Avant les diamants de Dominique Maisons

Pour bien commencer l’année, aujourd’hui on garde les bonnes habitudes et on vous propose …

une Double Chronique sur Collectif Polar

Aussi une flingueuse et une sérial lectrice vous proposeront chacune à leur tour leur ressenti sur un même livre.

Et ce matin c’est Eppy Fanny qui vous offre sa Kronik


Le livre : Avant les diamants : roman noir de Dominique Maisons. Paru le 27 août 2020 chez La Martinière dans la collection Fiction. 21€90. (520 p.) ; 22 x 15 cm

4e de couv :

Hollywood, 1953. L’industrie cinématographique est un gâteau fourré à l’arsenic que se disputent la mafia, l’armée et les ligues de vertu catholiques. Dans ce marécage moral et politique, ne survivent que les âmes prêtes à tout. Le producteur raté Larkin Moffat est de ceux-là. Abonné aux tournages de séries B, il fait vivoter les crève-la-faim du cinéma et enrage contre ce système qui l’exclut. Jusqu’au jour où il se voit proposer la chance de sa vie. Dans cette combine dangereuse vont graviter autour de lui le major Buckman, parieur et coureur invétéré, le très ambivalent père Santino Starace, l’impresario et proxénète Johnny Stompanato. Tous vont croiser leurs destins, multiplier les manoeuvres et les crimes dans ce grand cirque du cinéma américain. Alors que défilent les Errol Flynn, Clark Gable, Hedy Lamarr et autres Frank Sinatra, ce petit monde sans scrupule va s’adonner à ce qu’il sait faire de mieux : manipuler les masses et veiller à son profit.

L’auteur : Dominique Maisons, né le 

 

Extrait :
–      Dans les prochaines décennies, nous allons devoir intervenir de plus en plus en dehors de nos frontières. Il nous faut développer notre force et préparer le monde à cet usage. Le cinéma jouera un rôle essentiel sur ce point. Nous devons convaincre le monde que l’usage de la force par les Etats-Unis est toujours légitime. Nous sommes le camp du bien et nos actions sont guidées par des idéaux démocratiques et pacifiques. Nous n’utilisons la force que quand elle est juste et nécessaire. Tous les films de votre bordel décadent doivent servir à véhiculer cette idée. Je me fiche que les films nous montrent en train de botter le cul à des Japs, des nazis, des cocos, des Martiens, des robots ou des insectes géants. Vous ne manquerez pas d’idées, je n’en doute pas. Je veux que chaque mois, des gamins dans le monde se précipitent au cinéma pour aller voir des soldats américains rétablir l’ordre et la paix. Nous sommes le camp du bien, il ne doit y avoir aucun doute là-dessus. Nous sommes la force du juste au service du plus faible et de la paix. Vous savez qui a dit « Qu’on me donne le cinéma américain et je n’aurai aucun mal à convertir le monde au communisme ? » ?
–      Non, mon général.
–      Staline lui-même. Il se fait projeter des films américains tous les soirs. Il adore John Wayne, pouffe le général. Quant à moi, je déteste ces gamineries, je préfère la littérature, mais j’ai adoré le script de votre premier projet, Marionnettes Humaines. C’est exactement ça que je veux. Votre producteur est un malin, vous avez fait le bon choix.

 

La Kronik d’Eppy Fanny

AVANT LES DIAMANTS de Dominique MAISONS

– Editions de La Martinière  ISBN  978-2-7324-9512-5  –  27/08/2020

Dans ce roman, Dominique nous entraine à Hollywood en 1953. Il nous parle d’un énorme gâteau, celui de l’industrie cinématographique, dont chacun veut sa part. La mafia, la première, a compris depuis longtemps que les Stars rapportaient autant, si ce n’est plus, que ses activités illégales.

Nous sommes également en pleine chasse aux sorcières. Le Maccarthysme fait rage. La censure et la propagande sont deux mamelles allaitantes indispensables à la production d’un film. Des mamelles alimentées tant par l’armée que par les ligues de vertu catholiques. En cette année 1953, nous sommes en pleine la guerre froide et le cinéma est une arme de propagande massive à la gloire des Etats-Unis. Nous sommes, dans ce récit, bien loin des paillettes apparentes et des sourires fixés sur la pellicule. C’est un panier de crabes grouillant et puant qui nous est offert.

Les grands studios sont devenus puissants et difficiles à contrôler. L’armée a trouvé la solution, elle va financer et façonner un producteur.

