, le prix du Roman d’aventures 1948 pour La mort est du voyage. Dès leur rencontre, les deux hommes se lancent dans une fructueuse et longue collaboration qui marquera profondément le genre policier. Ils mettent la psychologie au cœur de leurs romans. Après un démarrage un peu lent, leur tandem s’impose sous le nom de Boileau-Narcejac. En 1952, ils publient Celle qui n’était plus, qui sera adapté au cinéma deux ans plus tard par Henri-Georges Clouzot sous le titre Les diaboliques. La même année paraît D’entre les morts, dont l’histoire séduit Alfred Hitchcock, qui en tire Vertigo avec James Stewart et Kim Novak (en français, Sueurs froides). Les romans se succèdent avec un égal succès : Les magiciennesLes louvesLe mauvais œilCarte vermeilMaléficesJ’ai été un fantôme, … Et mon tout est un homme, etc. Boileau et Narcejac créent un héros de romans pour la jeunesse : l’intrépide Sans-Atout. Pierre Boileau meurt en janvier 1989 et Thomas Narcejac en 1998. Adaptés à de nombreuses reprises à la télévision et au cinéma, les deux écrivains se sont imposés comme des maîtres du roman de suspense.

 

Extrait
— Elles étaient deux, fit Ludwig.
— Vous êtes sûr ? 
— Absolument sûr. Je les connaissais bien, puisqu’on a travaillé ensemble au Kursaal, à Hambourg.
Le commissaire étudiait Ludwig. Derrière lui, se tenait un inspecteur, un grand gaillard en imperméable, avec une curieuse cicatrice qui courait sur sa joue gauche, comme une fêlure. Et Ludwig ne pouvait détacher ses regards de cette cicatrice.
— Pourquoi n’êtes-vous pas venu nous raconter cela plus tôt ? demanda l’inspecteur. Il y a plus d’un mois que l’affaire est classée.
— Je ne suis en France que depuis cinq jours, dit Ludwig. Je suis jongleur, chez Amar. Ce sont des camarades qui m’ont appris la mort de la petite… Annegret… J’ai été bouleversé.
— Je vous répète que l’affaire est classée, maugréa le commissaire… Avez-vous des faits nouveaux à nous apprendre ? … Voulez-vous insinuer que cette jeune fille a été tuée ? 
Ludwig baissa les yeux, allongea les mains sur ses genoux.
— Je n’insinue rien, dit-il. Je voudrais simplement savoir laquelle des deux est morte. Et l’autre, qu’est-elle devenue ? Pourquoi ne parle-t-on plus d’elle ? … Comme si elle n’avait jamais existé.
Le commissaire appuya sur un timbre.
— Vous êtes prêt à signer votre déposition ? insista-t-il. Elles étaient deux ? … Je veux bien vous croire, mais si on ouvre une nouvelle enquête…
— Drôle d’histoire ! murmura l’inspecteur.
Drôle d’histoire, en effet ! Elle avait commencé bien des années auparavant. Au début, ce n’était qu’une histoire de gosse. Mais ensuite…

Le post-it de Ge

Les magiciennes de Boileau et Narcejac

 

Il y a quelques semaines, je demandé aux Flingueuses de nous conseiller quelques lectures de vacances. Et bien j’ai suivi le conseil d’Isabelle B. Et voilà que je relis Les magiciennes de Boileau et Narcejac, frères de lait du roman noir comme on a pu les nommer.

A la mort de son père, Pierre endosse le costume de magicien pour un spectaculaire numéro d’illusionniste avec deux soeurs jumelles mais, en coulisses, l’illusion se prolonge.

Voici l’histoire que nous concocte le duo incontournable de la littérature policière française. Et les maîtres-horlogers du mystère comme on les appelle n’ont pas usurpé leur titre car une nouvelle fois ils nous entraînent à leur suite donc ce polar inquiétant où l’on retrouve une mère manipulatrice qui est prête à tout pour protéger son gagne-pain et par la même son fils.

En effet, lorsque Pierre, élevé depuis sa petite enfance dans une pension et qui n’a eu que de rares contacts épisodiques avec ses parents, se retrouve avec Odette, sa mère. Il décide d’apprendre le métier de son père et de se joindre à la troupe dans laquelle ses parents jouaient. Mais c’est Odette qui met au point le numéro d’illusionniste qui fera la renommée de son fils. C’est elle qui numéro concocte ce tour de disparition basé sur l’emploi de Greta et Hilda, deux jumelles allemandes.

Et c’est encore Odette qui lorsque Hilda se suicide décide de faire disparaître le corps pour pas que le tour de son fils et la supercherie du numéro ne soit révélée. Pour autant l’assassin d’Hilda court toujours et Gréta à peur. Elle est même terrorisée, allez savoir pourquoi. Et un jour c’est elle que l’on retrouve étranglé dans la roulotte. Une nouvelle fois Odette intervient pour ne pas qu’on inquiète son fils, elle maquille le crime en suicide. Et c’est peut-être là son erreur car ainsi elle laisse le champ libre au meurtrier.

Vous la sentez la tension montée crescendo, là ? Vous la ressentez  l’ambiance poisseuse, la sensation de malaise qui s’installe insidieusement au fil des pages.

Car croyez-moi vous êtes ici dans un suspense à la mécanique parfaitement huilé car  les orfèvres du crime que sont  Boileau et  Narcejac ne nous laisse aucun répit et on se laisse prendre au jeu. Et dire que ce titre a été écrit dans les années 50. Il n’a pas pris une ride c’est toujours aussi efficace. Il faut dire que Pierre Boileau (né en 1906 comme Arsène Lupin), Thomas Narcejac (né en 1908 comme Rouletabille) sont des vrais poètes du cauchemar éveillé.

Ah oui j’allais oublier, les magiciennes a été porté à l’écran par Serge Friedman.

Car les auteurs des Diaboliques, de Sueurs froides, de Meurtre en 45 tours, de Maléfices, de Maldonne, des Louves, etc., ont  aussi inspiré Clouzot, Hitchcock, Etienne Périer, Henri Decoin, Sergio Gobbi, Louis Saslawsky…

Du lourd je vous dis !

 

autre extrait :
Ce fut un peu avant midi qu’on frappa à la porte. Odette était sortie. On frappa de nouveau et la porte s’ouvrit. Ils étaient deux, en gabardine, le feutre sur l’œil et les mains dans les poches.
– Pierre Doutre ?
– C’est moi.
Ils s’approchèrent lentement, chacun d’un côté du lit. Ils étaient tels que Doutre les avait imaginés, dans ses rêves. Ils n’avaient pas l’air méchants. Ils étaient solides, compacts. L’un des deux, le plus grand, avait une curieuse cicatrice qui courait sur sa joue gauche, comme une fêlure. Ils sentaient le mouillé, la rue, le réel. Doutre se renversa doucement sur son oreiller et sourit.
– Je vous attendais, murmura-t-il… Je vous attendais depuis si longtemps ! …

9 réflexions sur “Les magiciennes de Boileau et Narcejac

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