Extrait page 38 :

« Non, il faut faire émerger une nouvelle génération de producteurs, des chiens enragés prêts à tout, sans scrupules ni rond de serviette à la présidence, des relais serviles et cupides que nous pourrons solliciter à loisir. »

Pour accomplir cette mission, l’armée va se faire aider par le représentant d’une puissante ligue de vertu, le père Starace. C’est que le défenseur de la morale aime les jeunes hommes et l’armée le tient sous sa coupe. Deux militaires ont été choisis et forment un duo improbable. Il y a le major Chance Buckman, parieur et cavaleur invétéré, qui porte bien mal son prénom. Il est submergé de dettes. A ses côtés, l’agent Annie Morrisson, un physique avantageux, mais une discipline et une rigueur choisies pour canaliser Buckman. Sa mission dans la mission.

C’est Larkin Moffat, producteur raté, qui fait tourner des acteurs en fin de courses, et, avec un petit mafieux aussi vicieux, violent et malsain que lui, réalise des tournages de films porno, qui va se voir proposer ce contrat. Lui, tellement envieux des producteurs en vue, des grands studios qui font la pluie et le beau temps. Il tient enfin sa chance ! Jouer dans la cour des grands et rabattre le caquet à tous ceux qui le snobent. Pouvoir briller encore plus aux yeux de sa jeune maîtresse, Didi, Starlette en devenir à qui il promet depuis longtemps un rôle d’importance.

Extrait page 89 :

«  – Il a franchement l’air d’un crétin fini, balance Morrisson.

 – Il l’est assurément, au-delà de ce que vous pouvez imaginer. C’est une brute idiote. Mais dès qu’il s’agit d’argent, c’est un malin, sa cupidité est sans limites, il sait tourner des films pour des montants avec lesquels vous peineriez à faire laver votre voiture. A ce jeu, il surpasse les frères King. Il déteste Hollywood et les grands studios, il a une telle revanche à prendre que si vous lui en donnez les moyens, il renversera la table plus vite et plus fort qu’aucun autre. »

Pour le financement nécessaire à cette opération, la mafia, en la personne de Jack Dragna, va être sollicitée. Un argument de choix pour le convaincre : ralentir la procédure d’expulsion lancée à son encontre. Une mallette de deux millions de dollars va changer de mains.

Extrait page 126 :

« Puisque je ne pourrais pas demander à l’armée de me rembourser, et puisque vous n’êtes qu’un intermédiaire, à qui je donne l’argent ? Et qui sera responsable de me le rendre avec les intérêts à la date convenue ?

 – Larkin Moffat, le producteur des films. Ce sera lui votre débiteur. »

Extrait page 148 :

« Moffat hoche la tête. L’argent qui va financer AFE et faire de lui un mogul. Il regarde Dragna et son chien qui lèche les gouttes de sang sur ses pompes, il comprend que le vieil homme va tenir sa vie entre ses mains et que c’est le prix à payer pour devenir un des maîtres de cette ville. Fox, Cohn, Warner, Schenck, Mayer… tous ont commencé avec la main de la mafia serrée autour de leurs couilles. »

Bien loin de ces magouilles politiques, les Stars s’étourdissent de fêtes, de drogue, d’alcool et de sexe. Dans ce milieu, il ne fait pas bon être femme. Le pouvoir est entre les mains des hommes qui en usent et en abusent. L’homosexualité, elle aussi doit être tue. Elle est traquée, et si elle est connue, adieu les tournages pour les auteurs concernés.

         Extrait page 171 :

«  – Je ne peux pas rattraper ce que j’ai fait à Peggy Satterlee et Betty Hansen, j’ai foutu leurs vies en l’air. Hollywood est une dévoreuse d’innocence. Mais ces deux jolies filles sous les coussins s’aiment, ça saute aux yeux, et tu sais quel sort la broyeuse de l’industrie réserve à ces amours non normées. J’ai détruit deux vies, pour me racheter je te demande de veiller sur ces deux mômes. »

Voilà l’ambiance et les personnages campés.

Les personnages vont se croiser, conspirer, se soutenir (rarement), s’aimer (mal) et s’affronter. Jalousie, violence, manipulation et appâts du gain vont s’exprimer, enfler, et exploser jusqu’à un final noir et rouge sang.

En toute honnêteté j’ai eu du mal à rentrer dans ce roman dont j’attendais beaucoup.

Trop peut-être ? Je n’ai pas réussi à avoir de l’empathie pour les personnages, même les plus malmenés. Et le final arrive comme une porte fermée trop vite.

Pour moi, vous aurez compris que ce n’est pas un coup de cœur. Contrairement au roman

« On se souvient du nom des assassins » très au-dessus et inoubliable. C’est un avis. Le mien.

Il n’en demeure pas moins que ce récit offre un bon moment de lecture.

Je vous invite donc à vous faire votre propre avis.

3 réflexions sur “Avant les diamants de Dominique Maisons

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